<<précédente | index | suivant>> VI. AngloGold Ashanti le Début des Opérations dExploration de lOrLinstallation du gouvernement de transition à Kinshasa en juin 2003 a déclenché une compétition féroce pour obtenir le droit dextraire lor de la RDC. De nombreuses compagnies minières ont cherché à décrocher ces droits afin de développer certaines parties de lancienne vaste concession dOKIMO, dans le Nord-Est du Congo. Alors que le gouvernement de transition navait quun contrôle administratif minimal sur certaines régions dans la concession dOKIMO et aucun sur dautres, ceci na pas empêché OKIMO de signer de nouveaux contrat, ni certaines compagnies privées étrangères de débuter des opérations dextraction et dexploration. En septembre 2004, onze compagnies minières avaient signé des contrats avec OKIMO pour explorer ou exploiter lor dans le Nord-Est du Congo, la majorité dentre elles étant sud-africaines.174
Compétition pour les droits dexploitation de lor dans les mines de MongbwaluAngloGold Ashanti Ltd. est lune des plus importantes compagnies de production dor au monde dont la majorité des parts est détenue par un conglomérat international, Anglo American plc.175 AngloGold Ashanti a vu le jour en octobre 2003 suite à la fusion de deux grandes entreprises africaines dextraction de lor : Ashanti Goldfields Ltd. et AngloGold Ltd. La concession aurifère très prometteuse du Nord-Est du Congo avait rejoint le porte-feuille dAshanti Goldfields en 1996 lorsque la compagnie a acquis des parts dans une opération de joint venture entre Mining Development International et OKIMO appelée Kilo-Moto International Mining s.a.r.l (KIMIN).176 Cette acquisition a donné à Ashanti Goldfields une partie des droits sur la très lucrative Concession 40 qui incluait 2 000 kilomètres carrés autour de Mongbwalu. La compétition pour le contrôle des concessions minières dans toute la RDC a été intense pendant la première guerre du Congo et la seconde en 1996 et 1998.177 Le Président Laurent Kabila a fréquemment renégocié des accords miniers au gré de ses intérêts, plongeant les entreprises dans une confusion totale. Ashanti Goldfields a temporairement perdu ses droits sur la Concession 40 en 1997 au profit de Russell Ressources International Ltd. dans des « circonstances inhabituelles »178 selon lexpression de la compagnie. Les droits de cette dernière ont été rétablis lannée suivante.179 Le 23 juin 2000, le partenariat entre OKIMO et Ashanti Goldfields a été officiellement établi sous la forme dune nouvelle joint venture appelée Ashanti Goldfields Kilo s.a.r.l. (AGK) remplaçant la défunte entité KIMIN.180 Un peu plus dun an plus tard, le 25 septembre 2001, le gouvernement du Président Laurent Kabila a approuvé un amendement au contrat de joint venture AGK accordant à lentreprise les droits miniers sur lensemble de la Concession 40, une zone de plus de 8 000 kilomètres carrés au cur de lIturi avec Mongbwalu au centre. Ceci représentait une augmentation considérable par rapport aux 2 000 kilomètres carrés achetés par la compagnie quelques années auparavant.181 LorsquAshanti Goldfields a fusionné avec Anglo Gold en octobre 2003, la Concession 40 a intégré le porte-feuille dAngloGold Ashanti. AngloGold Ashanti cherche à débuter les activités dexploration à Mongbwalu, 2003Lorsque le gouvernement de transition a été installé en juin 2003, il était censé contrôler tout le Congo mais dans de nombreuses régions, ce contrôle nétait pas effectif sur le terrain. LIturi comptait au nombre de ces régions. Ni lAssemblée intérimaire dIturi (avril 2003-juin 2004), ni un accord avec des groupes armés locaux (mai 2003) comme décrit plus haut nont réussi à faire en sorte que le gouvernement de transition administre effectivement cette région. Njabu, le chef du FNI et Lubanga, le chef de lUPC ont été convoqués à Kinshasa pour discuter du rétablissement de lordre en Ituri, en août 2003, en compagnie dautres responsables de groupes armés. Toutes les parties ont signé un protocole daccord pour mettre fin aux hostilités mais comme dautres accords précédents, ce dernier na pas été respecté. Les responsables du gouvernement de transition ont de fait retenu Njabu et Lubanga dans la capitale où ils logeaient au Grand Hôtel.182 Cependant leur résidence forcée à Kinshasa na pas matériellement changé la situation sur le terrain, peut-être parce quils étaient en relations téléphoniques fréquentes avec leurs partisans en Ituri.183 Pendant toute la dernière partie de lannée 2003 et jusquen 2004, les groupes armés ont continué à se livrer à des escarmouches entre eux et avec la MONUC, perpétrant des abus contre les civils dans tout lIturi. Les forces de maintien de la paix des Nations unies ont fait peu de progrès dans la majeure partie de la région bien quelles aient restauré lordre dans la capitale, Bunia. Le 7 mars 2003, avant le début du nouveau gouvernement de transition en RDC, le représentant dAngloGold Ashanti basé à Kinshasa, Trevor Schultz, a participé à une réunion du comité de direction avec leur partenaire de joint venture, OKIMO.184 Lors de cette réunion, les participants auraient discuté du lancement des activités de forage pour lexploration de lor à Mongbwalu.185 A cette époque, le FNI et larmée ougandaise étaient impliqués dans des opérations militaires dans des régions très proches de Mongbwalu. Ils ont attaqué et pris Kilo le 10 mars 2003, massacrant au moins une centaine de femmes et denfants et en enlevant de nombreux autres avant de se déplacer sur Mongbwalu, le 13 mars 2003. Entre mars et juin 2003, alors que les soldats ougandais se retiraient, les combattants du FNI ont établi un contrôle effectif sur la région de Mongbwalu par des moyens militaires, comme détaillé plus haut. Dans les mois qui ont suivi la réunion initiale du comité de direction au cours de laquelle AngloGold Ashanti a peut-être envisagé la reprise des activités à Mongbwalu, le FNI a exercé un contrôle de fait sur le terrain, y compris sur la Concession 40 et sur les gens dans la région. Le FNI tenait laéroport et contrôlait laccès par les routes si bien que les voyageurs avaient besoin de lautorisation du FNI pour entrer dans la région et en sortir. Les combattants FNI contrôlaient également lentrée et la sortie des mines et avaient mis en place un système de collecte dimpôts pour toute entrée à Mongbwalu ou dans les mines.
A la fois pendant les opérations militaires et après avoir pris le contrôle effectif de la région, les combattants FNI ont commis de graves abus contre les droits humains et des violations du droit international humanitaire. En juillet 2003, les violations des droits humains en Ituri avaient été détaillées dans des rapports de Human Rights Watch, dans ceux dautres organisations et dans la presse186 et le procureur de la Cour pénale internationale avait annoncé que les crimes commis pendant les combats en Ituri seraient la cible de ses premières investigations.187 En octobre 2002, juin 2003 et octobre 2003, le panel dexperts des Nations unies a détaillé les liens entre exploitation des ressources naturelles et poursuite de la guerre avec les abus qui lui sont liés, notamment en Ituri. Dans une annexe de son rapport doctobre 2002, le panel dexperts des Nations unies détaillait ses préoccupations relatives au respect, par quatre-vingt-cinq entreprises multinationales opérant en RDC, des Principes directeurs de lOCDE pour les entreprises multinationales dont Ashanti Goldfields (le prédécesseur dAngloGold Ashanti).188 Ashanti Goldfields a réfuté ces allégations dans une réponse dune page adressée au panel début 2003.189 Aucune autre investigation na été conduite et dans son rapport final, le panel a conclu que toutes les questions en suspens avec Ashanti Goldfields et quarante-et-une autres entreprises avaient été réglées.190 Le panel a cependant ajouté une importante mise en garde dans son rapport final en insistant sur le fait que « la résolution ne devait pas être vue comme invalidant les conclusions précédentes du panel concernant les activités de ces [compagnies] ».191 Il a donc laissé ouverte la question de savoir si des compagnies telles quAngloGold Ashanti avaient ou non violé les principes directeurs de lOCDE dans leurs activités (voir le Chapitre VII plus bas pour une discussion détaillée des principes directeurs de lOCDE et la RDC).192 Lattention portée par le panel à cette question et la réponse officielle dAshanti Goldfields ont illustré le fait que les représentants dAshanti avaient conscience des préoccupations exprimées par les Nations unies et dautres organisations sur le lien entre conflit et exploitation des ressources comme lor. En octobre 2003, les représentants dAngloGold Ashanti ont discuté avec deux vice-présidents et deux ministres congolais de leurs intentions de commencer les forages dexploration à Mongbwalu.193 Dans sa lettre du 7 