Rapports de Human Rights Watch

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VII. Abus contre les Droits Humains dans les Mines d’Or de Durba et sur les Voies Commerciales

Le contrôle de Durba et des régions adjacentes riches en or, dans le district du Haut Uélé, à environ 150 kilomètres au nord de Mongbwalu a fait l’objet d’affrontements entre les trois mouvements rebelles mentionnés plus haut, le RCD-ML, le RCD-National et le MLC. Cette région n’a pas été déchirée par le type de massacres ethniques et autres meurtres qui ont dévasté l’Ituri mais les forces qui s’y opposaient ont commis de graves abus contre les populations locales.272


Un puit ouvert dans la ville aurifère de Durba dans le district du Haut U\u233 \'élé. Durba est un centre important pour l'extraction de l'or dans le nord-est du Congo. L'or de Durba est échangé au marché de la ville d'Ariwara, à la frontière avec l'Ouganda, contrôlée par les FAPC du commandant Jerôme qui utilisent les bénéfices pour soutenir leurs opérations militaires. © 2004 Marcus Bleasdale.

Bien que des administrateurs locaux aient été présents à Aru, la force effective dans la région depuis 2003 était un groupe armé local, les FAPC aux ordres du Commandant Jérôme Kakwavu. Selon les habitants de Durba, Aru et Ariwara, les troupes du Commandant Jérôme ont commis des abus plus graves que d’autres forces armées qui opéraient dans la région. Comme l’a affirmé un témoin : « Le règne de Jérôme a été le pire. Qui pouvait stopper Jérôme ? Il voulait vous tuer et c’est tout. Même les autorités civiles ne pouvaient rien faire. »273

Comme nous l’avons mentionné plus haut, le Commandant Jérôme faisait à l’origine partie du RCD-ML. Il a contrôlé Durba jusqu’en septembre 2002 lorsqu’une coalition de forces du RCD-National et du MLC l’a chassé de la ville. Il a battu en retraite dans les villes voisines d’Aru et Ariwara où il a établi un contrôle sur les postes frontières et a tiré bénéfice de taxes sur le commerce, en particulier l’or. En septembre 2002, il s’est déplacé vers le Sud pour soutenir l’UPC dans la prise de Mongbwalu. Il s’est ensuite séparé d’eux et a fondé sa propre milice, les FAPC. Bien que basées à Aru, les FAPC se sont alors alliées au FNI et ont partagé le contrôle de Mongbwalu après mars 2003. Les FAPC et le FNI ont également partagé le contrôle des régions productrices d’or plus proches d’Aru et d’Ariwara jusqu’à la mi-2004 lorsque ces deux groupes se sont affrontés pour les mines de Djalasiga. A cette époque, les FAPC se sont éloignées du FNI et ont renouvelé leur alliance avec l’UPC.

Tout au long des fréquents changements d’alliances du Commandant Jérôme, une constante a été le soutien reçu de l’Ouganda. L’Ouganda l’a aidé à établir les FAPC (voir plus haut) et selon une investigation ultérieure de la MONUC, lui a laissé des armes lorsque les troupes ougandaises se sont retirées en 2002.274 Un groupe d’experts des Nations unies enquêtant sur les violations de l’embargo sur les armes dans l’Est de la RDC a rapporté, en janvier 2005, que l’Ouganda avait continué de fournir des armes et des munitions aux FAPC tout au long de 2003 et en 2004, certaines provenant du camp militaire de l’UPDF à Arua, de l’autre côté de la frontière par rapport à Aru, en RDC.275 Bien qu’ils aient eu connaissance des abus contre les droits humains commis par le Commandant Jérôme, les soldats ougandais l’ont soutenu au moins une fois (voir plus bas) en conservant le commandement des FAPC, apparemment pour s’assurer que le commerce de l’or et des autres ressources restaient aux mains d’un allié. Selon un groupe d’experts des Nations unies et des sources locales, les soldats ougandais sont de nouveau entrés au Congo en 2004 pour soutenir les FAPC dans leur combat pour Djalasiga et ont fourni des munitions aux FAPC pour la bataille.276

Pendant ses diverses opérations, un objectif essentiel du Commandant Jérôme a été d’obtenir de l’or. En tant que combattant des forces du RCD-ML, le 12 août 2004, le Commandant Jérôme a écrit aux officiels d’OKIMO en disant : « A partir de maintenant, l’armée prendra 60 pour cent de la production de Moto-Doko [mines d’or] pour financer ses opérations. »277 Le jour suivant, huit combattants conduits par le second du Commandant Jérôme, le Commandant Guy Kolongo, ont pris 285 grammes d’or dans le coffre d’OKIMO.278

Exécutions sommaires perpétrées par le Commandant Jérôme, 2002-2004

Les chercheurs de Human Rights Watch ont recueilli des informations détaillées sur cinq exécutions sommaires publiques de combattants ou soldats ordonnées par le Commandant Jérôme et réalisées en sa présence. Dans chaque cas, il n’y a eu ni enquête, ni procès et dans certains cas, le public a dû décider du sort de l’accusé.

