VIII. Les mesures prises par le gouvernement afin daméliorer laccès aux soins de santéLéchec de lassurance de santéLe système de santé burundais repose sur des mécanismes qui sont supposés accroître laccès aux soins de santé pour les personnes défavorisées. Sils fonctionnaient correctement, ces mécanismes pourraient permettre aux plus pauvres de payer leurs dépenses médicales, et déviter la mise en détention par lhôpital. Une carte dassurance maladie (CAM) coûte jusquà 0,50$ par an et couvre 80% de certains, mais pas tous, les coûts médicaux.124 La CAM est un schéma de prépaiement volontaire et fondé sur la communauté de qui est ouvert à tous. Cest particulièrement important pour les plus pavres, et complète un schéma dassurance obligatoire pour les fonctionnaires de lEtat.125 En pratique, lassurance de santé fonctionne rarement, voire jamais, de manière à éviter aux gens la mise en détention dans les hôpitaux. Reconnue comme ineffective, la carte est peu utilisée dans le pays et a été abandonnée dans cinq des dix-sept provinces. Le Plan national de développement sanitaire de 2005 énonce que « la population na plus confiance dans la carte médicale dassurance [la carte dassurance maladie] Cette carte est en train de disparaître dans la majeure partie du pays. »126 Seul 1% des patients sondés par létude de MSF mentionnée plus haut avait la carte dassurance.127 Lors de nos propres entretiens, nous avons pu parler avec 20 patients en détention qui avait la carte dassurance mais étaient tout de même en détention. Beaucoup de patients navaient pas dassurance quand ils entraient à lhôpital, mais lobtenaient avec laide de leur famille le jour de leur hospitalisation, ou plus tard. Les hôpitaux rejetaient parfois la carte dassurance maladie quand elle était achetée à cette date tardive. Claudine N, dont le nourrisson venant de naître avit besoin dune intervention chirurgicale vitale, nous raconta,
De grands hôpitaux comme le Roi Khaled et le Prince Régent ont également exclu les équipements médicaux et les fournitures des coûts couverts par lassurance. Dorothée H., mentionnée plus haut, avait besoin davoir sa hanche replacée. On lui répondit que son assurance ne pouvait couvrir les frais qui sélevaient à 400 $.129 Dautres hôpitaux, comme la clinique Prince Louis Rwagasore, naccepte pas lassurance du tout.130 Certains hôpitaux de province, comme celui de Gitega et de Ngozi,131 acceptent lassurance et le Gitega en a même fait la promotion. Cependant, même dans ces hôpitaux, des patients furent mis en détention pour navoir pu payer les 20% restants de leur frais. Ce fut le cas pour deux femmes détenues à lhôpital Gitegi après avoir subi une intervention chirurgicale pour des complications dues à laccouchement.132 L'échec de la gratuité des soins pour les plus défavorisésAu Burundi, les personnes sans moyens financiers à leur disposition, définit comme « indigents » par leurs administrateurs locaux, peuvent recevoir une carte dindigence qui leurs permet dêtre exemptés du paiement des frais de santé, de même que des frais déducation et autres. Depuis 2003, ceux qui ont été déplacés par la guerre peuvent aussi candidater afin de recevoir un bon les exemptant du paiement des soins de santé. Cependant, les critères pour recevoir à la fois la carte dindigence et les bons ne sont pas officiellement définis, accroissant le manque de transparence du processus et la possibilité de décisisons arbitraires. Daprès MSF, « Le système de lexemption est devenue une pratique sectorielle et clientéliste. »133 Ces erreurs dans la procédure ont rendu plus apparent le fait que ce système fait pour soulager les pauvres, napporte en fait quà quelque uns. La carte dindigenceQuand les personnes défavorisées reçoivent la carte dindigence, la commune de résidence est requise pour payer leurs factures. Le gouvernement montre le système comme preuve de sa volonté daider les nécessiteux, mais le système fournissent rarement des exemptions aux pauvres, et cache simplement le manque daction effective du gouvernement. Un administrateur local de la province du Bujumbura-rural nous a expliqué,
