Rapports de Human Rights Watch

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V. Abus contre les Droits Humains commis dans la Région des Mines d’Or de Mongbwalu

Au cours de dix-huit mois de conflit en 2002 et 2003, des groupes armés hema et lendu ont combattu pour contrôler la ville de Mongbwau en Ituri, site d’une mine d’or. Alors que cette richesse changeait cinq fois de mains, passant des uns aux autres, ces groupes armés ont également massacré environ 2 000 civils, souvent sur une base ethnique. De plus, ils ont perpétré des exécutions sommaires, ont commis des viols, ont blessé des milliers de civils d’une autre façon, se sont livrés à des actes de torture et ont arbitrairement détenu des personnes perçues comme ennemies. Au cours d’accrochages fréquents, des dizaines de milliers de civils ont été forcés de fuir leurs maisons, perdant une bonne part ou la totalité de leurs biens lors des pillages ou des destructions.

La ville de Mongbwalu se situe à environ 150 km au sud de Durba, dans la section de la concession aurifère contrôlée par la compagnie nationale OKIMO située en Ituri. L’or a été initialement découvert dans la région par des prospecteurs australiens en 1905 et les mines ont depuis lors été exploitées. La région de Mongbwalu est supposée abriter l’un des plus riches gisements de la concession d’OKIMO et elle regroupe la vaste mine industrielle d’Adidi, les anciennes mines belges de Makala et Sincere et une usine non négligeable de traitement de l’or dans laquelle des lingots ont été produits jusqu’en 1999. A leur pic dans les années 60 et 70, les opérations minières d’OKIMO employaient environ six mille ouvriers et représentaient la première source d’emploi dans le Nord-Est du Congo.  Bien que Mongbwalu soit situé au centre d’un territoire appartenant à l’ethnie des Nyali, des personnes d’ethnies différentes étaient venues y vivre afin de travailler dans les mines d’or ou dans des activités qui leur étaient liées. Les Lendu représentaient la majorité des 80 000 habitants alors que les Hema représentaient une population beaucoup plus restreinte. En dépit des accrochages entre ethnies différentes ailleurs en Ituri, Mongbwalu est dans l’ensemble resté calme avant 2002, sous le contrôle des troupes du RCD-ML soutenues par les soldats de l’armée ougandaise. Les opérations d’extraction de l’or se poursuivaient sur une plus petite échelle, la plupart au bénéfice du RCD-ML et des soldats ougandais.

En avril 2002, la situation a changé lorsque le RCD-ML, renforcé par une nouvelle solidarité avec le gouvernement national dans le cadre de l’accord de Sun City, est entré en conflit avec les Hema. Sous la direction de Thomas Lubanga, les Hema ont commencé à former des milices structurées qui allaient ensuite être formellement désignées par le nom d’UPC. Le RCD-ML a répondu en attaquant des civils hema à Mongbwalu avec l’aide de combattants lendu. Les milices hema ont ensuite pris pour cibles des civils lendu dans la ville et ses environs. Pour être plus en sécurité, des gens qui avaient vécu dans des régions ethniquement mélangées se sont déplacés vers des régions habitées par des personnes appartenant au même groupe ethnique qu’eux. Une femme a ainsi déclaré : « Dans chaque groupe, les gens ont fui vers leur région. Les tensions étaient très vives.»49

Au début du mois d’août 2002, le gouvernement ougandais a décidé de retirer son appui au RCD-ML – en partie à cause de ses liens avec Kinshasa – et de soutenir son opposant local, l’UPC. Les troupes ougandaises et les combattants hema ont délogé les forces du RCD-ML de Bunia, la capitale de l’Ituri. Peu de temps après, les Ougandais ont diminué leur appui aux Hema, soupçonnant qu’ils s’orientaient vers une alliance avec le Rwanda et le Rwanda a accru son soutien à l’UPC. Selon un supplément confidentiel préparé par le panel d’experts des Nations unies, le Rwanda a entraîné plus de 100 combattants UPC dans le centre de formation de Gabiro, au Rwanda, entre septembre et décembre 2002 et a formé d’autres officiers de renseignements directement à Bunia.50 Dans le même temps, le RCD-ML, humilié par la perte de ses appuis ougandais et sa retraite précipitée de Bunia, a forgé des liens encore plus étroits avec la milice lendu, lui fournissant des armes et menant avec elle des attaques conjointes pour stopper ou inverser les avances de l’UPC.

Une fois obtenu le contrôle de Bunia, l’UPC a affirmé avoir constitué un gouvernement pour l’Ituri et s’est déplacé pour prendre des villes au nord et au sud de Bunia. Selon des témoins et des preuves documentaires, l’UPC a commencé à planifier une attaque sur Mongbwalu en septembre 2002, dans l’intention d’obtenir le contrôle de son or.51 Avant même qu’un seul coup de fusil ne soit tiré, le Président de l’UPC, Lubanga demandait à Etienne Kiza Ingani, alors Directeur général d’OKIMO, lui-même hema, de préparer une note sur la façon dont les opérations minières pouvaient être gérées sous le contrôle de l’UPC. Dans ce document, M. Kiza félicitait par avance chaleureusement l’UPC pour sa victoire – plusieurs semaines avant que Mongbwalu ait en fait été pris – et suggérait que soit établi un « conseil exécutif mixte [incluant l’UPC et OKIMO] pour faire l’inventaire du terrain … et décider rapidement de ce que nous devons faire. »52. Lors de réunions sur les investissements dans les mines qui se sont tenues à Mongbwalu après la victoire de l’UPC, le Directeur financier d’OKIMO, Roger Dzaringa Buma, également hema, a été présenté comme étant le conseiller financier du Président de l’UPC, Lubanga, illustrant ainsi la poursuite d’une relation privilégiée entre les responsables d’OKIMO et le groupe armé UPC.53

Le 8 novembre 2002, l’UPC a échoué dans sa première tentative pour prendre Mongbwalu, ses forces étant repoussées par les combattants du RCD-ML et les milices lendu. Avant d’entreprendre une seconde tentative, les responsables de l’UPC se sont assurés du soutien du Commandant Jérôme Kakwavu Bukande qui avant commandé la 5ème zone opérationnelle du RCD-ML dans la région des mines d’or de Durba. En septembre cependant, le Commandant Jérôme avait été chassé de Durba par une force composée de deux autres mouvements rebelles, le RCD-N et le Mouvement de Libération du Congo (MLC). Il s’était retiré à Aru, un poste situé à la frontière ougandaise qui offrait de lucratives recettes fiscales. Selon un autre combattant de haut rang ayant lui aussi quitté le RCD-ML pour l’UPC au même moment, le Commandant Jérôme s’attendait à recevoir de l’or, de l’ivoire et des armes en échange de sa participation. Il a déclaré :

Lubanga lui [Commandant Jérôme] a donné le matériel – les mortiers, les lances roquettes RPG, les lance-grenades qui pouvaient être installés sur un véhicule et de nombreuses bombes. Tout ceci a été envoyé par avion via Air Mbau [Mbau Pax Airlines], un Antonov loué par l’UPC. D’autres munitions sont arrivées de Bunia par la route. [Le Commandant] Manu les a escortées à Mongbwalu. C’était la réserve.54

Le soutien rwandais était également crucial à l’UPC dans ses efforts pour prendre Mongbwalu. En plus des formations militaires mentionnées plus haut, les Rwandais fournissaient l’UPC – et leur allié le Commandant Jérôme – en armes. Le même combattant associé au Commandant Jérôme a déclaré :

Les armes que nous recevions de Lubanga venaient du Rwanda. Rwanda était écrit sur les boîtes. Il y a aussi une différence entre le type d’armes que le Rwanda et l’Ouganda utilisent. Le MAG était un modèle différent, un MMG alors que les Ougandais utilisent un G2. La taille des mortiers était aussi différente de ceux des Rwandais.55

Un supplément confidentiel ultérieur du panel d’experts des Nations unies a confirmé que les mortiers, les fusils-mitrailleurs et les munitions étaient envoyés à l’UPC, à Mongbwalu depuis le Rwanda, entre novembre 2002 et janvier 2003. A d’autres occasions, des armes envoyées de Kigali ont été larguées par les airs dans le bastion UPC de Mandro.56

Selon le combattant qui a également participé à l’assaut contre Mongbwalu, l’opération a été organisée et conduite par le chef de l’UPC, Lubanga, le Commandant Bosco Taganda (chef des opérations de l’UPC) et le Commandant  Kisembo Bahemuka (chef d’état-major de l’UPC) ainsi que par le Commandant Jérôme Kakwavu et deux autres officiers qui lui étaient associés, les Commandants Salumu Mulenda et Sey. Des Rwandais auraient apporté leur aide dans la planification et la direction de l’attaque, provoquant le mécontentement du Commandant Jérôme et de certains de ses hommes. Comme l’a affirmé le combattant : « C’est les Rwandais qui ont organisé l’attaque, ils ont donné les ordres. Les hommes de Jérôme n’étaient pas contents de cette situation. »57 En évaluant le rôle du Rwanda en Ituri, le panel d’experts des Nations unies a affirmé au Conseil de sécurité des Nations unies que des commandants clefs de l’UPC rendaient directement compte de leurs actes au haut commandement de l’armée rwandaise, notamment au chef d’état-major rwandais, le Général James Kabarebe et au chef des services de renseignement, le Général Jack Nziza.58

Massacres et autres abus commis par l’UPC et ses alliés

Massacre à Mongbwalu, novembre 2002

L’UPC renforcé par les combattants du Commandant Jérôme, après l’attaque manquée du 8 novembre 2002, a de nouveau attaqué la région de Mongbwalu, le 18 novembre 2002. Au cours de cette opération militaire qui a duré six jours, les forces de l’UPC ont massacré des civils sur une base ethnique, traquant ceux qui cherchaient refuge dans la forêt, capturant et tuant d’autres personnes aux barrages routiers. Suivant une stratégie coordonnée, l’UPC et les forces du Commandant Jérôme ont attaqué au nord de Mongbwalu dans les villages de Pili Pili et Pluto chassant de la ville les soldats du RCD-ML plus expérimentés. D’autres, conduits par le Commandant Bosco, ont attaqué au sud à l’aéroport. Un témoin a affirmé que les assaillants travaillaient systématiquement, passant d’une maison à la suivante.