décembre 2004 adressée à Human Rights Watch, la compagnie écrivait que « ces responsables [du gouvernement] soutenaient les intentions dAGK. »194 Selon un employé dAngloGold Ashanti, cest Jean-Pierre Bemba, vice-président du gouvernement de transition pour léconomie et les finances qui a suggéré que la compagnie traite avec le FNI. Cet employé de la compagnie a déclaré que Bemba leur avait dit : « Allez parler au petit gars au Grand Hôtel. »195 Njabu, petit par la taille, résidait alors encore au Grand Hôtel de Kinshasa. Lorsquun chercheur de Human Rights Watch la interrogé sur ce présumé échange, Bemba a répondu : « Je leur ai dit quils [AngloGold Ashanti] pouvaient commencer à exploiter les mines sils le voulaient. Ce nest pas moi qui ai signé leur contrat, cétait le gouvernement précédent. Pourquoi leur dirai-je de traiter avec le FNI ? Ils ne sont même pas dans le gouvernement. »196 Les discussions ont eu lieu quelques semaines seulement après un épisode de folie meurtrière, dans des régions à lest de Mongbwalu, dans la Concession 40, impliquant des combattants du FNI qui ont sauvagement tué des dizaines de civils. Dans une lettre de réponse en date du 13 décembre 2004 adressée à Human Rights Watch, AngloGold Ashanti a écrit que le vice-président Bemba avait assuré la compagnie que lIturi était une région sure et avait affirmé que M. Bemba « avait exhorté la compagnie à continuer son programme dexploration dans la région. »197 AngloGold Ashanti développe une relation avec le groupe armé FNIDautres graves questions subsistent relatives à la relation quAngloGold Ashanti a établie avec le FNI afin de faciliter ses activités dexploration à Mongbwalu. Les transactions officielles dAngloGold Ashanti et son contrat minier étaient établis avec le gouvernement de transition à Kinshasa mais le gouvernement ne contrôlait pas physiquement la région autour de Mongbwalu, le site minier clef. Si les ministres du gouvernement ont peut-être exprimé leur soutien au programme dexploration de lor dAngloGold Ashanti, comme le décrivent les lettres de la compagnie en date des 7 et 13 décembre 2004 à Human Rights Watch, un tel soutien verbal na eu que peu deffets pour changer les réalités sur le terrain. Mongbwalu était de facto sous contrôle du groupe armé FNI qui navait pas dautorité légale sur la concession dOKIMO et nétait pas un agent administratif légitime du gouvernement de transition. Il avait refusé le désarmement de ses combattants et la participation au processus de paix et il exerçait son contrôle en recourant délibérément à la force. Compte tenu que le gouvernement de transition nexerçait aucun contrôle sur Mongbwalu, les représentants dAngloGold Ashanti ont commencé à établir une relation avec le FNI, un groupe armé dont le bilan en matière de crimes contre les droits humains est atroce et qui a continué à commettre, sur une vaste échelle, de graves abus alors même que ses membres entamaient des discussions avec les représentants dAngloGold Ashanti.198 En entrant dans une relation avec le FNI qui disposait dun contrôle effectif sur la zone minière de Mongbwalu, AngloGold Ashanti a procuré au FNI des avantages matériels et un certain prestige, comme évoqué plus bas. Ces ressources ont pu en retour être utilisées pour approfondir le contrôle du FNI sur la région et contribuer à résister aux efforts du gouvernement de transition, des Nations unies et dautres acteurs pour mettre un terme à la violence et aux abus contre les droits humains en Ituri. Le début de la relation avec le FNI ne représentait pas le premier contact entre AngloGold Ashanti et un groupe armé responsable dabus contre les droits humains. En mai 2002, lorsque la guerre faisait encore rage dans le Nord-Est du Congo et plus dun an avant linstallation dun gouvernement national de transition, Ashanti Goldfields (lentreprise qui a précédé AngloGold Ashanti) a envoyé un représentant afin dévaluer la situation à Mongbwalu.199 Au cours des six mois qui suivirent, un représentant de la compagnie a pris contact avec le groupe armé UPC qui contrôlait alors Mongbwalu afin de discuter du début des activités dexploration de lor.200 LUPC avait acquis le contrôle de Mongbwalu et des régions environnantes après un affrontement avec les combattants lendu qui a fait environ 800 victimes civiles, beaucoup dentre elles massacrées à cause de leur appartenance ethnique. Fin septembre 2002, Lubanga, le leader de lUPC a demandé au directeur dOKIMO à Bunia, un partisan de lUPC, de formuler les conditions de lactivité minière une fois la prise de Mongbwalu par lUPC, comme décrit plus haut. Le responsable dOKIMO a répondu que concernant les négociations avec Ashanti Goldfields, lUPC devait fournir à OKIMO des directives claires ainsi quun soutien total. Il a déploré les dispositions du contrat de joint venture et a reproché à la compagnie dêtre « un acheteur arrogant. »201 Après que le FNI eut chassé lUPC de Mongbwalu dans la première moitié de 2003, AngloGold Ashanti était également prêt à la tenue de discussions avec eux. Suite à des discussions avec les responsables du gouvernement de transition, les représentants dAngloGold Ashanti ont rencontré Njabu, le président du FNI comme il aimait à se faire appeler, alors quil était à Kinshasa fin 2003 pour lui demander apparemment la permission de débuter les activités de forages exploratoires à Mongbwalu, démarche nécessaire puisque le FNI contrôlait physiquement les mines et le territoire environnant. Lors dun entretien avec un chercheur de Human Rights Watch, Njabu a déclaré : Le gouvernement ne viendra jamais à Mongbwalu. Cest moi qui ai donné à Ashanti202 la permission de venir à Mongbwalu. Je suis le patron de Mongbwalu. Si je veux les chasser, je le ferai. Ce nest pas Bemba qui contrôle ici. Le contrat pour Ashanti est passé avec le gouvernement mais cest nous [le FNI] qui contrôlons Mongbwalu donc ils doivent venir me voir sils veulent travailler là-bas.203 Suite à ces réunions avec les responsables dAngloGold Ashanti, Njabu a confirmé par écrit à la compagnie quelle pouvait commencer son travail à Mongbwalu et a informé dautres responsables du FNI, notamment le commissaire aux mines du FNI, M. Basiani et le commissaire à la défense du FNI, le Commandant Iribi Pitchou Mbodina, de sa décision, leur donnant pour instruction de coopérer avec la compagnie.204 Alors quAngloGold Ashanti recevait la permission du FNI de débuter les opérations à Mongbwalu, les combattants du FNI revenaient de leur campagne meurtrière de massacres ethniques commis entre juillet et septembre 2003 à Drodro, Nizi, Fataki, Bule et Largo, des villages proches de Mongbwalu où ils avaient abandonné certaines de leurs victimes, mortes, dans les rues, les bras liés, des bâtons dans lanus et certains parties du corps tranchées comme décrit plus haut. En établissant une relation avec le FNI aux bénéfices mutuels, AngloGold Ashanti pourrait avoir violé un embargo des Nations unies sur les armes dans lEst de la RDC. Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 1493 en juillet 2003 demandant « quaucune assistance directe ou indirecte, en particulier militaire ou financière, [ne soit] apportée aux mouvements et aux groupes armés présents en RDC. »205 Le Conseil a spécifiquement défini un embargo sur les armes pour « tous les groupes armés étrangers et congolais ainsi que les milices opérant sur le territoire du Nord et du Sud Kivu et en Ituri et pour tous les groupes ne participant pas à lAccord global et inclusif. »206 Le groupe dexperts des Nations unies enquêtant sur les manquements à lembargo sur les armes a affirmé, dans un rapport remis au Conseil de sécurité en janvier 2005, quAngloGold Ashanti a pu sans doute violer lembargo sur les armes par le biais de ses paiements directs et de lassistance apportés au FNI, un parti soumis à lembargo.207 Le groupe dexperts a sollicité le comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies pour une clarification supplémentaire de la question. Dans un courrier électronique envoyé à Human Rights Watch le 27 avril 2005, AngloGold Ashanti a écrit : « AngloGold Ashanti na nullement eu pour intention de violer lembargo soit en agissant seul, soit de concert avec un autre parti. »208 Si la compagnie na pas eu « lintention » de rompre lembargo, Human Rights Watch estime que la décision prise par AngloGold Ashanti de travailler dans un contexte de violence et de conflit, tel que celui de Mongbwalu, augmentait les risques et plaçait la compagnie sur le fil du rasoir en matière daffaires éthiques et responsables.
