Conclusion
 Il n’y a pas de doute qu’un énorme changement a eu lieu pendant l’année écoulée en Guinée. Les citoyens guinéens, connus par le passé pour leur volonté apparente de souffrir sans se plaindre, demandent maintenant à leurs dirigeants un meilleur gouvernement et un plus grand devoir de rendre des comptes. La société civile, que l’on croyait par le passé n’être qu’une faible voix pour le changement, est de plus en plus capable de faire pression sur le gouvernement pour obtenir des réformes économiques et politiques, de façon organisée et concertée.199 Néanmoins, cette conscience et ce courage accrus sont allés de pair avec une augmentation parallèle des violations des droits civils et politiques. Si la crise immédiate est passée, la stabilité de la Guinée est encore en suspens. L’indiscipline et la brutalité dont ont fait preuve les forces de sécurité guinéennes au cours des trois dernières grèves générales pèsent lourdement sur le plateau du chaos et de l’instabilité d’un côté, et sur celui de l’état de droit de l’autre. Ils est décisif que le problème de l’impunité pour les violations en rapport avec la grève et autres formes plus chroniques de violence soutenues par l’Etat soit compris par la communauté internationale, le gouvernement guinéen et la société civile guinéenne, comme un obstacle essentiel à la construction de l’état de droit et d’un avenir plus stable et plus prospère. Le devoir de réclamer des comptes aux auteurs des violations dont ce rapport fait état, et de s’assurer que ces violations ne se reproduisent pas dans le futur, exigera l’action soutenue et concertée de tous ces acteurs pour mettre un terme à l’impunité qui gangrène le système judiciaire guinéen, encourage les criminels et prolonge les exactions. Une liste d’actions à entreprendre recommandées est incluse dans ce rapport. 198 Entretien de Human Rights Watch avec un leader de la société civile, Conakry, 16 mars 2007. 199Entretiens de Human Rights Watch avec des diplomates, des représentants des Nations Unies, des journalistes, des organisations nongouvernementales internationales, des défenseurs locaux des droits humains, des leaders de la société civile, et des membres d’un parti d’opposition, Conakry, avril et juin 2006, janvier, février et mars 2007. Voir aussi International Crisis Group, “Guinea in Transition,” 11 avril 2006, http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?id=4067&CFID=30852257&CFTOKEN=55231897 (consulté le 23 mars 2007). Beaucoup d’organisations de la société civile interrogées par Human Rights Watch attribuent cette réserve et cette timidité précédentes à la sévère répression dont beaucoup de Guinéens ont fait l’expérience pendant la présidence de Sékou Touré (1958-1984). Entretiens de Human Rights Watch avec des membres de la société civile guinéenne, Conakry, avril et juin 2006. 
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