Thomas Lubanga, Président de l'UPC © 2003 Khanh Renaud

Il a raconté :

L’UPC est arrivé à Pluto vers 9 heures du matin… S’ils prenaient quelqu’un, ils lui demandaient quelle était sa tribu. S’ils n’étaient pas leurs ennemis, ils les laissaient partir. Ils tuaient ceux qui étaient lendu … L’UPC criait pour que tout le monde entende, « On va vous exterminer – le gouvernement ne va plus vous aider maintenant.»59

Un autre témoin a décrit ce qu’il a vu à Mongbwalu :

Les Hema [UPC] et … [les forces du Commandant Jérôme] sont arrivés dans la ville et ont commencé à tuer les gens. On s’est caché dans notre maison. J’ai ouvert la fenêtre et j’ai vu de là ce qui se passait. Un groupe de plus de dix avec des lances, des fusils et des machettes a tué deux hommes à Cité Suni, dans le centre de Mongbwalu… Ils ont pris Kasore, un Lendu d’une trentaine d’années, à sa famille et l’ont attaqué avec des couteaux et des marteaux. Ils l’ont tué avec son fils (d’environ 20 ans) avec des couteaux. Ils ont coupé la gorge de son fils et ont déchiré sa poitrine. Ils ont coupé les tendons de ses talons, écrasé sa tête et sorti ses intestins. Le père a été massacré et brûlé. On a fui à Saio. En partant, on a vu d’autres corps.60

De nombreux civils ont fui avec les combattants lendu vers Saio, à environ sept kilomètres. Ils ont été attaqués là-bas le lendemain. Les civils ont couru dans les forêts alors que d’autres tentaient de se cacher à Saio, notamment dans une église appelée « Mungu Samaki ». Lorsque les combattants UPC ont trouvé les civils, ils les ont massacrés.61 Un témoin a raconté :


Un combatant du FNI lendu porte un lance grenades. Les bénéfices de la vente de l'or sont souvent utilisés pour l'achat d'armes et autres munitions par les groupes armés en Ituri.  © 2003 Karel Prinsloo/AP

[L’UPC] utilisait des grenades incendiaires et brûlait les maisons dans lesquelles il y avait encore des gens, comme la maison de Mateso Chalo. Ngabu, c’était un Lendu et il ne pouvait pas prendre la fuite. Il avait beaucoup d’enfants et il essayait de les porter. Ils lui ont tiré dessus. Il est tombé sur l’un de ses enfants et il est mort. Une autre femme, Adjisu, ils lui ont tiré dans la jambe. Elle avait son bébé avec elle. Ils l’ont rattrapée pendant qu’elle essayait de ramper sur le sol. Ils l’ont découpée à la machette et l’ont tuée. Ils ont découpé le bébé aussi. Des gens ont été jetés dans des latrines. L’UPC a déclaré que c’était eux les chefs maintenant.62

L’UPC a poursuivi les combattants lendu qui fuyaient, les forces du RCD-ML et des milliers de civils qui se dirigeaient vers la forêt. Pendant une marche de dix jours à la recherche d’une meilleure sécurité à Beni et ailleurs, des dizaines de civils sont morts, en particulier des enfants et les personnes les plus faibles. Ceux qui ont tenté de fuir par la route ont été pris aux barrages routiers et beaucoup ont été tués. Un témoin qui avait fui a déclaré qu’il avait vu des combattants UPC tuer 120 personnes à un barrage routier à Yedi. Il a ensuite recouvert les corps avec des feuilles.63

Des civils qui n’étaient pas lendu sont retournés à Mongbwalu dans les jours suivants. Selon eux, le Commandant Bosco de l’UPC avait au départ la responsabilité sur place mais il a ensuite été remplacé par le Commandant Salongo au poste de commandant du secteur de Mongbwalu. Les personnes rentrées à Mongbwalu ont raconté que les Lendu, les Nande et les Jajambo n’étaient pas bien accueillis là-bas. Comme l’a relaté un témoin : « Il ne fallait pas être lendu à Mongbwalu ou alors on vous éliminait. »64 Un témoin a fait état de nombreux corps dans les rues et de tombes fraîchement creusées autour du quartier général militaire de l’UPC installé dans les « appartements », les anciens logements des employés d’OKIMO. Les personnes rentrées plus d’une semaine après l’attaque faisaient encore état de corps dans les rues.65

Massacre à Kilo, décembre 2002

En décembre 2002 et au début de l’année 2003, les forces de l’UPC ont attaqué Kilo, Kobu, Lipri, Bambu et Mbijo, des villages tous situés près de Mongbwalu. Ils ont pris Kilo le 6 décembre et quelques jours plus tard, le Commandant Kisembo et le Commandant Salumu ont délibérément ordonné de tuer des dizaines de civils. Ils ont tenu une réunion au centre de la ville avec environ soixante personnalités locales importantes appartenant à l’ethnie nyali. Selon des témoins présents à cette réunion, le Commandant Kisembo a affirmé que tous les Lendu allaient être expulsés de la région et que ceux qui refuseraient de partir seraient tués.66 Les combattants de l’UPC ont arrêté des hommes, des femmes et des enfants qui portaient des bracelets, supposant ainsi qu’ils étaient lendu.67 Ils les ont forcés à creuser leurs propres tombes avant de les massacrer. Les combattants UPC ont également forcé les habitants nyali à les aider à recouvrir les tombes.


Un combatant hema de l'UPC patrouillant un village en Ituri. Les machettes sont souvent utilisées par le FNI et l'UPC lors de leurs attaques. © 2003 Marcus Bleasdale

Un homme qui n’était pas lendu a déclaré :

J’ai vu beaucoup de gens les membres liés prêts à être exécutés. L’UPC a déclaré qu’ils allaient tous les tuer. Ils ont forcé les Lendu à creuser leurs propres tombes. Je ne suis pas lendu mais ils m’ont quand même forcé à creuser ou ils allaient me tuer. Les tombes étaient près du camp militaire. Tout a commencé le matin. Ils ont appelé les gens pour qu’ils creusent rapidement un trou d’un mètre cinquante à peu près. Ils tuaient les gens en les frappant à la tête avec une masse. Les gens criaient et pleuraient. Puis on nous a demandé de remplir la tombe. On a travaillé jusqu’à 4 heures de l’après-midi. On a enterré les victimes sans dénouer leurs liens. Il y avait environ quatre soldats [UPC] qui tuaient les gens. Ils criaient [aux victimes] qu’elles étaient leurs ennemis. L’un des officiers présents était le Commandant David [Mpigwa]. Le Commandant Kisembo était également présent et il a tout vu. Il donnait les ordres avec David. Je ne sais pas combien de personnes ils ont tuées au total mais j’ai vu au moins cent personnes tuées.68

Selon un rapport spécial des Nations unies sur les événements en Ituri, le Commandant UPC Salumu a dirigé d’autres opérations militaires qui ont causé la mort d’au moins 350 civils, entre janvier et mars 2003.69

Sur la base des déclarations de témoins, d’informations recueillies auprès d’organisations locales de défense des droits humains et d’autres sources, Human Rights Watch estime que sur l’ensemble des 2 000 civils tués à Mongbwalu et dans ses environs au cours de la période allant de novembre 2002 à juin 2003, au moins 800 – dont les 350 mentionnés dans le rapport des Nations unies – ont été tués dans les attaques conduites par l’UPC fin 2002 et début 2003.70 Plus de 140 000 personnes ont été déplacées par les différentes séries d’attaques. Certaines de ces personnes se trouvent encore dans des camps ou dans les forêts au moment de la rédaction de ce rapport. « Je veux rentrer travailler à Mongbwalu, » a déclaré un témoin, « mais pas pendant qu’il y encore beaucoup d’armes qui sont utilisées pour tuer les gens. »71

Arrestations arbitraires, actes de torture et exécutions sommaires

Après avoir pris le contrôle de Mongbwalu, les combattants hema ont arbitrairement arrêté, et dans certains cas, sommairement exécuté des civils soupçonnés d’être lendu ou d’avoir aidé des Lendu.72 Un homme détenu sous le chef d’inculpation que ses frères avaient aidé des Lendu a été battu pendant deux jours puis enfermé dans une salle de bain avec quatre autres personnes, dans les « appartements », le quartier général de l’UPC. Il a déclaré que deux personnes sur les quatre présentes, des hommes lendu âgés, avaient été tuées et que les deux autres personnes, qui n’étaient pas lendu, avaient également été emmenées le dixième jour, juste avant sa propre libération.73 Un autre témoin a raconté avoir été arbitrairement emprisonné dans un camp militaire. Il a affirmé avoir vu des combattants sélectionner et tuer des prisonniers à cause de leur appartenance ethnique.74


Un homme lendu détenu par l'UPC, juillet 2003. L'UPC mène souvent des campagnes de recherche des lendus après avoir pris le contrô le d'une région. Connue localement sous le nom de "chasse à l'homme ", les individus détenus durant de telles campagnes sont souvent soummis à la torture et ensuite exécutés. © 2003 Marcus Bleasdale.

L’un des plus célèbres cas d’arrestation et d’exécution a impliqué l’Abbé Boniface Bwanalonga, le vieux prêtre ngiti de la paroisse de Mongbwalu qui a été arrêté avec trois religieuses et deux autres hommes le 25 novembre 2002. Pris pour cible à cause de son appartenance ethnique, l’Abbé Bwanalonga a été le premier prêtre tué dans le conflit en Ituri.75

En décembre, des responsables de l’église ont confronté le Président de l’UPC, Lubanga sur la responsabilité des combattants UPC dans le meurtre de l’Abbé Bwanalonga. Selon eux, Lubanga a exprimé des regrets pour cette mort et aurait promis une enquête qui n’a jamais été réalisée.76 Certains responsables de la communauté hema dans le village de Dego, proche de Mongbwalu, auraient cherché à identifier les auteurs afin d’écarter tout risque de répercussions sur leur communauté mais les résultats, si toutefois cette tentative en a produit, ne sont pas connus.