AngloGold Ashanti tire bénéfice de sa relation avec le groupe armé FNIAvec la permission du FNI de débuter les activités dexploration, les représentants dAngloGold Ashanti ont commencé à organiser des visites à Bunia et Mongbwalu à partir du bureau de la compagnie en Ouganda, une base dappui logistique beaucoup plus proche que le bureau de la compagnie à Kinshasa. Jean-Claude Kanku, consultant pour AngloGold Ashanti sest rendu à Bunia où il a été vu à plusieurs reprises en compagnie de représentants du FNI, dont le commissaire à la défense du FNI, le Commandant Iribi Pitchou qui a assumé les fonctions de responsable du FNI lorsque Njabu était retenu à Kinshasa.209 Lors dun entretien avec un chercheur de Human Rights Watch, le Commandant Pitchou a confirmé quil avait eu des contacts réguliers avec les représentants dAngloGold Ashanti à Bunia et en Ouganda.210 Une préoccupation essentielle pour le début des forages dexploration était la sécurité et les représentants de la compagnie dont Ashley Lassen (consultant et directeur du bureau dAngloGold Ashanti en Ouganda), Désiré Sangara (directeur du bureau dAngloGold Ashanti en RDC), Howard Fall (géologue et chargé de projet pour les opérations de Mongbwalu), Jean-Claude Kanku (consultant), accompagnés dun représentant dOKIMO ont consulté Emmanuel Leku, ladministrateur de lAssemblée intérimaire dIturi sur cette question en octobre 2003. Leku leur a affirmé quil était trop dangereux de se rendre à Mongbwalu et que son administration ne contrôlait pas la région.211 Les représentants ont également discuté de plans pour débuter les activités à Mongbwalu avec le chef du bureau de la MONUC à Bunia, Dominique Ait-Ouyahia McAdams. Son personnel et elle leur ont affirmé que le moment était mal choisi pour débuter les opérations à Mongbwalu.212 Occupés à tenter de réduire le pouvoir des groupes armés locaux, les employés de la MONUC étaient peu susceptibles dapporter leur soutien à tout type daccord qui aurait renforcé le FNI ou lui aurait accordé un certain prestige. A cause des préoccupations de sécurité, de moyens insuffisants et de complications logistiques, le volet maintien de la paix de la MONUC navait pas été déployé à Mongbwalu. En dépit des mises en garde de ladministrateur et des responsables de la MONUC, les représentants dAngloGold Ashanti se sont rendus à Mongbwalu en novembre 2003, accompagnés par le commissaire du FNI, le Commandant Ptichou, toujours responsable par intérim du FNI en labsence de Njabu. La visite dAngloGold Ashanti a eu lieu le même mois que la série darrestations arbitraires et dexécutions sommaires perpétrées contre les civils par les responsables et les combattants du FNI, à Mongbwalu, notamment le meurtre de M. Choms qui avait applaudi à larrivée dun avion des Nations unies dont il espérait quil apporterait la paix dans la région. Dans un entretien avec un chercheur de Human Rights Watch, le Commandant Pitchou a expliqué comment il avait aidé AngloGold Ashanti à sinstaller à Mongbwalu. Il a déclaré : Le Président Njabu avait donné à Ashanti lautorisation écrite à Kinshasa. Ashanti a dit quils reconstruiraient des routes et des hôpitaux pour nous ils nous ont promis ça. Jai emmené la délégation Ashanti à Mongbwalu en novembre 2003. On a tenu des réunions conjointes là-bas et rencontré de nombreux travailleurs. Pour dautres voyages, jai envoyé mon chef détat-major pour les accompagner. On est en contact régulier avec eux, même avec leur siège à Londres.213 Jai parlé moi-même avec M. Sangara [responsable dAngloGold Ashanti à Kinshasa] et avec Jean-Claude Kanku [consultant pour AngloGold Ashanti basé à Kampala]. On leur a donné des garanties de sécurité. »214 En novembre 2003, le 7 février, les 17 et 18 mars 2004, les représentants dAngloGold Ashanti notamment le chargé de projet désigné pour lopération, Howard Fall, le consultant, Jean-Claude Kanku et lingénieur, Mark Hanham, ont réalisé trois visites de sites à Mongbwalu, souvent accompagnés par des représentants du groupe armé FNI.215 A cette époque, les combattants FNI continuaient de se livrer à leur « chasse aux sorcières » à Mongbwalu et dans ses environs les plus proches contre les femmes hema et dautres opposants. Les victimes accusées de sorcellerie étaient souvent brutalement tuées après des cérémonies « de jugement » conduites par des responsables spirituels locaux (voir plus haut). En février 2004, Njabu a échappé à la garde des responsables qui le maintenaient à Kinshasa et en utilisant un faux nom et une route détournée est parvenu à atteindre Mongbwalu. Njabu a confié à ses partisans quil retournait à Mongbwalu pour profiter financièrement de la présence des nouveaux investisseurs.216 Peu de temps après son retour, Njabu a organisé une réunion publique afin de donner pour instruction à la population locale et aux combattants du FNI de ne pas sopposer au travail dAngloGold Ashanti.217 Il a ensuite installé son quartier général à Mongbwalu. Après la mission de mars, un responsable dAngloGold Ashanti, Howard Fall a rapporté par écrit que Njabu leur avait dit quils étaient « bienvenus dans la région et quils seraient autorisés à mener à bien leurs activités sans entrave aucune. » Il les a en particulier assurés quils « ne devaient pas sinquiéter de la présence dune milice armée. »218 Alors que les représentants dAngloGold Ashanti recevaient des garanties de sécurité, la population locale était traitée différemment. Tout au long du mois de février 2004 et au cours des mois qui ont suivi, les combattants du FNI ont fréquemment arrêté des civils qui ne sétaient pas acquittés « dimpôts » ou navaient pas participé à des travaux forcés, battant et torturant fréquemment leurs victimes (voir plus haut). A partir de mai 2004, AngloGold Ashanti a amené environ trente-cinq expatriés, des géologues, des ingénieurs et du personnel de sécurité à Mongbwalu afin quils assistent la compagnie dans ses activités de forages exploratoires.219 Les responsables de la compagnie ont évoqué publiquement le lancement des activités minières à Mongbwalu en affirmant que la région était « une vaste province dor ».220 Charles Carter, vice-président dAngloGold Ashanti a affirmé, dans un forum minier, que la compagnie avait pris des dispositions pour « débuter les forages dexploration sur le gîte de Kimin [OKIMO] dans la région de lIturi en RDC, » ajoutant « alors que cet environnement est de toute évidence très difficile actuellement, nous nous réjouissons de lopportunité dexplorer pleinement les propriétés que nous avons au Congo, estimant que nous avons maintenant accès à des perspectives de croissance potentiellement excitantes en Afrique centrale. »221 Il nest pas surprenant que la sécurité pour le personnel et les biens de la compagnie en Ituri ait été une question importante. AngloGold Ashanti a passé un contrat avec la compagnie de sécurité privée ArmorGroup International Ltd. pour que soient mis à disposition des gardes armés sur les sites de ses activités et dans les habitations du personnel de la compagnie.222 Grâce à la relation établie avec le FNI, AngloGold Ashanti a pu accéder aux régions productrices dor à Mongbwalu pour se livrer à des forages dexploration, bénéficiant dune sécurité contre toute attaque des milices locales. Howard Fall, responsable du projet AngloGold Ashanti à Mongbwalu, a confirmé que la compagnie avait des contacts avec le FNI et que le groupe armé avait autorisé la compagnie à travailler à Mongbwalu mais il a ajouté « quil ny avait pas de relation avec Njabu. »223 Dautres employés dAngloGold Ashanti ont exprimé des points de vue différents. Un certain nombre de témoins ont raconté à un chercheur de Human Rights Watch quun consultant dAngloGold Ashanti avait des contacts fréquents avec les responsables du FNI, dont Njabu, agissant souvent comme un pont entre la compagnie et le groupe armé.224 Human Rights Watch a également appris quAngloGold Ashanti savait que des difficultés étaient possibles en cas de relation directe avec le FNI et a donc employé des consultants pour faciliter de telles discussions.225 Dans son courrier électronique du 27 avril 2005 adressé à Human Rights Watch, la compagnie a réfuté les allégations même si elle a ajouté que « lorsquil y avait eu un contact inévitable avec le FNI », la compagnie avait tenté de veiller à ce que ce contact soit « transparent » et « soit directement entre nous et la milice. »226 Bénéfices pour le groupe armé FNIGrâce à sa relation avec AngloGold Ashanti, le FNI a obtenu dimportants bénéfices pour le mouvement et certains de ses responsables. Le consultant local de la compagnie à Mongbwalu a affirmé quil avait déclaré au FNI : « On ne pouvait pas les aider directement mais on pouvait les assister dautres façons. »227 Lorsque Njabu a demandé de largent au consultant dAngloGold Ashanti basé en Ouganda, Ashley Lassen, il la obtenu. Lassen a déclaré à un chercheur de Human Rights Watch, en mai 2004, que la situation était complexe. « On ne veut pas écarter Njabu, » a-t-il déclaré. « Il a besoin de se sentir inclus. Il veut juste de largent et après il partira. On lui en a donné un peu, quelques centaines de dollars