Dans l’un de ces cas, un jeune combattant nommé Atibho a été publiquement exécuté, le 29 décembre 2003 pour avoir jeté une grenade, qui a tué trois personnes et en a blessé environ cinquante autres sur la place du marché central d’Ariwara. Selon des témoins, le Commandant Jérôme a demandé à trois personnes hospitalisées pour des blessures causées par l’attaque ce qui devait advenir d’Atibho. Plusieurs ont répondu qu’il ne devait pas être tué parce « qu’ils pensaient qu’assez de sang avait déjà été répandu. »279 Le Commandant Jérôme a ensuite amené le soldat au centre de la ville d’Ariwara et il a demandé à la population quel devait être son sort. Selon un témoin, certains dans la propre garde du Commandant Jérôme ont affirmé qu’il devait être épargné. Le témoin a déclaré :

Jérôme a alors dit à certains de ses gardes, « Ceux qui disent non devraient être fouettés. » Ils ont choisi trois soldats et ils les ont fouettés … Puis Jérôme a de nouveau demandé à la foule ce qu’il devait faire. Ils ont dit de tuer le soldat … Jérôme l’a poussé du camion et il a dit, « Exécutez-le. » L’un des gardes du corps lui a alors tiré dans le haut du dos. Il n’était pas mort encore alors il lui a de nouveau tiré dessus dans le cou. Les soldats ont alors jeté le corps dans le camion et sont partis. Sa mère était là.280

Selon des habitants d’Ariwara, le 17 janvier 2004, le Commandant Jérôme a également demandé à une foule importante de décider du sort d’un combattant accusé d’avoir tué un chauffeur de moto taxi, Claude Kiombe. Un témoin a dit qu’après la demande d’exécution formulée par la foule, Jérôme a alors donné l’ordre de le tuer. « Jérôme était présent tout le temps, » a dit un témoin, « tout comme le Major Theo, le Commandant Salumu, le Capitaine Mutumbo et d’autres. »281

Le Commandant Jérôme a également mené à bien des exécutions publiques à Durba lorsqu’il contrôlait la 5ème zone opérationnelle pour le RCD-ML. Parmi les personnes ainsi exécutées se trouvait un soldat appelé Masumboko exécuté en mai 2002 pour viol et meurtre.282

Dans ces cas et dans d’autres étudiés par les chercheurs de Human Rights Watch, il n’y a eu ni enquêtes, ni procès, ni jugements indépendants. Le Commandant Jérôme était le seul arbitre de la loi et en donnant l’ordre d’exécuter ces hommes, il a commis des crimes de guerre.

Dans un entretien avec les chercheurs de Human Rights Watch, le Commandant Jérôme a affirmé que les FAPC disposaient d’un tribunal militaire avec avocats et juges mais il n’a pas été très clair sur la question de l’autorité pour imposer la peine de mort. Il a affirmé qu’il avait besoin de se livrer à des exécutions afin de maintenir l’ordre public. Il a déclaré : « Nous sommes en guerre. Nous sommes encore des rebelles. Nous sommes ici pour satisfaire la population. Nous avons besoin de mesures populaires pour maintenir la discipline. »283 Les habitants du coin, cependant, craignent le Commandant Jérôme. Comme l’a déclaré l’un d’entre eux : « Il n’y a personne vers qui se tourner pour faire appel. C’est le Commandant Jérôme qui contrôle tout. Les civils n’ont absolument aucun droit ici. La population souffre vraiment. »284

Exécuter et torturer les opposants politiques présumés

Le Commandant Jérôme et ses troupes ont détenu, battu et tué des combattants et des civils perçus comme soutenant les rivaux du Commandant Jérôme dans la course au pouvoir. A Durba en 2002, le Commandant Jérôme a recherché des gens qui avaient été proches de son prédécesseur et rival, le Colonel Monga, dont un civil nommé Anygobe tué par les combattants du Commandant Jérôme mi-2002. Des témoins proches de sa maison ont rapporté l’avoir entendu crier alors qu’il était emmené. Sa mère a espéré pouvoir payer sa libération de deux chèvres mais elle a échoué et Anygobe aurait été tué par balle le lendemain matin. Son corps a ensuite été jeté dans une ancienne latrine du camp militaire.285

