Rapports de Human Rights Watch

V. La détention dans les hôpitaux publics pour défaut de paiement

Le nombre de détenus à l’hôpital

Les statistiques conservées par les hôpitaux burundais montrent qu’ils se sont débattus avec ce problème de factures impayées pendant des années, et que la détention des  patients n’est une mesure ni nouvelle ni adaptée.37 Les hôpitaux à court de fonds ont commencé à mettre en détention les patients incapables de régler leurs factures dans les années 9038 quand le recouvrement des frais a été pratiqué dans certaines structures, et l’ont fait avec une fréquence croissante depuis l’introduction généralisée du recouvrement des frais en 2002. 

Durant 2005, des centaines de patients ont été détenus dans les hôpitaux burundais. Les données combinées de sept des trente-cinq hôpitaux publics du Burundi indiquent 1076 cas de patients qui ont été incapables de payer leurs factures en 2005 (voir tableau 1). Ce chiffre inclut à la fois ceux qui ont été détenus et ceux qui ont réussi à quitter les lieux sans régler leurs factures. Etant donné que cet échantillon ne représente qu’un cinquième des hôpitaux publics du Burundi, le nombre total de patients dans l’incapacité de payer leurs factures était certainement nettement plus élevé. Au seul hôpital Prince Régent Charles, 621 patients ont été détenus en 2005. Parmi ceux-ci, 354 patients ont finalement vu leurs factures réglées par des bienfaiteurs et les 267 autres ont trouvé un moyen de quitter l’hôpital sans payer.

Les chiffres des factures impayées à l’hôpital Roi Khaled montrent des nombres variables depuis 2001 (voir tableau 2), avec un déficit moyen annuel d’environ 39 000$ U.S. Dans d’autres hôpitaux, des données similaires ne sont pas disponibles, mais il y a des statistiques démontrant la perte de revenu en 2005 (voir tableau 3). A l’hôpital Prince Régent Charles, le personnel a aussi établi l’augmentation marquée du nombre de factures réglées par des bienfaiteurs : un total de 44 sur les trois années 2001-2003; 85 en 2004 à elle seule, et 352 en 2005.39 On peut supposer que dans la plupart des cas, des  bienfaiteurs ont réglé les notes des patients qui ne pouvaient le faire eux-mêmes et avaient été mis en détention. Il est probable que l’augmentation représente un véritable accroissement du nombre des détenus à l’hôpital, bien que d’autres facteurs — tel que l’intérêt croissant des media pour le problème — puisse avoir exagéré cette tendance.40 Les statistiques de la clinique Prince Louis Rwagasore montrent une augmentation du nombre d’indigents inscrits dans leurs registres: 11 en 2001, 18 en 2002, 16 en 2003, 16 en 2004, 39 en 2005 (tableau 4).

Tableau 1
Nombre de patients qui ne paient pas leurs factures dans sept hôpitaux Burundais en 2005

Hôpital Roi Khaled, Bujumbura

42241

Hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura

26742

Hôpital de Ngozi, province de Ngozi

217

Hôpital de Bururi, province de Bururi

36

Hôpital de Rumonge, province de Bururi

36

Hôpital de Matana, province de Bururi

51

Hôpital de Muramvya, province de Muramvya

47

Total

1076

Tableau 2
Factures impayées à l’hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 2001-2005 (FBU) (1 000 000 FBU = approximativement 1000$ U.S.)43

2001

2002

2003

2004

2005

23 334 446

64 150 549

34 297 612

25 666 425

47 769 382


Tableau 3
Factures impayées de sept hôpitaux
44 en 2005 (FBU)

Hôpital Roi Khaled, Bujumbura

47 769 382

Hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura

24 498 99245

Hôpital de Ngozi, province de Ngozi

9 492 170

Hôpital de Bururi, province de Bururi

1 115 050

Hôpital de Rumonge, province de Bururi

2 174 350

Hôpital de Matana, province de Bururi

460 540

Hôpital de Muramvya, province de Muramvya

2 270 351

Tableau 4
Patients indigents46 et leurs factures à la clinique Prince Louis Rwangasore, Bujumbura, 2001-2005 (FBU)

2001

2002

2003

2004

2005

Nombre de patients indigents

11

18

16

16

39

Factures des patients indigents

1 716 744

1 753 456

2 568 408

2 586 682

7 629 331


Problèmes médicaux menant à la détention

Les données de quatre hôpitaux montrent qu’en 2005, les patients en chirurgie ont représenté environ les deux-tiers de tous les patients indigents. Le tiers restant des patients indigents était surtout issu de deux sortes de services : médecine interne (16%) et  pédiatrie (10%). Parmi les patients indigents dans leur ensemble, 35% étaient des femmes qui avaient accouché par césarienne.47

La chirurgie

Il n’est pas surprenant qu’un grand nombre de victimes de la détention ait subi des opérations chirurgicales, étant donné que la chirurgie est toujours plus coûteuse que les soins médicaux ordinaires. En plus des femmes ayant subi des césariennes (problème abordé ci-dessous), nous avons interviewé plusieurs hommes qui ont eu de graves accidents de la route, une femme atteinte d’un cancer du sein et la mère d’un bébé ayant besoin en urgence d’une opération des intestins.