L'abbé Boniface Bwanalonga, le prêtre Ngiti (lendu) arrêté, torturé et tué par les milices de l'UPC lors de leur attaque sur Mongbwalu en novembre 2003. L'abbé Bwanalonga avait environ 70 ans au moment de sa mort et était incapable de fuir pour sa survie. Il a été tué pour son appartenance au groupe ethnique des Ngiti (lendu). © Private.

Exploitation minière de l’or : exemples de travail forcé

Selon un témoin, l’UPC a promis de l’or aux hommes qui rejoignaient ses forces pour attaquer Mongbwalu.77 Les simples combattants n’étaient pas les seuls à espérer obtenir une part de la richesse. Un journal spécialisé dans les questions minières a rapporté que les Rwandais avaient conclu un accord avec l’UPC et que Lubanga avait promis d’envoyer l’or par bateau à partir de la région qu’il contrôlait via Kigali plutôt que via Kampala.78 En janvier 2003, M. Kiza, Directeur général d’OKIMO et M. Dzaringa, Directeur financier ont reçu des investisseurs potentiels venus au Rwanda pour discuter de l’exploitation industrielle des mines de Mongbwalu. Les visiteurs rwandais ont fait le tour des mines d’or, de l’usine et du laboratoire avant de rencontrer les deux responsables d’OKIMO, en présence des responsables militaires et politiques de l’UPC.79 Les employés d’OKIMO avaient dû préparer des estimations sur le coût de la reprise des opérations et ils ont montré leurs données et les cartes géologiques aux investisseurs. Selon l’un d’entre eux, le reste des négociations a été conduit par l’UPC.80

Dans l’attente du capital nécessaire au début des opérations industrielles, l’UPC a encouragé les ouvriers qui avaient fui, à revenir et à recommencer à exploiter l’or de façon artisanale.81 Les commandants de l’UPC ont cherché à identifier et à recruter des employés OKIMO pour qu’ils les aident dans leur travail.82 Selon des mineurs et des autorités locales, certains mineurs ont recommencé à travailler dans les trois mines principales de Mongbwalu et dans des mines à ciel ouvert connues localement sous le nom de Bienvenue et Monde Rouge : ils ont dû verser chaque jour aux combattants UPC qui gardaient les mines une partie du minerai extrait.83

Mais l’UPC a apparemment trouvé que le nombre de ces mineurs était insuffisant et a commencé à contraindre d’autres mineurs à travailler par équipe, le matin, l’après-midi ou le soir, dans les mines. Un mineur a déclaré :

Les ouvriers n’étaient pas payés. C’était un travail dur. Ils devaient creuser sous de grosses pierres sans machines. Ils n’avaient que des outils à mains comme des pioches. On leur donnait des bananes et des haricots à manger et ils étaient battus. Certains ont essayé de s’enfuir en faisant semblant d’aller aux toilettes. La milice hema les gardait. Comme les Lendu avaient pris la fuite, tous les autres groupes ont dû creuser.84

Une autre personne contrainte de travailler à cinq reprises a raconté sa première expérience :

J’étais là-bas depuis moins d’une semaine quand trois soldats sont venus me trouver chez moi. Ils m’ont emmené dans un coin de la ville qui s’appelle Cite Shuni. Là, on m’a donné un panier de pierres à réduire en poussière pour qu’ils puissent récupérer l’or. Je n’avais jamais fait ça avant et on m’a forcé à le faire pendant toute la journée. On était environ vingt à cet endroit, forcés à faire le même travail. J’ai eu tellement d’ampoules aux mains que je ne pouvais plus continuer. Le travail était très dur. On aurait dit que chaque soldat avait ses propres ouvriers qui produisaient pour lui. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour m’échapper de là-bas.85

Les combattants de l’UPC ont ainsi exploité l’or parfois avec l’aide de mineurs locaux qu’ils avaient réquisitionnés pour travailler avec eux et qui recevaient parfois un petit pourcentage de l’or extrait.86 Un ancien employé d’OKIMO contraint d’aider l’UPC à organiser une brigade pour les mines a déclaré que le groupe comprenait de cinquante à cent combattants dont un faible nombre de mineurs expérimentés. Cette brigade travaillait à extraire l’or dans les régions entourant Mongbwalu dont Mbijo, Baru, Yedi et Lisey sous commandement militaire de l’UPC.87

Accroissement du commerce

Selon des témoins, le nombre de vols à destination et en provenance de Mongbwalu a fortement augmenté lorsque la production d’or a débuté sous le contrôle de l’UPC. Selon des témoins, l’or quittait la zone alors que des armes y entraient. Un témoin a raconté :

Quand l’UPC était à Mongbwalu, ils envoyaient leur or à Bunia et de là, il était expédié vers le Rwanda. En échange, ils recevaient des armes. Plusieurs soldats m’ont dit ça. Quand ils étaient ici, il y avait au moins deux vols par jour. L’or était utilisé pour acheter des armes et des uniformes.88

Un autre témoin a raconté qu’il avait été contraint de creuser un trou pour stocker des armes, au quartier général de l’UPC, à Mongbwalu. Il a déclaré :

Ils ont mis des armes dans ce trou. Les armes étaient encore neuves. Certains fusils avaient des roues qu’il faut pousser. Ils ont dit qu’ils ne savaient pas comment les utiliser mais que les Rwandais savaient et qu’ils allaient venir pour leur montrer. Mes amis soldats m’ont dit que les armes avaient été achetées avec de l’or. Ils gardaient très bien ce trou.89

Comme nous l’avons mentionné plus haut, un supplément confidentiel du panel d’experts des Nations unies a affirmé que des armes avaient été livrées à Mongbwalu, en provenance du Rwanda, entre novembre 2002 et janvier 2003.90 Des informations données par des responsables communautaires et d’autres sources militaires confirment également la livraison d’armes bien que l’échange armes contre or n’ait pas été établi.91

Justice pour les crimes commis par l’UPC

En juillet 2003, Human Rights Watch a relaté le massacre de novembre 2002 à Mongbwalu et un an plus tard, le Conseil de sécurité des Nations unies a également donné des informations détaillées sur le massacre de civils commis autour de Mongbwalu. A ce jour, les auteurs de ces crimes n’ont pas été traduits en justice, ni par l’UPC, ni par le gouvernement de transition de la RDC.

L’UPC a fait scission en deux factions, début décembre 2003. La branche conduite par le Commandant Kisembo est passée d’un mouvement essentiellement militaire à un parti politique qui a été reconnu comme parti politique national mi-2004. Le Commandant Kisembo a été arrêté par les troupes de la MONUC le 25 juin 2004 pour avoir poursuivi le recrutement militaire mais il a été relâché ensuite, sans inculpation. Depuis octobre 2003, Thomas Lubanga, le responsable de l’autre faction de l’UPC, a été assigné à résidence par le gouvernement de transition, à Kinshasa, où il vit au Grand Hôtel. Il a été arrêté à Kinshasa en mars 2005 mais n’a encore été inculpé d’aucun crime. Le Commandant Bosco reste l’officier militaire en chef en charge de la faction UPC de Lubanga basée en Ituri. La MONUC affirme qu’il est responsable de l’attaque contre un convoi de la MONUC qui a causé la mort d’un soldat de maintien de la paix kenyan, en janvier 2004 ainsi que de la prise en otage d’un soldat de maintien de la paix marocain, en septembre 2004.92

Les Commandants Salumu et Sey, qui appartiennent toujours aux forces du Commandant Jérôme, ont été sélectionnés pour être entraînés au Collège militaire supérieur de Kinshasa, en préparation de leur intégration comme officiers supérieurs dans la nouvelle armée congolaise intégrée. Human Rights Watch n’a pas connaissance d’un quelconque examen minutieusement conduit par les responsables militaires de la RDC ou les bailleurs internationaux qui soutiennent l’intégration dans l’armée afin que soit déterminée leur inéligibilité à des postes supérieurs, du fait de leur participation à des violations des droits humains.93

En mars 2003, les combattants de l’UPC ont perdu le contrôle de la région de Mongbwalu et des profits tirés des mines d’or lorsqu’ils ont été attaqués et repoussés par une nouvelle alliance de forces conduite par leur ancien allié désormais passé dans le camp ennemi : l’armée ougandaise.

Massacres et autres abus commis par le FNI, les FAPC et l’armée ougandaise

Après avoir abandonné les Hema, les soldats ougandais ont construit une nouvelle alliance avec les Lendu qui avaient créé le parti FNI, sous la responsabilité de Floribert Njabu, en novembre 2002. A la fin février 2003, le Commandant Jérôme a également mis un terme aux relations qu’il entretenait avec l’UPC et a créé sa propre milice, connue sous le nom de FAPC, basée dans l’importante ville frontière d’Aru, au Nord-Est de Mongbwalu. Selon un rapport spécial du Conseil de sécurité des Nations unies sur l’Ituri, les FAPC ont été créées avec le soutien direct de l’Ouganda.94

Avec l’intensification de la pression internationale en faveur d’un retrait de leurs troupes d’Ituri, les soldats ougandais ont cherché à préserver un maximum de territoire pour leurs alliés locaux. Le 6 mars 2003, apparemment en réponse à une attaque de l’UPC, l’armée ougandaise a chassé l’UPC de Bunia avec l’aide des milices lendu. Un ancien responsable lendu qui a participé à l’opération a déclaré que ses hommes et lui avaient ainsi procédé à la demande du Brigadier de l’armée ougandaise, Kale Kayihura.95 Les soldats ougandais et les combattants du FNI ont pourchassé des troupes de l’UPC en fuite vers le Nord en direction de Mongbwalu.

