Rapports de Human Rights Watch

La rébellion dans le nord-est

A la mi-2006, les autorités se sont retrouvées face à une seconde rébellion organisée dans la région reculée et peu peuplée du nord-est, limitrophe du Darfour et de l’est du Tchad.

L’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) est une alliance de trois groupes rebelles séparés : le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), dirigé par Abakar Saboune, porte-parole et chef de la sécurité ; le Groupe d’action patriotique pour la libération de la Centrafrique (GAPLC), dirigé par Michel Détodia, aujourd’hui président de l’UFDR ; et le Front démocratique centrafricain (FDC), dirigé par Justin Hasan, ancien major dans la Garde présidentielle de Patassé et aujourd’hui chef des opérations militaires de l’UFDR.126 Le chef d’état-major de l’UDFR est le « Général » Damane Zakaria, dont le véritable nom est Moustapha Maloum, également un ancien associé de l’ex-Président Patassé.127 Autre dirigeant clé, Faki Ahmat (« Colonel Marabout »), qui serait chargé des opérations militaires de l’UFDR.128 Saboune et Détodia ont été appréhendés au Bénin fin novembre 2006 et y sont toujours emprisonnés en vertu d’un mandat d’arrêt émis par la RCA.129 L’UFDR a surtout été active dans la préfecture de Vakaga, dans les environs des villages de Tiroungoulou, Gordil, Mélé et Boromota, une zone peuplée principalement de personnes appartenant au groupe ethnique gula à prédominance musulmane.

Les forces de l’UDFR sont composées essentiellement de personnes d’ethnie gula, qui invoquent une discrimination historique. Elles ont fait cause commune avec les ex-libérateurs (membres des forces rebelles de Bozizé, qui ont permis à celui-ci de prendre le pouvoir en mars 2003 et qui soutiennent aujourd’hui qu’il a trahi ses promesses à leur égard). De septembre à octobre 2006, l’UFDR a lancé une grande offensive dans le nord-est de la RCA, prenant le contrôle des villes de Birao, Ouandja, Ouanda Djallé, Ouadda et Ndélé, dans les principaux centres de population des préfectures de Vakaga, Bamingui et Haute-Kotto. Les forces de sécurité ont fui face à l’offensive, laissant derrière elles d’importantes caches d’armes, des véhicules militaires et autre matériel. Dans les villes dont ils se sont emparés, les rebelles de l’UFDR ont détruit et pillé tous les bureaux du gouvernement, notamment les postes de police et de gendarmerie, les bureaux du maire, du préfet et des sous-préfets, les bureaux de l’agence des eaux et forêts, et beaucoup d’autres, minant davantage encore la capacité d’institutions étatiques déjà affaiblies.

En décembre 2006, l’armée française a invoqué son traité de défense avec la RCA et a aidé les forces gouvernementales à reprendre toutes ces villes dans le cadre d’une campagne de bombardements français et d’une offensive terrestre combinée FACA/armée française/FOMUC. Fin décembre 2006, le gouvernement avait de nouveau le contrôle de toutes les principales villes du nord-est, et l’UFDR s’était repliée dans ses bases arrière autour de Tiroungoulou, Gordil et Boromata. En mars 2007, l’UFDR a lancé une frappe contre Birao, prenant brièvement le contrôle de la ville avant d’être refoulée par les bombardements aériens français.

Le 13 avril 2007, le « Général » Damané Zakaria, chef d’état-major de l’UFDR, a signé un accord de paix avec des représentants du gouvernement, déclarant que « le moment est venu de faire la paix ».130 La signature dudit accord a toutefois été désavouée par le dirigeant emprisonné Abakar Saboune, lequel a promis de poursuivre la lutte.131

Le conflit dans le nord-est a été marqué par de graves exactions perpétrées tant par les forces gouvernementales que rebelles, même s’il y a eu moins de villages incendiés et d’exécutions sommaires que dans le nord-ouest. Les forces gouvernementales centrafricaines ont procédé à des exécutions sommaires de rebelles présumés ou capturés et à un petit nombre d’incendies de maisons et d’exécutions illégales de civils. Pour leur part, les rebelles de l’UFDR ont tiré au hasard sur la population civile et pillé des maisons, des bureaux et des commerces lors d’attaques de villes et de villages. Les rebelles ont procédé à des exécutions sommaires et au recrutement forcé d’enfants soldats, et il y a des rumeurs (encore) largement non confirmées selon lesquelles des viols auraient été commis.

Les origines du conflit

En l’espace de quelques années, un certain nombre de problèmes se sont conjugués dans le nord-est de la RCA pour créer les conditions préalables à une rébellion et à l’émergence de l’UFDR. Ces problèmes sont la pauvreté et la marginalisation, les tensions intercommunautaires avec les nomades soudanais, les violations des droits humains commises par les forces centrafricaines en réponse à l’activité militaire des rebelles tchadiens basés dans le nord-est, et les revendications des ex-libérateurs.

Pauvreté, marginalisation et tensions intercommunautaires

Le nord-est est la région la plus reculée, la moins peuplée et la plus pauvre de la RCA. Ses habitants affirment qu’ils sont délaissés et oubliés par leur propre gouvernement depuis des années. La région ne compte pas de routes pavées ou praticables en toutes saisons, les hôpitaux et les centres médicaux sont des plus rudimentaires et souvent souffrent d’un manque aigu de médecins ou de médicaments. Les écoles publiques sont sous-financées, administrées par des parents qui font office d’enseignants (maîtres parents) et dans bon nombre des zones les plus reculées, elles ne fonctionnent pas du tout.

En 2002, les tensions entre les habitants et les nomades soudanais, qui amenaient leurs troupeaux en RCA à la recherche d’eau et de pâturages, ont dégénéré en conflit ouvert. Les chefs de la communauté gula affirment que lorsque des combats soutenus ont éclaté autour de Boromata (ouest de Birao), le gouvernement a refusé d’intervenir pour assurer une protection, faisant valoir que les affrontements étaient de « simples » accrochages intermusulmans – bien qu’une raison plus plausible expliquant l’inaction du gouvernement serait que le gouvernement Patassé, aux prises à des difficultés d’ordres internes, était plus occupé à se battre pour sa propre survie.132 Cet abandon du gouvernement a poussé la population locale à mettre sur pied ses propres unités armées d’autodéfense.

La mort d’un éminent chef spirituel gula, Yahya Ramadan, tué par des nomades soudanais le 8 mai 2002, a provoqué une recrudescence des affrontements, débouchant sur la mort de 63 nomades soudanais à Birao le 17 mai.133 Le meurtre de Yahya Ramadan a également conduit à des tensions interethniques accrues dans la région, les chefs communautaires gulas accusant les membres du groupe ethnique kara d’être les instigateurs du meurtre.134 Une initiative conjointe soudano-centrafricaine visant à enquêter sur les affrontements a rapidement tourné court.135 Néanmoins, les nomades soudanais ont continué à traverser la frontière, cette fois également en quête de vengeance. Le 10 juillet 2002, des nomades soudanais ont tué la moitié des habitants du village de Vodémasa, soit plus de 50 personnes dont des femmes, des enfants et le chef du village,136 poursuivant sur leur lancée en attaquant les villages de Zinzia, Boromata, Aifa, Sikébé et Moussabio. D’autres attaques meurtrières menées par les nomades soudanais ont été rapportées en septembre 2002. 137 Un grand nombre de personnes y ont perdu la vie, mais le gouvernement centrafricain de Patassé, aux prises avec ses propres insurgés, n’est pas intervenu.