Félix M. est détenu à l’Hôpital Prince Régent Charles depuis plus d’un an, après y avoir déjà passé une année en traitement. Le garçon de treize ans avait été renversé par un véhicule alors qu’il jouait avec d’autres enfants. Il souffrait d’une grave blessure à la jambe et avait dû subir une intervention chirurgicale. Son père aurait détourné l’argent de l’assurance destiné à ses soins hospitaliers et sa mère n’a pas trouvé le moyen de payer le traitement. En août 2006, Félix M. était toujours détenu à l’hôpital.  © 2006 Jehad Nga

Les patients souffrant de maladies chroniques ou de longue durée, comme le VIH/SIDA

Les patients atteints de maladies chroniques ou de longue durée rencontrent aussi des coûts hospitaliers élevés qu’ils ne peuvent pas financer, et cela aboutit à leur détention. Les gens atteints de maladies chroniques sont souvent incapables de travailler et dépendent donc des autres pour régler leurs factures d’hôpital. A ce profil correspond Christian B., un jeune homme de 18 ans qui souffre d’une grave maladie de peau. Il est orphelin et l’oncle qui s’est occupé de lui ne peut pas payer sa facture d’hôpital. Il a dit que les autorités locales refusaient de lui délivrer une carte d’indigence, disant que la carte n’était plus utilisée.48 Christian B. nous a raconté :

J’ai une maladie de peau depuis environ deux ans maintenant. Je suis allé à Bujumbura pour me faire soigner mais ils ont refusé de le faire, aussi je suis venu ici. A l’hôpital, on m’a donné des médicaments et j’ai pu aller mieux. J’ai été dans une chambre isolée. Je n’ai pas pu payer la facture mais autour de Noël, j’ai été libéré avec d’autres. Ma facture atteignait plus de 240 000 FBU [240$]. Aujourd’hui, la maladie a réapparu. Je suis retourné à l’hôpital.49

Il y a au Burundi environ 220 000 personnes50 atteintes du VIH/SIDA, et 46 000 qui ont besoin d’un traitement contre le SIDA. Nombre d’entre elles doivent aussi affronter la détention à l’hôpital.51 Le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et la malaria est actuellement en train de fournir environ 21 millions de dollars au gouvernement burundais pour le traitement et la prévention. Sous l’égide de ce programme, les médicaments antirétroviraux sont donnés gratuitement.52 La Banque mondiale mène au Burundi un programme multi-sectoriel sur le VIH/SIDA de 36 millions de dollars sur quatre ans.53  Même avec ce niveau d’aide internationale, environ 6 400 personnes seulement ont reçu gratuitement, en 2005, les médicaments salvateurs,  alors qu’environ 40 000 personnes de plus ont besoin de médicaments et ne peuvent pas en bénéficier, à cause de l’inaccessibilité des centres de traitement et pour d’autres raisons.54 Une grande partie de ceux qui ne reçoivent pas de médicaments antirétroviraux cherchent de l’aide pour des maladies opportunistes tels que la tuberculose, la pneumonie, les mycoses ou autres, et ils doivent normalement payer pour être soignés.55 Selon le responsable médical du Ministère chargé de la lutte contre le SIDA, environ 70% des patients des services de médecine interne ont le VIH/SIDA.56 Les dossiers de quatre hôpitaux montrent qu’environ 15% de tous les patients indigents, en 2005, étaient des patients de médecine interne (voir tableau 5).

A cause de la réticence à parler du SIDA et de l’absence de précisions à ce sujet dans les dossiers des hôpitaux, nous n’avons pas rassemblé de données sur la fréquence des détentions des malades du SIDA pour factures impayées.

Nous avons parlé avec une malade qui s’est présentée elle-même comme souffrant du SIDA. Elle était détenue depuis deux mois pour défaut de paiement d’un traitement pour une fracture d’un bras et d’une jambe.57

Tableau 5
Nombre de patients incapables de régler leurs factures58 par service (département médical) en 2005

Hôpital Roi Khaled Bujumbura

Clinique Prince Louis Rwagasore, Bujumbura

Hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura

Hôpital de  Muramvya province de Muramvya

Total

422

39

267

47

Gynécologie/ Obstétrique

91

24

137

15

Chirurgie

100

6

47

13

Médecine interne

64

1

42

14

Pédiatrie

48

4

22

3

Soins intensifs et Urgences

46

1

6

0

Salle d’opération (anesthésie etc.)

64

3

5

2

Autres

9

0

8

0

Les problèmes de santé maternelle après le 1er mai 2006

Avant la directive présidentielle sur la protection maternelle et infantile du 1er mai 2006, une proportion significative des détenus étaient des femmes qui avaient souffert de complications à la naissance d’un enfant, comme celles qui avaient subi une césarienne.

Tandis que 35% des patients indigents dans l’incapacité de régler leurs factures étaient des femmes qui venaient d’accoucher, la situation variait considérablement selon l’hôpital.59 A l’occasion d’une visite à la clinique Prince Louis Rwagasore pour établir ce rapport, en février 2006, tous les détenus étaient des femmes qui avaient accouché par césarienne, et selon les gardiens, c’était souvent le cas.60

Avec 1000 décès pour 100 000 naissances viables, le taux de mortalité maternelle au Burundi est alarmant. Environ 80% des accouchements ont lieu à la maison, sans l’assistance de professionnels formés.61 Il n’y a pas de système d’alerte en fonctionnement qui garantisse l’accès en temps utile à l’hôpital en cas de complications. Les équipements d’obstétrique d’urgence ne sont pas disponibles aussi largement qu’ils le devraient. L’étude a montré que le manque d’accès aux soins d’obstétrique d’urgence est une des causes principales de la mortalité maternelle dans le monde.62 

Les problèmes de santé des nourrissons et des enfants

Un autre groupe important parmi les détenus — environ 10% — étaient des nourrissons et des enfants. Comme mentionné plus haut, les taux de mortalité des nourrissons et des enfants sont, au Burundi, parmi les plus hauts du monde. C’est dû pour une large part à la malaria, à la diarrhée, à la pneumonie et au VIH/SIDA.

