<<précédente | index | suivant>> V. Abus contre les Droits Humains commis dans la Région des Mines dOr de MongbwaluAu cours de dix-huit mois de conflit en 2002 et 2003, des groupes armés hema et lendu ont combattu pour contrôler la ville de Mongbwau en Ituri, site dune mine dor. Alors que cette richesse changeait cinq fois de mains, passant des uns aux autres, ces groupes armés ont également massacré environ 2 000 civils, souvent sur une base ethnique. De plus, ils ont perpétré des exécutions sommaires, ont commis des viols, ont blessé des milliers de civils dune autre façon, se sont livrés à des actes de torture et ont arbitrairement détenu des personnes perçues comme ennemies. Au cours daccrochages fréquents, des dizaines de milliers de civils ont été forcés de fuir leurs maisons, perdant une bonne part ou la totalité de leurs biens lors des pillages ou des destructions. La ville de Mongbwalu se situe à environ 150 km au sud de Durba, dans la section de la concession aurifère contrôlée par la compagnie nationale OKIMO située en Ituri. Lor a été initialement découvert dans la région par des prospecteurs australiens en 1905 et les mines ont depuis lors été exploitées. La région de Mongbwalu est supposée abriter lun des plus riches gisements de la concession dOKIMO et elle regroupe la vaste mine industrielle dAdidi, les anciennes mines belges de Makala et Sincere et une usine non négligeable de traitement de lor dans laquelle des lingots ont été produits jusquen 1999. A leur pic dans les années 60 et 70, les opérations minières dOKIMO employaient environ six mille ouvriers et représentaient la première source demploi dans le Nord-Est du Congo. Bien que Mongbwalu soit situé au centre dun territoire appartenant à lethnie des Nyali, des personnes dethnies différentes étaient venues y vivre afin de travailler dans les mines dor ou dans des activités qui leur étaient liées. Les Lendu représentaient la majorité des 80 000 habitants alors que les Hema représentaient une population beaucoup plus restreinte. En dépit des accrochages entre ethnies différentes ailleurs en Ituri, Mongbwalu est dans lensemble resté calme avant 2002, sous le contrôle des troupes du RCD-ML soutenues par les soldats de larmée ougandaise. Les opérations dextraction de lor se poursuivaient sur une plus petite échelle, la plupart au bénéfice du RCD-ML et des soldats ougandais. En avril 2002, la situation a changé lorsque le RCD-ML, renforcé par une nouvelle solidarité avec le gouvernement national dans le cadre de laccord de Sun City, est entré en conflit avec les Hema. Sous la direction de Thomas Lubanga, les Hema ont commencé à former des milices structurées qui allaient ensuite être formellement désignées par le nom dUPC. Le RCD-ML a répondu en attaquant des civils hema à Mongbwalu avec laide de combattants lendu. Les milices hema ont ensuite pris pour cibles des civils lendu dans la ville et ses environs. Pour être plus en sécurité, des gens qui avaient vécu dans des régions ethniquement mélangées se sont déplacés vers des régions habitées par des personnes appartenant au même groupe ethnique queux. Une femme a ainsi déclaré : « Dans chaque groupe, les gens ont fui vers leur région. Les tensions étaient très vives.»49 Au début du mois daoût 2002, le gouvernement ougandais a décidé de retirer son appui au RCD-ML en partie à cause de ses liens avec Kinshasa et de soutenir son opposant local, lUPC. Les troupes ougandaises et les combattants hema ont délogé les forces du RCD-ML de Bunia, la capitale de lIturi. Peu de temps après, les Ougandais ont diminué leur appui aux Hema, soupçonnant quils sorientaient vers une alliance avec le Rwanda et le Rwanda a accru son soutien à lUPC. Selon un supplément confidentiel préparé par le panel dexperts des Nations unies, le Rwanda a entraîné plus de 100 combattants UPC dans le centre de formation de Gabiro, au Rwanda, entre septembre et décembre 2002 et a formé dautres officiers de renseignements directement à Bunia.50 Dans le même temps, le RCD-ML, humilié par la perte de ses appuis ougandais et sa retraite précipitée de Bunia, a forgé des liens encore plus étroits avec la milice lendu, lui fournissant des armes et menant avec elle des attaques conjointes pour stopper ou inverser les avances de lUPC. Une fois obtenu le contrôle de Bunia, lUPC a affirmé avoir constitué un gouvernement pour lIturi et sest déplacé pour prendre des villes au nord et au sud de Bunia. Selon des témoins et des preuves documentaires, lUPC a commencé à planifier une attaque sur Mongbwalu en septembre 2002, dans lintention dobtenir le contrôle de son or.51 Avant même quun seul coup de fusil ne soit tiré, le Président de lUPC, Lubanga demandait à Etienne Kiza Ingani, alors Directeur général dOKIMO, lui-même hema, de préparer une note sur la façon dont les opérations minières pouvaient être gérées sous le contrôle de lUPC. Dans ce document, M. Kiza félicitait par avance chaleureusement lUPC pour sa victoire plusieurs semaines avant que Mongbwalu ait en fait été pris et suggérait que soit établi un « conseil exécutif mixte [incluant lUPC et OKIMO] pour faire linventaire du terrain et décider rapidement de ce que nous devons faire. »52. Lors de réunions sur les investissements dans les mines qui se sont tenues à Mongbwalu après la victoire de lUPC, le Directeur financier dOKIMO, Roger Dzaringa Buma, également hema, a été présenté comme étant le conseiller financier du Président de lUPC, Lubanga, illustrant ainsi la poursuite dune relation privilégiée entre les responsables dOKIMO et le groupe armé UPC.53 Le 8 novembre 2002, lUPC a échoué dans sa première tentative pour prendre Mongbwalu, ses forces étant repoussées par les combattants du RCD-ML et les milices lendu. Avant dentreprendre une seconde tentative, les responsables de lUPC se sont assurés du soutien du Commandant Jérôme Kakwavu Bukande qui avant commandé la 5ème zone opérationnelle du RCD-ML dans la région des mines dor de Durba. En septembre cependant, le Commandant Jérôme avait été chassé de Durba par une force composée de deux autres mouvements rebelles, le RCD-N et le Mouvement de Libération du Congo (MLC). Il sétait retiré à Aru, un poste situé à la frontière ougandaise qui offrait de lucratives recettes fiscales. Selon un autre combattant de haut rang ayant lui aussi quitté le RCD-ML pour lUPC au même moment, le Commandant Jérôme sattendait à recevoir de lor, de livoire et des armes en échange de sa participation. Il a déclaré : Lubanga lui [Commandant Jérôme] a donné le matériel les mortiers, les lances roquettes RPG, les lance-grenades qui pouvaient être installés sur un véhicule et de nombreuses bombes. Tout ceci a été envoyé par avion via Air Mbau [Mbau Pax Airlines], un Antonov loué par lUPC. Dautres munitions sont arrivées de Bunia par la route. [Le Commandant] Manu les a escortées à Mongbwalu. Cétait la réserve.54 Le soutien rwandais était également crucial à lUPC dans ses efforts pour prendre Mongbwalu. En plus des formations militaires mentionnées plus haut, les Rwandais fournissaient lUPC et leur allié le Commandant Jérôme en armes. Le même combattant associé au Commandant Jérôme a déclaré : Les armes que nous recevions de Lubanga venaient du Rwanda. Rwanda était écrit sur les boîtes. Il y a aussi une différence entre le type darmes que le Rwanda et lOuganda utilisent. Le MAG était un modèle différent, un MMG alors que les Ougandais utilisent un G2. La taille des mortiers était aussi différente de ceux des Rwandais.55 Un supplément confidentiel ultérieur du panel dexperts des Nations unies a confirmé que les mortiers, les fusils-mitrailleurs et les munitions étaient envoyés à lUPC, à Mongbwalu depuis le Rwanda, entre novembre 2002 et janvier 2003. A dautres occasions, des armes envoyées de Kigali ont été larguées par les airs dans le bastion UPC de Mandro.56 Selon le combattant qui a également participé à lassaut contre Mongbwalu, lopération a été organisée et conduite par le chef de lUPC, Lubanga, le Commandant Bosco Taganda (chef des opérations de lUPC) et le Commandant Kisembo Bahemuka (chef détat-major de lUPC) ainsi que par le Commandant Jérôme Kakwavu et deux autres officiers qui lui étaient associés, les Commandants Salumu Mulenda et Sey. Des Rwandais auraient apporté leur aide dans la planification et la direction de lattaque, provoquant le mécontentement du Commandant Jérôme et de certains de ses hommes. Comme la affirmé le combattant : « Cest les Rwandais qui ont organisé lattaque, ils ont donné les ordres. Les hommes de Jérôme nétaient pas contents de cette situation. »57 En évaluant le rôle du Rwanda en Ituri, le panel dexperts des Nations unies a affirmé au Conseil de sécurité des Nations unies que des commandants clefs de lUPC rendaient directement compte de leurs actes au haut commandement de larmée rwandaise, notamment au chef détat-major rwandais, le Général James Kabarebe et au chef des services de renseignement, le Général Jack Nziza.58 Massacres et autres abus commis par lUPC et ses alliésMassacre à Mongbwalu, novembre 2002LUPC renforcé par les combattants du Commandant Jérôme, après lattaque manquée du 8 novembre 2002, a de nouveau attaqué la région de Mongbwalu, le 18 novembre 2002. Au cours de cette opération militaire qui a duré six jours, les forces de lUPC ont massacré des civils sur une base ethnique, traquant ceux qui cherchaient refuge dans la forêt, capturant et tuant dautres personnes aux barrages routiers. Suivant une stratégie coordonnée, lUPC et les forces du Commandant Jérôme ont attaqué au nord de Mongbwalu dans les villages de Pili Pili et Pluto chassant de la ville les soldats du RCD-ML plus expérimentés. Dautres, conduits par le Commandant Bosco, ont attaqué au sud à laéroport. Un témoin a affirmé que les assaillants travaillaient systématiquement, passant dune maison à la suivante.