Le Commandant Jérôme a également recherché des civils accusés d’espionnage. Début juin 2002, Kamile Leta, 25 ans, a été arrêté avec deux femmes à Tora, une ville proche de Durba, accusé d’espionnage au profit des ennemis du Commandant Jérôme. Selon des témoins, M. Leta a quitté sa cellule le 12 juin 2002 pour voir le Commandant Jérôme. Peu de temps après, un garde l’a emmené derrière le bâtiment, l’a poignardé de nombreuses fois et l’a laissé pour mort dans une fosse avec d’autres corps en décomposition. Toujours vivante, la victime a rampé hors de la fosse et a cherché de l’aide auprès de personnes qui l’ont conduite à l’hôpital de Watsa. Un témoin a rapporté qu’il avait vu M. Leta avec de multiples plaies causées par des coups de couteau et couvert de vers.286 Les registres de l’hôpital montrent que la victime est arrivée à 19 heures 30, le 13 juin 2002 avec « de multiples plaies sur le cou et le corps résultant de coups de couteau donnés par l’armée. »287

Selon des témoins à l’hôpital, l’administrateur territorial est arrivé avec le Commandant de la police et des combattants fidèles au Commandant Jérôme conduits par le Commandant Banda Yowa Likimba, connu sous le nom de Jaguar. Le Commandant Jaguar qui est apparu très en colère à un témoin, a demandé à voir M. Leta. Le témoin a déclaré :

On a été obligé d’aller le chercher. Le Commandant Jaguar a dit qu’ils allaient s’occuper de lui eux-mêmes. Ils ont demandé une civière. Ils l’ont fait s’allonger sur la civière et puis ils ont couvert son corps et son visage avec un drap. La victime pleurait et disait qu’elle était innocente, qu’elle n’avait rien fait de mal. Ils l’ont emmené.

Environ une heure plus tard, le commandant de police est arrivé et nous a dit que l’homme n’était plus vivant. Il nous a dit que Jaguar avait demandé aux prisonniers de creuser une tombe. Il a dit que Jaguar avait dit que puisque l’homme ne mourait pas des coups de couteau, il allait maintenant mourir à sa façon. Avec un coup de pied, il a fait tomber l’homme dans la tombe qu’ils avaient creusée et puis il a jeté la première pelletée de terre sur lui. Ils l’ont enterré vivant. C’était dans la cour de la maison du Commandant Jaguar. Le Commandant de police était présent pendant tout le temps et il m’a dit tout ça. [Commandant] Jérôme a donné l’ordre que la victime soit tuée au début.

Pendant deux mois, l’hôpital était presque vide. Les gens étaient trop effrayés pour venir se faire soigner après ça.288

L’opposition ouverte au Commandant Jérôme était rare mais les combattants conduits par Raymond Isala ont cherché à le chasser et à prendre le contrôle des FAPC, le 22 mai 2003 pendant que le Commandant Jérôme se trouvait de l’autre côté de la frontière en Ouganda. Ils ont échoué lorsque les forces ougandaises basées à Arua289 ont traversé la frontière pour se rendre au Congo au poste frontière de Vura et ont aidé les forces fidèles au Commandant Jérôme à battre les mutins.290 Un peu plus tard ce même jour, les soldats ougandais ont aidé les FAPC du Commandant Jérôme à arrêter des Congolais supposés avoir été impliqués dans la tentative de mutinerie et qui avaient fui en Ouganda. Parmi les personnes arrêtées se trouvaient Jacques Nobirabo, Paul Avoci, Leti Leopold Apo, le Commandant Idrise Bobale et deux de ses gardes du corps, certains ayant été détenus dans le campement de l’armée ougandaise à Arua. Selon des témoins, le Commandant Jérôme et des officiers qui lui étaient fidèles ont tué d’autres mutins à Aru dont le Commandant Mboio, le Commandant Kato, le Commandant Rasta et d’autres.291 Le leader de la mutinerie, Raymond Isala, a pris la fuite.