Massacre de Kilo, mars 2003

Le 10 mars 2003, les forces ougandaises et les forces lendu ont attaqué Kilo, une ville située juste au sud de Mongbwalu, les Lendu arrivant quelques heures avant les Ougandais.96 Les combattants lendu se sont heurtés à une faible résistance de la part de l’UPC et ils ont commencé à tuer des civils qu’ils supposaient appartenir à l’ethnie nyali, les accusant d’avoir aidé les Hema. Selon des sources locales, ils ont tué au moins une centaine de personnes, dont de nombreux femmes et enfants. Ils ont pillé les habitations et les magasins sur place et ont exigé des civils qu’ils transportent le butin pour leur compte.97 Des habitants qui marchaient sur la route près de la ville de Kilo, un mois après les faits, ont évoqué l’odeur de pourriture émanant des cadavres laissés dans la forêt.98

Une femme du coin a assisté à l’incendie de sa maison et a vu ensuite les combattants lendu tuer un homme, cinq femmes et un enfant avec des machettes. Elle a ensuite été contrainte à aider au transport du butin pour les combattants lendu. Elle a raconté qu’en route les Lendu avaient choisi quatre enfants entre dix et quinze ans, Rosine, Diere, Kumu et Flory dans le groupe et les avaient tués. Ils ont ensuite tué cinq adultes supplémentaires. Lorsque certaines des femmes ont chancelé sous le poids des lourdes charges qu’elles étaient contraintes de porter, les Lendu les ont tuées et ont coupé leurs seins puis leurs parties génitales. Le témoin a déclaré :

A Kilo Mission, en haut de la colline, il y avait beaucoup de combattants lendu. Ils avaient quelques armes mais surtout des machettes, des arcs et des flèches. Ils étaient très sales et avaient de la boue sur le visage pour qu’on ne puisse pas les reconnaître. Sur la colline, on a vu de nombreux corps de gens qui avaient été tués. Ils étaient tous sur le ventre au sol. Ils étaient nus. Les Lendu se préparaient à brûler les corps. Il y en avait beaucoup, trop pour les compter.99

Selon des témoins, le Commandant Kaboss commandait l’attaque. Il rendait compte au Commandant Matesso Ninga surnommé Kung Fu, qui avait la charge des opérations pour le FNI bien qu’il n’ait pas été vu à Kilo pendant le massacre. A cette époque, le chef d’état major militaire du FNI était Maître Kiza.100

Les troupes ougandaises aux ordres du Commandant Obote sont arrivées quelques heures après les Lendu et elles ont tenté de faire cesser les meurtres. Le témoin a déclaré :

Lorsque les soldats ougandais sont arrivés, ils ont commencé à frapper les Lendu et à leur tirer dessus. Ils leur ont dit : « Pourquoi vous avez tué des gens, on avait dit que vous pouviez piller mais pas tuer des gens. Vous allez salir notre réputation. » Ils ont essayé de rendre une partie du butin mais les Lendu commençaient à fuir. Les Ougandais ont dit qu’ils regrettaient la façon dont les Congolais se comportaient et qu’ils regrettaient beaucoup l’incendie et la destruction de la maison du chef.101

Bien que les Ougandais aient fait cesser les meurtres dans la ville, les combattants du FNI lendu ont continué à tuer des gens dans les villages voisins comme Kabakaba, Buwenge, Alimasi et Bovi. « Si les Ougandais entendaient parler des meurtres, » a raconté un témoin, « ils partaient pour essayer de les stopper mais c’était souvent trop tard. »102 Les autorités locales ont également fait état du viol d’environ vingt-sept femmes et de l’incendie de villages, notamment Emanematu et Livogo qui ont été complètement détruits.103

Bien que les soldats ougandais aient tenté de limiter les abus commis par le FNI après l’attaque de Kilo, ils n’ont ni désarmé les combattants, ni mis un terme à l’alliance militaire qu’ils avaient avec eux. Ils ont au contraire poursuivi leurs opérations militaires conjointes vers Mongbwalu où ils sont arrivés le 13 mars 2003 et ont installé le quartier général militaire du 83ème Bataillon.104 Le lendemain, un responsable communautaire a cherché à obtenir des garanties sur la sécurité auprès du Commandant ougandais Okelo qui avait la charge du camp militaire. Selon lui, le Commandant Okelo a confirmé « qu’il contrôlait les combattants lendu et leur avait donné une semaine pour déposer leurs armes traditionnelles. »105 Des témoins ont observé les troupes de l’armée ougandaise mener à bien des patrouilles conjointes avec des combattants lendu et ont rapporté « qu’il était clair que c’était l’armée ougandaise qui commandait. »106

Lorsque les soldats ougandais ont quitté l’Ituri deux mois plus tard, ils travaillaient toujours de façon rapprochée avec le FNI. Selon un document de l’armée ougandaise daté du 1er mai 2003, le Major Ezra, un Ougandais, a remis le contrôle de Mongbwalu aux commandants FNI Mutakama et Butsoro alors que les troupes de l’armée ougandaise quittaient la région. Toutes les parties ont signé le document, devant Oran Safwat, observateur de la MONUC.107 Bien que le Commandant Jérôme et la plupart de ses troupes se soient retirés d’Aru, un contingent est resté à Mongbwalu aux ordres du Commandant Sey.

Des témoins ont également affirmé que les commandants de l’armée ougandaise avaient laissé derrière eux certaines de leurs munitions et de leurs armes pour le FNI.108 De plus, une cargaison d’armes ougandaises à destination de Mongbwalu a été saisie par la MONUC à Beni, plusieurs mois après le retrait des Ougandais. Les personnes accompagnant les armes ont rapporté que le FNI recevait toujours une aide de l’Ouganda et que les armes saisies à Beni leur étaient destinées. Selon le rapport de la MONUC relatif à cet incident, l’une des personnes accompagnant les armes, un responsable administratif adjoint de Mongbwalu, a reconnu qu’il était constamment en contact avec les Ougandais.109

Responsabilité pour le massacre de Kilo en mars 2003

De nombreux témoins ont rapporté aux autorités locales les abus commis. Ces dernières ont ensuite écrit un courrier à la section Droits humains de la MONUC à Bunia, le 26 septembre 2003 listant les 125 morts civils, les cas de torture et de viol dans la région de Kilo, de mars à mai 2003 commis par les combattants du FNI alors que les soldats ougandais étaient encore présents dans la région.110 Aucune réponse n’a été fournie et le 20 novembre 2003, une seconde lettre a été envoyée détaillant dix-neuf autres morts supplémentaires, huit cas de torture et deux cas de viol commis entre juillet et novembre 2003.111

L’armée ougandaise avait le contrôle du commandement des combattants du FNI lendu lors de leur opération militaire conjointe. Elle devrait être tenue pour responsable des abus commis par les combattants du FNI lendu. Bien qu’elle ait  pu tenter de minimiser les crimes en organisant des patrouilles conjointes et en exigeant que les combattants déposent leurs armes traditionnelles, cette armée n’a pas mis en œuvre de mesures supplémentaires garantissant que les auteurs des crimes commis seraient tenus pour responsables de leurs actes. De plus, cette armée a rapidement armé le FNI avec des armes modernes. Human Rights Watch n’a connaissance d’aucune enquête ou arrestation entreprises soit par l’armée ougandaise, soit par les autorités du FNI lendu concernant les abus commis par leurs troupes. A ce jour, personne n’a été tenu pour responsable du massacre des civils et des autres graves abus contre les droits humains commis à Kilo.

« La guerre de 48 heures », juin 2003 et les massacres qui ont suivi

Après le départ des forces ougandaises en mai 2003, l’UPC a repris Mongbwalu le 10 juin 2003. En dépit d’un arrivage récent d’armes supplémentaires en provenance du Rwanda, livrées sur une piste d’atterrissage nouvellement construite à environ 30 kilomètres de Mongbwalu112, l’UPC n’a pu tenir la ville que 48 heures avant d’être repoussé par les combattants du FNI lendu sous le commandement de Mateso Ninga, surnommé Kung Fu. Le FNI a contre-attaqué avec des armes lourdes qui auraient été abandonnées par les Ougandais.113 Les Lendu ont tiré une grande fierté de leur victoire dans ce qui fut baptisé « la guerre de 48 heures. » Selon un témoignage local, il semble que 500 personnes aient été tuées lors de la contre-attaque lendu, dont de nombreux civils.114

Les autorités du FNI ont affirmé que l’UPC avait attaqué Mongbwalu afin de reprendre le contrôle de l’or.115 De plus, un nombre important de civils accompagnaient les combattants, dans l’intention apparemment de piller et d’aider les combattants à piller la ville.116 Selon des témoins et les autorités du FNI, les victimes tuées au cours de la contre-attaque lendu étaient pour beaucoup des civils.117 Un témoin a raconté avoir été choqué en voyant autant de corps, civils et combattants, en ville le jour de la victoire lendu. Il a déclaré :

[Le Commandant] Kung Fu a vu que beaucoup de gens étaient morts et il a demandé aux gens de l’aider à les enterrer. Mais il y en avait trop alors ils ont décidé de les brûler plutôt. Ils ont brûlé pendant trois jours au moins. Il y avait une odeur horrible dans l’air.118

Les responsables du FNI ont reconnu devant un chercheur de Human Rights Watch que des civils accompagnaient les combattants UPC.119 Lors d’une représentation commémorative de la bataille pour les célébrations du 1er mai 2004, dans le stade de Mongbwalu à laquelle assistait Human Rights Watch, des femmes et des jeunes jouant le rôle des civils hema portaient des biens avant d’être tués par des combattants lendu sous le commandement de Kung Fu. La pièce s’est poursuivie en montrant la communauté en train de brûler les corps des personnes tuées et proclamant que le Commandant Kung Fu était un héros.120 Cependant, interrogé sur la question, le Président du FNI comme il aimait lui-même se faire appeler, Floribert Njabu, a affirmé qu’il n’y avait pas de civils parmi les combattants qui avaient lancé l’attaque. Il a déclaré que le FNI disposait « de commandants professionnels qui connaissaient les règles internationales de la guerre »,121 impliquant ainsi qu’ils n’auraient pas tué de civils.

Aucune preuve ne laisse penser que les combattants du FNI établissaient une distinction entre cibles civiles et cibles militaires pendant la bataille. Selon des récits locaux et des témoins, les meurtres ont été perpétrés à l’aveuglette, sans faire de différence entre femmes, enfants et combattants. S’il n’est pas exceptionnel que des femmes et des enfants aient pris part à des pillages dans des opérations militaires de ce type en Ituri, ils auraient dû être respectés.