Il a raconté : LUPC est arrivé à Pluto vers 9 heures du matin Sils prenaient quelquun, ils lui demandaient quelle était sa tribu. Sils nétaient pas leurs ennemis, ils les laissaient partir. Ils tuaient ceux qui étaient lendu LUPC criait pour que tout le monde entende, « On va vous exterminer le gouvernement ne va plus vous aider maintenant.»59 Un autre témoin a décrit ce quil a vu à Mongbwalu : Les Hema [UPC] et [les forces du Commandant Jérôme] sont arrivés dans la ville et ont commencé à tuer les gens. On sest caché dans notre maison. Jai ouvert la fenêtre et jai vu de là ce qui se passait. Un groupe de plus de dix avec des lances, des fusils et des machettes a tué deux hommes à Cité Suni, dans le centre de Mongbwalu Ils ont pris Kasore, un Lendu dune trentaine dannées, à sa famille et lont attaqué avec des couteaux et des marteaux. Ils lont tué avec son fils (denviron 20 ans) avec des couteaux. Ils ont coupé la gorge de son fils et ont déchiré sa poitrine. Ils ont coupé les tendons de ses talons, écrasé sa tête et sorti ses intestins. Le père a été massacré et brûlé. On a fui à Saio. En partant, on a vu dautres corps.60 De nombreux civils ont fui avec les combattants lendu vers Saio, à environ sept kilomètres. Ils ont été attaqués là-bas le lendemain. Les civils ont couru dans les forêts alors que dautres tentaient de se cacher à Saio, notamment dans une église appelée « Mungu Samaki ». Lorsque les combattants UPC ont trouvé les civils, ils les ont massacrés.61 Un témoin a raconté :
[LUPC] utilisait des grenades incendiaires et brûlait les maisons dans lesquelles il y avait encore des gens, comme la maison de Mateso Chalo. Ngabu, cétait un Lendu et il ne pouvait pas prendre la fuite. Il avait beaucoup denfants et il essayait de les porter. Ils lui ont tiré dessus. Il est tombé sur lun de ses enfants et il est mort. Une autre femme, Adjisu, ils lui ont tiré dans la jambe. Elle avait son bébé avec elle. Ils lont rattrapée pendant quelle essayait de ramper sur le sol. Ils lont découpée à la machette et lont tuée. Ils ont découpé le bébé aussi. Des gens ont été jetés dans des latrines. LUPC a déclaré que cétait eux les chefs maintenant.62 LUPC a poursuivi les combattants lendu qui fuyaient, les forces du RCD-ML et des milliers de civils qui se dirigeaient vers la forêt. Pendant une marche de dix jours à la recherche dune meilleure sécurité à Beni et ailleurs, des dizaines de civils sont morts, en particulier des enfants et les personnes les plus faibles. Ceux qui ont tenté de fuir par la route ont été pris aux barrages routiers et beaucoup ont été tués. Un témoin qui avait fui a déclaré quil avait vu des combattants UPC tuer 120 personnes à un barrage routier à Yedi. Il a ensuite recouvert les corps avec des feuilles.63 Des civils qui nétaient pas lendu sont retournés à Mongbwalu dans les jours suivants. Selon eux, le Commandant Bosco de lUPC avait au départ la responsabilité sur place mais il a ensuite été remplacé par le Commandant Salongo au poste de commandant du secteur de Mongbwalu. Les personnes rentrées à Mongbwalu ont raconté que les Lendu, les Nande et les Jajambo nétaient pas bien accueillis là-bas. Comme la relaté un témoin : « Il ne fallait pas être lendu à Mongbwalu ou alors on vous éliminait. »64 Un témoin a fait état de nombreux corps dans les rues et de tombes fraîchement creusées autour du quartier général militaire de lUPC installé dans les « appartements », les anciens logements des employés dOKIMO. Les personnes rentrées plus dune semaine après lattaque faisaient encore état de corps dans les rues.65 Massacre à Kilo, décembre 2002En décembre 2002 et au début de lannée 2003, les forces de lUPC ont attaqué Kilo, Kobu, Lipri, Bambu et Mbijo, des villages tous situés près de Mongbwalu. Ils ont pris Kilo le 6 décembre et quelques jours plus tard, le Commandant Kisembo et le Commandant Salumu ont délibérément ordonné de tuer des dizaines de civils. Ils ont tenu une réunion au centre de la ville avec environ soixante personnalités locales importantes appartenant à lethnie nyali. Selon des témoins présents à cette réunion, le Commandant Kisembo a affirmé que tous les Lendu allaient être expulsés de la région et que ceux qui refuseraient de partir seraient tués.66 Les combattants de lUPC ont arrêté des hommes, des femmes et des enfants qui portaient des bracelets, supposant ainsi quils étaient lendu.67 Ils les ont forcés à creuser leurs propres tombes avant de les massacrer. Les combattants UPC ont également forcé les habitants nyali à les aider à recouvrir les tombes.
Un homme qui nétait pas lendu a déclaré : Jai vu beaucoup de gens les membres liés prêts à être exécutés. LUPC a déclaré quils allaient tous les tuer. Ils ont forcé les Lendu à creuser leurs propres tombes. Je ne suis pas lendu mais ils mont quand même forcé à creuser ou ils allaient me tuer. Les tombes étaient près du camp militaire. Tout a commencé le matin. Ils ont appelé les gens pour quils creusent rapidement un trou dun mètre cinquante à peu près. Ils tuaient les gens en les frappant à la tête avec une masse. Les gens criaient et pleuraient. Puis on nous a demandé de remplir la tombe. On a travaillé jusquà 4 heures de laprès-midi. On a enterré les victimes sans dénouer leurs liens. Il y avait environ quatre soldats [UPC] qui tuaient les gens. Ils criaient [aux victimes] quelles étaient leurs ennemis. Lun des officiers présents était le Commandant David [Mpigwa]. Le Commandant Kisembo était également présent et il a tout vu. Il donnait les ordres avec David. Je ne sais pas combien de personnes ils ont tuées au total mais jai vu au moins cent personnes tuées.68 Selon un rapport spécial des Nations unies sur les événements en Ituri, le Commandant UPC Salumu a dirigé dautres opérations militaires qui ont causé la mort dau moins 350 civils, entre janvier et mars 2003.69 Sur la base des déclarations de témoins, dinformations recueillies auprès dorganisations locales de défense des droits humains et dautres sources, Human Rights Watch estime que sur lensemble des 2 000 civils tués à Mongbwalu et dans ses environs au cours de la période allant de novembre 2002 à juin 2003, au moins 800 dont les 350 mentionnés dans le rapport des Nations unies ont été tués dans les attaques conduites par lUPC fin 2002 et début 2003.70 Plus de 140 000 personnes ont été déplacées par les différentes séries dattaques. Certaines de ces personnes se trouvent encore dans des camps ou dans les forêts au moment de la rédaction de ce rapport. « Je veux rentrer travailler à Mongbwalu, » a déclaré un témoin, « mais pas pendant quil y encore beaucoup darmes qui sont utilisées pour tuer les gens. »71 Arrestations arbitraires, actes de torture et exécutions sommairesAprès avoir pris le contrôle de Mongbwalu, les combattants hema ont arbitrairement arrêté, et dans certains cas, sommairement exécuté des civils soupçonnés dêtre lendu ou davoir aidé des Lendu.72 Un homme détenu sous le chef dinculpation que ses frères avaient aidé des Lendu a été battu pendant deux jours puis enfermé dans une salle de bain avec quatre autres personnes, dans les « appartements », le quartier général de lUPC. Il a déclaré que deux personnes sur les quatre présentes, des hommes lendu âgés, avaient été tuées et que les deux autres personnes, qui nétaient pas lendu, avaient également été emmenées le dixième jour, juste avant sa propre libération.73 Un autre témoin a raconté avoir été arbitrairement emprisonné dans un camp militaire. Il a affirmé avoir vu des combattants sélectionner et tuer des prisonniers à cause de leur appartenance ethnique.74
Lun des plus célèbres cas darrestation et dexécution a impliqué lAbbé Boniface Bwanalonga, le vieux prêtre ngiti de la paroisse de Mongbwalu qui a été arrêté avec trois religieuses et deux autres hommes le 25 novembre 2002. Pris pour cible à cause de son appartenance ethnique, lAbbé Bwanalonga a été le premier prêtre tué dans le conflit en Ituri.75 En décembre, des responsables de léglise ont confronté le Président de lUPC, Lubanga sur la responsabilité des combattants UPC dans le meurtre de lAbbé Bwanalonga. Selon eux, Lubanga a exprimé des regrets pour cette mort et aurait promis une enquête qui na jamais été réalisée.76 Certains responsables de la communauté hema dans le village de Dego, proche de Mongbwalu, auraient cherché à identifier les auteurs afin décarter tout risque de répercussions sur leur communauté mais les résultats, si toutefois cette tentative en a produit, ne sont pas connus.