Dans son récent Plan national de développement sanitaire, le gouvernement lui-même admet que la plupart des communes ne fournit plus de cartes dindigence.135 La plupart des personnes détenues dans les hôpitaux que nous avons interrogées navaient pas de carte dindigence et nen avaient même pas entendu parler. Létude de Save the Children, mentionnée plus haut, a trouvé que seulement 10% de toutes les personnes sondées savaient quil existait un système dexemption des frais de santé pour les pauvres, et seulement 4% des foyers les plus pauvres interrogées en connaissaient lexistence.136 Notre recherche a montré que ceux qui avaient la carte dindigence, ou essayaient de lavoir, rencontraient des difficultés. Comme noté au-dessus, Christian B., un orphelin souffrant de problèmes de peau chroniques, se vit répondre par un administrateur local que sa carte nétait plus en pratique.137 Dautres patients qui avaient la carte, se la sont vus rejeter par lhôpital. Par exemple, Désirée N., une femme de la province de Bubanza venue au Roi Khaled parce quenceinte et ayant une tumeur, a donné naissance prématurément à un enfant qui devait être mis immédiatement sous incubateur. Comme elle était indigente, elle fut mise en détention quatre semaines au moment de lentrevue et sa tumeur ne fut pas traitée. Elle dit quelle avait une carte dindigence mais lhôpital ne la pas acceptée.138 Le directeur du Roi Khaled nous a affirmé que « lhôpital naccepte pas les cartes dindigence car lEtat nen rembourse pas les dépenses ». Il a ajouté que les personnes déplacées et les rapatriés pouvaient avoir des bons jusque fin 2005, mais plus maintenant.139 Une infirmière du même hôpital nous a confirmé que le personnel avait pour instruction de ne plus accepter la carte dindigence.140 Cest également le cas des autres hôpitaux.141 Les bons pour les personnes déplacéesCes dernières années, les personnes déplacées et les rapatriés avec une carte dindigence étaient éligibles pour les bons à la Commission Nationale pour la Réintegration des Sinistrés (CNRS). 142 La CNRS a été mis sur pied par les accords dArusha afin daider toutes les « personnes déplacées, regroupées , dispersées et les rapatriés ».143 Financée par le gouvernement et les bailleurs de fonds, elle a fonctionné de mi 2003 à décembre 2005.144 Des administrateurs locaux ont parfois distribué des cartes dindigence quand ils étaient sûrs que le CNRS les rembourserait. Cependant, ce nétait pas toujours le cas, comme lexplique dune maniére critique un administrateur local :
Dautres responsables officiels familiers du processus, ont fait part de cette même inquiétude à propos de la « gestion et des problèmes dargent » à lagence.146 La procédure pour obtenir les bons était tellement pesante et complexe que peu de récipiendaires la poursuivait jusquà la fin.147 Sils obtenaient un bon, ils ne pouvaient lutiliser que dans seulement trois hôpitaux, tous à Bujumbura. Pour quun patient soit autorisé à quitter lhôpital à la fin de son traitement, les hôpitaux devaient accepter le bon et ensuite transmettre les factures au CNRS afin dêtre remboursé.148 Mal organisé, le système était aussi très mal géré et certains fonds, daprès des responsables officiels impliqués étaient mal utilisés.149
Une patiente détenue à lHôpital Prince Régent Charles. © 2006 Jehad Nga Le CNRS, structure héritée du gouvernement de transition, pris fin quand le nouveau gouvernement fut mis en place et, fut remplacé par un corps gouvernemental, PARESI, créé pour lui succeder. Un Fond pour les Sinistrés continue dexister bien que réassigné au Ministère de la solidarité nationale, des droits de lhomme et du genre. Daprès le chef de cabinet du Ministère, le Fonds dispose de 500 million de FBU en 2006 ($500 000).150 Les critères pour recevoir laide sont flous, en particulier concernant la question de savoir si seuls les personnes déplacées et les rapatriés sont éligibles pour laide, ou si dautres gens dans le besoin peuvent postuler. Daprès un responsable officiel chargé de distribuer les bons, les personnes déplacées et les rapatriés ont souvent un meilleur accès aux soins gratuits que les autres personnes indigentes. Quand il y a une grande attention médiatique sur un cas, par exemple dans le cas dune femme qui avait eu des triplés, le Ministère laidera, mais en général, les autres personnes dans le besoin se voient opposer un refus.151 Les alternatives à la détention à lhôpitalCertains hôpitaux ont trouvé