Peu de temps après avoir repris Mongbwalu à l’UPC, les combattants du FNI ont poursuivi leurs attaques contre des civils hema. Entre juillet et septembre 2003, les combattants FNI ont attaqué de nombreux villages hema à l’Est de Mongbwalu dont Nizi, Drodro, Largo, Fataki et Bule. Dans la ville de Fataki, un témoin arrivé peu de temps après une attaque de ce type lancée par des combattants FNI a rapporté avoir vu les cadavres frais de victimes, dans les rues, les bras liés, des bâtons dans l’anus et des parties du corps tranchées comme les oreilles.122 A Drodro, des témoins ont rapporté que des combattants FNI avaient attaqué l’hôpital en tuant des patients hema dans leur lit.123 Des sources locales ont affirmé que des dizaines de civils avaient été tués lors de ces attaques et des milliers d’autres contraints de fuir. Un avertissement simple et brutal avait été gravé par les attaquants sur le mur d’un bâtiment de Largo : « On ne rigole pas avec les Lendu. »124


Une jeune victime hema à l'hôpital de Drodro. Des combatants lendu ont essayé de la tuer en lui coupant le cou avec des machettes. Beaucoup de femmes et d'enfants, à la fois hema et lendu, ont été ciblés sur base de leur ethnie. © 2003 Marcus Bleasdale.

La MONUC était présente en Ituri à ce moment-là de façon non négligeable, tout comme les troupes de maintien de la paix de l’Union européenne dans le cadre de l’opération Artémis.125 Aucun responsable des Nations unies n’a fait état des meurtres commis à Mongbwalu en juin 2003. Les troupes des Nations unies et de l’U.E. ont eu connaissance des derniers meurtres commis dans les régions situées à l’est de Mongbwalu via des journalistes internationaux qui s’étaient rendus dans la région et avaient survolé la zone pour tenter de décourager toute violence supplémentaire. Le mandat de l’Opération Artémis tel que confié par le Conseil de sécurité n’autorisait pas d’actions de maintien de la paix hors de la ville de Bunia.

La « chasse aux sorcières » contre les femmes hema et d’autres opposants

Peu de temps après l’attaque par l’UPC en juin 2003, les combattants du FNI ont commencé à accuser les femmes hema qui vivaient à Mongbwalu et dans ses environs d’espionner au profit des groupes armés hema. Les femmes hema qui vivaient encore dans la région étaient peu nombreuses et la plupart étaient mariées à des Lendu. Elles vivaient en toute sécurité dans la communauté lendu. Cependant, après la « guerre de 48 heures », les combattants lendu ont arrêté, torturé et tué ces femmes et certains hommes, les accusant de « salir et trahir » leur société. S’appuyant sur des accusations de sorcellerie, les combattants lendu et les responsables spirituels ont couvert leurs crimes en affirmant que les meurtres avaient été ordonnés par un esprit connu sous le nom de Godza. Des responsables plus modérés, au sein du FNI ont eu des difficultés à contrer ces affirmations et n’ont rien entrepris pour les stopper. Un témoin a déclaré :

Après l’attaque de juin [2003], les Lendu ont décidé de tuer toutes les femmes hema sans exception. Il y a des femmes que je connaissais qui ont été tuées. Je n’avais jamais vu quelque chose comme ça avant. Avant on ne faisait pas de mal aux femmes hema mariées à des étrangers. Maintenant ils voulaient chasser ces femmes. L’esprit lendu, Godza, leur a dit de tuer toutes les femmes pendant l’une des cérémonies spirituelles lendu. Une des femmes qu’ils ont tuées, c’était Faustine Baza. Je la connaissais bien. Elle était très responsable et vivait à Pluto. Le FNI est venu pour la chercher et ils l’ont emmenée dans leur camp. Ils l’ont tuée là-bas. Ils ont tué d’autres femmes aussi. Je ne voulais pas participer à tout ça alors je suis parti. Je ne pouvais pas rester pendant qu’ils exterminaient ces femmes hema. Ils ont fait ça à Pluto et Dego. Ils venaient de Dego avec 37 femmes hema à tuer. Je ne veux pas y retourner maintenant – c’est trop dur.126

Un autre témoin a déclaré :

En juillet, des femmes ont été tuées à Pluto et Dego. La stratégie consistait à les enfermer dans la maison et à y mettre le feu. Plus de 50 ont été tuées. Pluto, c’était le lieu d’exécution des femmes hema de Pluto et d’ailleurs aussi. Ils ont capturé les femmes dans les campagnes autour. Ils ont dit que c’était pour les faire venir parler de la paix. Ils ont mis dix femmes dans une maison, ont lié leurs mains, ont fermé les portes et ont mis le feu à la maison. Ceci a duré pendant deux semaines environ, avec des meurtres nuit et jour. Après ça, il ne restait plus de femmes hema dans [notre région] et les hommes n’avaient pas le droit de partir avec leurs enfants. Ils appelaient les femmes « bachafu » - sales. Parfois, les hommes étaient emmenés en prison. Le mari de Suwa a dû payer 300 USD. Ils lui ont dit qu’ils avaient tué sa femme et il a dû payer 30 grammes d’or (300 USD) pour nettoyer le couteau qu’ils avaient utilisé pour la tuer.127

De nombreuses personnes avaient conscience des meurtres en cours et les corps étaient fréquemment visibles dans les villes. Un témoin a rapporté avoir vu six corps de femmes au Club, un bâtiment bien connu de Mongbwalu, mi-2003. Il a dit que de nombreux autres passants avaient également vu les corps dénudés et marqués par les coups et que les combattants lendu essayaient de recruter des gens pour les aider à les brûler.128 Un responsable communautaire dans un village excentré a exprimé sa frustration de voir se poursuivre de telles pratiques, affirmant qu’il avait été interrogé plus de dix fois par des combattants lendu sur la localisation des femmes hema. Il a déclaré à un chercheur de Human Rights Watch : « Je veux savoir ce que Kinshasa va faire pour nous aider. Est-ce-qu’ils vont laisser le FNI rester ici ? La population souffre vraiment. »129

L’opération contre les femmes hema s’est étendue aux hommes et à d’autres tribus et s’est poursuivie au moins jusqu’en avril 2004, faisant environ soixante-dix victimes à Pluto, Dego, Mongbwalu, Saio, Baru, Mbau et Kobu et peut-être également dans d’autres localités de la région de Mongbwalu. A cette époque, l’allégation de sorcellerie est devenue une accusation fréquente, entraînant la mort après une « cérémonie de jugement » conduite par des responsables spirituels locaux. Tenues dans le secret, ces cérémonies de jugement utilisaient différentes méthodes pour déterminer la culpabilité ou l’innocence de la personne. Un civil accusé d’être hema a décrit à un chercheur de Human Rights Watch la cérémonie qu’il a dû subir avec d’autres après avoir été capturé par des combattants lendu, en 2003 :

Un fétichiste local [responsable spirituel] est venu là où j’étais retenu. Il avait deux œufs avec lui. J’étais attaché et j’avais très peur. Il a fait rouler les œufs au sol devant mes pieds. On m’a dit que si les œufs roulaient en s’éloignant de moi alors je serais innocent. Mais si les œufs revenaient en roulant vers moi, alors je serais hema et donc coupable. J’ai eu de la chance, les œufs se sont éloignés de moi. Quelqu’un d’autre, Jean, qui était avec moi n’a pas eu autant de chance. Les œufs ont roulé dans le mauvais sens et on lui a dit de partir en courant. Pendant qu’il courait, les Lendu lui ont tiré une flèche dessus. Il est tombé. Ils l’ont coupé en morceaux avec leurs machettes devant moi. Puis ils l’ont mangé. J’étais horrifié.130

Dans la région de Mongbwalu, les meurtres se sont poursuivis pendant toute l’année 2003 et jusqu’en 2004. Un témoin a décrit à un chercheur de Human Rights Watch la poursuite des meurtres :

[Après la guerre de juin], ils ont dit qu’ils ne voulaient pas que les Hema reviennent. Ceux qui restaient ont été tués. Ils les ont tués à Saio et Baru. Ils les emmenaient et c’est tout. Un homme du nom de Mateso Bandelai Gaston, un Nyali et son frère Augustin ont été tués parce qu’ils étaient accusés d’être des sorciers. Des femmes aussi ont été tuées. Céline, une Alur, a été tuée pour sorcellerie. Gabriel, un Kakwa et sa femme ont aussi été tués. On les accusait de protéger les Hema.131

Certains responsables communautaires ont exprimé leurs inquiétudes sur les « cérémonies Godza » au responsable du FNI, Njabu, en juillet 2003. Il semblait alors n’avoir rien entrepris pour faire cesser les meurtres mais selon des habitants du coin, leur nombre a diminué après son déplacement vers Mongbwalu en février 2004, coïncidence ou conséquence de sa présence, la question n’est pas tranchée.132

Alors que certaines autorités du FNI ont pu désapprouver de tels meurtres et peut-être prendre des mesures pour minimiser leur nombre, à la date de rédaction de ce rapport, personne n’a été tenu pour responsable de ces actes. Human Rights Watch n’a connaissance d’aucune investigation conduite par les représentants du FNI sur ces meurtres.