ici et là mais cest tout. On sait comment traiter avec des gens comme lui. »228 Un autre observateur bien placé pour témoigner des événements à Mongbwalu a également affirmé à Human Rights Watch que des paiements étaient effectués par AngloGold Ashanti au profit du FNI même sil pensait que les montants versés étaient plus élevés.229 Interrogé sur les paiements effectués au profit du FNI lors dun entretien avec les chercheurs de Human Rights Watch en juillet 2004, Howard Fall dAngloGold Ashanti a fermement démenti toute forme dassistance financière auprès du FNI.230 Les démentis sur lassistance financière apportée au groupe armé FNI ont été contredits par AngloGold Ashanti, en février 2005 lorsque le porte-parole de la compagnie, Steven Lenahan, a été cité dans plusieurs articles de presse détaillant les paiements effectués par la compagnie au profit du FNI.231 En réponse à des questions de Human Rights Watch relatives à de tels paiements, AngloGold Ashanti a répondu dans un courrier électronique en date du 27 avril 2005 quAngloGold Ashanti avait effectué un paiement de 8 000 USD au FNI en janvier 2005, « à contre cur et sous la contrainte », après que le FNI eut menacé la « sécurité du personnel et des biens de la compagnie. »232 Dans le même courrier électronique, AngloGold Ashanti a ajouté que la compagnie avait cherché les conseils du Commissaire de district basé à Bunia avant deffectuer le paiement, bien que la compagnie ait souligné que le paiement « navait jamais été approuvé par les responsables de la gestion à AngloGold Ashanti » et que de tels paiements nétaient « pas cohérents avec les principes dAngloGold Ashanti en matière daffaires. »233 AngloGold Ashanti a ensuite confirmé dans son courrier électronique du 27 avril 2005 que la compagnie avait payé au FNI une taxe de six cents par kilogramme de marchandise débarqué par avion dans laéroport local de Mongbwalu. AngloGold Ashanti a affirmé que ceci était « une pratique courante » jusquen septembre 2004 lorsque ce fait était parvenu à la connaissance des responsables de la compagnie à Kinshasa et que compte tenu « du fait que ceci enfreignait les dispositions de la résolution des Nations unies, cette pratique avait cessé. »234 Le porte-parole dAngloGold Ashanti a affirmé à des journalistes que la compagnie estimait toujours que les risques associés aux opérations à Mongbwalu étaient « gérables. »235 En plus des paiements décrits plus haut, AngloGold Ashanti a fourni diverses autres formes de soutien au groupe armé FNI à Mongbwalu, notamment une certaine assistance en matière de logistique et de transport. Dans un environnement dextrême pauvreté, dinfrastructures minimales et dinsécurité continue, une telle assistance était importante pour les activités du FNI. Dans le contexte de lIturi, AngloGold Ashanti savait, ou aurait dû savoir que le groupe armé du FNI auquel elle apportait son assistance était responsable dabus contre les droits humains de grande ampleur. Njabu et dautres représentants de haut rang du FNI ont si souvent utilisé les véhicules 4X4 dAngloGold Ashanti que la compagnie a commencé à insister pour que des demandes soient formulées par écrit afin que lorganisation des transports puisse être mieux planifiée.236 AngloGold Ashanti a également permis aux responsables du FNI de voyager sur des avions quelle avait loués pour des vols effectués entre Mongbwalu et Beni ou Kampala.237 Pendant toute la fin de lannée 2003 et en 2004, alors que les responsables du FNI bénéficiaient de tant davantages de la part dAngloGold Ashanti, les combattants du FNI continuaient dappliquer leurs politiques de chasse aux sorcières, détentions arbitraires, torture et travaux forcés. Certaines victimes ont été si violemment brutalisées pour ne pas avoir payé des impôts ou mis en application la politique de travaux forcés du FNI quelles ont fui à Bunia ou dans dautres endroits à des centaines de kilomètres, à la recherche de sûreté (voir plus haut). Un groupe dexperts des Nations unies en charge de lobservation de lembargo sur les armes dans lEst de la RDC a rapporté, en janvier 2005, quAngloGold Ashanti avait également fourni une maison à Mongbwalu au responsable du FNI, Njabu.238 Lorsque Human Rights Watch a interrogé Njabu à Mongbwalu en mai 2004, il vivait dans une maison sur la concession dAGK (entreprise dans laquelle AngloGold Ashanti est un actionnaire majoritaire). Les chercheurs de Human Rights Watch ont pu constater sur place que la maison de Njabu était gardée par des combattants du FNI, dont des enfants soldats et quelle était utilisée comme quartier général principal du groupe armé FNI. De nombreuses réunions du FNI pour planifier laction et élaborer des stratégies se sont tenues dans cette maison. Lorsque les chercheurs de Human Rights Watch ont obtenu de rencontrer Njabu et dautres membres du groupe armé FNI, ils ont été dirigés vers la maison de Njabu, dans la concession AGK.239 Dans son courrier électronique du 27 avril 2005 adressé à Human Rights Watch, AngloGold Ashanti a confirmé que le FNI occupait plusieurs des maisons sur la propriété acquise par la compagnie « sans avoir cherché notre permission ni reçu notre accord. »240 AngloGold Ashanti na pas évoqué comment ses représentants locaux qui vivaient dans une autre maison sur la propriété, quelques centaines de mètres plus loin avaient réagi à cela. La compagnie na pas mentionné si des conseils avaient été demandés auprès du siège concernant cette question ou si des mesures avaient été prises pour chasser le FNI de la propriété de la compagnie. En plus de ces bénéfices matériels, les représentants dAngloGold Ashanti sont également intervenus auprès des autorités locales et des responsables des Nations unies au nom du FNI, tant pour des individus que pour le groupe lui-même. Lors de lune de ces occasions, un consultant dAngloGold Ashanti, Ashley Lassen a intercédé auprès des responsables de la MONUC. Dans un courrier électronique envoyé le 20 mars 2004 à des responsables de haut rang de la MONUC basés en Ituri, Lassen a exprimé son point de vue selon lequel le FNI était fatigué de lutter et voulait un accord pacifique, si la sécurité personnelle de ses hommes pouvait être garantie. Il a poursuivi en persuadant la MONUC « dadopter une position de conciliation dans les affaires conclues avec certains des groupes armés.241 La MONUC a perçu ce courrier électronique comme une tentative pour chercher à obtenir des faveurs au profit du groupe armé FNI.242 Le FNI a encore tiré avantage de sa relation avec AngloGold Ashanti. Son association avec une entreprise multinationale puissante et riche offrait une possibilité pour augmenter la légitimité du groupe localement et nationalement. Des commentateurs à Kinshasa ont noté que peu parmi les hommes politiques nationaux sétaient intéressés à Njabu jusquà ce quAngloGold Ashanti ait exprimé son désir de débuter les activités à Mongbwalu. Dans un entretien avec Human Rights Watch, Njabu a remarqué que le Président Kabila et le vice-président Bemba lavaient contacté directement en lien avec lactivité minière autour de lor de Mongbwalu. Pour Njabu, un tel contact représentait la légitimisation de sa position.243 Une personne à Kinshasa faisait remarquer : « Njabu a maintenant un pouvoir à cause de lor quil contrôle et [de la présence] dAngloGold Ashanti. Cest son as et il va lutiliser pour obtenir du pouvoir à Kinshasa. »244 De telles intentions ont été encore davantage précisées avec le courrier électronique du 27 avril 2005 adressé par AngloGold Ashanti à Human Rights Watch dans lequel la compagnie affirmait que les fonds quelle payait devaient être utilisés pour « des réunions du FNI avec le gouvernement et dautres organisations politiques » à Kinshasa.245 Au niveau local, le contact avec AngloGold Ashanti était également perçu comme utile pour le FNI. Un ouvrier à Mongbwalu a résumé la situation en disant : « Ashanti va donner de la dignité au FNI. »246 Lorsque Njabu est rentré à Mongbwalu en février 2004, un autre analyste local a conclu quil avait agi ainsi pour sassurer quil serait linterlocuteur clef de la compagnie, ajoutant « ceci va devenir la base du pouvoir de Njabu. »247 Pour un sénateur de Kinshasa, la relation entre une multinationale si puissante et le FNI était susceptible de renforcer politiquement le groupe armé et était tout simplement « dangereuse ».248 Position dAngloGold Ashanti concernant ses contacts avec le FNIDans une lettre du 7 décembre 2004 à Human Rights Watch, AngloGold Ashanti a écrit que AGK, sa joint venture avec OKIMO, navait « aucune relation de travail ou dun autre ordre avec le FNI. »249 Cette position semblait contredire des informations contenues ailleurs dans la même lettre concernant de fréquents contacts entre les représentants dAGK et les responsables du FNI, contacts qui ont en effet rendu possible le