dautres moyens que la détention pour garantir le paiement des factures, bien que ces solutions alternatives puissent créer dautres problèmes aux patients. Les hôpitaux de Muyinga (nord-est du Burundi) et de Matana (sud du Burundi) conservent les cartes didentité des patients qui ne peuvent pas payer.152 Danciens patients sont alors contraints de payer, car les forces de sécurité demandent fréquemment à voir les cartes didentité, et quiconque ne peut la présenter peut être tenu suspect et considéré comme un éventuel partisan des rebelles du FNL. Quand un patient endetté a une bicyclette, lhôpital de Muyinga garde aussi ce moyen de transport essentiel pour augmenter lincitation à régler la dette.153 Dans certains centres de soins, le personnel obtient des anciens patients quils paient leur dette en cultivant les champs appartenant au centre de soins.154 Léquipe de la clinique Prince Louis Rwagasore permet aux patients qui ont un emploi stable de partir, une fois quils ont accepté que les sommes quils doivent soient déduites de leur salaire et versées directement à lhôpital par les employeurs.155 Cette stratégie nest utile que dans les zones urbaines où les patients sont salariés. Certaines structures soutenues par les ONG internationales pratiquent un modèle de financement de la santé différent : les patients réglent un pourcentage des coûts, comme dans la province de Makamba où ils paient 50% du prix des médicaments plus le coût du traitement, ou un droit fixe, comme dans les provinces de Karuzi, Cankuzo, Bujumbura-rural and Ruyigi, où les patients paient un droit global allant de 50 à 500 FBU (0.05$ to 0.50$).156 De ce fait, la détention des patients est inhabituelle dans ces hôpitaux. A lhôpital Buhiga à Karuzi, où les patients paient 300 FBU [0.30$] pour un traitement externe et 500 FBU [$0.50] pour une hospitalisation, il ny avait pas de détenus à lhôpital au moment dune visite de notre équipe de chercheurs en mars 2006. Selon le directeur administratif et financier, il y a eu des patients qui ne pouvaient pas régler le droit fixe, mais ils ont pourtant été soignés à Karuzi.157 Dans la province de Bururi, lagence néerlandaise Cordaid a lancé un nouveau dispositif pour les patients les plus pauvres, en janvier 2006, finançant les médicaments et les consultations; et tout de suite après, il ny avait plus de détenus là-bas.158
Les soins gratuits pour les femmes venant daccoucher et les enfants en bas âge : directive présidentielle du 1er mai 2006Le jour de la fête du travail, le 1er mai 2006, le Président Nkurunziza a déclaré que les soins destinés aux mères et aux enfants de moins de cinq ans seraient désormais gratuits. Il a aussi annoncé des augmentations de salaires pour les employés des services publics, et la création dune brigade anti-corruption.159 Le CNDD-FDD au pouvoir se présente comme un mouvement populaire soccupant des besoins des plus pauvres. Peu de temps après son arrivée au pouvoir, le nouveau gouvernement a aboli les frais décole primaire et institué léducation primaire gratuite et obligatoire.160 Le plan de santé du gouvernement de décembre 2005 sest concentré sur la santé maternelle et infantile grâce à lamélioration des soins dobstétrique dans les centres de santé et les hôpitaux; la création dun fonds pour les césariennes et les naissances à risque ; lamélioration du suivi de la grossesse ; les aides pour les médicaments des plus défavorisés ; et les soins pour les enfants de moins de cinq ans.161 Lintroduction des soins de santé gratuits pour les femmes enceintes, les mères et les enfants en bas âge fait partie de leffort auto-proclamé du gouvernement en direction des plus pauvres.162 De manière peut-être plus significative, il vise aussi à montrer aux donateurs sa volonté et sa capacité à utiliser les fonds correctement. Cela constitue un progrés concret en direction de deux objectifs du Millénaire pour le développement la réduction de la mortalité maternelle et infantile. Grâce à lInitiative en faveur des pays pauvres très endettés, la dette dun pays peut être réduite si certaines conditions économiques et sociales sont remplies. En ce moment, le Burundi est en train dobtenir un allègement de sa dette sur une base provisoire et de sefforcer dobtenir un allègement permanent de sa dette. Selon