Meurtre de deux observateurs de la MONUC

Le 12 mai 2003, peu de temps après que les troupes ougandaises eurent abandonné Mongbwalu au FNI et aux FAPC, les combattants FNI ont délibérément tué deux observateurs militaires des Nations unies qui n’étaient pas armés, le Major Safwat Oran de Jordanie et le Capitaine Siddon Davis Banda du Malawi. Des rumeurs sur une imminente attaque hema – qui allait de fait se produire avec la « guerre de 48 heures » un mois plus tard – ont suscité la panique chez les habitants de la ville. Une centaine d’entre eux a cherché refuge dans la résidence des observateurs de la MONUC. Les observateurs, apparemment inquiets eux aussi ont pris des dispositions pour être évacués. Lorsque l’hélicoptère des Nations unies est arrivé sur une piste d’atterrissage proche, les combattants FNI ont refusé d’autoriser le passage des observateurs. Conduits par le Commandant Issa, les combattants les ont emmenés au Commandant Sey des FAPC, dans son quartier général, les « appartements ». « Les combattants martelaient en chantant que Sey ne les laisserait pas partir, » a déclaré un témoin.133

Peu de temps après, les combattants ont de nouveau emmené les observateurs, apparemment parce que Sey avait refusé de les prendre sous sa protection. Ils les ont tués à une faible distance des « appartements ». Un témoin qui s’est trouvé à passer sur les lieux, un peu plus tard ce même après-midi a déclaré :

J’ai trouvé les corps sur la route qui descend des appartements. Tous les deux avaient été tués par balles. L’un avait une balle dans la tête et l’autre dans le ventre. J’ai trouvé l’armée des FAPC autour des corps.134

Les habitants du coin ont transporté les corps vers le quartier général des FAPC et les ont placés dans une maison vide toute proche. Sey et ses combattants ont fui Mongbwalu ce même soir, cherchant apparemment à prendre leur distance avec ce crime.135 Les habitants du coin ont ensuite enterré les deux corps dans une tombe peu profonde à Mongbwalu.136

Selon plusieurs habitants de Mongbwalu, le Commandant Issa du FNI était responsable de ces meurtres. Des témoins ont rapporté que les combattants FNI avaient pris possession des voitures des observateurs des Nations unies et les avaient utilisées jusqu’à ce que les Nations unies les récupèrent.137

Au cours de discussions avec un chercheur de Human Rights Watch, le responsable du FNI, Njabu a déclaré : « Nous n’avons pas enquêté sur les meurtres. Ce n’est pas notre affaire. Notre armée était à Saio au même moment, à une distance de sept kilomètres. Les combattants du Commandant Jérôme étaient dans les appartements. Vous devriez demander au Commandant Sey ce qui s’est passé. »138 Cependant, dans un second entretien quelques jours plus tard, il a admis que le Commandant Issa était peut-être également présent et il a indiqué qu’une enquête était en cours.139 Plus d’un an plus tard, les autorités du FNI n’avaient encore annoncé aucun résultat de l’enquête. Selon un récit local non confirmé, le Commandant Kung Fu du FNI a bel et bien réalisé une enquête et apparemment suite à cela, le Commandant Sey a pris la fuite et a ensuite été tué.140

Menace contre les défenseurs des droits humains et d’autres personnes qui dénoncent les abus

Certains combattants FNI ont tenté d’empêcher les habitants du coin d’entrer en relation avec la MONUC ou tout autre agence extérieure, apparemment par crainte qu’ils ne transmettent des informations sur les abus commis par le FNI.

D’importants commandants du FNI ont menacé des activistes des droits humains de l’organisation Justice Plus après leur voyage en Europe et leurs récits de la situation en Ituri.141 D’autres responsables du FNI auraient planifié d’examiner les activités de l’organisation et menacé de considérer ses employés comme ennemis s’il s’avérait que ces derniers avaient eu des contacts avec les Rwandais et les Hema.142

Les combattants du FNI lendu ont agi de façon plus directe et immédiate contre des habitants du coin qui avaient échangé avec les employés de la MONUC, lors de leurs visites occasionnelles à Mongbwalu, fin 2003.143 Une personne ayant subi ces abus a déclaré :

J’ai été emmené par neuf combattants [lendu] en uniforme. Ils sont venus chez moi et ont crié : « Lève-toi ! Qu’est-ce-que tu as dit à la MONUC ? » Ils m’ont menacé avec leurs lances. Ils m’ont emmené aux appartements et j’ai été interrogé par [un commandant lendu]. Il m’a demandé ce que j’avais dit à la MONUC. C’est tout ce qu’il voulait savoir. Il m’a menacé. Ils m’ont frappé au visage. J’ai dit que je n’avais rien raconté à la MONUC. Ils ont dit qu’ils allaient me mettre en prison. Ils m’ont pris 100 USD mais un commandant qui me connaissait m’a sauvé et ils m’ont laissé partir.144

Cette même personne a été arrêtée une seconde fois et sévèrement frappée avec des bâtons et des cordes. Cette personne a été retenue pendant sept jours et frappée régulièrement.145

Des témoins ont rapporté que des civils étaient menacés pour avoir applaudi aux visites du personnel de la MONUC.146 Après une mission de ce type en novembre 2003, douze civils environ ont été battus et arrêtés et l’un d’entre eux au moins, un homme du nom de Choms, a été sommairement exécuté. Un témoin a raconté au chercheur de Human Rights Watch que M. Choms avait applaudi à l’arrivée d’un avion des Nations unies, affirmant que selon lui, cela signifiait l’instauration de la paix. La police locale a rapporté ce fait au FNI et deux combattants de la force ont arrêté M. Choms et une autre personne et les ont conduits au poste de police. Un témoin qui s’est rendu au poste de police le lendemain pour prendre des nouvelles de M. Choms a déclaré :

Les autres prisonniers m’ont dit qu’il avait été interrogé et battu et qu’il y avait eu ensuite un coup de feu … Je suis entré de force dans la salle et le corps y était encore. Il n’avait pas de chemise et il avait une balle dans la poitrine. Il portait des traces de coups de fouet sur le dos. Ils m’ont ensuite interrogé et m’ont forcé à partir. Ils ne voulaient pas nous remettre le corps pour l’enterrement.147

Arrestations arbitraires, actes de torture et travail forcé

Les combattants du FNI ont imposé un certain nombre « d’impôts », collectés de façon arbitraire et irrégulière. Ils ont organisé des travaux forcés communautaires connus sous le nom de salongo. Les représentants du FNI ont eu recours à des arrestations arbitraires, des passages à tabac et d’autres formes de traitement cruel et dégradant afin d’obtenir le maximum de paiements et de services des civils. Selon des habitants du coin, ces pratiques ont considérablement empiré après le départ des troupes ougandaises.148

Des habitants ont dû payer un « impôt de guerre » dont le montant et la fréquence à laquelle s’en acquitter variaient.149 Les commerçants du marché ont également été soumis à des demandes d’impôts, irrégulières et peu claires. Un homme d’affaire a déclaré :

Il y a environ cinq ou six impôts différents. Ils varient entre 2 USD et 20 USD. Tout le monde doit payer. On paye quand ils viennent et parfois, ils reviennent après quelques jours seulement. C’est très irrégulier. Si tu ne paies pas, tu es battu ou emmené en prison …L’armée du FNI et des civils font ça.150

Les chercheurs de Human Rights Watch ont recueilli des informations sur des cas similaires d’abus dans toute la région de Mongbwalu, Kilo, Rethy et Kpandruma. « Les gens ne peuvent rien dire ni rien faire, » a déclaré un témoin. « On fait juste ce que le FNI dit. »151

Un jeune commerçant arrêté le 5 février 2004 par le FNI pour non-paiement d’un impôt a été battu et emmené dans le camp militaire de Scirie-Abelcoz. Il a déclaré :

J’ai passé deux jours dans … un trou dans le sol recouvert de bâtons. Ils m’ont sorti du trou pour me battre. Ils m’ont attaché à une bûche et après, chacun à leur tour, ils m’ont battu avec des bâtons, sur la tête, sur le dos, sur les jambes. Ils ont dit qu’ils allaient me tuer… Il y avait une femme avec moi dans la prison souterraine. Ils l’ont aussi frappée. Ils ont essayé de me forcer à avoir des relations sexuelles avec elle mais je n’ai pas pu. Elle s’appelait Bagbedu.

Après deux jours, ils m’ont emmené à Mongbwalu. Ils m’ont fait porter la femme et m’ont forcé à chanter pendant que je la portais. J’étais escorté par trois combattants du FNI et un kadogo [enfant soldat]. En route, on a rencontré d’autres soldats qui m’ont forcé à laisser tomber la femme et m’ont encore battu. A Mongbwalu, les soldats m’ont encore battu avec des bâtons. Ils m’ont emmené dans une prison dans une maison. Ils ont aussi mis la femme dans la maison mais elle est morte quatre jours plus tard. J’ai passé cinq jours là-bas. Chaque jour, ils m’ont battu.152

Après une semaine, sa famille a payé 80 USD et le Commandant Maki du Camp Goli l’a laissé partir.

Les représentants du FNI ont montré à un chercheur de Human Rights Watch une longue liste d’impôts exigés des habitants, dont un « impôt de guerre » qui d’après leurs dires, était volontaire.153

Le FNI a utilisé des pratiques similaires pour appliquer la politique « salongo » de travail communautaire pour réparer les routes, ramasser le bois pour l’armée, nettoyer le camp militaire ou même brûler les corps comme décrit plus haut. Parfois, il fallait s’acquitter du salongo pendant au moins deux journées pleines par semaine mais fin 2004, l’exigence a été réduite à une fois par semaine pendant trois heures. Les participants recevaient un morceau de papier montrant qu’ils avaient effectué le travail requis. Les personnes qui ne pouvaient présenter une telle preuve lorsqu’elles étaient sollicitées par la police ou les combattants étaient soumises à des coups, des arrestations, des amendes ou même la mort. Selon un témoin, un jeune homme nommé Lite qui n’avait pas présenté la preuve requise lorsque celle-ci lui avait été réclamée a eu la tête écrasée par un coup de fusil asséné par un combattant FNI et est décédé des suites de ce coup. Le témoin a demandé aux autorités FNI quelle justice serait rendue à la famille de Lite et il a déclaré : « Ils ont répondu que la famille de Lite pouvait tuer l’homme qui avait fait ça mais la famille ne voulait pas. »154

Un autre homme a rapporté qu’il avait dû rejoindre un groupe d’une centaine d’hommes qui avaient tous refusé de se présenter pour un travail de salongo à une vingtaine de kilomètres de chez eux, parce que la distance était trop élevée. Ils ont été contraints de marcher toute la nuit, puis ont été emprisonnés et chaque personne âgée a dû payer 5 USD, chaque personne jeune 10 USD et chaque homme d’affaires 20 USD pour être libérée.155

Un responsable administratif local a reconnu que pour obtenir des travailleurs pour le salongo, ils devaient « intimider les gens pour qu’ils viennent sinon ils ne viendraient pas. »156 Une personne responsable du salongo à Saio a raconté à un chercheur de Human Rights Watch que le chef local « s’occuperait des gens qui ne travaillent pas » alors qu’un commissaire de police ajoutait qu’il « sanctionnait ceux qui refusaient de travailler. »157 Il ne s’est pas étendu sur le type de sanctions envisagées.


Jeune représentant en or arrêté et torturé à Mongbwalu en février 2004 par des combatants du FNI lendu car il était incapable de payer une taxe du marché. © 2004 Human Rights Watch.