La malaria est responsable de 50% des décès à l’hôpital des enfants de moins de cinq ans. Les maladies respiratoires aigües et les diarrhées sont aussi des causes fréquentes de décès des enfants en bas âge, essentiellement dues à un manque d’eau potable, à une situation sanitaire insuffisante, et des conditions de logement misérables. Environ 44% des enfants sont mal nourris ou handicapés, et 56% souffrent d’anémie. Approximativement 27 000 enfants de moins de quinze ans sont atteints du VIH/SIDA. Les taux d’immunisation contre les maladies infantiles les plus mortelles ont baissé ces dernières années.63 Les experts ont découvert qu’environ deux-tiers des décès d’enfants auraient pu être évités si des thérapies ayant fait leurs preuves avaient été disponibles.64

Ce bébé nouveau-né a eu besoin d’une intervention chirurgicale d’urgence.  La mère qui n’était en mesure de payer la facture a été détenue avec le bébé à l’Hôpital Roi Khaled.  © 2006 Jehad Nga

L’introduction de la gratuité des soins pour les femmes qui ont accouché et les enfants de moins de cinq ans constitue une étape importante vers une amélioration de la protection maternelle et infantile et une disparition de la détention pour les membres de ce groupe vulnérable.

Une jeune mère et son bébé nouveau-né, détenus à la clinique Prince Louis Rwagasore après une césarienne.
© 2006 Jehad Nga

« Comme tu n’as pas payé, on va t’emprisonner ici » : Témoignages de patients

Le moment où le personnel de l’hôpital communique leurs factures aux patients peut marquer le passage du traitement à la détention. Le personnel de l’hôpital —essentiellement des infirmières et des médecins — impose la détention et tente de la justifier auprès des patients. Les responsables de l’hôpital — médecins comme administrateurs — justifient aussi la détention auprès des chercheurs de Human Rights Watch.65 Le personnel de l’hôpital peut mettre en détention les patients parce qu’il croit que c’est nécessaire pour que l’hôpital continue à fonctionner. Néammoins, en agissant de la sorte, il viole sa propre éthique66 et sa conduite mène à une rupture de la confiance dans la relation de soin. Il devient aussi l’auteur d’une violation des droits de l’homme.

Christine K., une jeune femme de 18 ans qui a subi une césarienne, a raconté son expérience. Au moment de l’entretien, elle était depuis trois semaines en détention, elle raconte :

Quand j’ai reçu la facture, le médecin m’a dit : « Comme tu n’as pas payé, on va t’emprisonner ici ». La vie est difficile ici. Je ne peux pas partir avec mon bébé. Nous avons souvent faim ici. Je ne peux plus supporter cette situation. 67 

Pierre B. est un homme d’âge moyen qui a été heurté par une voiture alors qu’il rentrait chez lui après la messe, en novembre 2005, et qui était retenu depuis un mois à l’hôpital Prince Régent Charles quand nous lui avons parlé. Il a expliqué :

Ma jambe et mon visage étaient écrasés. J’ai perdu connaissance pendant une journée. En janvier, on m’a remis une facture de 205 445 [FBU, 205$]. Quand j’ai dit que je ne pourrais pas la régler, on m’a dit de rester.68  

Joséphine C., dont le bébé était malade, avait essayé de plaider pour sa libération auprès du directeur de l’hôpital mais il n’avait fait que confirmer sa détention:

J’ai parlé avec le directeur de l’hôpital et je lui ai dit que je ne pouvais pas payer. Il m’a répondu que je ne pouvais pas quitter l’hôpital, que je n’avais pas le droit de quitter l’hôpital tant que je n’avais pas réglé mes factures.69

Une jeune mère et son bébé nouveau-né, détenus à l’Hôpital Roi Khaled après une césarienne. © 2006 Jehad Nga

Certains patients comme Joséphine C., connaissaient le risque de détention. D’autres ont été pris au dépourvu par le coût élevé de leur traitement. Claudine N., une mère de deux enfants de dix-huit ans, ne s’attendait pas à une facture élevée pour la naissance de son bébé. Au moment de l’entretien, elle était détenue depuis six semaines:

J’ai reçu la facture le 28 décembre 2006, et c’était plus de 116 000 FBU [116$]. Je ne m’y attendais pas car Roi Khaled est un hôpital public. Le médecin m’a dit : « Nous ne pouvons faire autrement, vous devez rester ici. »70

La durée de détention des patients varie énormément, et dépend en partie de la capacité à trouver un bienfaiteur pour régler la facture, ou d’un moyen de tromper la surveillance des gardiens et s’évader. La plupart des patients interrogés étaient détenus depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois, quelques uns cependant l’étaient depuis environ un an.

La surveillance

Dans la plupart des hôpitaux, les patients détenus peuvent déambuler autour du bâtiment mais les agents de sécurité travaillant pour des compagnies privées ayant passé un contrat avec les hôpitaux, les empêchent de quitter les lieux.71 D’après plusieurs patients, les agents de sécurité, sur le terrain, connaissent généralement les noms et les visages des détenus, souvent parce que le personnel de l’hôpital les leur a désigné. Plusieurs détenus ont raconté que les gardes s’attachaient à leurs pas, même à l’intérieur de l’hôpital.72 En conséquence, les patients ne pouvaient pas s’éloigner un moment, à moins d’en avoir obtenu la permission. Comme une victime l’a précisé : « Je suis détenue parce que je ne peux pas ramasser mes affaires et m’en aller. S’en aller signifie s’échapper. »73

Un patient détenu à l’Hôpital Prince Régent Charles.© 2006 Jehad Nga

Théodore N. était détenu depuis deux semaines à l’hôpital Prince Régent Charles après avoir été soigné pour une blessure accidentelle. Il nous a raconté :

Je suis vraiment prisonnier ici. Un jour, j’ai essayé de sortir de l’hôpital et on m’a refusé car je n’avais pas encore réglé ma facture. Quand le médecin se présente, je demande toujours de sortir, ca je ne bénéficie plus de soins …Les gardiens me menacent. Chaque fois que je m’approche de la sortie, ils me disent que je ne peux pas quitter car je n’ai pas réglé la facture.74

Les patients des autres hôpitaux ont des expériences similaires. Un patient qui a été détenu pendant trois mois à l’hôpital de Gitega s’est plaint que chaque fois qu’il voulait quitter son lit pour s’asseoir au soleil, les gardiens ou d’autres membres du personnel venaient lui demander où il allait.75