le responsable dun hôpital, « le gouvernement a obtenu des allègements de dette, et les fonds correspondants doivent maintenant être utilisés ».163 Certains observateurs ont noté que laccroissement de la pression concernant la détention à lhôpital pourrait avoir joué dans la décision.164 Avant lannonce de la réforme, le gouvernement burundais et la Banque mondiale discutaient du meilleur usage à faire des 10 millions de dollars gagnés du fait de lallègement de la dette, et la libération des patients détenus était une des questions qui se posait.165 Alors que la directive sur la gratuité des soins destinés aux mères et aux enfants semblent une excellente idée, elle pose en pratique de sérieux problèmes. Un poids croissant pour le système de santéPendant les premiers jours de mai 2006, des milliers de femmes enceintes et les parents denfants malades ont pris la route vers les hôpitaux les plus proches pour bénéficier de la réforme. Selon un responsable de la clinique Prince Louis Rwagasore à Bujumbura:
A lhôpital de Bururi, le nombre de patientes de la maternité sest élevé dune moyenne quotidienne de 14 à au moins 40. A lhôpital de Kayanza, où il y avait déjà une pénurie aigüe de personnel médical, lunique médecin capable de pratiquer une césarienne était submergé.167 Lhôpital de Rumonge était en rupture de médicaments et de fournitures quelques jours après la directive présidentielle.168 Lhôpital Roi Khaled était en rupture déquipements de base et devait demander à ses fournisseurs de remplir leurs engagements sans paiement immédiat.169 Comme les hôpitaux étaient surexploités, certains patients se virent refuser un traitement. Une femme qui avait fait une fausse couche mourut à lhôpital Roi Khaled après que le personnel médical dans cet hôpital et dans dautres centres lait, daprès ce quon rapporte, refoulée.170 Beaucoup de burundais ordinaires ont exprimé leur enthousiasme pour cette initiative. Toutefois, les patients ont aussi critiqué le fait que les hôpitaux ne payaient pas toujours les médicaments des bénéficiaires.171 La réforme prévoit la gratuité des médicaments uniquement pour les futures mères et les enfants en bas âge qui sont hospitalisés; les patients externes ceux qui ne séjournent pas à lhôpital doivent financer eux-mêmes leurs médicaments.172 Un des principaux problèmes posé par la directive présidentielle du 1er mai était lemanque de préparation de la réforme. Les hôpitaux ont appris le changement à la radio, ce qui signifiait quils navaient aucune chance danticiper cet afflux de nouveaux patients.173 Même le chef de cabinet du ministre de la Santé a reconnu le problème: « Quand le président a proclamé la gratuité des soins [pour les femmes qui venaient daccoucher et les enfants de moins de cinq ans], les hôpitaux nétaient pas prêts en termes de médicaments, déquipement, deffectifs et de capacité daccueil. Maintenant, nous nous occupons de ces problèmes. » 174 Un grand nombre de fonctionnaires de santé et de responsables dhôpitaux ont aussi critiqué la manière de laquelle la réforme a été lancée si soudainement, un sentiment partagé également par les représentants des pays donateurs.175 Selon lOrganisation mondiale de la Santé, le gouvernement et les donateurs ont décidé quenviron 3 millions des 10 millions de dollars qui allaient devenir disponibles dans le contexte de lallègement de la dette, devaient aller aux médicaments de première nécessité, aux soins destinés aux enfants et aux frais daccouchement. Certains de ces fonds pourraient servir à financer les soins destinés aux femmes et aux enfants176 et dautres fonds pourraient avoir un impact indirect sur laccès aux soins. Mais ces fonds seront encore insuffisants pour financer linitiative nouvelle, fonds qui ne figuraient pas dans le budget courant.177 Le Ministère de la santé peut demander aux donateurs plus daide mais dabord, a dit un de ses représentants official, « nous devons négocier avec le gouvernement lui-même pour lui montrer le déficit de financement ».178 Début août 2006, le ministère a réussi à obtenir quelques fonds supplémentaires du gouvernement mais ceux-ci « ne sont pas suffisants du tout » et le gouvernement continue à chercher dautres ressources.179 Fin juin, les hôpitaux ont commencé à envoyer au gouvernement les notes de