Exploitation minière de lor : exemples de travail forcéSelon un témoin, lUPC a promis de lor aux hommes qui rejoignaient ses forces pour attaquer Mongbwalu.77 Les simples combattants nétaient pas les seuls à espérer obtenir une part de la richesse. Un journal spécialisé dans les questions minières a rapporté que les Rwandais avaient conclu un accord avec lUPC et que Lubanga avait promis denvoyer lor par bateau à partir de la région quil contrôlait via Kigali plutôt que via Kampala.78 En janvier 2003, M. Kiza, Directeur général dOKIMO et M. Dzaringa, Directeur financier ont reçu des investisseurs potentiels venus au Rwanda pour discuter de lexploitation industrielle des mines de Mongbwalu. Les visiteurs rwandais ont fait le tour des mines dor, de lusine et du laboratoire avant de rencontrer les deux responsables dOKIMO, en présence des responsables militaires et politiques de lUPC.79 Les employés dOKIMO avaient dû préparer des estimations sur le coût de la reprise des opérations et ils ont montré leurs données et les cartes géologiques aux investisseurs. Selon lun dentre eux, le reste des négociations a été conduit par lUPC.80 Dans lattente du capital nécessaire au début des opérations industrielles, lUPC a encouragé les ouvriers qui avaient fui, à revenir et à recommencer à exploiter lor de façon artisanale.81 Les commandants de lUPC ont cherché à identifier et à recruter des employés OKIMO pour quils les aident dans leur travail.82 Selon des mineurs et des autorités locales, certains mineurs ont recommencé à travailler dans les trois mines principales de Mongbwalu et dans des mines à ciel ouvert connues localement sous le nom de Bienvenue et Monde Rouge : ils ont dû verser chaque jour aux combattants UPC qui gardaient les mines une partie du minerai extrait.83 Mais lUPC a apparemment trouvé que le nombre de ces mineurs était insuffisant et a commencé à contraindre dautres mineurs à travailler par équipe, le matin, laprès-midi ou le soir, dans les mines. Un mineur a déclaré : Les ouvriers nétaient pas payés. Cétait un travail dur. Ils devaient creuser sous de grosses pierres sans machines. Ils navaient que des outils à mains comme des pioches. On leur donnait des bananes et des haricots à manger et ils étaient battus. Certains ont essayé de senfuir en faisant semblant daller aux toilettes. La milice hema les gardait. Comme les Lendu avaient pris la fuite, tous les autres groupes ont dû creuser.84 Une autre personne contrainte de travailler à cinq reprises a raconté sa première expérience : Jétais là-bas depuis moins dune semaine quand trois soldats sont venus me trouver chez moi. Ils mont emmené dans un coin de la ville qui sappelle Cite Shuni. Là, on ma donné un panier de pierres à réduire en poussière pour quils puissent récupérer lor. Je navais jamais fait ça avant et on ma forcé à le faire pendant toute la journée. On était environ vingt à cet endroit, forcés à faire le même travail. Jai eu tellement dampoules aux mains que je ne pouvais plus continuer. Le travail était très dur. On aurait dit que chaque soldat avait ses propres ouvriers qui produisaient pour lui. Jai fait tout ce que jai pu pour méchapper de là-bas.85 Les combattants de lUPC ont ainsi exploité lor parfois avec laide de mineurs locaux quils avaient réquisitionnés pour travailler avec eux et qui recevaient parfois un petit pourcentage de lor extrait.86 Un ancien employé dOKIMO contraint daider lUPC à organiser une brigade pour les mines a déclaré que le groupe comprenait de cinquante à cent combattants dont un faible nombre de mineurs expérimentés. Cette brigade travaillait à extraire lor dans les régions entourant Mongbwalu dont Mbijo, Baru, Yedi et Lisey sous commandement militaire de lUPC.87 Accroissement du commerceSelon des témoins, le nombre de vols à destination et en provenance de Mongbwalu a fortement augmenté lorsque la production dor a débuté sous le contrôle de lUPC. Selon des témoins, lor quittait la zone alors que des armes y entraient. Un témoin a raconté : Quand lUPC était à Mongbwalu, ils envoyaient leur or à Bunia et de là, il était expédié vers le Rwanda. En échange, ils recevaient des armes. Plusieurs soldats mont dit ça. Quand ils étaient ici, il y avait au moins deux vols par jour. Lor était utilisé pour acheter des armes et des uniformes.88 Un autre témoin a raconté quil avait été contraint de creuser un trou pour stocker des armes, au quartier général de lUPC, à Mongbwalu. Il a déclaré : Ils ont mis des armes dans ce trou. Les armes étaient encore neuves. Certains fusils avaient des roues quil faut pousser. Ils ont dit quils ne savaient pas comment les utiliser mais que les Rwandais savaient et quils allaient venir pour leur montrer. Mes amis soldats mont dit que les armes avaient été achetées avec de lor. Ils gardaient très bien ce trou.89 Comme nous lavons mentionné plus haut, un supplément confidentiel du panel dexperts des Nations unies a affirmé que des armes avaient été livrées à Mongbwalu, en provenance du Rwanda, entre novembre 2002 et janvier 2003.90 Des informations données par des responsables communautaires et dautres sources militaires confirment également la livraison darmes bien que léchange armes contre or nait pas été établi.91 Justice pour les crimes commis par lUPCEn juillet 2003, Human Rights Watch a relaté le massacre de novembre 2002 à Mongbwalu et un an plus tard, le Conseil de sécurité des Nations unies a également donné des informations détaillées sur le massacre de civils commis autour de Mongbwalu. A ce jour, les auteurs de ces crimes nont pas été traduits en justice, ni par lUPC, ni par le gouvernement de transition de la RDC. LUPC a fait scission en deux factions, début décembre 2003. La branche conduite par le Commandant Kisembo est passée dun mouvement essentiellement militaire à un parti politique qui a été reconnu comme parti politique national mi-2004. Le Commandant Kisembo a été arrêté par les troupes de la MONUC le 25 juin 2004 pour avoir poursuivi le recrutement militaire mais il a été relâché ensuite, sans inculpation. Depuis octobre 2003, Thomas Lubanga, le responsable de lautre faction de lUPC, a été assigné à résidence par le gouvernement de transition, à Kinshasa, où il vit au Grand Hôtel. Il a été arrêté à Kinshasa en mars 2005 mais na encore été inculpé daucun crime. Le Commandant Bosco reste lofficier militaire en chef en charge de la faction UPC de Lubanga basée en Ituri. La MONUC affirme quil est responsable de lattaque contre un convoi de la MONUC qui a causé la mort dun soldat de maintien de la paix kenyan, en janvier 2004 ainsi que de la prise en otage dun soldat de maintien de la paix marocain, en septembre 2004.92 Les Commandants Salumu et Sey, qui appartiennent toujours aux forces du Commandant Jérôme, ont été sélectionnés pour être entraînés au Collège militaire supérieur de Kinshasa, en préparation de leur intégration comme officiers supérieurs dans la nouvelle armée congolaise intégrée. Human Rights Watch na pas connaissance dun quelconque examen minutieusement conduit par les responsables militaires de la RDC ou les bailleurs internationaux qui soutiennent lintégration dans larmée afin que soit déterminée leur inéligibilité à des postes supérieurs, du fait de leur participation à des violations des droits humains.93 En mars 2003, les combattants de lUPC ont perdu le contrôle de la région de Mongbwalu et des profits tirés des mines dor lorsquils ont été attaqués et repoussés par une nouvelle alliance de forces conduite par leur ancien allié désormais passé dans le camp ennemi : larmée ougandaise. Massacres et autres abus commis par le FNI, les FAPC et larmée ougandaiseAprès avoir abandonné les Hema, les soldats ougandais ont construit une nouvelle alliance avec les Lendu qui avaient créé le parti FNI, sous la responsabilité de Floribert Njabu, en novembre 2002. A la fin février 2003, le Commandant Jérôme a également mis un terme aux relations quil entretenait avec lUPC et a créé sa propre milice, connue sous le nom de FAPC, basée dans limportante ville frontière dAru, au Nord-Est de Mongbwalu. Selon un rapport spécial du Conseil de sécurité des Nations unies sur lIturi, les FAPC ont été créées avec le soutien direct de lOuganda.94 Avec lintensification de la pression internationale en faveur dun retrait de leurs troupes dIturi, les soldats ougandais ont cherché à préserver un maximum de territoire pour leurs alliés locaux. Le 6 mars 2003, apparemment en réponse à une attaque de lUPC, larmée ougandaise a chassé lUPC de Bunia avec laide des milices lendu. Un ancien responsable lendu qui a participé à lopération a déclaré que ses hommes et lui avaient ainsi procédé à la demande du Brigadier de larmée ougandaise, Kale Kayihura.95 Les soldats ougandais et les combattants du FNI ont pourchassé des troupes de lUPC en fuite vers le Nord en direction de Mongbwalu. Massacre de Kilo, mars 2003Le 10 mars 2003, les forces ougandaises et les forces lendu ont attaqué Kilo, une ville située juste au sud de Mongbwalu, les Lendu arrivant quelques heures avant les Ougandais.96 Les combattants lendu se sont heurtés à une faible résistance de la part de lUPC et ils ont commencé à tuer des civils quils supposaient appartenir à lethnie nyali, les accusant davoir aidé les Hema. Selon des sources locales, ils ont tué au moins une centaine de personnes, dont de nombreux femmes et enfants. Ils ont pillé les habitations et les magasins sur place et ont exigé des civils quils transportent le