En mars 2003, le Soudan a accepté de verser des compensations suite à quelques réunions organisées dans la ville frontalière d’Am Dafok. La disparité entre les délégations – les Soudanais avaient envoyé de hauts responsables, dont trois ministres du gouvernement, alors que la RCA était représentée par des responsables locaux – a été interprétée par la population locale comme un nouveau signe du manque d’intérêt du gouvernement central pour son bien-être (bien que, là encore, le gouvernement de Patassé était probablement trop occupé à combattre les rebelles bientôt victorieux du Général Bozizé pour envoyer une délégation de haut niveau).138

La mise en œuvre de l’accord, qui comprenait le financement soudanais d’une école à Tiroungoulou, la construction d’une mosquée à la mémoire de Yahya Ramadan ainsi que des compensations pour les communautés victimes des violences, dont la plupart étaient gulas, a été mouvementée et inachevée. La commission créée pour superviser l’accord et gérer les problèmes de sécurité n’a publié aucun rapport. Selon des responsables locaux, les fonds versés à titre de compensation ne sont jamais arrivés dans la zone concernée, et même le préfet de la province à l’époque a avoué à  Human Rights Watch ne pas savoir ce qu’il était advenu de l’argent.139 La plupart des Gulas croient que l’argent a été détourné par Bozizé après sa prise de pouvoir et utilisé lors de sa campagne de réélection en mai 2005.140 Des ouvriers avaient entamé la construction de la mosquée mais les travaux ont été interrompus en mai 2005. Le fait que l’argent qu’elle croyait lui être destiné ne lui soit jamais parvenu constitue un sérieux grief pour la communauté gula.

Telle était la situation dans la région début 2006 lorsque les rebelles tchadiens opposés au Président tchadien Déby, appuyés par le gouvernement soudanais, établirent des bases dans les zones de Tiroungoulou et de Gordil, dominées par les Gulas, à partir desquelles, en avril 2006, ils lancèrent une offensive manquée sur N’Djamena.141 Les rapports publiés ont identifié deux groupes rebelles tchadiens séparés basés dans la région : le Mouvement pour la paix, la reconstruction et le développement (MPRD), dirigé par l’ex-adjoint de Déby, Djibrine Dassert,142 et des éléments du Front uni pour le changement (FUC), dirigé par Adoum Rakis, qui a été capturé à N’Djamena lors de l’offensive manquée d’avril 2006.143 A l’époque, ces deux groupes tchadiens étaient associés au dirigeant du FUC, Mahamat Nour.

Peu après l’offensive manquée, des avions militaires soudanais auraient déchargé des rebelles tchadiens en uniforme, des armes, des caisses de munitions, des véhicules et autre matériel militaire sur la piste aérienne de Tiroungoulou.144 Le chef du village de Tiroungoulou, un Gula, est allé informer les autorités gouvernementales de l’arrivée des rebelles tchadiens, et une unité conjointe des FACA et de la GP a été envoyée pour examiner la situation. Le 26 mai, l’unité a été attaquée par des « individus puissamment armés » et deux officiers des FACA ont été tués.145

Bien que le ministère centrafricain de la défense ait accusé les assaillants d’avoir « délibérément violé le territoire centrafricain », faisait clairement allusion au fait qu’il croyait que les attaquants étaient en effet des étrangers et non des citoyens de la RCA,146 l’unité de la GP dirigée par le Lieutenant Dogo, tristement célèbre pour sa présumée implication personnelle dans des exécutions sommaires dans les environs de Bangui,147 a attaqué Tiroungoulou, tuant sept civils et réduisant en cendres 32 maisons.148 Des centaines de personnes ont été déplacées, et certaines sont ensuite décédées en raison des conditions de vie difficiles dans la brousse.149 La population locale était outrée : elle n’avait rien à voir avec les rebelles tchadiens ou avec l’attaque, elle avait informé les autorités de la présence rebelle, mais elle avait été malgré tout punie.150

De nouveaux combats ont eu lieu entre les rebelles tchadiens et les forces de sécurité de la RCA en juin 2005. Le 3 juin, une attaque rebelle tchadienne a provoqué la mort d’un parlementaire centrafricain et de deux employés du Ministère de l’environnement.151 Le 26 juin, une rude bataille a éclaté entre les rebelles tchadiens et une force combinée des FACA, de la GP et de la FOMUC, se soldant par la mort de 11 soldats des FACA et de la GP, dont le Lieutenant Dogo, de deux soldats tchadiens de la FOMUC et d’environ 20 rebelles.152 Dans un discours à la nation, le Président Bozizé a dénoncé les rebelles, les qualifiant d’ « envahisseurs » et d’ « agresseurs étrangers »,153 bien que certains responsables des FACA aient accusé les rebelles tchadiens et centrafricains de s’être «alliés pour lancer des attaques dans les deux pays ».154

L’idée que l’UFDR et les personnes d’ethnie gula ne font qu’un s’est implantée tant chez les autorités que dans l’ensemble de la population civile, et les exactions perpétrées par l’UFDR ont contribué à un sentiment anti-gula de plus en plus aigu. Par exemple, un rapport officiel émanant de la Sous-préfecture de Ouadda, décrivant les trois semaines d’occupation de Ouadda par l’UFDR, associait tous les habitants gula à l’UFDR et les accusait d’exactions diverses:

Les jeunes gulas résidant à Ouadda-Centre se sont liés à leurs frères dans ce groupe de rebelles pour maltraiter tous les fonctionnaires exerçant dans la localité, commettre des exactions sur toute l’étendue de la sous-préfecture et ramasser tous les médicaments et les biens au centre de santé de Ouadda.155

Le sentiment anti-gula menace de dégénérer en violence fondée sur l’ethnicité, une crainte qui a conduit au déplacement de la plus grande partie de la population gula hors des localités contrôlées par le gouvernement. Environ 60 000 personnes ont été déplacées dans les trois provinces du nord-est affectées par l’insurrection.156

Griefs des ex-libérateurs

Dans l’intervalle, un autre mouvement de grogne venant d’anciens partisans du Général Bozizé a fait cause commune avec les Gulas mécontents. Lorsque le Général Bozizé s’est emparé du pouvoir en mars 2003, il est arrivé à Bangui avec des centaines de rebelles, connus de tous sous le nom de « libérateurs ». Parmi eux se trouvaient d’anciens soldats des FACA qui avaient déserté l’armée nationale, ainsi que des éléments tchadiens. Certains de ces hommes, ainsi qu’une compagnie d’une trentaine de soldats tchadiens, ont formé le noyau de la Garde présidentielle du Président Bozizé. Cependant, Bozizé ne pouvait pas incorporer tous les ex-libérateurs dans ses services de sécurité réguliers et la tension n’a pas tardé à monter, les ex-libérateurs soutenant que Bozizé ne les avait pas payé entièrement pour leur soutien et avait renié d’autres promesses. Les ex-libérateurs ont alors pris part à un nombre sans cesse croissant de violations des droits humains et d’actes de banditisme autour deBangui, forçant Bozizé à prendre des mesures à l’encontre de leurs éléments les plus indisciplinés.157

Un grand nombre d’ex-libérateurs ont commencé à se livrer à des actes de banditisme ou ont rejoint les rangs de groupes rebelles naissants dans le nord de la RCA.158 En avril 2004, près de 300 ex-libérateurs, pour la plupart tchadiens, ont lancé un violent mouvement de protestation à Bangui, pillant des habitations159 et affrontant les forces des FACA avant de se rapprocher à quelques centaines de mètres du Palais présidentiel.160 Le mouvement de protestation était dirigé par le Capitaine Abakar Saboune, un ex-libérateur qui, en 2005, est devenu membre fondateur de l’UFDR.161 Le Président Bozizé a accepté d’octroyer à chacun des ex-libérateurs tchadiens 1 000$ en échange pour leur rapatriement au Tchad sous la surveillance des FACA.162 Néanmoins, beaucoup d’entre eux se sont plutôt installés dans le nord de la RCA, particulièrement le nord-est à majorité musulmane, où ils jouent un rôle important dans le leadership de l’UFDR.