A l’hôpital de Ngozi, le directeur administratif  et financier a expliqué pourquoi la surveillance par une compagnie privée de sécurité était essentielle. Soit les patients restent jusqu’à ce qu’ils trouvent quelqu’un qui règle pour eux, soit — s’ils s’échappent — la  compagnie paie une amende. A cause du grand nombre de gens qui s’enfuient, l’hôpital a négocié un modus vivendi avec la compagnie de sécurité, ramenant l’amende à une somme acceptable pour elle :

On s’arrange  avec la compagnie de sécurité. Pour nous, [y ayant recours] c’est un moyen de réduire les coûts. Sinon, l’hôpital aurait dû être fermé.76

Félicité G., âgée de 17 ans, avait été détenue pendant deux semaines à l’hôpital de Ngozi au moment où elle nous a parlé. Elle a décrit ce que la surveillance a signifié pour elle :

Je suis en détention parce que je ne peux pas trouver l’argent pour régler ma facture. Je ne peux pas m’en aller ni me déplacer librement. Je suis surveillée où que j’aille parce qu’ils pensent toujours que je pourrais m’évader. Mais ce n’est pas bon de s’enfuir. Quand ils vous attrapent, vous ne pouvez plus revenir vous faire soigner. Je serai punie pour cela.77

D’autres détenus à Ngozi et ailleurs ont confirmé qu’ils ne pouvaient pas s’échapper parce qu’ils craignaient qu’eux ou leurs enfants puissent tomber malades dans le futur et se voir refuser des soins.78 Ils ont préféré rester détenus plutôt que de risquer d’être interdits d’hospitalisation lors de leur prochaine maladie.

Pourtant, certains patients ont trouvé des moyens de quitter l’hôpital. A l’hôpital Prince Régent Charles, ce fut le cas de 191 personnes entre janvier et août 2005. Beaucoup sont partis de nuit, et une personne s’est dissimulée sous les vêtements d’une musulmane.79 Selon un patient, deux personnes surprises à essayer de s’en aller furtivement ont été tournées en dérision et insultées par les infirmières.80

La clinique Prince Louis Rwagasore: la détention dans un cachot

Les détenus de la clinique Prince Louis Rwagasore sont maintenus dans une pièce séparée, avec un gardien devant la porte, et ils ne sont pas autorisés à sortir de la pièce.

Quand les chercheurs visitaient la clinique le 14 février 2006, à peu près 20 personnes étaient dans la pièce. Environ une douzaine de mères avec des nouveaux-nés étaient confinées là, plus quelques membres de la famille qui les aidaient ou leur rendaient visite. L’installation sanitaire des détenus et des visiteurs consistait en une toilette et une douche répugnantes.

Agnès I., une femme de 23 ans qui a accouché par césarienne le 17 janvier 2006, n’a pas pu régler sa facture équivalant à 235$ et a été dirigée vers le local fermé où elle était depuis un mois quand nous lui avons parlé. Elle a raconté qu’on lui avait dit d’y rester jusqu’à ce qu’elle ait trouvé l’argent ou un bienfaiteur. Elle a continué : « J’ai essayé de rassembler de l’argent mais je n’y suis pas arrivée. Je reste ici, je ne peux pas sortir. Je ne peux même pas sortir pour faire sécher les vêtements que j’ai lavés. »81

Selon les gardiens, la plupart des détenus sont des femmes qui ont souffert de complications lors de l’accouchement. Une grande partie est maintenue en détention jusqu’à ce que leurs bébés puissent tenir leur tête, c’est-à-dire à deux ou trois mois. Quand les patients partent sans payer, il arrive que les gardiens les suivent jusque chez eux.82

A la clinique Prince Louis Rwagasore, les détenus sont placés dans une pièce séparée, avec un gardien posté devant la porte. Au moment de notre visite, ce local contenait une vingtaine de personnes. Les conditions sanitaires y étaient déplorables: il y avait une toilette répugnante et une douche. Lors de leur utilisation, aucune intimité n’était possible car la toilette et la douche se trouvaient directement dans la pièce. Une personne détenue depuis un mois a raconté qu’après avoir reçu la facture, elle avait aussitôt été amenée là et on lui avait dit: « Restez ici. Lorsque vous aurez l’argent ou s’il y a un bienfaiteur, vous pourrez partir ».  © 2006 Jehad Nga

Le montant des factures

Les factures varient dans leur montant selon les prestations fournies aux patients. Même des montants qui semblent relativement faibles peuvent dépasser le revenu mensuel d’un burundais défavorisé. Félicité G., une jeune mère de 17 ans, était détenue à l’hôpital de Ngozi parce qu’elle ne pouvait pas payer l’équivalent de 9$ pour le traitement de son bébé, qui était atteint de malaria.83 A l’extrême inverse, David S. de la province de Rutana  hospitalisé après un accident de bicyclette, a dû faire face à une facture  équivalant à 1 750$, une somme énorme selon les critères ordinaires burundais. Il a raconté :

Nous sommes arrivés à l’hôpital de Gitega le 15 juin 2004. En ce moment j’était démuni car les rebelles étaient venus chez moi et avaient presque tout pillé. J’ai été opéré là mais mon état ne s’améliorait pas. Trois mois après, ils sont venus me voir et m’ont dit de régler…   

…1 750 000 FBU [1 750$]. Je ne vois pas comment j’aurais pu payer cette facture parce que je n’avais même pas une parcelle de terre à mettre en gage.84

Quand les factures sont très élevées, c’est plus difficile de trouver des bienfaiteurs. Il est donc probable que les patients qui ont subi des opérations coûteuses ou des traitements onéreux seront détenus plus longtemps.