Plusieurs jours plus tard, le Major ougandais Besisira a remis au Commandant Jérôme les réfugiés capturés en Ouganda, un geste qui constitue une violation des conventions internationales relatives aux réfugiés.292 Dans certains cas, les personnes ont été remises de façon clandestine, suggérant que les soldats ougandais souhaitaient peut-être éviter de porter la responsabilité d’un tel geste. Pour se distancer eux-mêmes encore davantage du sort éventuel des personnes ainsi remises, certains soldats ougandais ont demandé aux FAPC de ne pas faire de mal aux détenus et ont exigé des FAPC qu’elles signent un document promettant de ne pas leur faire de mal.293 Selon des témoins, nombre de personnes remises au Commandant Jérôme ont été torturées et certaines auraient été tuées, dont les cas décrits plus bas. Une enquête des Nations unies sur l’Ituri rapportait un témoignage crédible affirmant que le Major Besisira avait été payé par le Commandant Jérôme pour divers services, notamment celui de lui remettre des combattants FAPC ayant fui en Ouganda. Certaines de ces personnes auraient ensuite été exécutées à Aru.294

Un détenu remis par les soldats ougandais au Commandant Jérôme, le 7 juin 2003, au camp de l’armée ougandaise, à Arua a déclaré qu’il avait été reconduit cette nuit-là avec d’autres au camp militaire d’Aru. Il a déclaré :

Le lendemain, on nous a sortis et cinq soldats nous ont dit qu’on devait creuser nos propres tombes. On est tous sortis et on a commencé à creuser un gros trou d’environ 2 mètres de profondeur. Le Commandant Idrise était très faible. [Le Commandant] Jérôme est venu et a commencé à le menacer lui et nous. Il a dit qu’on était sous son contrôle. Il a dit qu’il allait nous faire souffrir jusqu’à ce qu’on meure. Il a donné l’ordre qu’Idrise soit battu. D’abord, ils l’ont déshabillé et ensuite, ils l’ont allongé la face contre le sol. Certains soldats tenaient ses pieds et ses bras pendant qu’un autre était assis sur sa tête. Puis ils l’ont battu 500 fois avec des fouets faits de corde et de branches. Après avoir fini avec Idrise, ils ont pris [un autre prisonnier] et l’ont poussé avec leurs fusils. Ils l’ont déshabillé et ont donné l’ordre qu’ils reçoivent 100 coups. Ils se sont aussi assis sur sa tête et l’ont maintenu au sol. Puis c’était mon tour et la même chose s’est passée. Pendant tout ce temps, Jérôme était là et regardait. Puis il a ordonné qu’on nous donne ni eau, ni nourriture. On a passé quatre jours comme ça dans un container, sans rien. On a vraiment souffert.295

Le Major ougandais Besisira est intervenu le 12 juin et a ramené plusieurs détenus en Ouganda. Après les avoir gardés pendant plusieurs jours, il les a libérés, les mettant en garde contre toute tentative pour parler à quelqu’un, en particulier à des journalistes.296 L’une au moins des personnes initialement détenues en Ouganda, Leti Leopold Apo aurait été exécutée.  Commandant Idrise, souffrant de diabète et d’hypertension, est maintenu en détention à Aru alors que sa santé est très mauvaise jusqu’a décembre 2004.297

Après la tentative de mutinerie, le Commandant Jérôme a continué à pourchasser tout opposant politique dans la région sous son contrôle. A partir du 7 janvier 2004, le Commandant Jérôme a détenu et interrogé lui-même des personnes soupçonnées de s’opposer à son autorité, cherchant à connaître les noms d’autres personnes qui auraient pu participer à la tentative de mutinerie en mai 2003.298 Des détenus ont été battus, parfois deux fois par jour, pendant plus d’une semaine et ont été forcés d’accomplir certaines tâches, notamment de nettoyage et de creusement de toilettes. Certains civils ont par la suite été libérés.299

Détention arbitraire et torture

Déterminé à assurer tant sa domination économique que son pouvoir politique, le Commandant Jérôme a autorisé et mené à bien des détentions arbitraires et des actes de torture contre des commerçants en or afin d’assurer son propre contrôle et celui de son partenaire en affaires, M. Omar Oria sur ce commerce très lucratif. Dans un cas, les mauvais traitements infligés à une victime ont causé sa mort.

M. Oria, un Ougandais, est l’un des plus importants commerçants en or de la région. Il achète l’or à Durba et le revend à des commerçants à Kampala (voir plus bas).300 Selon plusieurs témoins, M. Oria et le Commandant Jérôme entretenaient une étroite relation d’affaires et M. Oria a fourni une aide, notamment financière aux FAPC.301 M. Oria a affirmé à un chercheur de Human Rights Watch qu’il n’était pas impliqué dans la politique mais qu’il était un entrepreneur pour le Commandant Jérôme et qu’il construisait un hôtel pour lui à Ariwara.302 Les chercheurs de Human Rights Watch ont recueilli des informations sur un certain nombre de cas de détention arbitraire et de torture impliquant le Commandant Jérôme et M. Oria, dont ceux décrits plus bas.

