Rapports de Human Rights Watch

Contexte

Le Tchad a été plongé dans la guerre civile peu après qu’il ait gagné son indépendance de la France en 1960, et depuis lors il a été régulièrement dévasté par des conflits internes et internationaux. L’opposition armée au dirigeant actuel du Tchad, le président Idriss Déby, s’est intensifiée fin 2005 quand des vagues de désertions dans les forces armées nationales tchadiennes sont venu renforcer plusieurs mouvements rebelles tchadiens.

En 2006, les rebelles tchadiens ont engagé des combats de faible intensité à l’est du Tchad, s’aventurant à l’ouest en avril pour frapper la capitale, N’Djamena, avant d’être repoussés par les forces de sécurité gouvernementales. Au début du mois de décembre, les forces rebelles ont perdu une série de batailles décisives dans le nord et l’est du Tchad, et un peu plus tard en décembre l’un des groupes les plus forts sur le plan militaire a signé un accord de paix avec le gouvernement. Cependant, d’autres groupes rebelles demeurent actifs et les agressions contre les civils sont continuelles.

Des raids transfrontaliers de milices lancés depuis le Soudan et la violence intercommunautaire ont entraîné le déplacement de 20 000 civils tchadiens fin décembre 2006 et début 2007, portant à plus de 100 000 le nombre total de Tchadiens déplacés dans la zone frontalière.1  En dépit du besoin croîssant d’aide humanitaire, les organismes d’aide ne peuvent pas accéder à de nombreux civils tchadiens du fait de l’insécurité. 

La dernière crise politique du Tchad se joue dans un contexte de conflit régional aigu. Les groupes insurgés menacent de faire tomber le gouvernement de la République Centre Africaine (RCA), pays voisin du Tchad au sud, et au Soudan à l’est le conflit du Darfour fait rage de façon incontrôlable depuis quatre ans.

Un dangereux cycle de violence par procuration s’est développé, le gouvernement du Tchad et celui du Soudan soutenant et armant des groupes rebelles dans la poursuite d’objectifs politiques et militaires plus vastes. Le gouvernement du Soudan a appuyé les rebelles tchadiens et les milices au Darfour, et le gouvernement du Tchad a soutenu les groupes rebelles soudanais dans l’est du Tchad, celui-ci à son tour a soutenu la création de groupes d’autodéfense villageois au Tchad. Les groupes armés ont proliféré le long de la zone frontalière Tchad-Soudan-RCA, et ont commis des crimes graves contre les civils au Tchad, qui peuvent s’apparentent à de graves crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

La zone frontalière instable entre le Tchad et le Soudan

Bien que séparés par une frontière, l’est du Tchad et l’ouest du Soudan sont étroitement liés sur le plan historique, économique et social, et nombre de groupes ethniques sont communs aux deux pays. Les communautés vivent de part et d’autre de la frontière dans des écologies marginales où les précipitations saisonnières peuvent être irrégulières, exerçant une pression sur les nomades, les agropastoralistes et les agriculteurs, et faisant de l’accès à l’eau, aux pâtures et aux terres propres aux cultures une question de vie ou de mort. Des décennies de guerre et de sécheresse ont provoqué des migrations transfrontalières dans les deux sens.

Les dynamiques politiques qui prévalent dans chacune des régions ont un impact dramatique sur les affaires des deux etats, en particulier du Tchad. Le président actuel du Tchad, Idriss Déby, ainsi que le président qu’il a destitué en 1990, Hissène Habré, sont arrivés au pouvoir à la suite de campagnes militaires lancées à partir de bases au Darfour avec le soutien ou la complicité du gouvernement soudanais. Le Darfour était une base pour les dissidents tchadiens au cours des guerres tchadiennes successives dans les années ‘80, et après 1986 les milices soudanaises financées par la Libye dans sa guerre contre le Tchad ont également été actives dans la région.2  Bien que N’Djamena soit située complètement à l’ouest du pays, au Tchad de dire que le pouvoir vient de l’est.