début du travail dAGK à Mongbwalu. La lettre faisait état du fait que les officiels dAGK avaient rencontré, fin 2003, F. Ndgabu (sic), le Président du FNI, à Kinshasa pour discuter du souhait de lentreprise de se rendre à Mongbwalu afin dévaluer les possibilités de lancement du travail là-bas. Selon la lettre, le président du FNI « sidentifiait aux intentions dAGK et a écrit à ses représentants à Bunia et Mongbwalu exprimant son soutien au commencement du travail par AGK. » La lettre affirmait également que les officiels dAGK avaient rencontré le FNI en mars, mai, juillet et septembre 2004 afin que AGK puisse définir son programme de travail. Dans le courrier électronique du 25 avril 2005 adressé à Human Rights Watch, AngloGold Ashanti affirmait : « Ce nest ni la politique, ni la pratique de cette compagnie de chercher à établir des relations de travail continues avec des milices dans des zones de conflit. » Dans le même courrier, la compagnie admettait quil y avait eu un contact entre « léquipe de gestion de la compagnie et le FNI » mais elle ajoutait que ces contacts avaient été « inévitables » et dans les cas où ils sétaient produits, la compagnie avait « tenté de maintenir le contact à un niveau minimum et avait veillé à ce que les réunions et leurs conclusions soient communiquées à toutes les parties intéressées. » Human Rights Watch a obtenu des documents et des témoignages reflétant les contacts fréquents entre AngloGold Ashanti et des responsables de haut rang du FNI notamment sur des réunions qui se sont tenues, la permission écrite accordée et les paiements effectués au profit des représentants du FNI.250 Ces informations jettent un doute certain sur laffirmation dabsence de relation de travail ou dun autre type entre la compagnie, son partenaire de joint venture AGK et le groupe armé du FNI et sur le caractère « inévitable » de tels contacts comme le suggéraient la lettre dAshanti en date du 7 décembre 2004 et le courrier électronique du 27 avril 2005 adressés à Human Rights Watch. Au vu des circonstances sur le terrain, Human Rights Watch estime quAngloGold Ashanti na probablement pas pu travailler à Mongbwalu sans une telle relation avec un groupe armé qui contrôlait effectivement laccès aux mines notamment tout laccès par la route et par laéroport et qui contrôlait militairement la ville et les régions environnantes. Njabu lui-même a clairement évoqué cette réalité lorsquil a affirmé à Human Rights Watch : « Je suis le patron à Mongbwalu. Si je veux chasser [AngloGold Ashanti], je le ferai. »251 La lettre dAngloGold Ashanti en date du 7 décembre 2004 affirmait que la décision dAGK de débuter son travail à Mongbwalu était « fondée sur une évaluation critique de la situation en matière de sécurité et la conviction que la population semblait bien disposée envers lexploration et les opérations minières dans la région. » La décision en octobre 2003 de la compagnie de recommencer les activités dans la région minière de Mongbwalu riche en or est arrivée quelques semaines seulement après les attaques du FNI contre des villages situés juste 30 kilomètres à lest de Mongbwalu où des dizaines de civils ont été tués, notamment des patients dans les hôpitaux, des femmes et des enfants et où des centaines dautres ont été forcés de fuir (voir plus haut). Par les instructions données aux combattants de sa milice, par des apparitions publiques en compagnie de représentants dAGK et par des instructions aux habitants du coin lors dune réunion publique, toutes détaillées plus haut, les responsables du FNI ont fourni les garanties dont AGK avait besoin tant sur la sécurité en général que sur lattitude de la population. Dans sa lettre du 7 décembre 2004 adressée à Human Rights Watch, AngloGold Ashanti a écrit que « des mesures ont été prises pour garantir que les droits humains seront en permanence respectés » et que AGK va « sassurer que les transactions avec des organisations locales et dautres, notamment la délégation des responsabilités sociales, sont conclues selon des critères respectant les normes raisonnables de bonne gouvernance. » La compagnie a affirmé quelle avait donné des « consommables et des fournitures » à lhôpital local et à lécole, quelle avait remplacé la pompe à lhôpital et réalisé des réparations mineures sur les routes, comme décrit dans la même lettre. Ces bénéfices ont été accordés aux autorités locales de Mongbwalu, autorités nommées par le FNI ou dépendantes de ce groupe armé pour exercer leur autorité. Mais faire des dons dans un environnement comme celui de Mongbwalu nest pas politiquement neutre et pourrait avoir contribué à accroître le prestige du FNI. La dynamique de la façon dont le FNI souhaitait tirer avantage de la présence dAngloGold Ashanti à Mongbwalu a été expliquée à un chercheur de Human Rights Watch par le Commandant Pitchou du FNI : Nous étions daccord avec [AngloGold] Ashanti que toutes les plaintes de la population locale contre la compagnie seraient organisées via le FNI. On ferait passer ces plaintes à Ashanti. Nous avons également affirmé que nous voulions organiser une structure comme une ONG, pour faire linventaire de toutes les questions de développement à Mongbwalu Ils étaient contents que le FNI crée une ONG quAshanti allait financer. On a même le compte-rendu de ces réunions au bureau du FNI à Mongbwalu.252 Incapacité à respecter les droits humains, les normes internationales et les critères en matière daffairesLe Congo se trouve dans une phase critique de sa transition vers létat de droit et a besoin des investissements des entreprises pour laider à générer des revenus, réparer une infrastructure brisée et revitaliser léconomie. Cette implication du monde des affaires doit soutenir le développement économique et politique et non pas aller à son encontre. Dans un environnement de conflit continu, comme dans le Nord-Est de la RDC, de grandes entreprises multinationales doivent sassurer que leurs activités ne soutiennent en aucune façon, directement ou indirectement, les groupes armés responsables dabus contre les droits humains de grande ampleur.
Sil revient principalement à lEtat de promouvoir les droits humains et de garantir leur respect, les grandes entreprises doivent également assumer un certain nombre de responsabilités, comme le reconnaissent de plus en plus le droit et les normes internationales. En août 2003, un groupe dexperts des Nations unies a adopté un Projet de normes sur la responsabilité en matière de droits de lHomme des sociétés transnationales et autres entreprises, signalant ainsi un consensus de plus en plus important sur les normes en matière de responsabilité des entreprises. Les normes sont basées sur un large éventail dinstruments internationaux reconnus dont la Déclaration universelle des drois de lHomme, les conventions internationales comme celles sur la torture, le génocide, lesclavage et les droits de lenfant, les Conventions de Genève et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, entre autres. Ces normes des Nations unies aident à clarifier le cadre légal international dans lequel sinscrivent les obligations des compagnies en matière de droits humains. Elles établissent en particulier que les compagnies ont « la responsabilité de promouvoir, dassurer la réalisation, de respecter, de faire respecter et protéger les droits de l'homme reconnus tant en droit international qu'en droit interne.259 Il est ajouté plus loin dans ces normes que les compagnies ont lobligation de ne pas participer à ou de ne pas tirer profit des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, ni de la torture, des disparitions forcées, du travail forcé ou obligatoire, tels que définis par le droit international.260 Il ne semble pas quAngloGold Ashanti ait respecté ces obligations dans ses activités à Mongbwalu. Par le biais de létablissement dune relation mutuellement bénéfique avec un groupe armé responsable de crimes de guerre et de crimes contre lhumanité, AngloGold Ashanti na pas réussi à respecter ses obligations pour assurer le respect des droits humains. Les propres principes dAngloGold Ashanti en matière de conduite des affaires affirment que lentreprise sefforce de sassurer que « les communautés [hôtes] vivent mieux du fait de la présence dAngloGold Ashanti » et sengage à chercher « des relations mutuellement bénéfiques et éthiques sur le long terme avec les personnes avec lesquelles nous faisons des affaires. »261 Lentreprise AngloGold Ashanti sest elle-même engagée à respecter, dans ses opérations mondiales, toutes les lois, régulations, normes et conventions internationales applicables à ses affaires dans le domaine de la protection des droits humains dont la Déclaration universelle des droits de lhomme, la Convention de lorganisation internationale du travail (OIT) relative aux principes et droits fondamentaux, les principes