frais correspondant au nouveau programme, inquiets de voir sils seraient remboursés comme promis. Les factures de la clinique Prince Louis Rwagasore et de lhôpital Roi Khaled étaient approximativement de 20 000$ chacune.180 Début août, elles navaient pas été remboursées.181 Lintroduction de la gratuité des soins destinés aux mères et aux enfants en bas âge constitue une étape importante vers la mise en uvre progressive dun droit à la santé, en particulier en arrivant à réduire les taux de mortalité à la naissance et de mortalité infantile.182 Mais cette politique échouera si le gouvernement ne prend pas en urgence les mesures permettant de garantir la poursuite de ce programme et daugmenter le personnel, les équipements et les médicaments partout dans le pays. De plus, le gouvernement doit intégrer le nouveau changement si mal préparé dans le contexte dune politique de santé plus vaste. Limpact des détentions à lhôpitalLa réforme du 1er mai a signifié que les femmes venant daccoucher et les enfants de moins de cinq ans ne seraient plus détenus dans les hôpitaux, réduisant ainsi de manière significative (dun tiers environ) le nombre de personnes souffrant de cet abus. En juin 2006, par exemple, il ny avait pas de femmes ayant souffert de complications à laccouchement ni denfants de moins de cinq ans détenus dans les hôpitaux Roi Khaled et Prince Régent Charles. La directive présidentielle encourage aussi dautres initiatives. Le Ministère de la solidarité nationale, des droits de lhomme et du genre a payé environ 13 000$ pour libérer des femmes qui ont souffert de complications à laccouchement et des enfants de moins de cinq ans détenus à lhôpital Roi Khaled entre janvier et mai 2006.183 La majorité des détenus na pas encore tiré bénéfice de cette réforme parce quelle ne sapplique pas à eux. Les femmes souffrant de problèmes sans relation avec la grossesse, les enfants de plus de cinq ans, et les hommes, continuent dêtre détenus. Fin juin 2006, 36 patients étaient retenus à lhôpital Roi Khaled et 41 à lhôpital Prince Régent Charles.184 Un membre du personnel de la clinique Prince Louis Rwagasore confirme aussi que la pratique perdure dans son hôpital.185 Parmi ceux qui étaient retenus à lhôpital Roi Khaled, il y avait Jerôme N., un garçon de 17 ans qui souffrait dune grave infection à la jambe et ne pouvait pas marcher. Il était détenu depuis presque un mois au moment de lentretien, et nous a raconté :
Parmi ceux qui étaent à lhôpital Prince Régent Charles il y avait Augustin M., un homme de 26 ans de la province de Muyinga qui avait eu un accident de voiture. Il a dit à un chercheur de Human Rights Watch :
De manière peu surprenante, ces témoins et les autres victimes détenues ont exprimé lespoir que le gouvernement étendrait aussi la réforme à leurs propres cas.188
Les autres projets du gouvernement pour une réforme de la santéDans son Plan national de développement sanitaire, le Ministère de la santé déclare quil a lintention de faire passer le budget de la santé à environ 15% du budget total annuel (il était denviron 2.7% en 2005189), conformément à lengagement pris par les pays africains en 2001.190 Le plan reconnaît que le système actuel dassurance-maladie ne fonctionne pas correctement et propose de le supprimer et de le remplacer par un système de mutuelles. Ce sont des systèmes dassurance-maladie volontaire fondés sur ladhésion collective, qui fonctionnent dune certaine manière comme une coopérative. Le gouvernement burundais propose de promouvoir ces systèmes dans la population qui est active dans les secteurs urbains et ruraux informels de léconomie ce qui représente une grande partie de la population. Tandis que lassurance-maladie mutualiste est traditionnellement créée et basée exclusivement sur une communauté locale, le gouvernement burundais donne à létat un rôle plus important, puisquil est prévu de subventionner ces mutuelles.191 Des études ont montré que la faiblesse des adhésions est un problème fréquent pour lassurance de santé fondée sur ladhésion collective. Si le gouvernement voulait aller de lavant avec son projet de création de mutuelles, il aurait besoin de développer une stratégie sur la manière de traiter le problème et de rendre les mutuelles viables pour la population démunie qui est