Les Tchadiens arabes représentent 15 à 20 pour cent de la population du Tchad 3 , et bénéficient d’une force politique cruciale, en particulier dans la zone frontalière. Lorsqu’il était un jeune officier de l’armée dans les années 80, Déby, qui appartient au clan des Bideyat des Zaghawa, a mené des attaques brutales contre les Tchadiens arabes au nom du président Habré, provoquant une migration des Tchadiens arabes vers le Darfour. En avril 1989, Déby a suivi les Tchadiens arabes au Darfour en exil à la suite d’un coup d’état manqué contre Habré. Alors qu’il était au Darfour, Déby s’est allié avec des groupes rebelles de Tchadiens arabes, dont certains devaient se joindre aux efforts de l’armée pour renverser son régime des années plus tard.4  Déby a bénéficié d’un certain soutien des Tchadiens arabes jusqu’à ce qu’une attaque des rebelles tchadiens contre N’Djamena en avril 2006 l’amène à désarmer et même à arrêter certains officiers arabes de l’Armée Nationale du Tchad (ANT).5

Les Tchadiens arabes ont également joué un rôle clé dans le conflit du Darfour, qui s’est aggravé en début 2003 après que des rebelles de l’Armée de libération du Soudan (ALS)6 aient attaqué l’aéroport à El Fashir, au Nord Darfour. Le gouvernement du Soudan a réagi en recrutant des  Soudanais et des Tchadiens arabes, en particulier dans les groupes nomades et auprès des immigrants sans terre récemment arrivés, pour les enrôler dans des milices qui se sont fait connaître sous le nom de « Janjawid. »  De 2003 à 2005, les milices Janjawid soutenues par le gouvernement du Soudan et les forces gouvernementales soudanaises ont mené une campagne de « purification ethnique » et de crimes contre l’humanité contre les civils appartenant aux groupes ethniques Zaghawa, Masalit, et Fur au Soudan. Tuant au moins 200 000 personnes7 et en déplaçant dix fois plus par la force les groupes ethniques non Arabes sont prédominants dans les groupes rebelles soudanais au Darfour.Au moins 232 000 Soudanais se sont réfugiés à l’est du Tchad.8 

Des membres des groupes ethniques Fur, Masalit et Zaghawa forment le noyau des mouvements rebelles soudanais, et beaucoup de Masalit et de Zaghawa ont des parents de la même ethnie au Tchad, de l’autre côté de la frontière, qui ont offert leur aide et un refuge tout au long du conflit du Darfour. En même temps, certains Zaghawa soudanais qui ont aidé Déby à prendre le pouvoir au Tchad sont restés dans l’armée tchadienne.9  Etant donné que certains membres des milices Janjawid viennent aussi de groupes ethniques qui enjambent la frontière –ou étaient eux-mêmes des citoyens tchadiens– ce n’était qu’une question de temps pour que le conflit du Darfour pénètre dans l’est tchadien.

Les groupes armés, que ce soit les rebelles soudanais ou les milices Janjawid, ont opéré librement dans la zone frontalière Tchad-Soudan dès le début des combats au Darfour. Les armées nationales soudanaise et tchadienne ont été plus circonspectes.10 Cependant, les forces militaires tchadiennes ont pu être observées en train d’opérer bien à l’intérieur du Darfour.11 Certaines unités ont traversé la frontière Tchad/Soudan en poursuite de rebelles tchadiens pas plus tard que le 12 décembre 2006.12 Les forces aériennes du gouvernement soudanais ont bombardé des villages dans l’est tchadien en octobre 2006, dans le cadre d’une série d’attaques aériennes sans discernement contre les civils au Darfour.13

La détérioration des relations entre le Tchad et le Soudan

Dans les phases initiales du conflit du Darfour, en 2003 et 2004, Déby était allié avec Khartoum, qui avait contribué à le porter au pouvoir, au point qu’il avait résisté aux pressions des membres tchadiens de son clan Zaghawa pour soutenir les rebelles soudanais Zaghawa qui combattaient au Darfour,14 même si des membres de son cercle rapproché le mettaient en garde sur le fait que Khartoum soutenait des milices de Tchadiens arabes dans l’intention de renverser son régime.15  Cependant, des membres Zaghawa de l’armée tchadienne, y compris des membres de la Garde Présidentielle, ont entretenu à titre officieux une aide secrète par-delà la frontière, provoquant des tensions entre le Tchad et le Soudan.16