Alors que l’UFDR est communément considérée comme un mouvement qui, à la base, est gula, d’autres groupes ethniques arabes centrafricains sont également impliqués, et il serait plus approprié de décrire l’UFDR comme une coalition regroupant des éléments issus de différents groupes mécontents de Bozizé : les ex-libérateurs qui se sentent trahis par Bozizé ; les fidèles de l’ex-Président Patassé ; les Gulas qui se sentent marginalisés et pris pour cible en raison de leur appartenance ethnique ; et la communauté musulmane dans son ensemble qui se sent victime de discrimination.163

Comparativement à l’APRD dans le nord-ouest, l’UFDR est mieux équipée et dispose d’une structure militaire plus centralisée. Outre des armes semi-automatiques, les combattants de l’UFDR ont des uniformes militaires, des grenades autopropulsées, ainsi que de l’artillerie et des mitrailleuses lourdes montées sur leurs véhicules.164 On sait également qu’ils possèdent des fusils antiaériens, volés des bases des FACA lors de l’offensive d’octobre-décembre 2006. Les commandants de l’UFDR affirment qu’ils ont la capacité de condamner des routes en utilisant des mines terrestres et exigent que tous les convois humanitaires demandent et reçoivent une autorisation préalable afin d’assurer que les routes ne contiennent pas de mines (mais aucun incident dû à des mines n’a été rapporté dans le nord de la RCA à ce jour).

Les dirigeants de l’UFDR affirment que leur mouvement est purement centrafricain et qu’ils ne reçoivent aucun soutien extérieur. Human Rights Watch ne dispose pas d’éléments prouvant que l’UFDR a reçu un soutien militaire considérable émanant du Soudan ou d’autres États voisins. Cependant, un fonctionnaire centrafricain capturé par l’UFDR en novembre 2006 a dit à Human Rights Watch que durant sa détention, à Ouadda, il a vu trois soldats soudanais en uniforme qui travaillaient ouvertement avec les rebelles. Quand l’UFDR a été forcée d’abandonner Ouadda en décembre 2006, une dispute a éclaté entre deux commandants de l’UFDR à propos de la possibilité d’emmener ou d’exécuter le fonctionnaire capturé, l’un des commandants de l’UFDR soutenant qu’ils devaient faire de la place dans le véhicule pour les trois Soudanais qui « nous ont aidés à organiser cette offensive », et qui, par conséquent, méritaient d’être traités avec respect. Il est donc possible que ces Soudanais, quoique en nombre réduit, aient été des conseillers militaires plutôt que des recrues rebelles.165 Quelques témoins ont également affirmé que des ressortissants tchadiens se trouvaient parmi les combattants de l’UFDR lors des attaques menées fin 2006.166

Les exactions des forces de sécurité centrafricaines dans le nord-est

Les forces gouvernementales ont commis des violations graves des droits humains, notamment des exécutions sommaires et quelques incendies d’habitations, lorsqu’elles ont repris le contrôle de villes et de villages fin 2006, procédure qui s’est répétée en mars 2007. Pratiquement toutes ces exactions ont été commises contre des personnes de l’ethnie gula, provoquant le déplacement d’une grande partie de la population gula hors de la plupart des localités occupées auparavant par l’UFDR, dont Ndélé, Ouadda, Ouanda Djallé et Birao.

Exécutions sommaires de Gulas et de rebelles présumés, et incendies d’habitations civiles

En dépit des fortes tensions interethniques qui existent dans le nord-est entre la communauté gula et les responsables gouvernementaux, l’ampleur des exactions commises par l’armée dans le nord-est est bien moindre que dans le nord-ouest. Human Rights Watch a recueilli des informations sur un certain nombre d’incendies d’habitations, la plupart dans les villages à prédominance gula tels que Ouandja, ainsi que sur quelques exécutions sommaires de rebelles présumés de l’UFDR immédiatement après la contre-offensive des forces gouvernementales en décembre 2006 (assistées par les troupes françaises et de la FOMUC).

L’éventualité d’exactions plus importantes existe bel et bien, étant donné la « soif » de vengeance ressentie par bon nombre de soldats et par la population civile ayant subi les exactions de l’UFDR. Le chef d’un centre médical de Ouadda a décrit l’état d’esprit des villageois et des forces armées centrafricaines lorsque les rebelles ont évacué la ville :

Lorsque la Garde présidentielle est arrivée à Ouadda, les gens étaient dévorés par l’envie d’éliminer les Gulas. Quand je dis « les gens », je parle de la population locale et de la Garde présidentielle.167

Certaines des exactions les plus graves de l’armée relevées par Human Rights Watch ont eu lieu dans le village gula de Ouandja, situé entre Ouanda-Djallé et Birao, repris par une force conjointe des FACA et de la GP, avec l’assistance des soldats français et de la FOMUC, le 11 décembre 2006. Cinquante-sept maisons gulas, ainsi que la clinique locale, l’école, la mairie et le bâtiment de la gendarmerie ont été incendiés par les FACA et la GP à Ouandja. Lorsque les forces conjointes sont arrivées au village, les soldats de la RCA ont immédiatement commencé à mettre le feu aux  habitations, en dépit des protestations des soldats de l’armée française. Un responsable du village a raconté à Human Rights Watch ce qu’il a vu : « Les Français étaient encore ici lorsque les FACA ont commencé à brûler les maisons. Ils ont essayé d’arrêter les FACA mais elles ont refusé d’écouter ».168

Lorsque les troupes françaises et de la FOMUC ont poursuivi leur chemin vers Birao, les forces des FACA et de la GP sont restées en arrière et ont exécuté sept personnes à Ouandja, dont un ancien parlementaire de l’opposition, Zacharia Rizégala. Un responsable du village, qui était présent lors de l’exécution et a failli être exécuté lui-même, a décrit ce qu’il a vu :

Après que les FACA eurent brûlé les maisons, la Garde présidentielle a fait venir Zacharia Rizégala et l’a accusé d’être un rebelle car les rebelles avaient pris son véhicule. Il a dit qu’il n’était pas avec les rebelles et que ceux –ci avaient pris sa voiture pour aller à Birao sans sa permission. Les militaires ont dit : « Tu es complice des rebelles ». Il a nié tout lien avec les rebelles. Un membre de la GP l’a empoigné par les vêtements et l’ex-parlementaire s’est dégagé. Le GP lui a alors dit : « Nous allons te tuer ». L’ex-parlementaire a répondu : « Si vous allez me tuer, laissez-moi aller voir mon père et puis, tuez-moi ». Ils sont allés ensemble chez son père. Il a expliqué à son père que les soldats l’avaient arrêté. Puis un soldat a tiré sur lui à deux reprises. La première balle l’a raté mais la seconde l’a touché à la poitrine. Il s’est écroulé.169

Des membres de la GP ont ensuite tiré sur Kamkusa Abdullah Suleiman, un villageois qui a survécu à ses blessures. Ces mêmes soldats ont poursuivi sur leur lancée, tuant six autres villageois à Ouandja, selon un responsable local qui était présent lors des faits :

Ils ont tiré trois coups sur moi [mais m’ont raté]. Après cela, ils ont tué trois autres personnes : Abdel Masiq, Awadallah Idriss et Hamid Hissein. Il s’agissait de villageois ordinaires, ils n’étaient ni pisteurs,170 ni rebelles. A la sortie du village, ils ont tiré sur trois personnes, dont deux, Abdel Mournin Salim et Mahadi Ashman, ont été tués sur le coup, et le troisième, Kalil Sabil, est décédé dans la brousse. Nous avons trouvé son corps à sept kilomètres, mangé par les lions.171

Les forces des FACA ont également mis le feu à 34 habitations et tué cinq civils dans un deuxième village, Sergobo, lequel demeurait déserté lors de la visite de Human Rights Watch le 25 février 2007.