Les conditions de détention

Absence de traitement médical

Les responsables des hôpitaux refusent parfois un traitement supplémentaire aux patients qui se sont montrés dans l’incapacité de régler le coût de leurs soins médicaux. A la clinique Prince Louis Rwagasore, deux jeunes mères qui étaient détenues à la suite d’accouchements par césarienne ont demandé à l’équipe médicale de soigner leurs nouveaux-nés, qui avaient des problèmes respiratoires et vomissaient. Selon ces femmes, le personnel a refusé. Elles ont dit que les médecins et les infirmières n’entraient jamais dans le local fermé de la clinique Prince Louis Rwagasore.85

Michelle N., dont le cas a été mentionné précédemment, a donné naissance à un enfant mort-né à l’hôpital Prince Régent Charles et est restée inconsciente pendant deux jours après la naissance. Comme elle n’a pas pu régler la facture, elle a été transférée au service neuf où de nombreux détenus étaient en détention, et où elle est restée pendant environ dix semaines. Il n’y avait aucune assistance de la part du personnel médical :

J’avais de la fièvre et demandais des médicaments mais cela m’a été refusé. L’infirmière disait qu’il faut 10 000 FBU [10$]  pour obtenir le formulaire d’inscription. Par chance, la fièvre a disparu.86

A l’hôpital de Gitega, d’après ce qu’on raconte, les infirmières vont plus loin et refusent d’enlever les points de suture des cicatrices des césariennes. Si les points de suture ne sont pas enlevés, la cicatrice peut s’infecter. Emérite N., une paysanne pauvre de la province de Mwaro, a donné naissance à l’hôpital de Gitega à un enfant qui est mort deux semaines après. En plus de faire face à son chagrin, elle a été accablée par une facture équivalant à 45$ qu’elle était incapable de payer. Elle a raconté : « On me disait qu’on ne pouvait enlever les points de suture tant que je n’avais pas réglé la facture. Ceux-ci me font mal maintenant. Je m’inquiète que cela s’infecte, et je me sens prise au piège ici ».87

Les hôpitaux refusent aussi quelquefois d’administrer des traitements aux patients qui ne peuvent en assumer les coûts, probablement parce qu’ils veulent éviter des dépenses qu’ils ne pourront pas récupérer. Dorothée H., une veuve qui est dernièrement revenue de Tanzanie où elle était réfugiée, a été recueillie par une famille de Bujumbura et a survécu en vendant des tomates. Elle a eu la malchance de tomber et de se briser la hanche et elle n’a pas demandé immédiatement des soins. Lorsque son état a empiré, elle a dit qu’elle était allée dans deux cliniques privées où elle avait été refoulée, dans le second cas parce qu’il lui manquait l’équivalent d’à peu près 100$ nécessaires à son admission. Elle fut admise dans un hôpital public où les médecins effectuèrent des analyses et conseillèrent une opération chirurgicale pour remettre sa hanche en place. Comme le coût de celle-ci atteignait 400$, et que c’était clairement au-dessus de ses moyens, l’opération n’a pas eu lieu.

Incapable de régler ses frais de soins, même sans l’opération chirurgicale, elle reste à l’hôpital où elle peut seulement esquisser quelques pas à la fois avec l’aide d’une canne.88

Le manque de nourriture

Presque tous les détenus se plaignent de la faim. Les hôpitaux du Burundi ne fournissent généralement pas les repas aux patients, qui dépendent des membres de leurs familles, d’organisations caritatives et de bienfaiteurs pour être approvisionnés en nourriture et en boissons. Human Rights Watch a observé que ceux qui étaient en détention étaient particulièrement touchés à cause de leur indigence et de la longueur de leur séjour à l’hôpital, et que ceux qui n’avaient pas de famille à proximité désireuse de les secourir ou qui n’avaient pas trouvé d’aide ailleurs étaient tout simplement affamés. Agnès I., une jeune mère qui avait subi une césarienne, a raconté que sa famille lui apportait rarement de la nourriture et que les patients avaient dû acheter jusqu’à l’eau nécessaire au café et au thé.89 Une autre jeune mère qui a été détenue pendant deux mois dans un autre hôpital raconte : « Pour moi, c’est difficile de trouver de la nourriture. Ma famille est fatiguée d’apporter à manger ici. Je n’ai même pas eu de thé aujourd’hui. J’attends l’aide de Dieu. »90

Dans certains hôpitaux, les sœurs ont apporté une fois par jour de la nourriture aux détenus, qui leur en ont été reconnaissants mais ont signalé que la nourriture était de piètre qualité et en quantité insuffisante, en particulier pour les patients se remettant d’une maladie ou d’une opération.

La perte du lit

Les patients détenus devaient libérer leurs lits pour les patients qui avaient les moyens de payer. Gabriel N., mentionné ci-dessus, nous a raconté qu’après cinq semaines de détention à l’hôpital Roi Khaled:

Je me suis senti comme en prison ici. J’ai perdu mon lit la nuit dernière au profit d’un malade qui pouvait payer. Donc, j’ai dormi par terre. Je ne sais pas quand j’aurai un autre lit. Ils m’ont promis que quand un malade partirait, j’obtiendrais un lit.91

Plusieurs personnes détenues à l’hôpital de Ngozi se sont plaintes de la même pratique.92 Christian B., le jeune homme souffrant d’une grave maladie de peau, mentionné plus haut, qui était hospitalisé à Ngozi depuis environ six mois en 2005, a été détenu pour le défaut de paiement d’une facture de plus de 240$. Il a rapporté avoir dû dormir sur le sol en ciment car les patients qui avaient les moyens de payer avaient besoin d’un lit.93 A l’hôpital de Ngozi en mars 2006, quatre autres détenus ont été aussi obligés de libérer leurs lits. L’un d’entre eux était une veuve de 65 ans. Deux autres étaient Félicité G., âgée de 17 ans et Valentine Z., âgée de 20 ans, toutes les deux dormant avec leurs bébés, sur des matelas très minces posés à même le ciment.94

Les enfants détenus à l’hôpital

Les enfants ne sont pas épargnés par la détention à l’hôpital. Les mères y séjournent avec les bébés et les enfants en bas âge tandis que les enfants plus grands sont détenus seuls, avec peu ou pas d’assistance de la part de l’hôpital.95

Mohamed S.

