Rapports de Human Rights Watch

III. Méthodologie

Le présent rapport est basé sur des entretiens réalisés par les chercheurs de Human Rights Watch entre mai 2006 et février 2007, auprès de 112 enfants emprisonnés dans dix des onze prisons du Burundi. Nous avons également interrogé 30 autres enfants, notamment certains récemment libérés de prison, d’autres détenus dans un centre de démobilisation pour ex-membres du groupe rebelle, les Forces Nationales pour la Libération (FNL), ainsi que des enfants détenus dans des cachots communaux ou de la police. De plus, nous nous sommes entretenus avec quelques parents d’enfants emprisonnés. Les entretiens se sont déroulés en Kirundi et en Kiswahili, avec une traduction en français.

Par ailleurs, conjointement avec l’Association Burundaise pour la Protection des Droits Humains et des Personnes Détenues (APRODH), les chercheurs de Human Rights Watch ont interrogé les 136 enfants incarcérés à la prison centrale de Mpimba, à Bujumbura, entre le 31 janvier et le 2 février 2007, au sujet de leur milieu familial, de leur niveau d’instruction, de leur expérience de travail et de leur accès à une assistance juridique. Les résultats quantitatifs exposés dans la présente étude et en annexe sont basés sur ces 136 entretiens. Il se peut que les enfants emprisonnés à la prison centrale ne soient pas représentatifs de tous les enfants se trouvant en prison, mais le profil des enfants de la prison de Mpimba ne devrait présenter que peu ou pas de différences avec celui des mineurs incarcérés dans les autres prisons du Burundi. La majorité des enfants accusés de participation aux bandes armées se trouvent à la prison centrale. Par conséquent, les autres prisons accueillent un plus petit pourcentage d’enfants accusés de ce délit. Les délits présumés et les conditions matérielles des enfants détenus à Mpimba étaient généralement identiques à ceux des autres prisons sur l’ensemble du pays. En raison de la proximité de Bujumbura, où sont basés la plupart des avocats, il est possible que les enfants qui se trouvent à Mpimba jouissent d’un meilleur accès à une assistance juridique que ceux incarcérés dans les autres prisons.

Les chercheurs de Human Rights Watch ont interrogé des procureurs, des juges ainsi que des membres actuels et anciens de l’administration pénitentiaire. Nous nous sommes également entretenus avec des membres de la Section protection de l’enfance de l’Opération des Nations Unies au Burundi (ONUB), du Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), ainsi qu’avec des représentants d’organisations non gouvernementales locales qui fournissent actuellement une assistance médicale et juridique dans les prisons et les cachots.

Dans le présent rapport, nous utilisons le terme « prison » pour nous référer aux 11 établissements gouvernementaux ainsi désignés par le gouvernement burundais et nous employons le terme « enfant » pour nous référer à toute personne âgée de moins de 18 ans.1 Afin de garantir leur protection et de respecter leur droit à la vie privée, nous utilisons des pseudonymes pour désigner les enfants interrogés et dans certains cas, nous omettons de citer le lieu ou la date de l’entretien.




1 La Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant stipule ce qui suit : « Au sens de la présente Convention, un enfant s'entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable ». Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), adoptée le 20 novembre 1989, G.A. Res. 44/25, annex, 44 U.N. GAOR Supp. (No. 49) at 167, U.N. Doc. A/44/49 (1989), entrée en vigueur le 2 septembre 1990, ratifiée par le Burundi le 19 octobre 1990, art.1. La Charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant précise que : « Aux termes de la présente Charte, on entend par enfant tout être humain âgé de moins de 18 ans ». Charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant (CADBE), OAU Doc. CAB/LEG/24.9/49 (1990), entrée en vigueur le 29 novembre 1999, ratifiée par le Burundi le 28 juin 2004, art. 2.