butin pour leur compte.97 Des habitants qui marchaient sur la route près de la ville de Kilo, un mois après les faits, ont évoqué lodeur de pourriture émanant des cadavres laissés dans la forêt.98 Une femme du coin a assisté à lincendie de sa maison et a vu ensuite les combattants lendu tuer un homme, cinq femmes et un enfant avec des machettes. Elle a ensuite été contrainte à aider au transport du butin pour les combattants lendu. Elle a raconté quen route les Lendu avaient choisi quatre enfants entre dix et quinze ans, Rosine, Diere, Kumu et Flory dans le groupe et les avaient tués. Ils ont ensuite tué cinq adultes supplémentaires. Lorsque certaines des femmes ont chancelé sous le poids des lourdes charges quelles étaient contraintes de porter, les Lendu les ont tuées et ont coupé leurs seins puis leurs parties génitales. Le témoin a déclaré : A Kilo Mission, en haut de la colline, il y avait beaucoup de combattants lendu. Ils avaient quelques armes mais surtout des machettes, des arcs et des flèches. Ils étaient très sales et avaient de la boue sur le visage pour quon ne puisse pas les reconnaître. Sur la colline, on a vu de nombreux corps de gens qui avaient été tués. Ils étaient tous sur le ventre au sol. Ils étaient nus. Les Lendu se préparaient à brûler les corps. Il y en avait beaucoup, trop pour les compter.99 Selon des témoins, le Commandant Kaboss commandait lattaque. Il rendait compte au Commandant Matesso Ninga surnommé Kung Fu, qui avait la charge des opérations pour le FNI bien quil nait pas été vu à Kilo pendant le massacre. A cette époque, le chef détat major militaire du FNI était Maître Kiza.100 Les troupes ougandaises aux ordres du Commandant Obote sont arrivées quelques heures après les Lendu et elles ont tenté de faire cesser les meurtres. Le témoin a déclaré : Lorsque les soldats ougandais sont arrivés, ils ont commencé à frapper les Lendu et à leur tirer dessus. Ils leur ont dit : « Pourquoi vous avez tué des gens, on avait dit que vous pouviez piller mais pas tuer des gens. Vous allez salir notre réputation. » Ils ont essayé de rendre une partie du butin mais les Lendu commençaient à fuir. Les Ougandais ont dit quils regrettaient la façon dont les Congolais se comportaient et quils regrettaient beaucoup lincendie et la destruction de la maison du chef.101 Bien que les Ougandais aient fait cesser les meurtres dans la ville, les combattants du FNI lendu ont continué à tuer des gens dans les villages voisins comme Kabakaba, Buwenge, Alimasi et Bovi. « Si les Ougandais entendaient parler des meurtres, » a raconté un témoin, « ils partaient pour essayer de les stopper mais cétait souvent trop tard. »102 Les autorités locales ont également fait état du viol denviron vingt-sept femmes et de lincendie de villages, notamment Emanematu et Livogo qui ont été complètement détruits.103 Bien que les soldats ougandais aient tenté de limiter les abus commis par le FNI après lattaque de Kilo, ils nont ni désarmé les combattants, ni mis un terme à lalliance militaire quils avaient avec eux. Ils ont au contraire poursuivi leurs opérations militaires conjointes vers Mongbwalu où ils sont arrivés le 13 mars 2003 et ont installé le quartier général militaire du 83ème Bataillon.104 Le lendemain, un responsable communautaire a cherché à obtenir des garanties sur la sécurité auprès du Commandant ougandais Okelo qui avait la charge du camp militaire. Selon lui, le Commandant Okelo a confirmé « quil contrôlait les combattants lendu et leur avait donné une semaine pour déposer leurs armes traditionnelles. »105 Des témoins ont observé les troupes de larmée ougandaise mener à bien des patrouilles conjointes avec des combattants lendu et ont rapporté « quil était clair que cétait larmée ougandaise qui commandait. »106 Lorsque les soldats ougandais ont quitté lIturi deux mois plus tard, ils travaillaient toujours de façon rapprochée avec le FNI. Selon un document de larmée ougandaise daté du 1er mai 2003, le Major Ezra, un Ougandais, a remis le contrôle de Mongbwalu aux commandants FNI Mutakama et Butsoro alors que les troupes de larmée ougandaise quittaient la région. Toutes les parties ont signé le document, devant Oran Safwat, observateur de la MONUC.107 Bien que le Commandant Jérôme et la plupart de ses troupes se soient retirés dAru, un contingent est resté à Mongbwalu aux ordres du Commandant Sey. Des témoins ont également affirmé que les commandants de larmée ougandaise avaient laissé derrière eux certaines de leurs munitions et de leurs armes pour le FNI.108 De plus, une cargaison darmes ougandaises à destination de Mongbwalu a été saisie par la MONUC à Beni, plusieurs mois après le retrait des Ougandais. Les personnes accompagnant les armes ont rapporté que le FNI recevait toujours une aide de lOuganda et que les armes saisies à Beni leur étaient destinées. Selon le rapport de la MONUC relatif à cet incident, lune des personnes accompagnant les armes, un responsable administratif adjoint de Mongbwalu, a reconnu quil était constamment en contact avec les Ougandais.109 Responsabilité pour le massacre de Kilo en mars 2003De nombreux témoins ont rapporté aux autorités locales les abus commis. Ces dernières ont ensuite écrit un courrier à la section Droits humains de la MONUC à Bunia, le 26 septembre 2003 listant les 125 morts civils, les cas de torture et de viol dans la région de Kilo, de mars à mai 2003 commis par les combattants du FNI alors que les soldats ougandais étaient encore présents dans la région.110 Aucune réponse na été fournie et le 20 novembre 2003, une seconde lettre a été envoyée détaillant dix-neuf autres morts supplémentaires, huit cas de torture et deux cas de viol commis entre juillet et novembre 2003.111 Larmée ougandaise avait le contrôle du commandement des combattants du FNI lendu lors de leur opération militaire conjointe. Elle devrait être tenue pour responsable des abus commis par les combattants du FNI lendu. Bien quelle ait pu tenter de minimiser les crimes en organisant des patrouilles conjointes et en exigeant que les combattants déposent leurs armes traditionnelles, cette armée na pas mis en uvre de mesures supplémentaires garantissant que les auteurs des crimes commis seraient tenus pour responsables de leurs actes. De plus, cette armée a rapidement armé le FNI avec des armes modernes. Human Rights Watch na connaissance daucune enquête ou arrestation entreprises soit par larmée ougandaise, soit par les autorités du FNI lendu concernant les abus commis par leurs troupes. A ce jour, personne na été tenu pour responsable du massacre des civils et des autres graves abus contre les droits humains commis à Kilo. « La guerre de 48 heures », juin 2003 et les massacres qui ont suiviAprès le départ des forces ougandaises en mai 2003, lUPC a repris Mongbwalu le 10 juin 2003. En dépit dun arrivage récent darmes supplémentaires en provenance du Rwanda, livrées sur une piste datterrissage nouvellement construite à environ 30 kilomètres de Mongbwalu112, lUPC na pu tenir la ville que 48 heures avant dêtre repoussé par les combattants du FNI lendu sous le commandement de Mateso Ninga, surnommé Kung Fu. Le FNI a contre-attaqué avec des armes lourdes qui auraient été abandonnées par les Ougandais.113 Les Lendu ont tiré une grande fierté de leur victoire dans ce qui fut baptisé « la guerre de 48 heures. » Selon un témoignage local, il semble que 500 personnes aient été tuées lors de la contre-attaque lendu, dont de nombreux civils.114 Les autorités du FNI ont affirmé que lUPC avait attaqué Mongbwalu afin de reprendre le contrôle de lor.115 De plus, un nombre important de civils accompagnaient les combattants, dans lintention apparemment de piller et daider les combattants à piller la ville.116 Selon des témoins et les autorités du FNI, les victimes tuées au cours de la contre-attaque lendu étaient pour beaucoup des civils.117 Un témoin a raconté avoir été choqué en voyant autant de corps, civils et combattants, en ville le jour de la victoire lendu. Il a déclaré : [Le Commandant] Kung Fu a vu que beaucoup de gens étaient morts et il a demandé aux gens de laider à les enterrer. Mais il y en avait trop alors ils ont décidé de les brûler plutôt. Ils ont brûlé pendant trois jours au moins. Il y avait une odeur horrible dans lair.118 Les responsables du FNI ont reconnu devant un chercheur de Human Rights Watch que des civils accompagnaient les combattants UPC.119 Lors dune représentation commémorative de la bataille pour les célébrations du 1er mai 2004, dans le stade de Mongbwalu à laquelle assistait Human Rights Watch, des femmes et des jeunes jouant le rôle des civils hema portaient des biens avant dêtre tués par des combattants lendu sous le commandement de Kung Fu. La pièce sest poursuivie en montrant la communauté en train de brûler les corps des personnes tuées et proclamant que le Commandant Kung Fu était un héros.120 Cependant, interrogé sur la question, le Président du FNI comme il aimait lui-même se faire appeler, Floribert Njabu, a affirmé quil ny avait pas de civils parmi les combattants qui avaient lancé lattaque. Il a déclaré que le FNI disposait « de commandants professionnels qui connaissaient les règles internationales de la guerre »,121 impliquant ainsi quils nauraient pas tué de civils. Aucune preuve ne laisse penser que les combattants du FNI établissaient une distinction entre cibles civiles et cibles militaires pendant la bataille. Selon des récits locaux et des témoins, les meurtres ont été perpétrés à laveuglette, sans faire de différence entre femmes, enfants et combattants. Sil nest pas exceptionnel que des femmes et des enfants aient pris part à des pillages dans des opérations militaires de ce type en Ituri, ils auraient dû être respectés. Peu de temps après avoir repris Mongbwalu à lUPC, les combattants du FNI ont poursuivi leurs attaques contre des civils hema. Entre juillet et septembre 2003, les combattants FNI ont attaqué de nombreux villages hema à lEst de Mongbwalu dont Nizi, Drodro, Largo, Fataki et Bule. Dans la ville de Fataki, un témoin arrivé peu de temps après une attaque de ce type lancée par des combattants FNI a rapporté avoir vu les cadavres frais de victimes, dans les rues, les bras liés, des bâtons dans lanus et des parties du corps tranchées comme les oreilles.122 A Drodro, des témoins ont rapporté que des combattants FNI avaient attaqué lhôpital en tuant des patients hema dans leur lit.123 Des sources locales ont affirmé que des dizaines de civils avaient été tués lors de ces attaques et des milliers dautres contraints de fuir. Un avertissement simple et brutal avait été gravé par les attaquants sur le mur dun bâtiment de Largo : « On ne rigole pas avec les Lendu. »124