Mohamed S., âgé de 3 ans, s’était sérieusement brûlé sur tout le corps alors qu’il jouait avec d’autres enfants qui avaient accidentellement renversé une casserole de haricots bouillants. A cette époque, il était en visite chez sa grand-mère, qui l’a emmené à l’hôpital et est resté avec lui depuis. Ils sont arrivés à l’hôpital le 16 novembre 2005, et étaient détenus depuis environ six semaines quand nous leur avons parlé. La grand-mère de Mohamed nous a raconté :

J’ai reçu une première facture partielle à la fin de décembre. Elle n’était pas complète car ils continuaient le traitement. J’avais peur de la voir. Elle se montait à plus de 400 000 FBU [400$]. J’ai demandé à avoir la facture finale car j’étais inquiète de la somme que cela représentait. On nous a dit que nous n’avions pas le droit de partir , bien que l’enfant soit guéri.96

La  situation a été particulièrement difficile pour la grand-mère parce que son fils, le père de l’enfant, la tient responsable de l’accident et refuse de donner de l’argent pour les frais d’hôpital.

Mohamed S., trois ans, a été grièvement brûlé sur tout le corps alors qu’il jouait avec d’autres enfants et qu’ils ont renversé accidentellement une marmite de haricots bouillants. A ce moment, il était en visite chez sa grand-mère, qui l’a emmené à l’hôpital et est restée avec lui depuis lors. Lorsque nous les avons rencontrés, ils étaient détenus à l’Hôpital Roi Khaled depuis six semaines. La grand-mère de Mohamed, que l’on peut apercevoir dans le fond, a expliqué: «On nous a dit que nous n’avions pas l’autorisation de partir alors que l’enfant est guéri maintenant ».   © 2006 Jehad Nga

Noah B.

Noah B., âgé de 13 ans, s’est blessé en jouant au football avec ses amis. Il s’est cassé quelques os de la cheville et a eu besoin d’une opération chirurgicale. Il est issu d’une famille de onze enfants et ses parents sont paysans. Sa mère et ses frères et sœurs sont restés dans leur maison de la province de Muramvya, tandis que le père de Noah l’accompagnait à l’hôpital Roi Khaled à Bujumbura et prenait soin de lui là-bas, pendant le traitement et la détention qui suivit. Au moment de l’entretien, Noah B. avait été détenu depuis environ six semaines. Son père nous a dit :

Nous devons 438 785 FBU [438$] pour l’opération de Noah. Nous attendons un bienfaiteur car nous n’aurons jamais suffisamment d’argent….La situation est maintenant très difficile. J’ai beaucoup négligé ma maison car j’ai passé tout mon temps ici. J’ai deux enfants plus jeunes à l’école mais j’ai dû abandonner tout et laisser tout derrière moi pour être à l’hôpital avec Noah.

Je suis libre, je peux entrer et sortir de cet hôpital, mais mon fils ne peut pas s’en aller. Il ne peut s’échapper. Les médecins nous menacent, nous racontant que bientôt Noah perdra son lit et devra dormir sur le sol de telle sorte qu’une personne ayant les moyens de payer puisse avoir son lit.97

Noah nous a raconté qu’il était dans sa première année d’école quand la blessure s’est produite, et qu’il veut retourner à l’école dès que possible.98

Félix M.

Félix M., âgé de 13 ans, a été détenu à l’hôpital Prince Régent Charles pendant plus d’un an, après avoir déjà passé une année là, en traitement pour des blessures subies quand un véhicule appartenant à la mission de l’Union africaine au Burundi l’a heurté en juillet

2004. Son père a depensé ou utilisé l’argent remis par l’Opération des Nations Unies au Burundi (ONUB), l’agence qui a succédé à l’Union Africaine, pour le traitement du garçon. Sa mère, qui s’est  battue pour trouver au moins l’argent nécessaire pour payer les médicaments de Félix, a été dans l’incapacité de trouver un moyen de régler le reste des frais d’hôpital. Félix nous a dit :

J’étais en septième année d’école mais maintenant je ne vais plus à l’école du tout. Maintenant, je suis guéri, il y a seulement une petite blessure à gauche. Ma famille ne peut pas payer la facture. On m’a dit que je ne pourrai pas partir à moins qu’elle ne soit payée. Je suis détenu ici parce que je ne peux pas aller au-delà de la sortie. Les sœurs me donnent de la nourriture deux fois par jour.99

La réalité du triste sort de Félix ressort de la recherche effectuée pour ce rapport.100 Bien que le père de Félix ait admis qu’il avait pris l’argent, il n’en a rien laissé.101 En août 2006, Félix était encore détenu à l’hôpital.

Adèle A.

Adèle A., âgée de 12 ans, venant de la province de Cibitoke, a eu la jambe cassée dans un accident d’automobile en janvier 2006, quand elle rentrait de l’école à la maison. Après  l’opération chirurgicale, elle avait été détenue pendant plus de quatre mois à l’ hôpital Prince Régent Charles, quand nous l’avons interviewée. Elle a raconté :

Je n’ai pas de père et ma mère est cultivatrice. Ma mère reste avec moi ici, à l’hôpital et essaie de trouver quelque chose à manger. C’est très difficile. Nous n’avons aucune famille ici; tout le monde est à Cibitoke. Nous n’avons pas de terre, aussi nous ne pouvons rien vendre pour payer les factures. Même pour faire pousser les récoltes, nous louons une parcelle. Aujourd’hui, j’ai mon lit mais j’ai peur de le perdre. Les conditions de vie ici, à l’hôpital, sont très difficiles. Quelquefois, je reste deux semaines sans savon… personne ne m’avait dit que si je ne pouvais pas payer, je devrais rester à l’hôpital. On accepte sans problème que vous ne puissiez pas vous en aller si vous n’avez pas réglé votre note d’hôpital.102