En même temps que les relations du Tchad avec le Soudan se détérioraient en 2005, le style autocratique de gouvernement du président Déby lui coûtait son soutien dans son pays, même  au sein de son clan Bideyat Zaghawa. Déby a été accusé de détournement et de corruption17 quand les recettes des richesses pétrolières nouvellement découvertes au Tchad ont commencé à remplir les coffres de l’Etat.18 Au même moment, beaucoup de personnes au sein du parti au pouvoir ont estimé que les fonds détournés n’étaient pas distribués assez largement.19  Le mécontentement national causé par la prédominance de la minorité Zaghawa aux postes influents et le manque de gouvernance démocratique ont grandi en juin, quand Déby a amendé la constitution du Tchad de façon à pouvoir se présenter à un troisième mandat présidentiel.20 De ce fait, des membres influents de la société tchadienne en sont arrivés à la conclusion que la lutte armée était la seule façon d’obtenir du pouvoir politique, et, avantage lié au pouvoir, l’accès aux richesses pétrolières.21

A partir de début octobre 2005,22 les troupes de l’armée tchadienne ont déserté avec leur équipement pour rejoindre les mouvements rebelles tchadiens au Darfour. Parmi ces groupes rebelles se détachait le Rassemblement pour la Démocratie et la Liberté (RDL) 23 dirigé par Mahamat Nour Abdelkarim,24 un Tchadien appartenant au groupe ethnique Tama. Mahamat Nour aurait collaboré avec le gouvernement soudanais et le chef Janjawid Musa Hilal au recrutement de combattants Tama au Darfour.25  Le Socle pour le Changement, l'Unité et la Démocratie (SCUD) rassemblait des Zaghawa déserteurs occupant des postes importants dans les forces armées 26 , dont des membres de la garde présidentielle, et du cercle rapproché de Déby, y compris ses neveux jumeaux, Tom et Timan Erdimi, et le chef de son clan Bideyat Zaghawa, Yahya Dillo Djerou.27

Des fonctionnaires du gouvernement soudanais, supposant le soutien tchadien aux rebelles du Darfour, ont commencé à soutenir les mouvements rebelles tchadiens.28 Tant le RDL que le SCUD ont trouvé refuge au Darfour, le gouvernement soudanais installant des camps d’entraînement en octobre 2005.29 L’appui matériel de Khartoum comportait des armes et des munitions que des observateurs internationaux ont pu voir en train d’être déchargées à l’aéroport de Geneina à l’ouest du Darfour, puis transportées au cantonnement de la sécurité nationale à Geneina et livrées ensuite la nuit dans des lieux occupés par les rebelles tchadiens.30  En revanche, des rebelles tchadiens ont été vus se battant aux côtés des milices Janjawid au cours d’opérations contre des rebelles soudanais dans l’ouest du Darfour.31 

Le 7 décembre 2005, des rebelles du SCUD ont attaqué Guéréda, à 120 kilomètres au nord de Adré, faisant dix morts et cinq blessés,32 ce qui a marqué le début d’une campagne d’incursions rebelles au Tchad depuis le Darfour. La faction du RDL dirigée par Mahamat Nour a frappé ensuite, le 18 décembre 2005, avec un raid ambitieux contre la ville stratégique de Adré dans l’est tchadien, qui a été repoussé par les forces de sécurité tchadiennes combattant au côté des rebelles du Darfour.33 Les autorités tchadiennes ont immédiatement accusé Khartoum d’être derrière cette agression.34

Son groupe ethnique Zaghawa représentant seulement 1% de la population tchadienne, le président Déby s’est maintenu au pouvoir depuis 1990 en créant des alliances politiques. Ses appuis lui échappant, il a trouvé des alliés parmi les rebelles soudanais qui avaient besoin d’utiliser la frontière Tchad-Soudan comme bouclier contre les attaques du gouvernement soudanais. En janvier 2006, le soutien tchadien aux mouvements rebelles soudanais avait dépassé les filières officieuses ad hoc et comprenait des véhicules, des armes et des munitions.35  En février 2006, le Tchad et le Soudan ont signé l’Accord de Tripoli, s’engageant à cesser leur soutien aux groupes d’opposition respectifs et invitant l’Union africaine à contrôler l’accord ;36 mais en coulisse les deux parties ont continué à manoeuvrer et ont construit des alliances.