La « chasse aux sorcières » contre les femmes hema et dautres opposantsPeu de temps après lattaque par lUPC en juin 2003, les combattants du FNI ont commencé à accuser les femmes hema qui vivaient à Mongbwalu et dans ses environs despionner au profit des groupes armés hema. Les femmes hema qui vivaient encore dans la région étaient peu nombreuses et la plupart étaient mariées à des Lendu. Elles vivaient en toute sécurité dans la communauté lendu. Cependant, après la « guerre de 48 heures », les combattants lendu ont arrêté, torturé et tué ces femmes et certains hommes, les accusant de « salir et trahir » leur société. Sappuyant sur des accusations de sorcellerie, les combattants lendu et les responsables spirituels ont couvert leurs crimes en affirmant que les meurtres avaient été ordonnés par un esprit connu sous le nom de Godza. Des responsables plus modérés, au sein du FNI ont eu des difficultés à contrer ces affirmations et nont rien entrepris pour les stopper. Un témoin a déclaré : Après lattaque de juin [2003], les Lendu ont décidé de tuer toutes les femmes hema sans exception. Il y a des femmes que je connaissais qui ont été tuées. Je navais jamais vu quelque chose comme ça avant. Avant on ne faisait pas de mal aux femmes hema mariées à des étrangers. Maintenant ils voulaient chasser ces femmes. Lesprit lendu, Godza, leur a dit de tuer toutes les femmes pendant lune des cérémonies spirituelles lendu. Une des femmes quils ont tuées, cétait Faustine Baza. Je la connaissais bien. Elle était très responsable et vivait à Pluto. Le FNI est venu pour la chercher et ils lont emmenée dans leur camp. Ils lont tuée là-bas. Ils ont tué dautres femmes aussi. Je ne voulais pas participer à tout ça alors je suis parti. Je ne pouvais pas rester pendant quils exterminaient ces femmes hema. Ils ont fait ça à Pluto et Dego. Ils venaient de Dego avec 37 femmes hema à tuer. Je ne veux pas y retourner maintenant cest trop dur.126 Un autre témoin a déclaré : En juillet, des femmes ont été tuées à Pluto et Dego. La stratégie consistait à les enfermer dans la maison et à y mettre le feu. Plus de 50 ont été tuées. Pluto, cétait le lieu dexécution des femmes hema de Pluto et dailleurs aussi. Ils ont capturé les femmes dans les campagnes autour. Ils ont dit que cétait pour les faire venir parler de la paix. Ils ont mis dix femmes dans une maison, ont lié leurs mains, ont fermé les portes et ont mis le feu à la maison. Ceci a duré pendant deux semaines environ, avec des meurtres nuit et jour. Après ça, il ne restait plus de femmes hema dans [notre région] et les hommes navaient pas le droit de partir avec leurs enfants. Ils appelaient les femmes « bachafu » - sales. Parfois, les hommes étaient emmenés en prison. Le mari de Suwa a dû payer 300 USD. Ils lui ont dit quils avaient tué sa femme et il a dû payer 30 grammes dor (300 USD) pour nettoyer le couteau quils avaient utilisé pour la tuer.127 De nombreuses personnes avaient conscience des meurtres en cours et les corps étaient fréquemment visibles dans les villes. Un témoin a rapporté avoir vu six corps de femmes au Club, un bâtiment bien connu de Mongbwalu, mi-2003. Il a dit que de nombreux autres passants avaient également vu les corps dénudés et marqués par les coups et que les combattants lendu essayaient de recruter des gens pour les aider à les brûler.128 Un responsable communautaire dans un village excentré a exprimé sa frustration de voir se poursuivre de telles pratiques, affirmant quil avait été interrogé plus de dix fois par des combattants lendu sur la localisation des femmes hema. Il a déclaré à un chercheur de Human Rights Watch : « Je veux savoir ce que Kinshasa va faire pour nous aider. Est-ce-quils vont laisser le FNI rester ici ? La population souffre vraiment. »129 Lopération contre les femmes hema sest étendue aux hommes et à dautres tribus et sest poursuivie au moins jusquen avril 2004, faisant environ soixante-dix victimes à Pluto, Dego, Mongbwalu, Saio, Baru, Mbau et Kobu et peut-être également dans dautres localités de la région de Mongbwalu. A cette époque, lallégation de sorcellerie est devenue une accusation fréquente, entraînant la mort après une « cérémonie de jugement » conduite par des responsables spirituels locaux. Tenues dans le secret, ces cérémonies de jugement utilisaient différentes méthodes pour déterminer la culpabilité ou linnocence de la personne. Un civil accusé dêtre hema a décrit à un chercheur de Human Rights Watch la cérémonie quil a dû subir avec dautres après avoir été capturé par des combattants lendu, en 2003 : Un fétichiste local [responsable spirituel] est venu là où jétais retenu. Il avait deux ufs avec lui. Jétais attaché et javais très peur. Il a fait rouler les ufs au sol devant mes pieds. On ma dit que si les ufs roulaient en séloignant de moi alors je serais innocent. Mais si les ufs revenaient en roulant vers moi, alors je serais hema et donc coupable. Jai eu de la chance, les ufs se sont éloignés de moi. Quelquun dautre, Jean, qui était avec moi na pas eu autant de chance. Les ufs ont roulé dans le mauvais sens et on lui a dit de partir en courant. Pendant quil courait, les Lendu lui ont tiré une flèche dessus. Il est tombé. Ils lont coupé en morceaux avec leurs machettes devant moi. Puis ils lont mangé. Jétais horrifié.130 Dans la région de Mongbwalu, les meurtres se sont poursuivis pendant toute lannée 2003 et jusquen 2004. Un témoin a décrit à un chercheur de Human Rights Watch la poursuite des meurtres : [Après la guerre de juin], ils ont dit quils ne voulaient pas que les Hema reviennent. Ceux qui restaient ont été tués. Ils les ont tués à Saio et Baru. Ils les emmenaient et cest tout. Un homme du nom de Mateso Bandelai Gaston, un Nyali et son frère Augustin ont été tués parce quils étaient accusés dêtre des sorciers. Des femmes aussi ont été tuées. Céline, une Alur, a été tuée pour sorcellerie. Gabriel, un Kakwa et sa femme ont aussi été tués. On les accusait de protéger les Hema.131 Certains responsables communautaires ont exprimé leurs inquiétudes sur les « cérémonies Godza » au responsable du FNI, Njabu, en juillet 2003. Il semblait alors navoir rien entrepris pour faire cesser les meurtres mais selon des habitants du coin, leur nombre a diminué après son déplacement vers Mongbwalu en février 2004, coïncidence ou conséquence de sa présence, la question nest pas tranchée.132 Alors que certaines autorités du FNI ont pu désapprouver de tels meurtres et peut-être prendre des mesures pour minimiser leur nombre, à la date de rédaction de ce rapport, personne na été tenu pour responsable de ces actes. Human Rights Watch na connaissance daucune investigation conduite par les représentants du FNI sur ces meurtres. Meurtre de deux observateurs de la MONUCLe 12 mai 2003, peu de temps après que les troupes ougandaises eurent abandonné Mongbwalu au FNI et aux FAPC, les combattants FNI ont délibérément tué deux observateurs militaires des Nations unies qui nétaient pas armés, le Major Safwat Oran de Jordanie et le Capitaine Siddon Davis Banda du Malawi. Des rumeurs sur une imminente attaque hema qui allait de fait se produire avec la « guerre de 48 heures » un mois plus tard ont suscité la panique chez les habitants de la ville. Une centaine dentre eux a cherché refuge dans la résidence des observateurs de la MONUC. Les observateurs, apparemment inquiets eux aussi ont pris des dispositions pour être évacués. Lorsque lhélicoptère des Nations unies est arrivé sur une piste datterrissage proche, les combattants FNI ont refusé dautoriser le passage des observateurs. Conduits par le Commandant Issa, les combattants les ont emmenés au Commandant Sey des FAPC, dans son quartier général, les « appartements ». « Les combattants martelaient en chantant que Sey ne les laisserait pas partir, » a déclaré un témoin.133 Peu de temps après, les combattants ont de nouveau emmené les observateurs, apparemment parce que Sey avait refusé de les prendre sous sa protection. Ils les ont tués à une faible distance des « appartements ». Un témoin qui sest trouvé à passer sur les lieux, un peu plus tard ce même après-midi a déclaré : Jai trouvé les corps sur la route qui descend des appartements. Tous les deux avaient été tués par balles. Lun