et valeurs évoqués dans le Global compact des Nations unies262 et les Principes directeurs de lOrganisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) pour les entreprises multinationales.263 En septembre 2002, AngloGold a signé un important accord avec la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de lénergie, des mines et des industries diverses (ICEM) forte de 20 millions dadhérents pour promouvoir et respecter les droits humains et les droits des syndicalistes, la santé et la sécurité, la protection de lenvironnement et la promotion de bonnes relations avec les communautés minières locales dans toutes ses opérations partout dans le monde.264 Les propres principes dAngloGold Ashanti affirment par ailleurs quAngloGold Ashanti va promouvoir lapplication de ces principes « avec ceux avec lesquels elle fait des affaires » et que lacceptation de ces principes est « un facteur important dans notre décision dentrer dans une relation et de rester dans une telle relation. »265 AngloGold Ashanti na pas réussi, dans ses opérations à Mongbwalu, à respecter ses propres principes dans la conduite des affaires comme le détaille ce rapport. Lorsquelle a décidé détablir une relation avec le groupe armé FNI, lentreprise na pas respecté ses propres normes internes consistant à promouvoir ses principes dans la conduite des affaires auprès de ceux avec lesquels elle traite. Au cours de sa recherche, Human Rights Watch nest pas parvenu à identifier les mesures effectivement prises par la compagnie pour garantir le respect des droits humains dans un contexte marqué par la grande vulnérabilité sur place des civils et la poursuite dun conflit. En tant quentreprise multinationale jouissant dune influence considérable, Human Rights Watch estime quAngloGold Ashanti aurait dû exercer des pressions pour inciter les acteurs locaux à respecter les droits humains et quelle aurait dû faire du respect de tels engagements une condition à ses activités dexploration de lor. Comme décrit plus tôt, dans une annexe à son rapport doctobre 2002, le panel dexperts des Nations unies a détaillé ses préoccupations sur le respect des Principes directeurs de lOCDE pour les entreprises multinationales par quatre-vingt-cinq entreprises multinationales opérant en RDC dont Ashanti Goldfields (le prédécesseur dAngloGold Ashanti).266 Les principes directeurs de lOCDE sont des recommandations adressées directement aux compagnies consignant « des attentes communes pour la conduite des affaires. » Ces principes sont le premier instrument international relatif à la responsabilité sociale des entreprises afin de fournir un mécanisme, soutenu par lEtat (mais volontaire) pour suivre et influencer le comportement des entreprises. Les principes directeurs offrent des normes de conduite dans tous les aspects clefs des opérations de la compagnie comme le respect pour les droits humains et le développement durable entre autres. Ces principes doivent être respectés quel que soit lendroit où opère la compagnie.267 En lien avec le rapport de 2002 du panel dexperts des Nations unies, Ashanti Goldfields a démenti tout manquement aux Principes directeurs de lOCDE dans une réponse dune page adressée au panel début 2003.268 Aucune autre investigation supplémentaire na été conduite et dans son rapport final, le panel affirmait que tous les problèmes avec Ashanti Goldfields et quarante-et-une autres compagnies avaient été réglés.269 Des questions doivent cependant être soulevées sur le respect par AngloGold Ashanti des Principes directeurs de lOCDE dans ses activités à Mongbwalu depuis 2003. La relation dAngloGold Ashanti avec le FNI et le soutien que lentreprise a fourni à ce groupe armé responsable dabus contre les droits humains de grande ampleur semblent être en violation des Principes directeurs de lOCDE en matière de respect des droits humains. De nombreuses entreprises impliquées dans les industries extractives sont tombées daccord sur un ensemble de Principes volontaires relatifs à la sécurité et aux droits humains.270 AngloGold Ashanti na pas encore souscrit à ce code mais ces principes fournissent des lignes directives qui auraient pu lui être utiles pour décider quand et dans quelles circonstances débuter les opérations à Mongbwalu. Le code demande aux entreprises : AngloGold Ashanti a développé une relation avec le groupe armé FNI dont les abus contre les droits humains et le droit international humanitaire étaient déjà bien connus à lépoque. Pendant la première année des opérations dAngloGold Ashanti à Mongbwalu, les chercheurs de Human Rights Watch ont rencontré le représentant dAngloGold Ashanti en février, mai et juillet 2004, soulignant leurs préoccupations en matière de droits humains concernant le FNI et dautres groupes armés opérant en Ituri, notamment les massacres ethniques de grande ampleur, les détentions arbitraires, les exécutions sommaires, le recours à la torture et à dautres formes de mauvais traitement et les violences sexuelles. Comme ses représentants lont affirmé aux chercheurs de Human Rights Watch, AngloGold Ashanti na pas soulevé la question des droits humains avec le FNI et na pas non plus exigé que cessent leurs abus. Dans sa lettre du 7 décembre 2004, AngloGold Ashanti a affirmé quelle nétait pas en position dimposer des conditions au FNI puisquelle « navait pas de relation de travail ou de relations dun autre type avec le FNI », une affirmation non cohérente avec les informations présentées dans ce rapport. Avant et pendant la période de sa relation avec AngloGold Ashanti, le groupe du FNI exploitait illégalement les mines et procédait au commerce de lor dans une région quil avait prise par la force des armes. Le pouvoir quil exerçait à Mongbwalu passait par un recours à la force et de graves abus contre les droits humains. En échange de garanties sur la sécurité de ses opérations et de son personnel et de laccès aux sites miniers, AngloGold Ashanti a fourni un certain soutien financier et matériel au FNI. Le FNI a également tiré un bénéfice politique de sa relation avec AngloGold Ashanti puisquil y a puisé une force accrue pour résister aux efforts du gouvernement national pour le soumettre à son contrôle. Compte tenu du conflit en cours en Ituri, des abus systématiques et de grande ampleur dans la région, de linfluence politique et militaire que pouvait retirer un groupe armé dune relation avec une multinationale minière majeure, AngloGold Ashanti aurait dû attendre avant de relancer ses activités de forages exploratoires à Mongbwalu. La compagnie ne semble pas lavoir fait. Les considérations daffaires lont emporté sur le respect des droits humains. AngloGold Ashanti na pas réussi, dans ses opérations à Mongbwalu, à respecter ses propres principes de conduite des affaires en matière de droits humains et a échoué à suivre les normes internationales en la matière qui régissent le comportement des compagnies internationalement. Human Rights Watch na pas été en mesure didentifier des mesures effectives prises par lentreprise pour sassurer que ses activités navaient pas un impact négatif sur les droits humains. AngloGold Ashanti devrait cesser immédiatement toute relation avec le FNI et envisager de suspendre temporairement ses activités minières dexploration à Mongbwalu jusquà ce que de telles opérations puissent apporter une contribution positive à la vie des gens sur place. Le prix de lor sur les marchés mondiaux est actuellement à son niveau le plus élevé depuis une décennie. Les experts de lindustrie estiment que le prix pourrait encore augmenter à cause dune pénurie dans la production dor neuf.271 La recherche de nouvelles sources de minerais et le prix actuellement élevé de lor vont probablement stimuler la demande pour de nouvelles mines dor. Toute compagnie minière cherchant à sengager dans les régions riches en or du Nord-Est du Congo doit sassurer que ses activités ne contribuent pas à approfondir le conflit et les abus contre les droits humains. Les citoyens du Nord-Est du Congo devraient bénéficier de leurs ressources en or et non pas les vivre comme un fléau. [174] Entretien conduit par Human Rights Watch avec les managers dOKIMO, Kinshasa, 1 mars et 2 octobre 2004. [175] Anglo American plc possède 54% de AngloGold Ashanti. Les compagnies ont des structures de gestion distinctes même si certains responsables clefs se retrouvent dans les deux compagnies. [176] De tels contrats sont désignés par lexpression « contrats damodiation ». Dans ce cadre, OKIMO en tant que détenteur de la concession minière cède, moyennant une redevance périodique, les droits dexploitation et dexploration à une tierce partie. Le contrat entre MINDEV et OKIMO a été signé le 10 octobre 1991. OKIMO y détient 51% des parts. [177] La première guerre du Congo a débuté en octobre 1996 et a duré jusquen avril 1997 lorsque les forces de