En avril 2006, ayant réuni le RDL et plusieurs mouvements rebelles tchadiens plus petits sous la bannière du Front Uni pour le Changement (FUC), Mahamat Nour a assiégé N’Djamena. Les rebelles du FUC ont parcouru des centaines de kilomètres à travers le Tchad depuis leurs bases au Darfour et en RCA et se sont livrés à des fusillades nourries contre les forces de sécurité tchadiennes dans les rues de la capitale. Avec l’aide considérable de l’armée française,37 la tentative de prise du pouvoir a été déjouée le 13 avril, faisant des centaines de morts.  Le lendemain, le président Déby a rompu unilatéralement les relations avec le Soudan.38 Bien que les deux pays aient renouvelé en juillet39 leur engagement à expulser les rebelles de leurs territoires, et qu’ils aient rétabli leurs relations diplomatiques en août,40 l’attaque du mois d’avril a jeté un froid sur les relations bilatérales.

En mai 2006, le soutien du gouvernement tchadien aux mouvements rebelles soudanais était de plus en plus évident, alors que des groupes comme le G-1941 , faction de l’ALS, et le Mouvement pour la Justice et l’Egalité (MJE)42 établissaient des bases dans l’est tchadien et cherchaient des recrues dans les camps de réfugiés soudanais administrés par l’ONU, parfois armés de laissez-passer signés par des agents gouvernementaux tchadiens.43

Pendant ce temps, de l’autre côté de la frontière, des agents du renseignement soudanais encourageaient poussaient les mouvements divisés de l’opposition tchadienne à s’unir sous un seul commandement.44  A partir de mi septembre 2006, les groupes rebelles tchadiens ont affronté les forces gouvernementales tchadiennes tout le long de la frontière, le FUC de Mahamat Nour combattant dorénavant sous la coordination d’une autre nouvelle coalition rebelle, l’Union des forces pour la Démocratie et le Développement (UFDD).45  Les rebelles Zaghawa tchadiens qui avaient combattu auparavant sous la bannière du SCUD s’étaient également reconstitués, se faisant dorénavant appeler le Rassemblement des Forces Démocratiques(RaFD).46

Comme en avril, les forces aériennes françaises auraient fourni des renseignements de surveillance aérienne cruciaux aux chefs militaires de Déby.47  Au Tchad, les groupes rebelles soudanais venus du Darfour ont joué un rôle décisif en appuyant les forces de sécurité du gouvernement tchadien dans certains des combats contre les rebelles tchadiens.48 

A la suite d’une série de défaites militaires cuisantes dans le nord-est du Tchad en décembre, le FUC à négocier avec le gouvernement tchadien en mi décembre, et le 24 décembre Mahamat Nour a signé un accord avec le président Déby à Tripoli, Libye. Les deux parties se sont engagées à mettre un terme à toute activité militaire  l’une contre l’autre et à relâcher leurs prisonniers respectifs. Les combattants de Nour ont bénéficié d’une amnistie et ont reçu la promesse d’être intégrés dans l’armée nationale.49  Le 25 décembre, la coalition de l’UFDD, privée de sa composante militaire la plus puissante, s’est unie aux rebelles du RaFD et a fait serment de continuer son combat contre le gouvernement tchadien.50 




1 “East Chad violence displaces 20,000 more - UNHCR,” Reuters, 5 janvier 2007, http://www.alertnet.org/thenews/newsdesk/L05691911.htm (consulté le 6 janvier 2006).

2 Alex de Waal “Origins of the Darfur Crisis of 2003-04,” ACAS Bulletin, no. 72, Hiver 2005-Printemps 2006, http://acas.prairienet.org/bulletin/bull72-02-deWaal.html (consulté le 26 décembre 2006).

3 Roland Marchal, “Chad/Darfur: How Two Crises Merge,” Review of African Political Economy, vol. 33, no. 109, Septembre 2006, pp. 467-482.

4 Dont le Conseil Démocratique Révolutionnaire (CDR), qui fera partie plus tard de l’alliance rebelle de l’UFDD (voir ci-dessous). M. Brandily, “Le Tchad face nord 1978-1979,” Politique Africaine 16, Décembre 1984, pp. 45-65.

5 Marchal, “Chad/Darfur: How Two Crises Merge.”

6 Originellement appelée Armée/Mouvement de libération du Soudan (A/MLS), l’ALS était dirigée par Abdel Wahid al-Nur, de l’ethnie Fur, et par Mini Minawi, membre de l’ethnie Zaghawa, secrétaire général. A la suite d’un désaccord entre les deux dirigeants en 2005, ils ont chacun continué à la tête de leur propre faction de l’ALS. 