Par ailleurs, au moins 10 Gulas de Ouadda qui cherchaient à rentrer chez eux après avoir rejoint les rebelles ont été capturés et exécutés sommairement par des soldats des FACA ou de la GP. La dernière de ces exécutions, celle d’un rebelle présumé répondant au nom d’Ambaouta, a eu lieu à Ouadda le 11 ou 12 février 2007. Un témoin a décrit à Human Rights Watch la mort d’un garçon de 15 ans, Donald, tué par les forces de la GP à Ouadda, le 3 ou 4 décembre 2006 :

Il y avait ce jeune gars, Donald. Il avait 15 ans et était connu dans le village pour ne pas faire grand-chose. Lorsque les rebelles sont venus, il était tout excité. Il voulait rejoindre leurs rangs. Son père a refusé mais il a menacé son père. Rien ne pouvait l’arrêter et il a rejoint les rebelles. Quand ils ont évacué Ouadda, Donald est parti avec eux. Il est revenu quelques jours plus tard. A Ouadda, les gens le regardaient et n’arrêtaient pas de le « montrer du doigt ». La Garde présidentielle l’a attrapé à Lenda, l’un des quartiers de Ouadda et ils l’ont tué sur le champ. Ils lui ont tranché la gorge. C’était le 3 ou le 4 décembre.172

Un autre témoin a parlé à Human Rights Watch de la mort de trois autres personnes, deux de l’ethnie sara et une de l’ethnie gula :

Je connais deux Saras qui ont été tués par la Garde présidentielle. L’un s’appelait Gaba et avait 35 ans. Un Gula qui n’avait rien à voir avec les rebelles a été arrêté alors qu’il arrivait à Ouadda en provenance de Bria. Il s’appelait Adoum. Il a été arrêté le 8 décembre au matin et a été exécuté vers 18 heures, le même jour. C’était un ouvrier des mines et il était venu rendre visite à ses parents ici. Il avait 45 ans. Les FACA l’ont exécuté.173

Un responsable local a confirmé qu’au moins 10 personnes ont été sommairement exécutées après la reprise de Ouadda. Il n’écartait pas la possibilité que ce soit des villageois, et non les forces de sécurité, qui aient tué certains des rebelles présumés.174 Un autre fonctionnaire de Tiroungoulou a estimé que depuis fin décembre 2006, les villageois au sud de Ouanda Djallé avaient tué une trentaine de personnes soupçonnées d’être des rebelles de l’UFDR.175

Un chef de la communauté gula de Ndélé a informé Human Rights Watch que quatre ou cinq rebelles présumés de l’UFDR avaient été exécutés et tués par les soldats gouvernementaux depuis la reprise de la ville en décembre 2006. La plupart étaient des habitants de la localité qui avaient rejoint les rangs de l’UFDR, avaient fui lors de la contre-offensive et étaient ensuite revenus à Ndélé :

Il y a des gens d’ici qui avaient rejoint les rebelles et qui sont partis avec eux. Ils ont fui et il se pourrait qu’ils se soient perdus car ils sont revenus à Ndélé. Ils ont été capturés par les FACA, peut-être quatre ou cinq, et exécutés. Ils n’ont pas été exécutés ensemble. L’un d’eux, un Gula, a été exécuté à l’entrée de Ndélé et son corps y est resté pendant deux ou trois jours. Les gens sont venus voir le cadavre. Un autre a été tué devant le poste de police et son corps a été exposé tout l’après-midi. Je ne sais pas s’il était gula. L’un d’eux, un Gula d’ici, formé dans une unité anti-braconnage, a été emmené à l’extérieur de la ville et exécuté à deux kilomètres d’ici. Il s’appelait Aouadala et avait 40 ans. Un jeune vendeur de marché, un arabe, aurait été exécuté aussi.176

Certains des incendies d’habitations civiles les plus importants ont eu lieu à Birao, suite à une offensive manquée de l’UFDR contre la ville début 2007. Les 3 et 4 mars, les rebelles de l’UFDR ont brièvement pris le contrôle de Birao avant d’être forcés de battre en retraite lorsque des avions français ont bombardé leurs positions. Les violents combats ont provoqué la fuite générale de la population civile et causé des destructions massives dans la foulée. Selon les estimations préliminaires de l’ONU, quelque 70 pour cent des maisons de Birao, une localité de 14 000 habitants, ont été incendiées pendant cette période, principalement par des soldats des FACA mais aussi par des rebelles de l’UFDR qui visaient les maisons des fonctionnaires ou celles de personnes perçues comme étant pro-gouvernementales. Un relevé fait par des responsables locaux a dénombré quelques 736 habitations incendiées dans 21 des 24 districts de Birao, mais ce relevé a délibérément omis de prendre en compte les trois districts à majorité gula de la ville, lesquels ont été complètement réduits en cendres et abandonnés.

Comme lors des attaques antérieures de l’UFDR, les séquelles de l’attaque de mars 2007 ont intensifié les tensions interethniques à Birao, de nombreux habitants de la ville exprimant des sentiments ouvertement hostiles aux Gulas lors d’entretiens avec une équipe d’évaluation conjointe ONU/ONG.  Les quartiers gulas de Montagne, Manou et Combattants ont été complètement rasés, et quasi toute la population gula de Birao a fui la localité. Le maire de Birao a déclaré à l’équipe d’évaluation conjointe ONU/ONG qu’il ne s’attendait pas à ce que les Gulas déplacés reviennent à Birao.

Des violations graves des droits humains commises par les deux camps pendant et après les combats de mars 2007 ont été documentées par une mission d’évaluation de l’ONU. Les soldats des FACA seraient responsables de la « disparition » d’un jeune homme qui a été arrêté et n’a pas été revu depuis. Lorsque le chef de la localité a cherché à s’enquérir sur le cas, il fut informé qu’il serait également tué s’il ne cessait pas de poser des questions. De nouvelles recherches sont nécessaires pour établir exactement ce qui s’est passé à Birao depuis l’attaque de mars 2007, laquelle a eu lieu après la mission de recherche de Human Rights Watch.177

Déplacements de Gulas

Les exactions commises par les FACA et la GP à l’encontre des communautés gulas, conjuguées au degré profond de ressentiment des responsables locaux et de l’ensemble de la population qui identifient tous les Gulas aux rebelles de l’UFDR, ont occasionné le déplacement de pratiquement toute la communauté gula de la plupart des villes et villages autrefois occupés par l’UFDR, notamment Ndélé, Ouadda, Ouanda Djallé et Birao. Un vieil homme a confié à Human Rights Watch :

Mon fils a pris la fuite comme tous les Gulas lorsque les rebelles ont évacué. Il n’avait rien à voir avec la rébellion et n’était pas un rebelle mais les rumeurs circulaient que les FACA allaient arriver en ville pour tuer les Gulas.178

Un chef de la communauté gula de Ouadda, qui a cherché refuge à Tiroungoulou fin décembre, a expliqué à Human Rights Watch la raison de la fuite de communauté :

Nous sommes 340 à avoir quitté Ouadda, tous Gulas. Nous avons voyagé ensemble jusqu’à Tiroungoulou. Nous avons marché 22 jours dans la brousse. Lorsque nous avons ouï dire que les FACA et l’armée française allaient arriver à Ouadda, nous avons décidé de partir. Les gens avaient déjà commencé à pointer un doigt accusateur sur nous.179

Un homme non gula marié à une Gula a expliqué qu’il était trop dangereux pour lui et sa famille de rester à Birao après que les rebelles de l’UFDR eurent quitté la ville. Il a dit à Human Rights Watch :

Lorsque les rebelles ont évacué Birao, les autres [groupes ethniques] ont commencé à attaquer les Gulas, pour se venger. Les gens désignaient les maisons des Gulas dans les quartiers. Des groupes de 10 à 15 personnes armées de couteaux et de machettes saccageaient les rues. Nous ne nous sentions pas en sécurité.180 

Lorsque Human Rights Watch les a visitées en février 2007, il ne restait presque aucun Gula dans la plupart des localités autrefois contrôlées par l’UFDR. A Ouadda, par exemple, la communauté gula ne comptait plus que 300 à 400 personnes, des 7 693 Gulas qui habitaient la ville avant l’occupation de l’UFDR. La communauté entière est partie lorsque les troupes gouvernementales ont repris la ville, sauf un Gula qui a été emprisonné pendant deux semaines, au cours desquelles il a été menacé d’exécution.181 Le quartier gula entier est vide, certaines maisons ont été incendiées par des soldats des FACA, et d’autres pillées.