Laurent Kabila ont renversé le Président Mobutu Seso Seko. La seconde guerre du Congo conduite par des groupes rebelles soutenus par lOuganda et le Rwanda a débuté le 2 août 1998 et a pris officiellement fin en juin 2003 avec linstallation du gouvernement de transition à Kinshasa. En dépit de la fin officielle de la guerre, la paix na pas gagné de vastes régions de lEst de la RDC. [178] Fax de Steven Lenahan, Executive Officer, Corporate Affairs, AngloGold Ashanti à Anneke Van Woudenberg, Human Rights Watch, 7 décembre 2004. Document archivé à Human Rights Watch. [179] Voir Vincent tSas, Ashanti to fight Kabilas Congo in Court, Reuters, 15 avril 1998 ; Erik Kennes, Le secteur mineur au Congo: Deconnexion et Descente aux Enfers, LAfrique des Grands Lacs, Annuaire 1999-2000, 2000; IPIS, The Political Economy of Resource Trafficking in the DRC, septembre 2003, p. 20 ; New Mining Imbroglio in Congo, African Energy and Mining, 13 mai 1998 ; William Wallis, New Congo Terminates Kilomoto Gold Contract, Reuters News, 10 septembre 1997; Els Botje, Ashanti finally gains control of Congo Mine, Reuters News, 20 novembre 1998. Voir également « Mining Convention between OKIMO and Russell Resources International Ltd », Projects Kilo and K.M.R., novembre 1997 et Ministère des mines, Arrêté ministériel No. 0225/CAB.MINES/00/ MN/98, signé par Frédéric Kibassa-Maliba, 4 novembre 1998. Documents archivés à Human Rights Watch. [180] Document interne dOKIMO, Argumentaire de LOKIMO pour léquilibre des intérêts dans AGK, septembre 2003. Egalement Décret présidentiel No 090 Autorisant les modifications apportées aux statuts de KILO-MOTO Mining International, en abrégé KIMIN, S.A.R.L. Kinshasa, 23 juin 2000. [181] Avenant au Contract dAmodiation, signé par Pasteur Cosma Wilungula, OKIMO et Trevor Schultz, Ashanti Goldfields, 25 septembre 2001. [182] Entretiens conduits par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, 7 octobre 2003 et dautres responsables du gouvernement, 7-9 octobre 2003. [183] Entretiens conduits par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, 7 octobre 2003 et Thomas Lubanga, 8 octobre 2003. Au cours de ces entretiens, chacun des deux leaders a fréquemment répondu à des appels téléphoniques quils affirmaient provenir dIturi. [184] Human Rights Watch a demandé la confirmation de cette réunion ainsi que des détails supplémentaires à AngloGold Ashanti. Au moment de lécriture de ce rapport, aucune réponse navait été apportée à notre demande. [185] Congo: The People Behind Ashantis Return, Africa Mining Intelligence No 57, 12 mars 2003. [186] En plus de deux rapports détaillés de Human Rights Watch, il y avait également des rapports dAmnesty International, « RD Congo: Un besoin de protection, une soif de justice », octobre 2003 ; International Crisis Group, « Congo Crisis: Military Intervention in Ituri », 13 juin 2003 et plus tard, en 2004 un rapport du Conseil de sécurité des Nations unies, Special Reports on Events in Ituri. Il y avait également dinnombrables articles dans la presse. [187] Le 6 juillet 2003, le Procureur en chef de la Cour pénale internationale a annoncé son intention de suivre de très près la situation en Ituri. Voir le communiqué de presse de la CPI à www.icc-cpi.int/press/pressreleases/67.html. [188] Ibid., Annexe III du Rapport du panel dexperts des Nations unies, octobre 2002. [189] Ibid., Addenda au Rapport du panel dexperts des Nations unies, 20 juin 2003, Réponse No. 15. [190] Ibid., Rapport du panel dexperts des Nations unies, octobre 2003. [191] Ibid., paragraphe 23. [192] Pour plus dinformations, voir Rights and Accountability in Development (RAID), Unanswered Questions: Companies, Conflict and the Democratic Republic of Congo, avril 2004 et le Groupe interpartis britannique sur la région des Grands Lacs, The OECD Guidelines for Multinational Enterprises and the DRC, février 2005. [193] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Ashley Lassen, représentant dAngloGold Ashanti, Bunia, 13 mai 2004. Voir également Brendan Ryan, Rumble from the Jungle, Financial Mail, Denver, 10 octobre 2003. [194] Ibid., Lenahan à Van Woudenberg, 7 décembre 2004. Document archivé à Human Rights Watch. [195] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des représentants dAngloGold Ashanti, Bunia, 13 mai 2004. [196] Entretien conduit par Human Rights Watch avec le vice-président Jean-Pierre Bemba, Kinshasa, 1er octobre 2004. [197] Fax de Steven Lenahan, Executive Officer, Corporate Affairs, AngloGold Ashanti à Anneke Van Woudenberg, Human Rights Watch, 13 décembre 2004. Document archivé à Human Rights Watch. [198] De nombreux rapports publics sur la situation en Ituri et les abus contre les droits humains commis par les groupes armés opérant sur place, notamment le FNI, étaient disponibles. En plus de deux rapports détaillés de Human Rights Watch, il y avait également des rapports dAmnesty International, DR of Congo: Ituri -- a need for protection, a thirst for justice, octobre 2003 ; International Crisis Group, Congo Crisis: Military Intervention in Ituri, 13 juin 2003 ; Conseil de sécurité des Nations unies, Special Reports on Events in Ituri, juillet 2004. En juillet 2003, le Procureur de la Cour pénale internationale a annoncé son intention de suivre de près la situation en Ituri. Il y avait également dinnombrables autres articles dans la presse. [199] Entretien conduit par Human Rights Watch avec les représentants dAngloGold Ashanti, Howard Fall et Jean-Claude Kanku, Kampala, 10 mars 2004. [200] Entretiens conduits par Human Rights Watch avec des représentants de haut rang de lUPC, Bunia, 21 février 2004. [201] Lettre du Directeur général, Etienne Kiza Ingani à Thomas Lubanga, Président de lUPC. Ref DG/SDG/172/2002, 1er octobre 2002 avec lAnnexe, The Expectations of OKIMO, octobre 2002. [202] Dans la région, la compagnie est dordinaire désignée par le simple nom « Ashanti ». [203] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, Président du FNI, Kampala, 3 juillet 2004. [204] Ibid., Lenahan à Van Woudenberg, 7 décembre 2004. Document archivé à Human Rights Watch. Voir également les entretiens conduits par Human Rights Watch avec M. Basiani, commissaire aux mines du FNI, Mongbwalu, 5 mai 2004 ; Floribert Njabu, Président du FNI, Mongbwalu, 3 mai 2004 ; un homme daffaires de Mongbwalu, Beni, 25 février 2004 ; des représentants dAshanti, Mongbwalu et Kampala, 10 mars et 4 mai 2004 ; Iribi Pitchou, commissaire à la défense du FNI, 19 février et 10 octobre 2004. [205] Résolution 1493 du Conseil de sécurité des Nations unies (S/2003/757), paragraphe 18, 28 juillet 2003. [206] Ibid., paragraphe 20. [207] « Lettre du Président du Comité du Conseil de sécurité établi conformément à la Résolution 1533 (2004) concernant la République démocratique du Congo [sur lembargo sur les armes] (S/2005/30) », 25 janvier 2004, para 134 ; désigné ensuite par Rapport du groupe dexperts sur lembargo des Nations unies sur les armes. Voir également S. Brummers , AngloGold Aided Warlord, Mail and Guardian, Johannesburg, 4 février 2005. [208] Courrier électronique de Steven Lenahan, Executive Officer, Corporate Affairs, AngloGold Ashanti à Anneke Van Woudenberg, Human Rights Watch, 27 avril 2005. [209] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Bunia, 20-23 février 2004. [210] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Iribi Pitchou Kasamba, commissaire à la défense du FNI et Président par intérim, 19 février 2004 et 10 octobre 2004. [211] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Emmanuel Leku, Bunia, 18 février 2004 et des membres du personnel de la MONUC, Bunia, 24 février 2004. [212] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Dominique Ait-Ouyahia McAdams, Chef du bureau de la MONUC, Bunia, 23 février 2004. [213] Il est vraisemblablement fait référence ici au bureau dAshanti Goldfields à Londres. [214] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Iribi Pitchou Kasamba, commissaire à la défense du FNI et Président par intérim, 19 février 2004 et 10 octobre 2004. [215] Entretiens conduits par Human Rights Watch avec un responsable dOKIMO, Bunia, 22 février 2004 ; un homme daffaires de Mongbwalu, Beni, 25 février 2004 ; des représentants dAshanti, Mongbwalu et Kampala, 10 mars et 4 mai 2004 ; Iribi Pitchou Kasamba, commissaire à la défense du FNI et Président par intérim, 19 février et 10 octobre 2004. [216] Entretien conduit par Human Rights Watch, Kinshasa, 2 octobre 2004. [217] Entretiens conduits par Human Rights Watch avec un homme daffaires de Mongbwalu, Beni, 25 février 2004 ; des représentants dAshanti, Mongbwalu, 4 mai 2004 [218] Rapport interne dAshanti rédigé par Howard Fall, Mongbwalu Sitrep - AGK site visit 17/18 March 2004. Copie archivée à Human Rights Watch. [219] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des représentants