Contrôle des mines d’or

En prenant le contrôle de Mongbwalu le 13 mars 2003, les responsables de la milice FNI, comme avant eux l’UPC, ont tout de suite tout mis en œuvre pour commencer à tirer profit des mines d’or. Les orpailleurs ont recommencé à creuser mais ils devaient payer une taxe aux combattants FNI pour pouvoir entrer dans les mines, 1 USD par personne pour certaines mines. Sur la base des registres d’entrée, tenus par les gardes FNI dans une mine, consultés par les chercheurs de Human Rights Watch, le FNI a touché 2 000 USD par mois de droits d’entrée dans cette seule mine.158 Les mineurs devaient aussi remettre au FNI entre deux et cinq grammes d’or par semaine, souvent sous la forme de minerai brut. A partir de ce minerai, les combattants FNI étaient en mesure d’estimer la densité d’or et donc de localiser les veines les plus rentables. Ils pouvaient ensuite envoyer leurs propres hommes pour exploiter les veines de ces zones.159 Un mineur a ainsi déclaré :

L’argent qui circule à Mongbwalu, c’est l’or. L’or, c’est l’économie. Les Lendu prennent l’or à ceux qui creusent. Ils prennent les meilleures zones par la force. Beaucoup de gens ne veulent pas partir creuser pour de l’or dont ils savent qu’il leur sera confisqué.160

Les combattants FNI, certains d’entre eux étant d’anciens chercheurs d’or, ont également extrait de l’or eux-mêmes ou ont organisé des groupes qui creuseraient pour eux. A Itendey, une région riche en or, au sud de Mongbwalu par exemple, les combattants FNI ont contraint de jeunes hommes à chercher de l’or pour eux dans le lit d’une rivière tout proche. Un responsable communautaire qui avait fui la région a raconté au chercheur de Human Rights Watch :

Les combattants FNI viennent chaque matin et font du porte à porte. Ils se séparent pour trouver de jeunes gens et ils en prennent environ soixante à la rivière Agula pour trouver de l’or. Ils [les jeunes gens] sont gardés par des militaires et ne sont pas payés. Ils sont contraints de travailler. Si les autorités essaient d’intervenir, ils sont battus. Le chef a essayé de mettre un terme à ça en les raisonnant mais ils n’aiment pas ça. Ils ont même forcé les enfants les plus jeunes à quitter l’école pour porter du sable et transporter des biens.161

Les mineurs travaillaient dans des conditions déplorables, exposés au risque d’accidents dans les mines et lorsqu’ils manipulaient du mercure pour traiter le minerai.


Registre d'entrée tenu par les gardes de la sécurité du FNI à la mine d'or d'Adidi (« Gestion de la mine d'Adidi pour le rapport journalier et la gestion financière, Ndjabu-Simo, FNI-FR »). Chaque mineur payait US$1 pour entrer dans la mine et était forcé de donner une partie de l'or extrait aux gardes en sortant.  ©2004 Human Rights Watch


Encadré 2 – Conditions de travail dans les mines

En mai 2004, un chercheur de Human Rights Watch a visité les mines de Mongbwalu et Durba où de nombreux mineurs et des ingénieurs ont évoqué les conditions de sécurité en cours de dégradation dans les mines. Un ancien ingénieur d’OKIMO a parlé à Human Rights Watch du manque d’air dans certaines parties de la mine souterraine où l’équipement utilisé pour assurer la circulation d’oxygène ne fonctionnait plus. Des mineurs ont raconté que certains de leurs collègues étaient morts de suffocation dans certaines parties de la mine, en particulier lorsque des feux étaient allumés pour tenter d’amollir des zones rocheuses dures, une technique dont ont été témoins les chercheurs de Human Rights Watch.162 Les mineurs ont également évoqué de fréquentes chutes de pierres, des inondations et d’autres accidents. Aucun équipement de sécurité de quelque type que ce soit n’était visible.

Les mineurs travaillaient individuellement ou en petits groupes avec des outils rudimentaires comme des marteaux et des burins. Ils étaient généralement pieds nus et portaient des bougies ou de petites lampes de poche pour éclairer leur chemin. Dans certaines mines souterraines, des ouvriers marchaient pendant des kilomètres avec de l’eau jusqu’à la poitrine et dans des passages étroits pour atteindre les galeries où ils travaillaient. Les femmes travaillaient également dans les mines, souvent comme porteuses.

Extraire de l’or de mines à ciel ouvert, certaines profondes de 300 mètres, est également risqué. Les mineurs ont évoqué de fréquents glissements de terrain et des chutes. Des ingénieurs spécialistes de l’or ont déploré les pratiques anarchiques d’extraction qui ont cours, sans préoccupation aucune pour la sécurité des mineurs eux-mêmes, ni pour les dommages à long terme causés aux infrastructures minières.163

Un mineur a déclaré : « Il y a des zones qui ont été murées par les Belges il y a longtemps. Mais on casse les planches et on y va quand même. On utilise un marteau et un gros piton en fer ou un burin pour creuser pour l’or. Le travail est très dur et je ne pouvais pas travailler plus de six heures par jour environ. »164

Les mineurs, s’ils ont de la chance gagnent environ 10 USD par jour. Un mineur a déclaré : « Je peux faire entre 5 et 20 USD par jour si j’ai de la chance et si je trouve une bonne veine. Autrement, je peux travailler pendant deux semaines à chercher de l’or sans rien gagner. »165

A la question sur les raisons d’un travail dans de telles conditions de danger, un mineur a répondu : « C’est quoi les autres choix ? C’est la seule façon de gagner de l’argent. C’est pour ma propre survie et celle de ma famille. »166

L’ensemble du processus d’extraction et de raffinage est réalisé à la main. Après l’extraction du minerai, celui-ci est réduit en sable à l’aide d’une barre de fer. Le sable est ensuite mélangé à de l’eau et du mercure qui attire les particules d’or et les sépare de la poussière de roche. Le mélange or-mercure est ensuite chauffé pour que le mercure s’évapore et que l’or subsiste. Le mercure est une substance dangereuse qui est aisément disponible sur les marchés de la région. Human Rights Watch a vu de nombreux mineurs utiliser du mercure sans gants ni masques, ne prenant aucune précaution en manipulant cette substance.


En plus des profits directs tirés de l’extraction de l’or, les responsables du FNI ont cherché à contrôler le commerce de l’or. Selon des commerçants en or, le contrôle du commerce par le FNI était encore hasardeux et impliquait parfois un recours direct à la force. En mai 2004, le commissaire aux mines du FNI a expliqué à un chercheur de Human Rights Watch que le FNI avait bien conscience de l’importance du marché de l’or à Mongbwalu et « qu’ils cherchaient des moyens supplémentaires pour contrôler le commerce. »167 Il n’existe pas de statistiques fiables sur le montant du commerce de l’or de Mongbwalu, ni sur les bénéfices engrangés par le FNI. Des commerçants locaux et d’autres sources informées ont estimé qu’entre 20 et 60 kilogrammes d’or quittaient la région de Mongbwalu chaque mois, soit une valeur allant de 240 000 USD à 720 000 USD par mois, à la date de rédaction de ce rapport. La majeure partie de l’or est échangée de Mongbwalu à Butembo dans le Nord-Kivu où le Dr Kisoni Kambale est l’un des principaux exportateurs d’or (voir plus bas).


Des mineurs artisanaux transportant des bacs de minerai naturel mélangé à de la terre à l'extérieur d'une mine à puit ouvert de Durba. Ce genre de puit, parfois aussi profond que 300 mètres, peut être très instable avec des glissements de terrain et des chutes fréquents. © 2004 Marcus Bleasdale.

Comme l’a expliqué un mineur, « Les profits entrent dans les poches du FNI »168, à la fois dans le sens de profits personnels et dans celui de profit pour le FNI. Un ancien commandant supérieur du FNI a raconté au chercheur de Human Rights Watch que certains des revenus tirés de l’or étaient utilisés pour acheter des armes et des munitions afin de compléter le stock d’armes récupérées sur le champ de bataille.169 Le responsable du FNI, Njabu, a lui-même reconnu auprès des chercheurs de Human Rights Watch que ses combattants extrayaient de l’or et qu’il échangeait de l’or contre des armes. Il a estimé les revenus qu’il tirerait de la vente de cinq kilogrammes d’or à 50 000 USD, ajoutant : « Ce n’est pas du pillage puisque je suis Congolais. »170 Une enquête de la MONUC sur les armes saisies à Beni en juillet 2003 a confirmé que le FNI utilisait les taxes tirées des mines d’or pour acheter des armes.171 Njabu a admis à un chercheur de Human Rights Watch qu’il avait acheté ces armes, ajoutant : « Je veux les récupérer ou je me battrai pour ça. »172

Le groupe armé du FNI a également été approché par des multinationales impatientes d’avoir accès aux significatives réserves d’or de la région. Le commissaire aux mines du FNI a expliqué à Human Rights Watch qu’ils avaient été approchés par un certain nombre de compagnies différentes mais qu’officiellement, la concession dans la région de Mongbwalu était aux mains d’AngloGold Ashanti et qu’ils étaient en contact avec eux (voir plus bas pour plus d’informations).173 L’arrivée des multinationales dans une région instable où conflit et compétition pour le contrôle des ressources naturelles sont étroitement mêlés crée des complexités supplémentaires et peut potentiellement créer davantage de violence. Alors qu’AngloGold Ashanti est la seule compagnie minière travaillant dans la région de Mongbwalu, d’autres compagnies ont signé des contrats de travail dans des zones de mines d’or plus au Nord, dans la ville de Durba.




[49] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 1er mai 2004.

[50] Ibid., Panel d’experts, Supplément confidentiel au Conseil de sécurité, novembre 2003.

[51] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Mongbwalu, Bunia, Kinshasa, février et mai 2004.  Egalement la lettre du Directeur général d’OKIMO, Etienne Kiza Ingani à Thomas Lubanga, Président de l’UPC.  Ref DG/SDG/172/2002, 1er octobre 2002.  Annexe, “Les Attentes de l’OKIMO”, octobre 2002.

[52] Lettre du Directeur général d’OKIMO, Etienne Kiza Ingani à Thomas Lubanga, Président de l’UPC.  Ref DG/SDG/172/2002, 1er octobre 2002 avec l’Annexe, “ Les Attentes de l’OKIMO”, octobre 2002.