7 Voir Human Rights Watch, “Le Darfour en feu : atrocités dans l’ouest du Soudan,” vol 16, no. 5(A), avril 2004, http://hrw.org/reports/2004/sudan0404; Human Rights Watch, “La destruction du Darfour : purification ethnique par les forces gouvernementales et les milices dans l’Ouest du Soudan,” vol 16, no. 6(A), mai 2004, http://hrw.org/reports/2004/sudan0504; Human Rights Watch, “Darfur Documents Confirm Government Policy of Militia Support,” 20 juillet 2004, http://hrw.org/english/docs/2004/07/19/Darfur9096.htm; Human Rights Watch “Promesses vides : les abus se poursuivent au Darfour, Soudan,” 11 août 2004, http://hrw.org/backgrounder/africa/sudan/2004; Human Rights Watch, “If We Return We Will Be Killed,” 15 novembre 2004, http://hrw.org/backgrounder/africa/Darfur1104; Human Rights Watch, “Targeting the Fur: Mass Killings in Darfur,” 24 janvier 2005; Human Rights Watch, “Sexual Violence and its Consequences Among Displaced Persons in Darfur and Chad,” 12 avril 2005, http://hrw.org/backgrounder/africa/Darfur0505; Human Rights Watch, “Impunité inébranlable : responsabilité gouvernementale dans les crimes internationaux commis au Darfour,”  vol. 17, no. 17(A), décembre 2005, http://hrw.org/reports/2005/Darfur1205; Human Rights Watch,“Sudan: Imperatives for Immediate Change,” vol.18, no. 1(A), janvier 2006, http://hrw.org/reports/2006/sudan0106; Human Rights Watch, “Le Darfour saigne : les récentes violences transfrontalières au Tchad,” no. 2., février 2006, http://www.hrw.org/backgrounder/africa/chad0206/chad0206.pdf; et Human Rights Watch, “Violence au-delà des frontières : la crise des droits humains dans l’Est du Tchad,” no. 4, juin 2006, http://www.hrw.org/backgrounder/africa/chad0606/index.htm.

8 “High Commissioner Guterres to visit Chad among growing insecurity,” communiqué de presse du HCR, 19 décembre 2006 http://www.unhcr.org/cgi-bin/texis/vtx/news/opendoc.htm?tbl=NEWS&id=45880c124 (consulté le 26 décembre 2006).

9 Conseil de Sécurité de l’ONU, “Report of the Panel of Experts established pursuant to paragraph 3 of resolution 1591 (2005) concerning the Sudan,” 30 janvier 2006, http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N05/632/74/PDF/ N0563274.pdf?OpenElement (consulté le 28 décembre 2006), p. 29.

10 En 2004, les forces militaires tchadiennes ont poursuivi des groupes de milices soudanais au-delà de la frontière à l’intérieur du Darfour avec la permission du Soudan, voir Human Rights Watch, “Le Darfour en feu.” Pour plus d’informations sur la prolifération de groupes armés le long de la frontière en 2004, voir Human Rights Watch, “Promesses vides.”

11 Conseil de Sécurité de l’ONU, “Report of the Panel of Experts established pursuant to paragraph 3 of resolution 1591 (2005) concerning the Sudan,” p. 30.

12 “Chad pursues rebels across border into Soudan,” Reuters, 12 décembre 2006, http://www.alertnet.org/thenews/ newsdesk/L1233921.htm (consulté le 26 décembre 2006).

13 Entretiens de Human Rights Watch et évaluations de sites de bombardements, Hamara et Khelis, Tchad, octobre 2006.

14 Les Zaghawa tchadiens et soudanais appartiennent à des clans différents, dont certains existent seulement au Tchad ou au Soudan. Par exemple, le clan Bideyat du président Déby n’est pas présent au Soudan. Les Twer Zaghawa vivent surtout au Soudan et les Kobe Zaghawa vivent des deux côtés de la frontière, mais surtout au Soudan ; ils sont tous deux représentés au sein des mouvements rebelles du Darfour.  Voir, par exemple, Marchal, “Chad/Darfur: How two crises merge,” et “The Darfur Conflit: Crimes Against Humanity in Sudan,” Crimes of War Project, 9 avril 2004, http://www.crimesofwar.org/onnews/news-Darfur.html (consulté le 14 décembre 2006).

15 International Crisis Group, “Sudan: Now or Never in Darfur,” Africa Report, no. 80, 23 mai 2004, http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?id=2765&l=1 (consulté le 26 décembre 2006).