Les exactions des rebelles de l’UFDR

Les rebelles de l’UFDR ont régulièrement commis de graves violations des droits humains. De nombreux témoignages font état du fait que les rebelles ont tiré au hasard sur les civils lorsqu’ils entraient dans les villes et villages, provoquant des morts et la fuite de la population, et se livrant ensuite à de vastes pillages. Par ailleurs, ils ont procédé à des exécutions sommaires et tué illégalement des civils, et il existe des allégations crédibles de viol.

Morts et exécutions de civils

Human Rights Watch a recueilli des informations sur les coups de feu tirés au hasard sur des villageois en fuite lors des premières attaques de l’UFDR à Délembé, Ouanda Djallé, Ouadda et Ndélé, au cours de l’offensive menée d’octobre à décembre 2006.

Lorsque les rebelles de l’UFDR sont arrivés au village de Délembé, peuplé par l’ethnie kara, le 31 octobre dans l’après-midi, ils ont ouvert le feu sur les civils. Abdoulayé Mohammed, trésorier de l’hôpital de la localité, a tenté de se cacher mais a été repéré et abattu à bout portant. Les rebelles ont ensuite pillé l’hôpital, dérobant 513 000 francs CFA [1 026$] en liquide ainsi que le matériel hospitalier. Un fonctionnaire local a rapporté à Human Rights Watch que trois jeunes enfants et une femme âgée avaient également été touchés par des balles de l’UFDR et avaient succombé à leurs blessures :

Les coups de feu tirés par les rebelles ont aussi touché d’autres personnes, dont trois enfants. L’un d’eux, Mourvé, avait 9 mois et les deux autres étaient âgés d’un an et de deux ans. Ils sont tous morts. Une femme âgée, Toma al-Hemra, a également été touchée à l’intérieur de sa maison et elle est morte.182

A Ouanda Djallé, les coups de feu tirés au hasard par les rebelles de l’UFDR ont forcé la majeure partie de la population civile à chercher refuge dans la brousse, où elle est restée pendant les trois semaines qu’a duré l’occupation de la ville. Les rebelles ont également tiré sur des civils dans la brousse lorsqu’ils partaient à leur recherche pour leur voler de la nourriture. Début novembre, des rebelles ont exécuté Albert Gassa Almendé, un vieil agriculteur aveugle, chez lui à Ouanda Djallé. Un témoin a raconté ce qui s’était passé :

Quand les rebelles ont débarqué dans le hameau, j’ai entendu des coups de feu. Ils sont arrivés chez nous et ont fait sortir tout le monde. Ils ont demandé « Où sont les hommes ? » [Albert] se trouvait dehors, à l’ombre de l’une des huttes. Il était aveugle et ne bougeait pas beaucoup. Nous avons répondu : « Il n’y a pas d’hommes par ici ». Les rebelles ont alors repéré [Albert] dehors et lui ont tiré dessus à bout portant, il n’était qu’à trois mètres.183

Le 10 novembre, des rebelles de l’UFDR ont tué Bardal Djémé, chef de la force d’autodéfense de Ouanda Djallé. Après l’avoir arrêté, les rebelles l’ont emmené chez lui, exigeant qu’il leur montre ses armes. Un témoin a raconté à Human Rights Watch ce qui est ensuite arrivé:

L’un des rebelles a demandé où il rangeait le fusil qu’il avait reçu. Bardal a répondu qu’il n’avait pas d’arme. Alors ils ont demandé des munitions. Bardal a répondu qu’il n’avait pas de munitions non plus. Tout à coup, un des rebelles a sorti un couteau. Bardal s’est battu avec le rebelle qui est tombé par terre. Bardal s’est précipité hors de la hutte et a essayé de s’enfuir mais il a tout de suite été frappé par une balle dans le dos.184

           

Lorsque les rebelles de l’UFDR ont pris le contrôle de Ouadda en novembre, ils ont aussi tiré au hasard sur la population, ne causant pas de victimes mais forçant les gens à fuir. Le 23 novembre 2006, des rebelles se trouvant à Ouadda ont assassiné Alhadji Ahmat, un riche homme d’affaires de la localité, alors qu’ils pillaient sa maison et son magasin. Un témoin a décrit à Human Rights Watch ce qui est arrivé :

Il était riche et était connu pour sa générosité envers les pauvres. Il apportait aussi son aide aux personnes effectuant des démarches administratives. Les rebelles ont pris son téléphone Thuraya, 25 millions de francs CFA, ses fusils de chasse et ses munitions. Puis, ils l’ont tué.185

Selon des fonctionnaires de la localité, les rebelles de l’UFDR ont tué trois autres personnes illégalement lors des attaques menées fin 2006. Le corps criblé de balles d’un jeune de l’ethnie sara a été découvert à six kilomètres de Ouadda le 19 novembre, quatre jours après son arrestation par les rebelles dans la ville. Au cours d’un second incident, Radjab Saliet, habitant de Ouadda, et un soldat des FACA qui battait en retraite et qu’il transportait sur sa bicyclette ont été arrêtés et tués par des rebelles de l’UFDR sur l’axe Gbali-Ouadda.186 L’exécution de combattants capturés, comme celle du soldat des FACA qui battait en retraite, est interdite par les lois de la guerre.

Selon divers fonctionnaires et habitants de Ndélé, les rebelles de l’UFDR ont également tiré à tort et à travers lorsqu’ils ont pris le contrôle de la localité le 25 novembre 2006, provoquant la panique et la fuite de la population dans la brousse. Un gendarme et un soldat des FACA ont été tués lors de la prise de Ndélé par l’UFDR, mais Human Rights Watch n’a reçu aucun rapport de civils tués ou blessés lors de l’offensive de l’UFDR.187

Pillages de biens civils

Dans toutes les villes et les villages qu’ils ont occupés, les rebelles de l’UFDR se sont livrés à des pillages et des destructions généralisés. Ils ont systématiquement cherché, pillé et détruit tous les symboles de l’État, entre autres les postes de police, les casernes de l’armée, les tribunaux, les bureaux et habitations des maires, les bureaux et habitations des préfets et sous-préfets, les bureaux des services des eaux et forêts. Lors de l’occupation de la plupart des villes et villages la population civile a fui de chez elle par peur et, souvent, a continué à vivre dans la brousse pendant toute la durée de l’occupation, laissant maisons et animaux sans protection.

Par exemple, durant l’occupation de Ouanda Djallé et de Ouadda en novembre et décembre 2006, les rebelles de l’UFDR ont volé aux villageois des chèvres, des poulets, des légumes et autres denrées alimentaires. Après avoir pillé les marchés et quartiers des principaux villages, les rebelles ont pillé les zones plus éloignées lorsque les réserves de nourriture sont venues à manquer dans le centre des villes. Dans les environs de Ouanda Djallé, les forces de l’UFDR ont pillé les vivres entreposés dans les fermes et ont ensuite réduit en cendres de nombreux hameaux. Lors de la visite effectuée par Human Rights Watch en février 2007, bon nombre des villages affectés souffraient encore de pénuries alimentaires dues aux pillages.