Le refus de rendre les corps

Quand les patients meurent et que les factures n’ont pas été réglées, les hôpitaux refusent fréquemment de remettre les corps des morts à leurs familles. Comme un enterrement selon la tradition burundaise devient impossible, c’est difficile pour les familles endeuillées d’exprimer leur chagrin dans le respect de la tradition. Francine U. mourut de la malaria durant une grossesse en décembre 2005. L’infirmière qui s’occupait d’elle à l’hôpital Roi Khaled a témoigné :

Elle est arrivée trop tard, et elle est morte. Son frère était avec elle mais il est parti quand elle est morte. Il n’a pas réglé la note d’hôpital, aussi son corps est resté à la morgue. Il y est encore.103

L’infirmière a confirmé que les corps étaient souvent conservés à la morgue pendant de longues périodes, si les parents ne pouvaient pas régler les factures, mais elle a ajouté que s’il y avait des corps à la morgue pendant très longtemps, finalement « la direction de l’hôpital prendrait le problème en charge et les enterrerait ».104 D’après une étude de l’APRODH, il y avait sept corps à la morgue de l’hôpital Roi Khaled en août 2005. Les parents des décédés n’ont pas réglé les factures, qui totalisent plus de 1400$.105




37 Les hôpitaux consignent souvent les pertes financières qu’ils rencontrent, mais d’habitude ne notent pas le nombre de patients détenus. La plupart des statistiques montrent combien de factures sont restées impayées, et fournissent une l’information sur les dossiers des patients, de même qu’à propos des bienfaiteurs. Certains hôpitaux montrent seulement le nombre de patients enfuis. Il n’y a pas de standards à suivre pour les hôpitaux en la matière et les statistiques varient en détails et en format.

38 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec le directeur et d’autres responsables, clinique Prince Louis Rwagasore, Bujumbura, 14 février 2006.

39 Chiffres obtenus dans les archives de l’hôpital.

40 Voir section X, ci-dessous, sur le dilemme du bienfaiteur.

41 Les données pour le mois d’avril manquent. Les ajouts faits à la main pour les statistiques de juin 2005 n’ont pas été pris en compte.

42 Les données pour le mois de décembre manquent. Les chiffres sont basés sur les listes de factures impayées par les patients qui se sont échappés.

43 http://finance.yahoo.com/currency (consulté le 24 août, 2006)

44 D’après les archives gardées par les hôpitaux eux-mêmes. Il n’y a pas de format standard pour les hôpitaux donc les statistiques varient en détails et en format.

45 Factures impayées par des patients enfuis, janvier-novembre 2005.

46 L’hôpital a gardé les statistiques des patients indigents qui ne pouvaient régler leurs factures. Certains les ont cependant réglées plus tard, grace à des bienfaiteurs.

47 Voir tableau 5. Le chiffre est basé sur les cas recensés dans trois sections séparées, gynécologie/obstétrique, chirurgie et salle d’opérations.

48 Voir ci-dessous, section VIII.2, sur les systèmes d’exemption.

49 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Christian B., Hôpital de Ngozi, Ngozi, 16 février 2006. La durée de la période de détention — après qu’il ait reçu la facture — était peu claire.

50 “Treatment Map Burundi,” IRIN, janvier 2006, http://www.plusnews.org/AIDS/treatment/Burundi.asp (consulté le 1er août 2006).

51 Chiffres fournis par “Progress on Global Access to Anti-Retroviral Therapy, A Report on “3 by 5” and Beyond” (OMS, 2006), p. 72, http://www.who.int/hiv/fullreport_en_highres.pdf (consulté le 27 juillet 2006). La carte du traitement d’IRIN avance un nombre inférieur de personnes ayant besoin du traitement antirétroviral, environ  25000 personnes; c’est cependant un peu dépassé et probablement fondé sur des données anciennes.

52 Le programme original  se montait à environ 8 millions de dollars. En mai 2006 le Fonds mondial décida de donner 13 millions de dollars supplémentaires à la lutte contre le VIH/SIDA, http://www.theglobalfund.org/programs/search.aspx?lang=en (consulté le18 mai  2006).

53 Contrôle multisectoriel VIH/SIDA et projet orphelins - Burundi, http://web.worldbank.org/external/projects/main?pagePK=64283627&piPK=73230&theSitePK=343751&menuPK=343783&Projectid=P071371 (consulté le 26 juillet 2006).

54 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec des représentants des ONG au chevet de malades du VIH/SIDA, Bujumbura, 17 février 2006.

55 Il y a cependant un programme spécial pour le traitement de la tuberculose, donc certains patients peuvent ne pas avoir à payer pour ces traitements. Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec le directeur médical du Ministère chargé de la lutte contre le VIH/SIDA, Bujumbura, 19 mai 2006. 

56 Ibid. Des statistiques plus anciennes font état de chiffres similaires. En 1995, on a estimé que 70% des patients de l’hôpital Prince Régent étaient séropositifs. Voir: Confronting AIDS: Public Priorities in a Global Epidemic, A World Bank Policy Research Report (Oxford University Press, 1997), http://www.worldbank.org/aidsecon/arv/conf-aids-4/ch4-1p2.htm  (consulté le 18 mai 2006), table 4.4.

57 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Spéciose N., Bujumbura, 23 février 2006.

58 Les statistiques de la clinique Prince Louis Rwagasore incluent certains cas d’indigents qui n’ont pu payer initialement, mais qui ont finalement trouvé un moyen de régler leur facture.

59 Voir tableau 5.

60 Entretien Human Rights Watch/APRODH avec des gardiens, clinique Prince Louis Rwagasore , Bujumbura, 14 février 2006.

61 OMS, “Burundi, Health Sector Needs Assessment.”

62 L.P. Freedman, “Using human rights in maternal mortality programs: from analysis to strategy”, International Journal of Gynecology & Obstetrics, vol. 75 (2001), pp. 51-60; projet du Millénaire, équipe spécialisée sur la santé infantile et la santé maternelle, “Who’s got the power? Transforming health systems for women and children,” http://www.unmillenniumproject.org/documents/maternalchild-complete.pdf (consulté le 31 juillet 2006), pp. 5-6.