16 Des responsables du MJE affirment que Mohamed Saleh, ancien commandant du MJE en 3ème position qui a rompu pour former le Commandement révolutionnaire de campagne (FRC), un groupe rebelle soudanais, a reçu six véhicules Land Cruiser, des armes et des munitions du Tchad en avril 2005.  Voir Conseil de Sécurité de l’ONU, “Report of the Panel of Experts established pursuant to paragraph 3 of resolution 1591 (2005) concerning the Sudan,” pp. 30-31.  Voir aussi International Crisis Group, “Darfur Rising: Sudan’s New Crisis,” Africa Report, no. 76, 25 mars 2004, http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?l=1&id=2550 (consulté le 26 décembre 2006).

17 Le Tchad s’est classé 156ème sur 163 pays étudiés dans l’Index de perceptions de corruption de Transparency International pour 2006.  Voir “2006 Corruption Perceptions Index,” Transparency International, 6 novembre 2006, http://www.transparency.org/news_room/in_focus/cpi_2006 (consulté le 18 décembre 2006). Voir aussi Lydia Polgreen et Celia W. Dugger, “Chad’s Oil Riches, Meant for Poor, Are Diverted,” The New York Times, 18 février 2006.

18 Voir Polgreen et Dugger, “Chad’s Oil Riches, Meant for Poor, Are Diverted”, op. cit.

19 Simon Massey et Roy May, “Dallas to Doba: Oil and Chad, External Controls and Internal Politics,” Journal of Contemporary African Studies, vol. 23, no. 2, Mai 2005, p. 271.

20 Déby a été élu pour un troisième mandat aux élections de mai 2006.  “Chad leader’s victory confirmed,” BBC News Online, 14 mai 2006, http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/africa/4771383.stm (consulté le 26 décembre 2006). Voir aussi International Crisis Group, “Tchad : vers le retour de la guerre,” Africa Report, no.111, Juin 2006, http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?id=4361&l=2 (consulté le 26 décembre 2006).

21 Ce n’est peut-être pas une coïncidence si l’un des principaux chefs rebelles tchadiens, Tom Erdimi (voir ci-dessous), est l’ancien directeur de l’industrie pétrolière du Tchad.  Les paiements directs de royalties au gouvernement du Tchad sur les opérations pétrolières sont en moyenne de 25 millions de $ par mois. Les recettes publiques totales depuis que le pétrole y est apparu en 2003, avec un impôt sur les bénéfices exceptionnels de $6-700 millions prévu pour mars 2007, représenteront environ $1.7 milliard en 2007 (en supposant que les niveaux de production et le prix du pétrole restent constants).  Communications confidentielles, Human Rights Watch, 21 décembre 2006 et 4 janvier 2007. 

22 “Chad: Idriss Deby,” Africa Research Bulletin, vol. 43, numéro 5, juin 2006. 

23 Le RDL était composé essentiellement de Tama, d’Arabes et de Gimr ; parmi les éléments principaux on trouvait des soldats ayant combattu aux côtés des milices arabes soutenues par Khartoum dans l’ouest du Darfour, où la présence des Arabes tchadiens est particulièrement forte du fait des déplacements historiques entraînés par les guerres civiles du Tchad. Voir “To Save Darfour,” International Crisis Group, Africa Report, no. 105, 17 mars 2006, http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?l=1&id=4027 (consulté le 26 décembre 2006).  Le 28 décembre 2005, le RDL et sept autres groupes armés tchadiens antigouvernementaux ont créé le FUCD sous la direction de Mahamat Nour. En octobre 2006, le FUCD a rejoint le CDR et l’Union des Forces pour le Progrès et la Démocratie (UFPD) ; il en est résulté l’Union des Forces pour la Démocratie (UFDD). Mahamat Nouri, membre de l’ethnie Goran et appartenant au sous clan des Anakaza qui s’est séparé du gouvernement de Déby en mai, est devenu la figure de proue politique de l’UFDD,installé semble-t-il par les services soudanais du renseignement militaire. Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec Tom Erdimi, 4 novembre 2006. Voir aussi “East Chad battle leaves riverbed strewn with bodies,” Reuters, 12 décembre 2006, http://www.alertnet.org/thenews/newsdesk/L12232007.htm (consulté le 26 décembre 2006).