active dans léconomie informelle rurale ou urbaine. Dans son plan national pour la santé, le gouvernement fait une distinction plutôt artificielle entre ceux qui travaillent dans le secteur informel et ceux qui sont pauvres. Il suggère quil y aurait des difficultés à étendre les systèmes dassurance-maladie fondés sur ladhésion collective aux plus pauvres et propose des subventions détat pour « protéger les groupes les plus vulnérables tels que les femmes enceintes (toutes), les enfants de moins de cinq ans et les indigents. »192 Tandis que le gouvernement a, comme on en a déjà parlé, pris des mesures pour améliorer laccès aux soins des femmes enceintes et des enfants en bas âge, il na pas fait de même pour les indigents. Le Ministère de la santé a essayé de créer un fonds pour les patients les plus pauvres mais cela a été rejeté pendant le débat sur le budget en décembre 2005.193 Le plan reste flou et ne mentionne pas la question des détentions à lhôpital. En août 2006, le gouvernement burundais mettait la dernière touche au Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte contre la Pauvreté du pays (CSLP), dont le projet reprend les mêmes priorités de politique de santé mais ne fournit aucun détail supplémentaire. Il ne mentionne pas non plus les détentions à lhôpital.194 124 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec le Dr. Julien Kamyo, chef de cabinet, Ministère de la santé, Bujumbura, 13 février 2006; République du Burundi, Ministère de la santé, « Plan national de développement sanitaire 2006-2010. » Il y a dautres assurances pour les employés detat et autres entreprises privées. 125 Save the Children, The Cost of Coping with Illness,p. 1. 126 République du Burundi, Ministère de la santé, « Plan national de développement sanitaire 2006-2010 » p. 28. 127 MSF, Access to Health Care in Burundi, p. 49. 128 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Claudine N., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006. 129 Entretiens de Human Rights Watch/APRODH avec le Directeur administratif et financier, hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 14 février et Dorothée H., hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura, 13 février 2006. 130 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec le Directeur, clinique Prince Louis Rwagosore, Bujumbura, 14 février 2006. 131 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec le Directeur administratif et financier, hôpital Ngozi, Ngozi, 15 février, et avec le Directeur administratif et financier, hôpital Gitega, Gitega, 16 février 2006. 132 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Emérite N. and Berthilde N., hôpital Gitega, Gitega, 16 février 2006. 133 MSF, Access to Health Care in Burundi, p. 49. Save the Children, The Cost of Coping with Illness,p. 3. Certaines personnes interrogées dans létude Save the Children ont mentionné que des gens avaient pu obtenir des cartes dindigence grâce à des pots-de-vin et non pas sur des critères officiels. 134 Entretien de Human Rights Watch avec un administrateur local, province du Bujumbura-rural, 7 avril 2006. 135 République du Burundi, Ministère de la santé, « Plan national de développement sanitaire 2006-2010. » 136 Save the Children, The Cost of Coping with Illness, p. 3. 137 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Christian B., hôpital Ngozi, Ngozi, 16 février 2006. 138 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Désirée N., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006. 139 Entretien de Human Rights Watch avec le directeur, hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 14 février 2006. 140 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec une infirmière, hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 11 février 2006. 141 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec le directeur administratif et financier, hôpital Prince Régent, Bujumbura, 10 février 2006. 142 Laccord utilise le terme Sinistré dans les versions anglaise et française. 