63 UNICEF, Statistiques sur le Burundi; OMS, “Heath Action in Crises – Burundi,” http://www.who.int/hac/crises/bdi/background/Burundi_Dec05.pdf (consulté le 28 juillet 2006); WHO, “Burundi, Health Sector Needs Assessment.”

64 Projet du Millénaire, équipe spécialisée sur la santé infantile et la santé maternelle, “Who’s got the power?” pp. 5-6.

65 Voir la section ci-dessous sur la réponse du gouvernement.

66 Comme dans beaucoup d’autres pays, les médecins au Burundi prêtent serment sur une base éthique. Cela s’appelle le Serment de Genève et consiste en une modernisation du Serment d’Hippocrate. Entre autres, il énonce, « Je considererai la santé de mon patient comme mon premier souci ;… Je ne permettrai pas que des considérations d'âge, de maladie ou d'infirmité, de croyance, d'origine ethnique, de sexe, de nationalité, d'affiliation politique, de race, d'inclinaison sexuelle, de statut social ou tout autre critère s'interposent entre mon devoir et mon patient; …Je n’utiliserai pas mes connaissances médicales pour enfreindre les droits de l’homme et les libertés civiques, même sous la menace. » Voir les versions anglaises et françaises sur http://www.wma.net/f/policy/c8.htm (consulté le 8 août 2006).

67 Entretien Human Rights Watch/APRODH avec Christine K., clinique Prince Louis Rwagasore, Bujumbura, 14 février 2006.

68 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Pierre B., hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura, 13 février 2006.

69 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Joséphine C., hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura, 13 février 2006.

70 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Claudine N., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006.

71 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Michèle N., Bujumbura, 14 février 2006; Documents non-publiés d’une organisation internationale sur la détention en hôpital, août 2005. A l’hôpital Prince Régent, des patients détenus sont souvent déplacés au service neuf mais ne sont pas autorisés à bouger ailleurs dans le bâtiment.

72 Entretiens de Human Rights Watch/APRODH avec Théodore N., hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura, 13 février 2006; Michèle N., Bujumbura, 14 février 2006; Félicité G. et Valentine Z., Hôpital de Ngozi, Ngozi, 15 février 2006.

73 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Amélie B., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006.

74 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Théodore N., hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura, 13 février 2006.

75 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec David S., hôpital de Gitega, Gitega, 16 février 2006.

76 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec le directeur administratif et financier, hôpital de Ngozi, Ngozi, 15 février 2006.

77 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Félicité G., hôpital de Ngozi, Ngozi, 15 février 2006.

78 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Célestine H., Amélie B., Claudine N., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006. Human Rights Watch/APRODH avec Michèle N., Bujumbura, 14 février 2006.

79 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec le directeur administratif et financier, hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura, 10 février 2006.

80 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Michèle N., Bujumbura, 14 février 2006.

81 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Agnès I., clinique Prince Louis Rwagasore, Bujumbura, 14 février 2006.

82 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec les gardiens, clinique Prince Louis Rwagasore, Bujumbura, 14 février 2006.

83 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Félicité G., hôpital de Ngozi, Ngozi, 15 février 2006.

84 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec David S., hôpital de Gitega, Gitega, 16 février 2006.

85 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Agnès I. and Christine K., clinique Prince Louis Rwagasore, Bujumbura, 14 février 2006.

86 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Michèle N., Bujumbura, 14 février 2006.

87 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Emérite N., hôpital de Gitega, Gitega, 16 février 2006. Une autre femme rapporte le même refus des infirmières d’enlever les points de suture de la cicatrice. Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Berthilde N., hôpital de Gitega, Gitega, 16 février 2006.

88 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Dorothée H., hôpital  Prince Régent Charles, Bujumbura, 13 février 2006.

89 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Agnès I., clinique Prince Louis Rwagasore, Bujumbura, 14 février 2006.

90 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Amélie B., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006.

91 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec le père de Noah B., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006.

92 Entretien de l’APRODH avec le personnel de l’hôpital de Bururi, Bururi, mars 2006.

93 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Christian B., hôpital de Ngozi, Ngozi, 16 février 2006.

94 Entretiens de l’APRODH avec Régine K. and Joëlle N., hôpital de Ngozi, Ngozi, 15 mars 2006.

95 Dans ce rapport « enfant » se réfère à quiconque âgé de moins de 18 ans. La Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant, à laquelle le Burundi est partie, énonce : « Pour les fonctions de la présente Convention, le terme enfant se réfère à tout être humain âgé de moins de dix huit ans, à moins que, d’après une loi applicable à l’enfant, la majorité soit atteinte plus tôt. »

96 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec la grand-mère de Mohamed S., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006.

97 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec le père de Noah B., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006.

98 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Noah B., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006. Il y a beaucoup de raisons au fait que les enfants au Burundi vont à l’école plus tard qu’à l’âge normal pour l’école primaire, comme l’insécurité pendant la guerre et les frais d’éducation gouvernementaux de l’année 2005.

99 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Félix M., hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura, 13 février 2006.

100 Entretien de Human Rights Watch avec Charles Atebawone, responsable de l’unité des plaintes/données de propriété, siège de l’ONUB, Bujumbura, 7 mars 2006.

101 Entretien de Human Rights Watch avec la mère de Félix M., Bujumbura, 11 mai 2006.

102 Entretien de Human Rights Watch avec Adèle A., Hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura, 23 juin 2006.

103 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec une infirmière, Hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006.

104 Ibid.

105 Association burundaise pour la protection des droits humains et des personnes détenues, « Projet : secours aux indigents emprisonnés dans les hôpitaux, » septembre 2005.