avait une balle dans la tête et lautre dans le ventre. Jai trouvé larmée des FAPC autour des corps.134 Les habitants du coin ont transporté les corps vers le quartier général des FAPC et les ont placés dans une maison vide toute proche. Sey et ses combattants ont fui Mongbwalu ce même soir, cherchant apparemment à prendre leur distance avec ce crime.135 Les habitants du coin ont ensuite enterré les deux corps dans une tombe peu profonde à Mongbwalu.136 Selon plusieurs habitants de Mongbwalu, le Commandant Issa du FNI était responsable de ces meurtres. Des témoins ont rapporté que les combattants FNI avaient pris possession des voitures des observateurs des Nations unies et les avaient utilisées jusquà ce que les Nations unies les récupèrent.137 Au cours de discussions avec un chercheur de Human Rights Watch, le responsable du FNI, Njabu a déclaré : « Nous navons pas enquêté sur les meurtres. Ce nest pas notre affaire. Notre armée était à Saio au même moment, à une distance de sept kilomètres. Les combattants du Commandant Jérôme étaient dans les appartements. Vous devriez demander au Commandant Sey ce qui sest passé. »138 Cependant, dans un second entretien quelques jours plus tard, il a admis que le Commandant Issa était peut-être également présent et il a indiqué quune enquête était en cours.139 Plus dun an plus tard, les autorités du FNI navaient encore annoncé aucun résultat de lenquête. Selon un récit local non confirmé, le Commandant Kung Fu du FNI a bel et bien réalisé une enquête et apparemment suite à cela, le Commandant Sey a pris la fuite et a ensuite été tué.140 Menace contre les défenseurs des droits humains et dautres personnes qui dénoncent les abusCertains combattants FNI ont tenté dempêcher les habitants du coin dentrer en relation avec la MONUC ou tout autre agence extérieure, apparemment par crainte quils ne transmettent des informations sur les abus commis par le FNI. Dimportants commandants du FNI ont menacé des activistes des droits humains de lorganisation Justice Plus après leur voyage en Europe et leurs récits de la situation en Ituri.141 Dautres responsables du FNI auraient planifié dexaminer les activités de lorganisation et menacé de considérer ses employés comme ennemis sil savérait que ces derniers avaient eu des contacts avec les Rwandais et les Hema.142 Les combattants du FNI lendu ont agi de façon plus directe et immédiate contre des habitants du coin qui avaient échangé avec les employés de la MONUC, lors de leurs visites occasionnelles à Mongbwalu, fin 2003.143 Une personne ayant subi ces abus a déclaré : Jai été emmené par neuf combattants [lendu] en uniforme. Ils sont venus chez moi et ont crié : « Lève-toi ! Quest-ce-que tu as dit à la MONUC ? » Ils mont menacé avec leurs lances. Ils mont emmené aux appartements et jai été interrogé par [un commandant lendu]. Il ma demandé ce que javais dit à la MONUC. Cest tout ce quil voulait savoir. Il ma menacé. Ils mont frappé au visage. Jai dit que je navais rien raconté à la MONUC. Ils ont dit quils allaient me mettre en prison. Ils mont pris 100 USD mais un commandant qui me connaissait ma sauvé et ils mont laissé partir.144 Cette même personne a été arrêtée une seconde fois et sévèrement frappée avec des bâtons et des cordes. Cette personne a été retenue pendant sept jours et frappée régulièrement.145 Des témoins ont rapporté que des civils étaient menacés pour avoir applaudi aux visites du personnel de la MONUC.146 Après une mission de ce type en novembre 2003, douze civils environ ont été battus et arrêtés et lun dentre eux au moins, un homme du nom de Choms, a été sommairement exécuté. Un témoin a raconté au chercheur de Human Rights Watch que M. Choms avait applaudi à larrivée dun avion des Nations unies, affirmant que selon lui, cela signifiait linstauration de la paix. La police locale a rapporté ce fait au FNI et deux combattants de la force ont arrêté M. Choms et une autre personne et les ont conduits au poste de police. Un témoin qui sest rendu au poste de police le lendemain pour prendre des nouvelles de M. Choms a déclaré : Les autres prisonniers mont dit quil avait été interrogé et battu et quil y avait eu ensuite un coup de feu Je suis entré de force dans la salle et le corps y était encore. Il navait pas de chemise et il avait une balle dans la poitrine. Il portait des traces de coups de fouet sur le dos. Ils mont ensuite interrogé et mont forcé à partir. Ils ne voulaient pas nous remettre le corps pour lenterrement.147 Arrestations arbitraires, actes de torture et travail forcéLes combattants du FNI ont imposé un certain nombre « dimpôts », collectés de façon arbitraire et irrégulière. Ils ont organisé des travaux forcés communautaires connus sous le nom de salongo. Les représentants du FNI ont eu recours à des arrestations arbitraires, des passages à tabac et dautres formes de traitement cruel et dégradant afin dobtenir le maximum de paiements et de services des civils. Selon des habitants du coin, ces pratiques ont considérablement empiré après le départ des troupes ougandaises.148 Des habitants ont dû payer un « impôt de guerre » dont le montant et la fréquence à laquelle sen acquitter variaient.149 Les commerçants du marché ont également été soumis à des demandes dimpôts, irrégulières et peu claires. Un homme daffaire a déclaré : Il y a environ cinq ou six impôts différents. Ils varient entre 2 USD et 20 USD. Tout le monde doit payer. On paye quand ils viennent et parfois, ils reviennent après quelques jours seulement. Cest très irrégulier. Si tu ne paies pas, tu es battu ou emmené en prison Larmée du FNI et des civils font ça.150 Les chercheurs de Human Rights Watch ont recueilli des informations sur des cas similaires dabus dans toute la région de Mongbwalu, Kilo, Rethy et Kpandruma. « Les gens ne peuvent rien dire ni rien faire, » a déclaré un témoin. « On fait juste ce que le FNI dit. »151 Un jeune commerçant arrêté le 5 février 2004 par le FNI pour non-paiement dun impôt a été battu et emmené dans le camp militaire de Scirie-Abelcoz. Il a déclaré : Jai passé deux jours dans un trou dans le sol recouvert de bâtons. Ils mont sorti du trou pour me battre. Ils mont attaché à une bûche et après, chacun à leur tour, ils mont battu avec des bâtons, sur la tête, sur le dos, sur les jambes. Ils ont dit quils allaient me tuer Il y avait une femme avec moi dans la prison souterraine. Ils lont aussi frappée. Ils ont essayé de me forcer à avoir des relations sexuelles avec elle mais je nai pas pu. Elle sappelait Bagbedu. Après deux jours, ils mont emmené à Mongbwalu. Ils mont fait porter la femme et mont forcé à chanter pendant que je la portais. Jétais escorté par trois combattants du FNI et un kadogo [enfant soldat]. En route, on a rencontré dautres soldats qui mont forcé à laisser tomber la femme et mont encore battu. A Mongbwalu, les soldats mont encore battu avec des bâtons. Ils mont emmené dans une prison dans une maison. Ils ont aussi mis la femme dans la maison mais elle est morte quatre jours plus tard. Jai passé cinq jours là-bas. Chaque jour, ils mont battu.152 Après une semaine, sa famille a payé 80 USD et le Commandant Maki du Camp Goli la laissé partir. Les représentants du FNI ont montré à un chercheur de Human Rights Watch une longue liste dimpôts exigés des habitants, dont un « impôt de guerre » qui daprès leurs dires, était volontaire.153 Le FNI a utilisé des pratiques similaires pour appliquer la politique « salongo » de travail communautaire pour réparer les routes, ramasser le bois pour larmée, nettoyer le camp militaire ou même brûler les corps comme décrit plus haut. Parfois, il fallait sacquitter du salongo pendant au moins deux journées pleines par semaine mais fin 2004, lexigence a été réduite à une fois par semaine pendant trois heures. Les participants recevaient un morceau de papier montrant quils avaient effectué le travail requis. Les personnes qui ne pouvaient présenter une telle preuve lorsquelles étaient sollicitées par la police ou les combattants étaient soumises à des coups, des arrestations, des amendes ou même la mort. Selon un témoin, un jeune homme nommé Lite qui navait pas présenté la preuve requise lorsque celle-ci lui avait été réclamée a eu la tête écrasée par un coup de fusil asséné par un combattant FNI et est décédé des suites de ce coup. Le témoin a demandé aux autorités FNI quelle justice serait rendue à la famille de Lite et il a déclaré : « Ils ont répondu que la famille de Lite pouvait tuer lhomme qui avait fait ça mais la famille ne voulait pas. »154 Un autre homme a rapporté quil avait dû rejoindre un groupe dune centaine dhommes qui avaient tous refusé de se présenter pour un travail de salongo à une vingtaine de kilomètres de chez eux, parce que la distance était trop élevée. Ils ont été contraints de marcher toute la nuit, puis ont été emprisonnés et chaque personne âgée a dû payer 5 USD, chaque personne jeune 10 USD et chaque homme daffaires 20 USD pour être libérée.155 Un responsable administratif local a reconnu que pour obtenir des travailleurs pour le salongo, ils devaient « intimider les gens pour quils viennent sinon ils ne viendraient pas. »156 Une personne responsable du salongo à Saio a raconté à un chercheur de Human Rights Watch que le chef local « soccuperait des gens qui ne travaillent pas » alors quun commissaire de police ajoutait quil « sanctionnait ceux qui refusaient de travailler. »157 Il ne sest pas étendu sur le type de sanctions envisagées.