[53] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un employé d’OKIMO, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[54] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien combattant, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[55] Ibid.

[56] Ibid., Panel d’experts, Supplément confidentiel au Conseil de sécurité des Nations unies, novembre 2003.

[57] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien combattant, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[58] Ibid., Panel d’experts, Supplément confidentiel au Conseil de sécurité des Nations unies, novembre 2003.

[59] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 27 février 2004.

[60] Entretien conduit par Human Rights Watch, Oicha, février 2003.

[61] Entretiens conduits par Justice Plus, Ituri, mars 2003.

[62] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 27 février 2004.

[63] Ibid.

[64] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004.

[65] Entretien conduit par Human Rights Watch, Oicha, février 2003.

[66] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Mongbwalu et Bunia, 6 mai et 8 octobre 2004.

[67] Les combattants lendu portent parfois au poignet des bracelets traditionnels ou des colliers connus sous le nom de « grigris » dont ils pensent qu’ils ont le pouvoir d’écarter le mal et de les protéger contre des assaillants.

[68] Entretien conduit par Human Rights Watch, village près de Mongbwalu, 6 mai 2004.

[69] Ibid., Conseil de sécurité des Nations unies, Special Report on the Events in Ituri, p. 24.

[70] Il est pratiquement impossible d’obtenir des statistiques précises sur le nombre de morts. Il est possible que le bilan humain côté civil soit encore beaucoup plus élevé.

[71] Entretien conduit par Human Rights Watch dans un camp pour personnes déplacées, Beni, 27 février 2004.

[72] Pour plus d’informations sur une conduite similaire de l’UPC à Bunia, voir Human Rights Watch, « couvert de sang », juillet 2003.  Voir également Conseil de sécurité des Nations unies, Special Report on the Events in Ituri, p. 34 – 38.

[73] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004.

[74] Entretien conduit par Human Rights Watch, Oicha, février 2003.

[75] Au total, trois religieuses et cinq prêtres ont été tués en Ituri depuis 1999. Le meurtre le plus récent date d’août 2003 et s’est produit à Fataki. Selon des responsables de l’église catholique, deux prêtres hema tués à Bunia en mai 2003 par des combattants ngiti et lendu ont été pris pour cibles en représailles du meurtre de l’Abbé Bwanalonga. Entretien conduit par Human Rights Watch avec des responsables de l’église catholique, Bunia, 10 mai 2004.

[76] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des responsables de l’église catholique, Bunia, 10 mai 2004.

[77] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, février 2003.

[78] “UPC Rebels Grab Mongbwalu’s Gold”, African Mining Intelligence No. 53, 15 janvier 2003.

[79] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[80] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un employé d’OKIMO, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[81] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, février 2003.

[82] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004.

[83] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004 ; Bunia, février 2003.

[84] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien mineur d’or, Oicha, février 2003.

[85] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 1er mai 2004.

[86] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 7 mars 2004.

[87] Ibid.

[88] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 1er mai 2004.

[89] Ibid.

[90] Ibid., Panel d’experts, Supplément confidentiel au Conseil de sécurité des Nations unies, novembre 2003.

[91] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 et 4 mai 2004.

[92] Entretien conduit par Human Rights Watch avec la section droits humains de la MONUC, 20 février 2004.

[93] Parmi les bailleurs impliqués dans le secteur de la sécurité et de la réforme de l’armée en RDC, se trouvent les gouvernements belge et sud-africain ainsi que l’Union européenne.

[94] Ibid., Conseil de sécurité des Nations unies, Special Report on the Events in Ituri, p.13.

[95] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien responsable d’une milice lendu, 21 février 2004.

[96] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[97] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des analystes de la situation sur place, Bunia, 10 octobre 2004. Voir également l’entretien conduit par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, Président du FNI, 2 mai 2004.

[98] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 5 mai 2004.

[99] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 24 février 2004.

[100] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des analystes de la situation sur place, Bunia, 10 octobre 2004. Voir également l’entretien conduit par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, Président du FNI, 2 mai 2004.

[101] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 23 février 2004.

[102] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 24 février 2004.

[103] Entretien conduit par Human Rights Watch avec les autorités locales, Bunia, 8 octobre 2004.

[104] Lettre du Brigadier Kale Kayihura au Directeur général de la MONUC à Bunia : Disposition de l’UPDF dans les deux secteurs de commandement de Bunia et Mahagi, 17 avril 2003.  Le document confirme également que la 1ère infanterie Coy est restée à Kilo.

[105] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 et 4 mai 2004.

[106] Ibid.

[107] Document confidentiel UPDF, « Retrait des forces de défense du peuple ougandais de la République démocratique du Congo », UPDF Form No. AC/DRC/01 signé à Mongbwalu, 1er mai 2003.  Document archivé à Human Rights Watch.

[108] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004.

[109] Rapport interne confidentiel des Nations unies relatif à l’enquête sur la saisie de l’avion à Beni,  25 juillet 2003.

[110] Lettre des autorités locales à la section Droits humains de la MONUC à Bunia, “Transmission du rapport sur les événements tragiques perpétrés contre la population civile par les combattants lendu à  Banyali/Kilo du 9 mars 2003 à ce jour”, Ref No 323/09/1,180/2003, 26 septembre 2003.

[111] Lettre des autorités locales à la section Droits humains de la MONUC à Bunia, “Tableau des violations des droits humains dans le secteur B/Kilo”, Ref No 323/21/1,180/2003, 20 novembre 2003.

[112] Ibid., Panel d’experts, Supplément confidentiel au Conseil de sécurité des Nations unies, novembre 2003.

[113] Entretiens conduits par Human Rights Watch avec les autorités du FNI, Mongbwalu, 2 mai 2004 et avec des habitants du coins, 3 mai 2004.

[114] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Beni et Mongbwalu, 27 février et 2 mai 2004.

[115] Entretien conduit par Human Rights Watch avec les autorités du FNI, Mongbwalu, 2 mai 2004.

[116] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 27 février 2004.

[117] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Beni et Mongbwalu, 27 février et 2 mai 2004.

[118] Entretien conduit par Human Rights Watch. Mongbwalu, 1er mai 2004.

[119] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des responsables du FNI, 2 mai 2004.

[120] Célébrations du 1er mai, stade de Mongbwalu, 1er mai 2004 auxquelles assistait un chercheur de Human Rights Watch.

[121] Entretien conduit par Human Rights Watch, avec le Président du FNI, Floribert Njabu, Mongbwalu, 7 mai 2004.

[122] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un journaliste international, Londres, 12 janvier 2005.

[123] Ibid., voir également Helen Vesperini, « Les villageois de la République démocratique du Congo secoués par un second massacre en quatre mois », Agence France Presse, 27 juillet 2003.

[124] Ibid.

[125] Opération Artémis est le nom donné à la Force multinationale intérimaire d’urgence envoyée par l’Union européenne et autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies dans la résolution 1484 du 30 mai 2003 afin de contribuer aux conditions de sécurité et améliorer la situation humanitaire à Bunia. Cette mission était limitée à trois mois, avec un champ géographique d’intervention ne concernant que la ville de Bunia.

[126] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 27 février 2004.

[127] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 27 février 2004.

[128] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004.

[129] Entretien conduit par Human Rights Watch, village voisin de Mongbwalu, 6 mai 2004.

[130] Entretien conduit par Human Rights Watch, Arua, Ouganda, février 2003.

[131] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 5 mai 2004.

[132] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 et 4 mai 2004.

[133] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[134] Ibid.

[135] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 5 mai 2004.

[136] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[137] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia et Mongbwalu, 19 février et 4 mai 2004.

[138] Entretien conduit par Human Rights Watch avec le Président du FNI, Floribert Njabu, 2 mai 2004.

[139] Entretien conduit par Human Rights Watch avec le Président du FNI, Floribert Njabu, 7 mai 2004.

[140] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 5 mai 2004.

[141] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Justice Plus, Bunia, 24 février 2004.

[142] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Justice Plus, Bunia, 24 février 2004.

[143] Après le meurtre de deux observateurs de la MONUC, aucun autre employé de la MONUC n’a été affecté à Mongbwalu jusqu'à avril 2005.

[144] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[145] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[146] Ibid.

[147] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 5 mai 2004.

[148] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des habitants du coin, Mongbwalu, 3 et 4 mai 2004.

[149] Ibid.

[150] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 7 mars 2004.

[151] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 20 février 2004

[152] Ibid.

[153] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Jean-Pierre Bikilisende Badombo, chef de cité et Sukpa Bidjamaro, chef adjoint de cité, 3 mai 2004.

[154] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 23 février 2004.

[155] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 7 mars 2004.

[156] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[157] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Manu Ngabi, autorité locale et Gérard Kitabo, Commissaire de police, Saio, 5 mai 2004.

[158] Visite de Human Rights Watch à la mine d’Adidi, 3 mai 2004. Statistiques du registre d’entrée tenu par les responsables FNI de la sécurité, à l’entrée de la mine. Livre clairement intitulé comme étant du FNI.

[159] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 23 février 2004.

[160] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 25 février 2004.

[161] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 20 février 2004.

[162] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien ingénieur spécialiste de l’or, Mongbwalu, 2 mai 2004. Voir également la visite de Human Rights Watch aux mines d’Adidi et de Makala, Mongbwalu, 3 mai 2004.

[163] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ingénieur d’OKIMO, Durba, 13 mai 2004.

[164] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un mineur d’or, Bunia, 21 février 2004.

[165] Ibid.

[166] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un mineur d’or, Mongbwalu, 2 mai 2004.

[167] Entretien conduit par Human Rights Watch avec M. Basiani, commissaire aux mines du FNI, 5 mai 2004.

[168] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un mineur d’or, Bunia, 23 février 2004.

[169] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien Commandant du FNI, Bunia, 21 février 2004.

[170] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, Président du FNI, Kinshasa, 7 octobre 2003.

[171] Rapport interne des Nations unies relatif à l’enquête sur la saisie de l’avion à Beni, 25 juillet 2003.

[172] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, Président du FNI, Kinshasa, 7 octobre 2003.

[173] Entretien conduit par Human Rights Watch avec M. Basiani, commissaire aux mines du FNI, 5 mai 2004.


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