24 Nour a aidé à renverser le président Hissène Habré en 1990, mais il est entré peu après dans l’opposition armée contre le gouvernement de Déby. En 2003, avec le soutien du gouvernement du Soudan, Nour a organisé et dirigé les milices Janjawid au Darfour. Voir, par exemple, Simon Massey et Roy May, “Commentary: The Crisis in Chad,” African Affairs, vol. 105, no. 420, juillet 2006, pp. 443-49; International Crisis Group, “To Save Darfur,” p. 12.

25 Simon Massey et Roy May, “Commentary: The Crisis in Chad,” African Affairs, Vol. 105, No. 420, Juillet 2006, pp. 443-49.

26 Un nombre important d’ex-soldats de l’armée tchadienne ont aussi rejoint l’ALS et le MJE.  Voir Conseil de Sécurité de l’ONU, “Report of the Panel of Experts established pursuant to paragraph 3 of resolution 1591 (2005) concerning the Sudan,” p. 77.

27 Timan Erdimi était l’ancien chef de cabinet de Déby.

28 Massey et May, “Commentary: The Crisis in Chad.”

29 Le Soudan et le Tchad s’accusent mutuellement de soutenir des groupes rebelles adverses. Le président Déby a accusé le gouvernement du Soudan de soutenir les rebelles tchadiens au Soudan dès le mois d’avril 2005. Voir Conseil de Sécurité de l’ONU, “Report of the Panel of Experts established pursuant to paragraph 3 of resolution 1591 (2005) concerning the Sudan,” 30 janvier 2006, p. 77.  Voir aussi, “Chad: Rebels on the rocky road to N’djamena,” IRINnews, 26 octobre 2006, http://www.irinnews.org/report.asp?ReportID=56066&SelectRegion=West_Africa&SelectCountry=CHAD (consulté le 14 décembre 2006) et Halime Assadya Ali, “Chad military plane shot down near Sudan,” Associated Press, 28 novembre 2006, http://www.boston.com/news/world/europe/articles/2006/11/28/rebels_shoot_down chadian_military_plane/ (consulté le 14 décembre 2006). Sur le soutien tchadien aux rebelles du Soudan, voir, par exemple, Human Rights Watch, “Violence au-delà des frontières.”

30 Conseil de Sécurité de l’ONU, “Report of the Panel of Experts established pursuant to resolution 1591 (2005) concerning the Sudan prepared in accordance with paragraph 2 of resolution 1665 (2006),” 3 octobre 2006, http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N06/490/87/PDF/N0649087.pdf?OpenElement (consulté le 28 décembre 2006), p. 24.

31 Conseil de Sécurité de l’ONU, “Report of the Panel of Experts established pursuant to resolution 1591 (2005) concerning the Sudan prepared in accordance with paragraph 2 of resolution 1665 (2006),” p. 15.

32 Communication confidentielle de Human Rights Watch, 12 décembre 2005.

33 Entretiens de Human Rights Watch, rebelle soudanais de l”ALS, Adré, Tchad, 3 mai 2006 ; et avec un dirigeant politique supérieur du MJE, N’Djamena, Tchad, 28 octobre 2006.

34 “Chad steps up claims of Sudanese subversion,” Sudan Tribune, 31 décembre 2005, http://www.sudantribune.com/article_impr.php3?id_article=13301 (consulté le 13 décembre 2006).

35 Entretiens de Human Rights Watch, responsables de rebelles soudanais et sources au sein de l’armée tchadienne, divers endroits du Tchad, avril-mai et octobre-novembre 2006. Voir aussi Human Rights Watch, “Violence au-delà des frontières.”

36 “Sudan, Chad sign peace agreement in Tripoli,” Arabic News, 9 février 2006, http://www.arabicnews.com/ansub/Daily/Day/060209/2006020913.html (consulté le 6 janvier 2006).

37 Cette aide comprenait les renseignements obtenus grâce aux vols de surveillance du Mirage français et des coups de semonce tirés par un appareil français sur une colonne rebelle. A l’invitation du gouvernement tchadien, la France maintient une présence militaire au Tchad avec 1300 soldats.  “National Defence,” Ambassade de France, dernière mise à jour du 24 août 2006, http://www.ambafrance-us.org/atoz/defense.asp (consulté le 13 décembre 2006). Voir aussi “Les rebelles sont entrés dans la capitale,” Le Nouvel Observateur, 13 avril 2006, http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad= etranger/20060413.OBS3898.html&host=http://permanent.nouvelobs.com/ (consulté le 26 décembre 2006).