Contrôle des mines dorEn prenant le contrôle de Mongbwalu le 13 mars 2003, les responsables de la milice FNI, comme avant eux lUPC, ont tout de suite tout mis en uvre pour commencer à tirer profit des mines dor. Les orpailleurs ont recommencé à creuser mais ils devaient payer une taxe aux combattants FNI pour pouvoir entrer dans les mines, 1 USD par personne pour certaines mines. Sur la base des registres dentrée, tenus par les gardes FNI dans une mine, consultés par les chercheurs de Human Rights Watch, le FNI a touché 2 000 USD par mois de droits dentrée dans cette seule mine.158 Les mineurs devaient aussi remettre au FNI entre deux et cinq grammes dor par semaine, souvent sous la forme de minerai brut. A partir de ce minerai, les combattants FNI étaient en mesure destimer la densité dor et donc de localiser les veines les plus rentables. Ils pouvaient ensuite envoyer leurs propres hommes pour exploiter les veines de ces zones.159 Un mineur a ainsi déclaré : Largent qui circule à Mongbwalu, cest lor. Lor, cest léconomie. Les Lendu prennent lor à ceux qui creusent. Ils prennent les meilleures zones par la force. Beaucoup de gens ne veulent pas partir creuser pour de lor dont ils savent quil leur sera confisqué.160 Les combattants FNI, certains dentre eux étant danciens chercheurs dor, ont également extrait de lor eux-mêmes ou ont organisé des groupes qui creuseraient pour eux. A Itendey, une région riche en or, au sud de Mongbwalu par exemple, les combattants FNI ont contraint de jeunes hommes à chercher de lor pour eux dans le lit dune rivière tout proche. Un responsable communautaire qui avait fui la région a raconté au chercheur de Human Rights Watch : Les combattants FNI viennent chaque matin et font du porte à porte. Ils se séparent pour trouver de jeunes gens et ils en prennent environ soixante à la rivière Agula pour trouver de lor. Ils [les jeunes gens] sont gardés par des militaires et ne sont pas payés. Ils sont contraints de travailler. Si les autorités essaient dintervenir, ils sont battus. Le chef a essayé de mettre un terme à ça en les raisonnant mais ils naiment pas ça. Ils ont même forcé les enfants les plus jeunes à quitter lécole pour porter du sable et transporter des biens.161 Les mineurs travaillaient dans des conditions déplorables, exposés au risque daccidents dans les mines et lorsquils manipulaient du mercure pour traiter le minerai.
En plus des profits directs tirés de lextraction de lor, les responsables du FNI ont cherché à contrôler le commerce de lor. Selon des commerçants en or, le contrôle du commerce par le FNI était encore hasardeux et impliquait parfois un recours direct à la force. En mai 2004, le commissaire aux mines du FNI a expliqué à un chercheur de Human Rights Watch que le FNI avait bien conscience de limportance du marché de lor à Mongbwalu et « quils cherchaient des moyens supplémentaires pour contrôler le commerce. »167 Il nexiste pas de statistiques fiables sur le montant du commerce de lor de Mongbwalu, ni sur les bénéfices engrangés par le FNI. Des commerçants locaux et dautres sources informées ont estimé quentre 20 et 60 kilogrammes dor quittaient la région de Mongbwalu chaque mois, soit une valeur allant de 240 000 USD à 720 000 USD par mois, à la date de rédaction de ce rapport. La majeure partie de lor est échangée de Mongbwalu à Butembo dans le Nord-Kivu où le Dr Kisoni Kambale est lun des principaux exportateurs dor (voir plus bas).
Comme la expliqué un mineur, « Les profits entrent dans les poches du FNI »168, à la fois dans le sens de profits personnels et dans celui de profit pour le FNI. Un ancien commandant supérieur du FNI a raconté au chercheur de Human Rights Watch que certains des revenus tirés de lor étaient utilisés pour acheter des armes et des munitions afin de compléter le stock darmes récupérées sur le champ de bataille.169 Le responsable du FNI, Njabu, a lui-même reconnu auprès des chercheurs de Human Rights Watch que ses combattants extrayaient de lor et quil échangeait de lor contre des armes. Il a estimé les revenus quil tirerait de la vente de cinq kilogrammes dor à 50 000 USD, ajoutant : « Ce nest pas du pillage puisque je suis Congolais. »170 Une enquête de la MONUC sur les armes saisies à Beni en juillet 2003 a confirmé que le FNI utilisait les taxes tirées des mines dor pour acheter des armes.171 Njabu a admis à un chercheur de Human Rights Watch quil avait acheté ces armes, ajoutant : « Je veux les récupérer ou je me battrai pour ça. »172 Le groupe armé du FNI a également été approché par des multinationales impatientes davoir accès aux significatives réserves dor de la région. Le commissaire aux mines du FNI a expliqué à Human Rights Watch quils avaient été approchés par un certain nombre de compagnies différentes mais quofficiellement, la concession dans la région de Mongbwalu était aux mains dAngloGold Ashanti et quils étaient en contact avec eux (voir plus bas pour plus dinformations).173 Larrivée des multinationales dans une région instable où conflit et compétition pour le contrôle des ressources naturelles sont étroitement mêlés crée des complexités supplémentaires et peut potentiellement créer davantage de violence. Alors quAngloGold Ashanti est la seule compagnie minière travaillant dans la région de Mongbwalu, dautres compagnies ont signé des contrats de travail dans des zones de mines dor plus au Nord, dans la ville de Durba. [49] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 1er mai 2004. [50] Ibid., Panel dexperts, Supplément confidentiel au Conseil de sécurité, novembre 2003. [51] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Mongbwalu, Bunia, Kinshasa, février et mai 2004. Egalement la lettre du Directeur général dOKIMO, Etienne Kiza Ingani à Thomas Lubanga, Président de lUPC. Ref DG/SDG/172/2002, 1er octobre 2002. Annexe, Les Attentes de lOKIMO, octobre 2002. [52] Lettre du Directeur général dOKIMO, Etienne Kiza Ingani à Thomas Lubanga, Président de lUPC. Ref DG/SDG/172/2002, 1er octobre 2002 avec lAnnexe, Les Attentes de lOKIMO, octobre 2002. [53] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un employé dOKIMO, Mongbwalu, 4 mai 2004. [54] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien combattant, Mongbwalu, 4 mai 2004. [55] Ibid. [56] Ibid., Panel dexperts, Supplément confidentiel au Conseil de sécurité des Nations unies, novembre 2003. [57] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien combattant, Mongbwalu, 4 mai 2004. [58] Ibid., Panel dexperts, Supplément confidentiel au Conseil de sécurité des Nations unies, novembre 2003. [59] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 27 février 2004. [60] Entretien conduit par Human Rights Watch, Oicha, février 2003. [61] Entretiens conduits par Justice Plus, Ituri, mars 2003. [62] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 27 février 2004. [63] Ibid. [64] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004. [65] Entretien conduit par Human Rights Watch, Oicha, février 2003. [66] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Mongbwalu et Bunia, 6 mai et 8 octobre 2004. [67] Les combattants lendu portent parfois au poignet des bracelets traditionnels ou des colliers connus sous le nom de « grigris » dont ils pensent quils ont le pouvoir décarter le mal et de les protéger contre des assaillants. [68] Entretien conduit par Human Rights Watch, village près de Mongbwalu, 6 mai 2004. [69] Ibid., Conseil de sécurité des Nations unies, Special Report on the Events in Ituri, p. 24. [70] Il est pratiquement impossible dobtenir des statistiques précises sur le nombre de morts. Il est possible que le bilan humain côté civil soit encore beaucoup plus élevé. [71] Entretien conduit par Human Rights Watch dans un camp pour personnes déplacées, Beni, 27 février 2004. [72] Pour plus dinformations sur une conduite similaire de lUPC à Bunia, voir Human Rights Watch, « couvert de sang », juillet 2003. Voir également Conseil de sécurité des Nations unies, Special Report on the Events in Ituri, p. 34 38. [73] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004. [74] Entretien conduit par Human Rights Watch, Oicha, février 2003. [75] Au total, trois religieuses et cinq prêtres ont été tués en Ituri depuis 1999. Le meurtre le plus récent date daoût 2003 et sest produit à Fataki. Selon des responsables de léglise catholique, deux prêtres hema tués à Bunia en mai 2003 par des combattants ngiti et lendu ont été pris pour cibles en représailles du meurtre de lAbbé Bwanalonga. Entretien conduit par Human Rights Watch avec des responsables de léglise catholique, Bunia, 10 mai 2004. [76] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des responsables de léglise catholique, Bunia, 10 mai 2004. [77] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, février 2003. [78] UPC Rebels Grab Mongbwalus Gold, African Mining Intelligence No. 53, 15 janvier 2003. [79] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004. [80] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un employé dOKIMO, Mongbwalu, 4 mai 2004. [81] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, février 2003. [82] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004. [83] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004 ; Bunia, février 2003. [84] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien mineur dor, Oicha, février 2003. [85] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 1er mai 2004. [86] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 7 mars 2004. [87] Ibid. [88] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 1er mai 2004. [89] Ibid. [90] Ibid., Panel dexperts, Supplément confidentiel au Conseil de sécurité des Nations unies, novembre 2003. [91] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 et 4 mai 2004. [92] Entretien conduit par Human Rights Watch avec la section droits humains de la MONUC, 20 février 2004. [93] Parmi les bailleurs impliqués dans le secteur de la sécurité et de la réforme de larmée en RDC, se trouvent les gouvernements belge et sud-africain ainsi que lUnion européenne. [94] Ibid., Conseil de sécurité des Nations unies, Special Report on the Events in Ituri, p.13. [95] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien responsable dune milice lendu, 21 février 2004. [96] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004. [97] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des analystes de la situation sur place, Bunia, 10 octobre 2004. Voir également lentretien conduit par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, Président du FNI, 2 mai 2004. [98] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 5 mai 2004. [99] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 24 février 2004. [100] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des analystes de la situation sur place, Bunia, 10 octobre 2004. Voir également lentretien conduit par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, Président du FNI, 2 mai 2004. [101] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 23 février 2004. [102] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 24 février 2004. [103] Entretien conduit par Human Rights Watch avec les autorités locales, Bunia, 8 octobre 2004. [104] Lettre du Brigadier Kale Kayihura au Directeur général de la MONUC à Bunia : Disposition de lUPDF dans les deux secteurs de commandement de Bunia et Mahagi, 17 avril 2003. Le document confirme également que la 1ère infanterie Coy est restée à Kilo. [105] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 et 4 mai 2004. [106] Ibid. [107] Document confidentiel UPDF, « Retrait des forces de défense du peuple ougandais de la République démocratique du Congo », UPDF Form No. AC/DRC/01 signé à Mongbwalu, 1er mai 2003. Document archivé à Human Rights Watch. [108] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004. [109] Rapport interne confidentiel des Nations unies relatif à lenquête sur la saisie de lavion à Beni, 25 juillet 2003. [110] Lettre des autorités locales à la section Droits humains de la MONUC à Bunia, Transmission du rapport sur les événements tragiques perpétrés contre la population civile par les combattants lendu à Banyali/Kilo du 9 mars 2003 à ce jour, Ref No 323/09/1,180/2003, 26 septembre 2003. [111] Lettre des autorités locales à la section Droits humains de la MONUC à Bunia, Tableau des violations des droits humains dans le secteur B/Kilo, Ref No 323/21/1,180/2003, 20 novembre 2003. [112] Ibid., Panel dexperts, Supplément confidentiel au Conseil de sécurité des Nations unies, novembre 2003. [113] Entretiens conduits par Human Rights Watch avec les autorités du FNI, Mongbwalu, 2 mai 2004 et avec des habitants du coins, 3 mai 2004. [114] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Beni et Mongbwalu, 27 février et 2 mai 2004. [115] Entretien conduit par Human Rights Watch avec les autorités du FNI, Mongbwalu, 2 mai 2004. [116] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 27 février 2004. [117] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Beni et Mongbwalu, 27 février et 2 mai 2004. [118] Entretien conduit par Human Rights Watch. Mongbwalu, 1er mai 2004. [119] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des responsables du FNI, 2 mai 2004. [120] Célébrations du 1er mai, stade de Mongbwalu, 1er mai 2004 auxquelles assistait un chercheur de Human Rights Watch. [121] Entretien conduit par Human Rights Watch, avec le Président du FNI, Floribert Njabu, Mongbwalu, 7 mai 2004. [122] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un journaliste international, Londres, 12 janvier 2005. [123] Ibid., voir également Helen Vesperini, « Les villageois de la République démocratique du Congo secoués par un second massacre en quatre mois », Agence France Presse, 27 juillet 2003. [124] Ibid. [125] Opération Artémis est le nom donné à la Force multinationale intérimaire durgence envoyée par lUnion européenne et autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies dans la résolution 1484 du 30 mai 2003 afin de contribuer aux conditions de sécurité et améliorer la situation humanitaire à Bunia. Cette mission était limitée à trois mois, avec un champ géographique dintervention ne concernant que la ville de Bunia. [126] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 27 février 2004. [127] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 27 février 2004. [128] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 mai 2004. [129] Entretien conduit par Human Rights Watch, village voisin de Mongbwalu, 6 mai 2004. [130] Entretien conduit par Human Rights Watch, Arua, Ouganda, février 2003. [131] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 5 mai 2004. [132] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Mongbwalu, 2 et 4 mai 2004. [133] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004. [134] Ibid. [135] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 5 mai 2004. [136] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004. [137] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia et Mongbwalu, 19 février et 4 mai 2004. [138] Entretien conduit par Human Rights Watch avec le Président du FNI, Floribert Njabu, 2 mai 2004. [139] Entretien conduit par Human Rights Watch avec le Président du FNI, Floribert Njabu, 7 mai 2004. [140] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 5 mai 2004. [141] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Justice Plus, Bunia, 24 février 2004. [142] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Justice Plus, Bunia, 24 février 2004. [143] Après le meurtre de deux observateurs de la MONUC, aucun autre employé de la MONUC na été affecté à Mongbwalu jusqu'à avril 2005. [144] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004. [145] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004. [146] Ibid. [147] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 5 mai 2004. [148] Entretien conduit par Human Rights Watch avec des habitants du coin, Mongbwalu, 3 et 4 mai 2004. [149] Ibid. [150] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 7 mars 2004. [151] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 20 février 2004 [152] Ibid. [153] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Jean-Pierre Bikilisende Badombo, chef de cité et Sukpa Bidjamaro, chef adjoint de cité, 3 mai 2004. [154] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 23 février 2004. [155] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 7 mars 2004. [156] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004. [157] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Manu Ngabi, autorité locale et Gérard Kitabo, Commissaire de police, Saio, 5 mai 2004. [158] Visite de Human Rights Watch à la mine dAdidi, 3 mai 2004. Statistiques du registre dentrée tenu par les responsables FNI de la sécurité, à lentrée de la mine. Livre clairement intitulé comme étant du FNI. [159] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 23 février 2004. [160] Entretien conduit par Human Rights Watch, Beni, 25 février 2004. [161] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 20 février 2004. [162] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien ingénieur spécialiste de lor, Mongbwalu, 2 mai 2004. Voir également la visite de Human Rights Watch aux mines dAdidi et de Makala, Mongbwalu, 3 mai 2004. [163] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ingénieur dOKIMO, Durba, 13 mai 2004. [164] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un mineur dor, Bunia, 21 février 2004. [165] Ibid. [166] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un mineur dor, Mongbwalu, 2 mai 2004. [167] Entretien conduit par Human Rights Watch avec M. Basiani, commissaire aux mines du FNI, 5 mai 2004. [168] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un mineur dor, Bunia, 23 février 2004. [169] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un ancien Commandant du FNI, Bunia, 21 février 2004. [170] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, Président du FNI, Kinshasa, 7 octobre 2003. [171] Rapport interne des Nations unies relatif à lenquête sur la saisie de lavion à Beni, 25 juillet 2003. [172] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Floribert Njabu, Président du FNI, Kinshasa, 7 octobre 2003. [173] Entretien conduit par Human Rights Watch avec M. Basiani, commissaire aux mines du FNI, 5 mai 2004.
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