Les pillages ont été particulièrement intenses dans les zones où l’UFDR concentrait un grand nombre de combattants, par exemple à Ouadda, une ville de 7 500 habitants où ont été basés de 700 à 1 000 rebelles pendant presque trois semaines. Les témoins disent avoir été confrontés à peu d’exactions au cours des premiers jours de l’occupation.  Mais à mesure qu’augmentait le nombre de rebelles présents dans la localité, les pénuries de vivres se sont accentuées et le comportement des rebelles s’est nettement détérioré. Un habitant de Ouadda a décrit l’expérience vécue avec les rebelles :

Les rebelles ont envahi la ville et occupé la mairie, la sous-préfecture, la caserne de gendarmerie, le centre médical, la poste et la piste aérienne. La première semaine, l’occupation s’est plutôt bien passée mais ensuite, leur comportement s’est terriblement détérioré. Ils ont commencé à réclamer de la nourriture comme des chèvres et des poulets et puis, ils ont demandé de l’argent. Ils ont fracturé les portes des magasins du marché, tous les magasins, et ont tout pillé. Finalement, ils ont commencé à harceler les gens qui allaient au marché pour vendre leurs produits. Les rebelles ont volé leurs marchandises.188

Un fonctionnaire a confirmé que le centre médical avait été pillé par les rebelles de l’UFDR : « Ils ont tout pillé au centre de santé : médicaments, instruments, tables, lits, matelas, affiches, et même les dossiers du centre ».  

Des biens privés et publics ont également été volés. Par exemple, à Ouanda Djallé, une ville de 2 839 habitants, tous les bâtiments administratifs, centres médicaux, églises et habitations privées ont été pillés de fond en comble. Un villageois se souvient :

Les rebelles ont enfoncé les portes de toutes les maisons de particuliers en ville… Ils nous ont aussi attaqués dans les champs, jour après jour, hameau après hameau. Ils ont pris tout ce sur quoi ils pouvaient mettre la main. Ils sont allés de maison en maison et ont tout pillé. Dans les champs, ils ont brûlé des maisons et aussi des huttes pleines de vivres qu’ils ne pouvaient pas emporter. Ils ont même mis le feu aux cultures.189

Passages à tabac de civils

Les rebelles de l’UFDR ont fréquemment battu des civils en vue d’extorquer de l’argent ou des biens, ou pour obtenir des informations au sujet des fonctionnaires. Une commerçante de Ouanda Djallé a confié à Human Rights Watch qu’elle avait été arrêtée par les rebelles et emmenée à leurs quartiers généraux dans la localité, où elle avait été violemment battue. Les rebelles étaient à la recherche de son mari, un gendarme :

Quelques jours après l’arrivée en ville des rebelles, je suis rentrée chez moi pour voir ce qui s’était passé. J’ai constaté que tout avait été pillé et j’ai commencé à pleurer. Quelques moments plus tard, les rebelles ont débarqué. Ils ont demandé où était mon mari. Je ne savais pas et ils m’ont emmenée à l’hôpital où ils avaient établi leur camp. Ils m’ont mise dans une salle et ont commencé à me battre. Ils m’ont battue et rebattue. Ils m’ont frappé sur la tête avec la crosse de leurs fusils. Cela a duré toute la journée. Lorsqu’ils m’ont relâchée aux alentours de 17 heures, je suis retournée à l’endroit où je vivais dans la brousse. Je suis tombée malade et j’ai fait une fausse couche deux semaines plus tard.190

Un habitant de Ouadda a expliqué à Human Rights Watch qu’il avait été battu et abandonné, ligoté par un groupe de rebelles de l’UFDR, lorsqu’ils ont volé sa moto pour fuir Ouadda fin novembre 2006 :

Les rebelles m’avaient vu à Ouadda et savaient que j’avais une moto. A un certain moment, j’ai caché ma moto. Quelques jours plus tard, ils m’ont attrapé à trois kilomètres de Ouadda. Ils m’ont battu, m’ont gifflé et m’ont encore battu. Ils voulaient ma moto. C’était quand les FACA et les forces de la FOMUC attaquaient et les rebelles battaient en retraite. Les rebelles m’ont ligoté et abandonné en sang sur le bord de la route. Il m’a fallu cinq heures pour me libérer.191

Le chef du centre de santé de Ouadda a dû fuir et se cacher lorsque les rebelles se sont lancés à la recherche des fonctionnaires. Il a expliqué que son personnel avait été battu par les rebelles pendant l’occupation :

Mon personnel a été passé à tabac, notamment le superviseur de l’hôpital et notre agent de sécurité. Les rebelles leur ont dit : « Le chef est parti. Vous allez payer pour ça ». Ils les ont attachés et battus.192

Les rebelles de l’UFDR ont également forcé certains civils à effectuer des tâches de domestiques, comme par exemple faire la cuisine pour eux ou transporter des biens pillés. Une fille de 15 ans de Ouanda Djallé a expliqué comment elle et une autre jeune fille avaient été forcées de porter des biens pillés pour les rebelles de l’UFDR :

La maison était en feu. Tout a été ramassé, même les vêtements. Ils [les rebelles] m’ont demandé de prendre les sacs et de les accompagner. Nous avons marché huit kilomètres. Il faisait chaud. Ils ne m’ont pas donné d’eau. J’étais avec une autre fille du village. Quand nous sommes arrivés, nous avons déposé les bagages et ils nous ont demandé de partir.193

Viols et autres formes de violence sexuelle ou basée sur le genre (VSBG)

Un cas de viol collectif a été vérifié par une équipe d’évaluation conjointe ONU/ONG qui s’est rendue dans la ville de Birao suite à l’attaque de l’UFDR en mars 2007. Une femme de 22 ans a confié qu’elle avait été violée par cinq soldats de l’UFDR au marché central le 3 mars dans l’après-midi. Elle était allée au marché pour chercher de la nourriture pour sa fille et elle a été arrêtée par des rebelles qui pillaient des bâtiments voisins. Les cinq hommes ont violé la femme, alors que sa fillette de deux ans se trouvait tout près.194

D’autres missions d’évaluation de la situation humanitaire ont enregistré des allégations portant sur des dizaines de cas de viol commis par les rebelles de l’UFDR dans diverses localités, mais nulles n’ont encore été vérifiées.195 Lors de sa mission de recherche, Human Rights Watch n’a pas trouvé d’éléments significatifs permettant d’affirmer que des viols ou autres formes de VSBG liés au conflit avaient été commis dans les endroits visités par l’organisation. Le personnel médical travaillant pour des organisations internationales humanitaires et présent tout au long de la crise n’a pas davantage recueilli de renseignements ou soigné de cas de viol. A Ouadda, le chef du centre médical a déclaré qu’il n’avait pas été confronté à des cas de VSBG perpétrée par des rebelles.

Néanmoins, recueillir des témoignages à propos de viols et de violences sexuelles n’est pas ce qu’il y a de plus simple car les rescapées ou leurs familles peuvent choisir de ne pas révéler ces incidents afin d’éviter toute stigmatisation et discrimination. Il est possible que certains cas de VSBG aient eu lieu lors de l’occupation de l’UFDR et lors de la reprise ultérieure des villes par les forces de sécurité centrafricaines en décembre 2006. Le directeur du centre médical de Ouadda, par exemple, a ajouté qu’il ne serait pas surpris si au cours des prochains mois, il était mis au courant de cas de viols.196 Le sous-préfet de Ouanda Djallé a expliqué que les tabous culturels risquaient d’empêcher les femmes de venir parler de viol :

Si l’on considère toute la population féminine de Ouanda Djallé pendant l’occupation, je ne peux pas écarter la possibilité qu’il y ait eu des viols, mais cela restera secret.197

Selon un témoignage recueilli à Ouadda, l’un des principaux commandants de l’UFDR présents dans cette ville lors de l’occupation, le Capitaine Yao, a reconnu lors d’un discours public que des exactions, dont des viols, avaient été commises par ses troupes. Lors d’un discours public prononcé dans le centre de Ouadda le 25 novembre, Yao aurait dit à ses troupes : « Il est interdit d’attaquer les civils, de piller et de violer des femmes. C’est ce que vous avez fait qui a contribué à notre défaite ».198 Le Capitaine Yao a ultérieurement été tué lors de la contre-offensive de décembre.