dAngloGold Ashanti Howard Fall et Jean Claude Kanku, Kampala, 10 mars 2004, Ashley Lassen, 13 mai 2004 et Mark Hanham, 8 juillet 2004. [220] « AngloGold Ashanti hits rich vein of savings from merger, Business Day, Afrique du Sud, 29 juillet 2004. [221] Présentation par Charles Carter, vice-président dAngloGold Ashanti, Diggers & Dealers Forum, Kalgoorlie, Australie, juillet 2004. Voir également AngloGold Ashanti hits rich vein of savings from merger, Business Day, Afrique du Sud, 29 juillet 2004. [222] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Lee Smith, directeur dArmor Group, Kampala, 8 juillet 2004 et avec le CEO dArmorGroup, Noel Philip, Londres, juillet 2004. [223] Entretien conduit par Human Rights Watch avec les représentants dAngloGold Ashanti, Howard Fall et Jean-Claude Kanku, Kampala, 10 mars 2004. [224] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004. Egalement entretiens conduits par Human Rights Watch avec un responsable local, Mongbwalu, 5 mai 2004 et un activiste de la société civile, Bunia, 13 mai 2004. [225] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004 et entretien avec un activiste de la société civile, Bunia, 13 mai 2004. [226] Courrier électronique, Lenahan à Van Woudenberg, 27 avril 2005. [227] Entretien conduit par Human Rights Watch avec le consultant dAngloGold Ashanti, 4 mai 2004. [228] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Ashley Lassen, AngloGold Ashanti, Bunia, 13 mai 2004. [229] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des observateurs des événements à Mongbwalu, Bunia, 10 octobre 2004 et Europe, 26 avril 2005. [230] Entretiens conduits par Human Rights Watch avec des représentants dAngloGold Ashanti, Howard Fall, Jean-Claude Kanku et Mark Hanham, 8 juillet 2004. [231] Antony Sguazzin, AngloGold says it paid safety tax to rebels, Bloomberg, 7 février 2005 ; Tim Wood, Can AngloGold Lock its Congo Pandoras Box?Resource Investor, Afrique du Sud, 7 février 2005 ; S. Brummer, AngloGold Aided Warlord, Mail and Guardian, Johannesburg, 4 février 2005. [232] Ibid., courrier électronique, Lenahan à Van Woudenberg, 27 avril 2005. [233] Ibid. [234] Ibid., également le Rapport du goupe dexperts sur lembargo des Nations unies sur les armes, 25 janvier 2005, para 133. [235] Ibid., Sguazzin, « AngloGold says it paid safety tax to rebels », 7 février 2005. [236] Entretien conduit par Human Rights Watch avec le consultant dAngloGold Ashanti, Mongbwalu, 4 mai 2004. [237] Entretiens conduits par Human Rights Watch avec le Commandant Iribi Pitchou, Bunia, 10 octobre 2004 ; Floribert Njabu, Président du FNI, Kampala, 3 juillet 2004. [238] Ibid., Rapport du Groupe dexperts sur lembargo des Nations unies sur les armes, 25 janvier 2005, para 133. [239] Observations faites par un chercheur de Human Rights Watch, Mongbwalu, 1-7 mai 2004. [240] Ibid., courrier électronique, Lenahan à Van Woudenberg, 27 avril 2005. [241] Courrier électronique dAshley Lassen, AngloGold Ashanti aux responsables de la MONUC, 20 mars 2004. Copie archivée à Human Rights Watch. [242] Ibid. [243] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, Mongbwalu, 3 mai et Kampala, 3 juillet 2004. [244] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un analyste local, Mongbwalu, 4 mai 2004. [245] Ibid., courrier électronique, Lenahan à Van Woudenberg, 27 avril 2005. [246] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien employé dOKIMO, Mongbwalu, 6 mai 2004. [247] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un responsable de la société civile, Mongbwalu, 2 mai 2004. [248] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un sénateur congolais, Kinshasa, 4 octobre 2004. [249] Toutes les citations de cette section sont tirées des lettres des 7 et 13 décembre 2004 adressées par Lenahan à Van Woudenberg et dun courrier électronique de Lenahan à Van Woudenberg du 27 avril 2005. Documents archivés à Human Rights Watch. [250] Ibid., entretiens conduits par Human Rights Watch avec un employé dOKIMO, Bunia 19 février 2004 ; un responsable dOKIMO, Bunia, 22 février 2004 ; un syndicaliste, Bunia, 22 février 2004 ; un journaliste local, Bunia, 20 février 2004 ; des responsables de la MONUC, 23 février et 8 octobre 2004 ; un responsable du Ministère des mines, Kinshasa, 29 février 2004 ; un responsable de haut rang dOKIMO, Kinshasa, 1 mars 2004 ; un responsable local, Mongbwalu, 4 mai 2004 ; un activiste de la société civile, Bunia, 13 mai 2004 ; M. Basiani, commissaire aux mines du FNI, Mongbwalu, 5 mai 2004 ; Jean-Pierre Bemba, vice-président Kinshasa, 1er octobre 2004 ; Floribert Njabu, Président du FNI, Kinshasa, Mongbwalu, Kampala, 7 octobre 2003, 3 mai et 3 juillet 2004 ; un analyste local, Mongbwalu, 4 mai 2004 ; un sénateur congolais, Kinshasa, 4 octobre 2004 ; un homme daffaires de Mongbwalu, Beni, 25 février 2004 ; des représentants dAngloGold Ashanti, Mongbwalu et Kampala, 10 mars, 4 mai, 13 mai et 8 juillet 2004 ; Iribi Pitchou Kasamba, commissaire à la défense du FNI, Bunia, 19 février et 10 octobre 2004 ; un manager dOKIMO, Kinshasa, 2 octobre 2004 ; courrier électronique avec AngloGold Ashanti et des responsables de la MONUC, 20 mars 2004 ; rapport interne dAngloGold Ashanti, mars 2004 ; Rapport du groupe dexperts sur lembargo des Nations unies sur les armes, 25 janvier 2005 ; fax de Lenahan à Van Woudenberg, 7 décembre 2004. Copies de tous ces documents archivés à Human Rights Watch. [251] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, Président du FNI, 3 juillet 2004. [252] Entretien conduit par Human Rights Watch avec le Commandant Iribi Pitchou, Bunia, 10 octobre 2004. [253] Entretien conduit par Human Rights Watch, Kinshasa, 1er mars 2004. [254] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien employé dOKIMO qui travaillait à Bambu, 22 février 2004. [255] Ibid. [256] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un délégué syndical, Bunia, 10 octobre 2004. [257] Entretien conduit par Human Rights Watch avec le sénateur Uringi-pa-Dolo, vice-président du comité parlementaire denquête sur OKIMO, 4 octobre 2004. [258] Lenahan à Van Woudenberg, 7 décembre 2004. Document archivé à Human Rights Watch. [259] Projet de normes sur les responsabilités des sociétés transnationales et autres entreprises commerciales en matière de droits de lHomme, E/CN.4/Sub.2/2003/12 (2003), Section A, Obligations générales. [260] Ibid., Section C, Droits à la sécurité des personnes. [261] Ibid., Rapport du Groupe dexperts sur lembargo des Nations unies sur les armes, 25 janvier 2005, para 134. [262] Le Global compact des Nations unies est une initiative lancée par le Secrétaire général pour faire avancer lidée dune citoyenneté responsable des entreprises. Cette initiative cherche à à faire respecter dix principes en relation avec les droits humains, le travail, lenvironnement et la lutte contre la corruption. AngloGold Ashanti et sa compagnie sur Anglo American participent au Compact mondial, voir www.unglobalcompact.org. [263] AngloGold Ashantis Business Principles: Living Our Values, mai 2004 sur le site Web dAngloGold Ashanti à ladresse www.anglogold.com/Social+Responsibility/. Dans sa réponse au Panel dexperts des Nations unies, Ashanti Goldfields a affirmé que ses activités dexploitation et dextraction étaient guidées par les Principes directeurs. Engagements en faveur des Principes directeurs de lOCDE pour les entreprises multinationales. Addenda au rapport du panel dexperts des Nations unies sur lexploitation illégale en RDC, (S/2002/1146/Add.1), 20 juin 2003. [264] Voir Global Agreement between AngloGold Ltd and ICEM, The Promotion and Implementation of Good Industrial Relations in AngloGold Operations Worldwide, septembre 2002, à ladresse www.icem.org (recherché février 2005). [265] Ibid., AngloGold Ashantis Business Principles: Living Our Values, mai 2004. [266] Ibid., Annexe III du Rapport du panel dexperts des Nations unies, octobre 2002. [267] Principes directeurs de lOCDE pour les entreprises multinationales (Paris : OCDE), Section II, Principes généraux, point 2, 2000. [268] Ibid., Addenda au Rapport du panel dexperts des Nations unies, 20 juin 2003. Réponse No. 15. [269] Ibid., Rapport du panel dexperts, octobre 2003. [270] En décembre 2000, les gouvernements du Royaume Uni et des Etats Unis, des compagnies du secteur des industries extractives et des organisations non gouvernementales sont tombés daccord sur des Principes volontaires sur la sécurité et les droits humains. Les compagnies ayant signé ces principes sont notamment Amerada Hess, BG Group, BHP Billiton, BP, ChevronTexaco, ConocoPhillips, ExxonMobil, Freeport-McMoRan, Marathon Oil, Newmont, Norsk Hydro, Occidental Petroleum, Rio Tinto, Shell et Statoil. [271] Kevin Morrison, « Dollar's troubles put new gleam in gold commodities », Financial Times, Londres, 6 novembre 2004.
|