143 Accord de paix et de réconciliation pour le Burundi, Protocole IV. Laccord a aussi prévu la création dun fonds national pour les sinistrés. Il a plus loin énoncé : « Le gouvernement doit assurer, à travers une aide spéciale, la protection, la réhabilitation et lavancement des groupes vulnérables, à savoir les enfants chefs de familles, les orphelins, les enfants des rues, les mineurs non accompagnés, les enfants traumatisés, les veuves, les mères chefs de famille, les délinquants juvéniles, les handicapés physiques et mentaux, etc. » http://www.usip.org/library/pa/burundi/pa_burundi_08282000_pr4ch1.html, (consulté le 25 avril 2006). 144 Le Fonds a dabord été financé à travers le budget de fonctionnement du CNRS, du Fonds social et culturel (qui était auparavant placé sous lautorité du Ministère de la solidarité nationale, des droits de lhomme et du genre), du HCR, et dun projet de la Banque mondiale appelé Crédit de Relance Economique. Entretien de Human Rights Watch avec Claire Nzeyimana, Volet Affaires Financières et Mobilisation des Fonds, CNRS, 9 mai 2006. 145 Entretien de Human Rights Watch avec un administrateur local, province rurale de Bujumbura, 7 avril 2006. 146 Entretien de Human Rights Watch avec un représentant du PARESI, Projet dAppui aux Rapatriés, 8 mai 2006. 147 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Dorothée H., hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura, 13 février 2006. 148 Les trois hôpitaux étaient le Prince Régent Charles, le Roi Khaled et le CMCC Djabe. Entretien de Human Rights Watch avec Claire Nzeyimana, Volet Affaires Financières et Mobilisation des Fonds, CNRS, 9 mai 2006. 149 Sur la corruption, voir plus bas la section concernant la transparence. Entretien de Human Rights Watch avec le représentant du PARESI, Bujumbura, 8 mai, at avec Claire Nzeyimana, Volet Affaires Financières et Mobilisation des Fonds, CNRS, Bujumbura, 9 mai 2006. 150 Entretien de Human Rights Watch avec Béatrice Ntahe, chef de cabinet, Ministère de la solidarité nationale, des droits de lhomme et du genre, 17 février 2006. 151 Entretien de Human Rights Watch avec un représentant du Minsitère de la solidarité nationale, des droits de lhomme et du genre, Bujumbura, 10 mai 2006. Lorsque nous avons demandé au chef de cabinet dexpliquer quelle utilisation était faite des fonds, elle refusa de le faire ; Entretien de Human Rights Watch avec Béatrice Ntahe, chef de cabinet, Ministère de la solidarité nationale, des droits de lhomme et du genre, 17 février 2006. 152 Entretien de lAPRODH avec le directeur administratif et financier, hôpital Muyinga, 6 mars 2006, et avec le chef comptable, hôpital Matana, 8 mars 2006. 153 Entretien de lAPRODH avec le directeur administratif et financier, hôpital Muyinga Hospital, 6 mars 2006. 154 MSF, Access to Health Care in Burundi, p. 46. 155 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec le directeur et le directeur administratif et financier, clinique Prince Louis Rwagosore, Bujumbura, 14 février 2006. 156 MSF, Access to Health Care in Burundi, pp. 10-12. 157 Entretien de lAPRODH avec le directeur administratif et financier et avec une infirmière, hôpital Buhiga, Karuzi, 7 mars 2006. Ces modèles peuvent être plus facilement mis en pratique dans de plus petits hôpitaux où il y a des cas de traiement moins complexes et coûteux-ceux là sont souvent orientés sur la capitale. 158 Entretien de lAPRODH avec le directeur, hôpital Rumonge, 1er Mars 2006. 159 Burundi: Nkurunziza announces free maternal healthcare, pay rise for workers, IRIN, 1er mai 2006, http://www.irinnews.org/report.asp?ReportID=53075&SelectRegion=Great_Lakes (consulté le 3 mai 2006). 160 UNICEF, Burundi: Free primary education for all children, 7 septembre 2006, http://www.unicef.org/infobycountry/burundi_28197.html (consulté le 3 juillet 2006). 161 République du Burundi, Ministère de la santé, « Plan national de développement sanitaire 2006-2010, » pp. 35-46. Le plan sanitaire a aussi fait dautres recommandations. Voir la section 5 de ce chapitre. 162 Daprès le Ministère de la santé, la réforme a pour but de réduire la mortalité infantile et maternelle au Burundi. Entretien téléphonique de Rights Watch avec le chef de cabinet, Ministère de la santé, Bujumbura, 22 juin 2006. 163 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec le directeur administratif et financier, clinique Prince Louis Rwangasore, Bujumbura, 19 juin 2006. 164 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec un diplomate à Bujumbura, 19 juin 2006. 