Enfants soldats  et recrutement forcé

Les commandants de l’UFDR ont nié à l’équipe de recherche de Human Rights Watch la présence d’enfants soldats. Toutefois, une mission d’évaluation inter-agences de l’ONU dirigée par l’OCHA, qui a voyagé sur tout le territoire contrôlé par l’UFDR en janvier 2007, a rapporté avoir vu de nombreux enfants dans leurs rangs. Des témoins ont aussi dit à Human Rights Watch avoir aperçu des enfants soldats avec les rebelles lors de l’offensive d’octobre-novembre 2006. Un responsable de l’école secondaire de Ouanda Djallé a décrit ce qu’il a vu le 10 novembre 2006, lorsque les rebelles de l’UFDR sont arrivés à Ouanda Djallé :

Les rebelles étaient nombreux. Ils sont venus à bord de sept véhicules. Certains sont arrivés à pied. Ils étaient 800, peut-être 900. Il y avait même des enfants soldats parmi eux, certains pas plus âgés que 14 ans.199

L’UFDR semble également avoir procédé au recrutement forcé d’enfants (et d’adultes). Lorsque l’UFDR s’est repliée de Ouanda Djallé, elle a recruté de force au moins cinq enfants et trois jeunes adultes : Ali Moussa, 16 ans ; Ahmed Sendé, 16 ans ; Alexi Izen, 16 ans ; Alias Djouma, 15 ans ; et Hassan Sangayé, 15 ans ; Abaker Siar, 20 ans ; Stéphane Aroun, 27 ans ; et Ndopandji, 18 ans. Aucun n’a été revu depuis.200

Une mission d’évaluation de l’UNICEF qui s’est rendue dans la province de Vakanga en janvier 2007 a confirmé la présence d’ « enfants armés » dans les rangs de l’UFDR. Suite aux négociations entre l’UNICEF et le chef militaire de l’UFDR, Damane Zakaria, l’UFDR a accepté en mai 2007 de démobiliser quelque 400 enfants soldats. Pour l’instant, une liste initiale de 220 enfants soldats à démobiliser a été remise à l’UNICEF.201




126 Communiqué de presse de l’Union des forces démocratiques du rassemblement (UFDR)-RCA, « De l’importance du dialogue pour la paix en République centrafricaine », 31 janvier 2007; CAR ; « Rebels Call for Dialogue After Capturing Key Town », IRIN, 2 novembre 2006.

127 Ibid.

128 Small Arms Survey, « Sudan Issue Brief: A Widening War Around Sudan », janvier 2007. Le Tchadien de souche Faki Ahmat était le principal lieutenant d’Abdoulayé Miskine dans la force mercenaire recrutée par Miskine pour protéger le régime de Patassé. Cependant, après que les forces de Miskine eurent commis un certain nombre d’atrocités contre les Tchadiens dans le nord de la RCA, Faki Ahmet a fait défection pour rejoindre le mouvement rebelle du Géneral Bozizé. Christophe Boisbouvier, « Envahissants ‘libérateurs’ »,  JAI, 28 avril 2004, http://www.jeuneafrique.com/jeune_afrique/article_jeune_afrique.asp?art_cle=LIN25054envahsrueta0 (consulté le 11 juillet 2007).

129 « Central African Rebel Leaders Arrested in Benin », Reuters, 25 novembre 2006.

130 « Central African Nation to Sign Peace Deal with Rebels », Associated Press, 13 avril 2007. Les dirigeants de l’UFDR ont démenti qu’un accord antérieur (janvier 2007) conclu entre Abdoulayé Miskine, chef du Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC), et les autorités centrafricaines ait eu quoi que ce soit à voir avec l’UFDR, bien que Miskine ait fréquemment affirmé qu’il parlait au nom du groupe (Communiqué de presse de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR)-RCA, « De l’importance du dialogue pour la paix en République centrafricaine », 31 janvier 2007.

131 « Armed men thought to be from Darfur occupy town in Central Africa », Sudan Tribune, 26 mai 2007.

132 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Tiroungoulou, 26 février 2007.

133 Département d’État américain, Bureau de la démocratie, des droits humains et du travail, « Country Reports on Human Rights Practices – 2002, Central African Republic », 31 mars 2003, http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2002/18174.htm (consulté le 11 juillet 2007).

134 UNHCR et al., « The People are Traumatised », Rapport d’une mission conjointe ONU/ONG à Birao et Am Dafok, République centrafricaine, 23-25 mars 2007 (en possession de Human Rights Watch).

135 Hormis une réunion inaugurale à Bangui en juin 2002, les représentants des deux pays ne se sont plus jamais rencontrés et aucun travail important n’a émané de la commission. Voir : “Bangui, Khartoum vow to revive joint security team”, Sudan Tribune, 4 décembre 2003, http://www.sudantribune.com/spip.php?article1043 (consulté le 11 juillet 2007).

136 Entretiens de Human Rights Watch, Tiroungoulou, 26 et 27 février 2007.

137 Département d’État américain, Bureau de la démocratie, des droits humains et du travail, « Country Reports on Human Rights Practices – 2002, Central African Republic », 31 mars 2003, http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2002/18174.htm (consulté le 11 juillet 2007).

138 Entretien de Human Rights Watch avec le Brigadier général Raymond Paul Ndougou, ancien préfet de Birao, Bozoum, 12 février 2007.

139 Ibid.

140 Par exemple, un chef de village de Ouandja a expliqué à Human Rights Watch : « Yahya Ramadan a été tué par des arabes [soudanais], et des échanges de tirs entre Gulas et arabes ont suivi. Puis, les Soudanais ont appelé à une réunion de réconciliation. … Le gouvernement soudanais a accepté de payer des compensations puisque ses tribus étaient venues sur notre territoire. Le Président Bozizé a accepté l’argent qui devait être remis aux Gulas en compensation, mais nous n’avons jamais vu cet argent. Nous sommes allés poser la question au Consul du Soudan à Am Dafok et il a confirmé que l’argent avait été transféré à Bozizé. L’argent a été utilisé pour les élections [la campagne électorale de Bozizé en 2005]. Entretien de Human Rights Watch avec un chef de village, Ouandja, 27 février 2007.

141 « Tchad : L’offensive rebelle crée un risque de représailles – Les parties au conflit doivent protéger tous les civils », communiqué de presse de Human Rights Watch, 13 avril 2006, http://hrw.org/french/docs/2006/04/13/chad13173.htm ; Human Rights Watch, Violence au-delà des frontières : La crise des droits humains dans l’Est du Tchad, No. 4, 22 juin 2006, http://hrw.org/french/backgrounder/2006/chad0606/index.htm ; Human Rights Watch, Ils sont venus pour nous tuer : Attaques de milices et agressions ethniques contre les civils à l’est du Tchad  (New York: Human Rights Watch, 2007), http://hrw.org/french/reports/2007/chad0107/.

142 Small Arms Project, « Sudan Issue Brief: A Widening War Around Sudan », janvier 2007.

143 FIDH, « Oubliées, stigmatisées », p. 52.

144 Entretiens de Human Rights Watch, Tiroungoulou, 26 et 27 février 2007. Voir également : « CAR complains of Airspace violation in tri-border area with Chad and Sudan », Global Insight Daily Analysis, 27 avril 2006 et « CAR-Chad », IRIN, 29 juin 2006.

145 Entretien de Human Rights Watch avec le cheik de Tiroungoulou, Tiroungoulou, 26 février 2007.

146 « Central African Republic army clashes with rebels in northeastern region », BBC Monitoring Africa, 1er juin 2006.

147 Le Lieutenant Dogo a été accusé par des associations internationales de défense des droits humains et le BONUCA d’implication directe dans au moins 17 exécutions sommaires autour de la capitale Bangui en 2003 et 2004, mais il n’a jamais été traduit en justice pour ses crimes. Voir FIDH, « Oubliées, stigmatisées », p. 47.