38 “Sudan Given Notice of Break in Relations With Chad,” VOA News, 15 avril 2006, http://www.voanews.com/english/archive/2006-04/2006-04-15-voa18.cfm?CFID=6786502&CFTOKEN=87605429 (consulté le 26 décembre 2006).

39 Le Tchad et le Soudan ont signé un accord en juillet prévoyant une commission militaire conjointe pour contrôler la frontière et interdisant  “la présence d’éléments rebelles” dans les deux pays.  Voir Abakar Saleh, “Chad signs peace with neighboring Sudan,” Associated Press, 26 juillet 2006, http://www.globalgoodnews.com/world-peace-a.html?art=1153933315111034 (consulté le 14 décembre 2006).

40 “Sudan and Chad to immediately reestablish diplomatic ties: FMs,” Agence France-Presse, 8 août 2006, http://www.reliefweb.int/rw/RWB.NSF/db900SID/LZEG-6T4QPS?OpenDocument&rc=1&emid=ACOS-635PJQ (consulté le 26 décembre 2006).

41 Le G-19 était à l’origine un groupe de 19 commandants qui avaient rompu avec la faction de l’ALS de Abdul Wahid en mars 2006, dont le commandant Masalit Khamis Abdallah. 

42 Le MJE et le G-19 had se sont regroupés, au moins théoriquement, au sein de la coordination du Front de la rédemption  nationale (NRF) en juin 2006, ainsi que l’Alliance démocratique fédérale du Soudan (SFDA) et la faction Unité/ALS, et tous ont refusé de signer l’Accord de paix du Darfour de mai 2006. Seuls le gouvernement du Soudanet la faction de l’ALS des Mini Minawi ont signé l’accord.

43 Le 27 octobre 2006, Human Rights Watch a étudié une copie de l’un de ces documents, signé par le ministre tchadien de l’Administration territoriale, Ahmat Mahamat Bachir.

44 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec Tom Erdimi, 4 novembre 2006, et entretiens avec des chefs rebelles soudanais, N’Djamena, Tchad, Octobre à novembre 2006.

45 Ces affrontements comprennent les batailles livrées par les forces gouvernementales tchadiennes à la mi septembre contre les rebelles du FUC rebels à Aram Kollé et contre les rebelles du RAFD à Hadjer Marfaine dans le Massif du Maraone, à 150 kilomètres au nord de Adré. Le 22 octobre, les rebelles de l’UFDD ont occupé temporairement Goz Beida, et le 24 octobre ils ont attaqué Am Timan, capitale de la région Salamat.  Le 25 novembre, Abéché, capitale régionale et centre des activités de l’aide humanitaire dans l’est du Tchad, a été temporairement occupée. Voir “Chad: New fronts open in eastern fighting,” IRIN, 21 septembre 2006, http://www.reliefweb.int/rw/RWB.NSF/db900SID/EGUA-6TUPV6?OpenDocument&rc=1&cc=tcd (consulté le 20 décembre 2006); “Chad army, rebels battle over eastern stronghold,” Reuters, 20 septembre 2006, http://www.reliefweb.int/rw/RWB.NSF/db900SID/VBOL-6TTJB2?OpenDocument&rc=1&cc=tcd (consulté le 20 décembre 2006); “Rebel push in east Chad raises fears in the capital,” Associated Press, 24 octobre 2006, http://www.iht.com/articles/2006/10/24/news/Chad.php (consulté le 26 décembre 2006).

46 Le RaFD est une coordination composée du SCUD, d’un deuxième groupe dirigé par l’ancien commandant de l’armée tchadienneSéby Aguid, et un troisième groupe dirigé par Ramadane Bokhit. Ses combattants sont des déserteurs Zaghawa, principalement de la Garde Républicaine.

47 Entretien de Human Rights Watch avec un diplomate étranger, N’Djamena, Tchad, 22 octobre 2006.

48 Entretiens de Human Rights Watch avec des dirigeants politiques rebelles soudanais, N’Djamena, Tchad, octobre à novembre 2006.

49 “Chad president and rebel leader sign peace accord,” Reuters, 24 décembre 2006, http://www.alertnet.org/thenews/newsdesk/L24207079.htm (consulté le 28 décembre 2006).

50 “Chadian peace accord dismissed by some rebel factions,” VOA News, 26 décembre 2006, http://www.voanews.com/english/2006-12-26-voa21.cfm (consulté le 28 décembre 2006).