165 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec un responsable officiel de la Banque mondiale, Washington D.C., 31 mars 2006. 166 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec le directeur administratif et financier, clinique Prince Louis Rwangasore, Bujumbura, 19 juin 2006. 167 Burundi: Side effects of free maternal, child health care, IRIN, June 9, 2006. http://www.irinnews.org/report.asp?ReportID=53836 (consulté le 3 juillet 2006). 168 Annonce faite sur Radio Isanganiro, 10 mai 2006. 169 Entretien de Human Rights Watch avec le directeur administratif et financier, hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 20 juin 2006. 170 Annonce faite sur Radio Bonesha, 22 mai 2006. 171 Burundi: Side effects of free maternal, child health care, IRIN. 172 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec le directeur administratif et financier, clinique Prince Louis Rwangasore, Bujumbura, 27 juillet 2006. Les médicaments pour les enfants âgés de moins de 5 ans et pour les femmes qui accouchent sont réglés dans les centres de santé. 173 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec le directeur administratif et financier, clinique Prince Louis Rwangasore, Bujumbura, 19 juin 2006. 174 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec le Dr. Julien Kamyo, chef de cabinet, Ministère de la santé, 22 juin 2006. 175 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec un responsable officiel belge, 21 juin 2006. Ceci a été confirmé par dautres diplomates et bailleurs de fonds. 176 Chiffres fournis par un gouvernement donateur, entretien téléphonique de Human Rights Watch, 19 juin 2006. 177 Dans ces 10 millions de dollars, 14% sont partis au niveau central, 23% allèrent au niveau intermédiaire et 63% au niveau opérationnel les médicaments de base, les vaccins, les contrats, et les soins de base pour laccouchement et les enfants. Ces 3 millions de dollars font partie du fonds alloué au niveau opérationnel. 178 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec le Dr. Julien Kamyo, chef de cabinet, Ministère de la santé, 22 juin 2006. 179 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec le Dr. Julien Kamyo, chef de cabinet, Ministère de la santé, 8 août 2006. 180 Entretien de Human Rights Watch avec un travailleur social, hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 23 juin 2006; Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec le directeur administratif et financier, clinique Prince Louis Rwangasore, Bujumbura, 19 juin 2006. 181 Entretiens de Human Rights Watch avec les directeurs administratifs et financiers, clinique Prince Louis Rwangasore et hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 8 août 2006. 182 PIDESC, article 12(2)(a). 183 Entretien de Human Rights Watch avec le chef comptable, hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 23 juin 2006. 184 Entretiens de Human Rights Watch avec le personnel des hôpitaux Roi Khaled et Prince Régent Charles, 23 juin 2006. 185 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec le directeur administratif et financier, clinique Prince Louis Rwangasore, Bujumbura, 19 juin 2006. 186 Entretien de Human Rights Watch avec Jerôme N., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 23 juin 2006. 187 Entretien de Human Rights Watch avec Augustin M., hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura, 23 juin 2006. 188 Entretien de Human Rights Watch avec Jerôme N., hôpital Roi Khaled, Bujumbura, 23 juin 2006, et avec Augustin M. et Adèle A., hôpital Prince Régent Charles, Bujumbura, 23 juin 2006. 189 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Dr. Julien Kamyo, chef de cabinet, Ministère de la santé, Bujumbura, 13 février 2006. 190 Déclaration dAbuja sur le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses liées, http://www.uneca.org/ADF2000/Abuja%20Declaration.htm (consulté le 37 juillet 2006). 191 République du Burundi, Ministère de la santé, « Plan national de développement sanitaire 2006-2010, » pp. 48-49. 192 Ibid. 193 Entretien de Human Rights Watch/APRODH avec Dr. Julien Kamyo, chef de cabinet, Ministère de la santé, Bujumbura, 13 février 2006. 194 République du Burundi, « Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte contre la Pauvreté, » juillet 2006, p. 59. |