148 Selon des chefs de village de Tiroungoulou, les sept civils tués étaient : Abderahman Anglis, 60 ans ; Djabré Anglis, 50 ans ; Abdulkarim Djabré, 28 ans ; Abdou Morai, 28 ans ; Aroun Sarfayé, 25 ans ; Soumain Senten, 50 ans; et Abdoulayé Deher, 30 ans. Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Tiroungoulou, 27 février 2007.

149 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Tiroungoulou, 26 février 2007.

150 Ibid.

151 « 33 Die in Army-Rebel Fighting », IRIN, 29 juin 2006.

152 Ibid.

153 « CAR President calls for national unity following incursion », BBC Monitoring Africa, 3 juillet 2006.

154 « 33 Die in Army-Rebel Fighting », IRIN, 29 juin 2006.

155 « Histoire de la Sous-Préfecture de Ouadda à l’arrivée des rebelles », Préfecture de la Haute Kotto, Sous-Préfecture de Ouadda, Secrétariat Sous-Préfecture, N˚001/PHK/SPO/SSP.07.CF, 5 décembre 2006.

156 L’OCHA (ONU) estime que 15 000 personnes sur  55 287 sont déplacées à Vakaga; 15 000 sur 45 737 à Bamingi-Bangora; 20 000 sur 95 556 en Haute-Kotto. Le pourcentage des déplacements dans le nord-est est beaucoup plus élevé que dans le nord-ouest, 21 à 32 pour cent de la population totale étant déplacée dans la région (27 pour cent à Vakaga, 21 pour cent en Haute-Kotto, 32 pour cent à Bamingi-Bangora). OCHA (ONU), « Central African Republic Fact Sheet », février 2007, http://ocha.unog.ch/humanitarianreform/Portals/1/cluster%20approach%20page/training/CSLT%20March%2007/best%20practices/CAR%20Fact%20Sheet.pdf (consulté le 11 juillet 2007).

157 « Annan ‘gravely concerned’ about rampant insecurity », IRIN, 7 janvier 2004; « Central African Republic: Bozize urged to discipline his former fighters », IRIN, 19 décembre 2003 (qui cite le Président Bozizé déclarant que les exactions des ex-libérateurs  « faisaient partie des problèmes à résoudre de toute urgence ».); « Bozize dismisses Goumba’s government », IRIN, 11 décembre 2003 (qui note que la révocation par Bozizé du gouvernement Goumba « arrivait après des semaines de mécontentement chez les habitants de la capitale, Bangui, suite à un certain nombre d’assassinats de civils imputés aux forces de sécurité et aux mercenaires tchadiens »).

158 Henri-Blaise N'damas, « Centrafrique: Alliés hier, ennemis d’aujourd’hui », Syfia Centrafrique, 16 novembre 2006, http://www.ideesplus.com/SPIP/article.php3?id_article=695 (consulté le 11 juillet 2007).

159 « ICRC assists victims of looting in Bangui suburb », IRIN, 17 mai 2004.

160 « Echanges de tirs entre armée centrafricaine et ex-‘libérateurs’ à Bangui », AFP, 17 avril 2004 ; « CAR Minister on clashes, says ex-combatants need disarmament, reintegration », BBC Monitoring Africa, 19 avril 2004 ; « Six dead, minister hurt in clashes between Central African army and ex-rebels », AFP, 18 avril 2004 ; « Tirs: L’extrême nord de Bangui bouclé par les forces de l’ordre », AFP, 23 avril 2004 ; Jean-Lambert Ngouandji, « Shooting breaks out in Central African capital », Reuters, 22 avril 2004 ; « Heavy weapons fire heard in capital of Central African Republic », AFP, 22 avril 2004 ; Chris Melville, « CAR Government Reinforces Capital as Talks with Dissident Militia Collapse », WMRC Daily Analysis, 22 avril 2004.

161 « Heavy weapons fire heard in capital of Central African Republic », AFP, 22 avril 2004.

162 « Bozize honors payment deal for former rebels », IRIN, 28 avril 2004.

163 Les témoins des attaques de l’année dernière décrivent les membres de l’UFDR comme appartenant principalement aux Gulas mais également aux Saras, Rongas et Haoussas. Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouanda Djallé, 25 février 2007 et entretien de Human Rights Watch avec un responsable local (anonymat préservé), Ouanda Djallé, 25 février 2007.

164 Ibid.

165 Ibid.

166 Ibid.

167 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouadda, 28 février 2007.

168 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouandja, 25 février 2007.

169 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouandja, 25 février 2007.

170 Les pisteurs sont des membres d’unités de répression du braconnage qui ont reçu une formation militaire réduite pour protéger la faune locale des braconniers. La plupart des pisteurs de la région sont gulas et certains sont actifs dans le mouvement rebelle UFDR.

171 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouandja, 25 février 2007.

172 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouadda, 28 février 2007.

173 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouadda, 28 février 2007.

174 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouadda, 28 février 2007.

175 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Tiroungoulou, 26 février 2007.

176 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ndélé, 23 février 2007.

177 UNHCR et al., « The People are Traumatised », Rapport d’une mission conjointe ONU/ONG à Birao et Am Dafok, République centrafricaine, 23-25 mars 2007 (en possession de Human Rights Watch); « CAR: Northern town empty as scared civilians stay away », IRIN, 22 mars 2007.

178 Entretien de Human Rights Watch (nom, lieu et date tenus secrets).

179 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Tiroungoulou, 27 février 2007.

180 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Tiroungoulou, 26 février 2007.

181 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouadda, 28 février 2007.

182 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Délembé, 27 février 2007.

183 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouanda Djallé, 25 février 2007.

184 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouanda Djallé, 25 février 2007.

185 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouadda, 28 février 2007.

186 Voir : « Histoire de la Sous-Préfecture de Ouadda à l’arrivée des rebelles, Préfecture de la Haute Kotto, Sous-Préfecture de Ouadda, Secrétariat Sous-Préfecture », N˚001/PHK/SPO/SSP.07.CF, 5 décembre 2006.

187 Entretien de Human Rights Watch avec le Sous-préfet Jean-Nestor Lopere, Ndélé, 22 février 2007; Entretien de Human Rights Watch avec un commandant de la gendarmerie, Ndélé, 22 février 2007; Entretien de Human Rights Watch avec un représentant gula (anonymat préservé), Ndélé, 23 février 2007.

188 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouadda, 28 février 2007.

189 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouanda Djallé, 25 février 2007.

190 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouanda Djallé, 25 février 2007.

191 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouadda, 28 février 2007.

192 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouadda, 28 février 2007.

193 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouanda Djallé, 25 février 2007.

194 UNHCR et al., « The People are Traumatised », Rapport d’une mission conjointe ONU/ONG à Birao et Am Dafok, République centrafricaine, 23-25 mars 2007 (en possession de Human Rights Watch).

195 Par exemple, une mission d’évaluation de la situation humanitaire qui s’est rendue dans la région en janvier 2007 a fait part de 10 cas présumés de viol à Ouanda Djallé et de 35 cas de viol à Ouadda dénoncés par les autorités locales, même si elle n’a pas été en mesure d’enquêter sur ces allégations en raison du temps limité dont elle disposait (une courte visite d’une heure dans la ville). Dans les deux villes, des responsables civils et médicaux, ainsi que des civils de la localité, ont nié devant Human Rights Watch qu’il y ait eu des cas de viol lors de l’occupation de leur ville par l’UFDR.

196 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouadda, 28 février 2007.

197 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), sous-préfet, Ouanda Djallé, 25 février 2007.

198 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouadda, 28 février 2007.

199 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), Ouanda Djallé, 25 février 2007.

200 Entretien de Human Rights Watch (anonymat préservé), sous-préfet, Ouanda Djallé, 25 février 2007.

201 « UNICEF starts talks on child disarmament in Central African Republic », communiqué de presse de l’UNICEF, 21 mai 2007, http://pretoria.unic.org/index.php?option=com_content&task=view&id=295&Itemid=93 (consulté le 11 juillet 2007).