Le 17 juin 2003, M. Oria et certains de ses employés notamment Likambo Lumaya ont enlevé Floribert,303 un commerçant en or qu’ils accusaient de tromper le Commandant Jérôme en lui vendant du minerai qui n’était pas de l’or. Ils ont battu Floribert avec des bâtons, l’ont gardé pendant une nuit et le lendemain, ils l’ont emmené au Commandant Jérôme à Aru qui d’après Floribert, l’a « jugé ». Floribert a déclaré :

Jérôme a donné l’ordre pour que je sois fouetté 500 fois. [Les soldats] m’ont attaché à un arbre avec une corde comme celle pour les chèvres. J’avais les bras autour de l’arbre, le visage contre le tronc. Ils m’ont frappé 500 fois. Il y avait beaucoup de militaires qui me frappaient, deux sur la gauche, deux sur la droite. Ils utilisaient des cordes. Jérôme et Oria étaient là tout le temps. Jérôme était assis sur une chaise.304

Floribert a ensuite été détenu pendant trois jours dans un conteneur, utilisé comme lieu de détention en compagnie de six combattants et de trois autres civils. Selon Floribert, M. Oria a organisé sa libération mais le lendemain, il a exigé que Floribert lui verse 2 480 USD. « Il a dit que si je ne lui donnais pas l’argent, il allait me renvoyer à Aru, » a déclaré Floribert. « Je ne pouvais rien dire parce qu’il était beaucoup plus fort que moi. » Floribert a vendu sa maison et sa bicyclette pour pouvoir verser l’argent exigé même s’il percevait cette exigence comme une extorsion. Il a affirmé que l’or était de bonne qualité et qu’il envisageait traduire ces deux personnes en justice. Il a déclaré : « Je pensais porter plainte contre eux mais je ne pense pas que ce soit possible. Comment pourrais-je les accuser ? Ils sont plus forts. »305

Dans un cas similaire. M. Oria et son employé, Likambo Lumaya ont enlevé Lipanda Lumeri le 28 septembre 2003, l’accusant d’avoir volé cinquante-quatre grammes d’or. Ils l’ont conduit à la résidence du Commandant Jérôme, un hôtel nommé Don de Dieu à Ariwara où le Commandant Jérôme, entouré de dix-sept combattants a menacé de tuer Lipanda et a pointé son revolver contre lui. Suivant un ordre du Commandant Jérôme, ses combattants l’ont déshabillé et lui ont lié les bras et les jambes ensemble dans le dos. Ils l’ont jeté dans le véhicule du Commandant Jérôme et l’ont emmené à Angarakali, le camp militaire des FAPC. Lipanda a déclaré :

Ils [six combattants] m’ont jeté au sol et m’ont fouetté 300 fois, du dos vers les fesses. Ils m’ont fait compter les coups. Ils m’ont fouetté avec de petits morceaux de bois … Chacun avait un bâton et ils me battaient en même temps. Cela a duré 45 minutes ou une heure.306

Lipanda a ensuite été enfermé dans un trou creusé dans le sol avec douze combattants et un autre civil, tous ayant été battus. Il a été sorti du trou et de nouveau battu à minuit cette même nuit et deux fois par jour pendant les quatre jours qui suivirent. Selon ses propres calculs, il a été battu 1 300 fois au moins. Alors qu’il était ainsi maltraité, ses urines et ses excréments étaient teintés de sang. Lipanda a affirmé qu’on lui avait répété de rendre l’or dérobé ou de le payer. Il a déclaré :

Je leur ai dit que je n’avais ni l’or, ni l’argent. Ils ont dit que l’or était pour le Commandant Jérôme et qu’il avait besoin de l’argent pour construire sa maison. Ils ont dit que si je ne donnais pas l’argent, Jérôme donnerait l’ordre pour que je sois tué.

Le cinquième jour, Jérôme est venu avec ses officiers à la prison … et a pointé son fusil vers moi. Il a dit : « Depuis le premier jour, j’ai dit que je te tuerais. Je ne plaisante pas. Aujourd’hui, c’est ton dernier jour. » Ils m’ont fait sortir du trou et m’allonger. Jérôme a chargé son revolver et l’a mis contre mon cou.307

Le premier revolver s’est enrayé à plusieurs reprises alors le Commandant Jérôme a pris une autre arme et a tiré sur Lipanda à deux reprises dans la main gauche et à deux reprises dans la main droite. Lipanda a été remis en prison.308 A sa libération, Lipanda s’est rendu à l’hôpital d’Ariwara où le médecin a déclaré que les os de ses mains avaient été fracturés par les balles.309 Lipanda a déclaré que l’or manquant avait été pris par l’un des employées de M. Oria et il a dit qu’il avait l’intention de porter plainte contre le Commandant Jérôme, Omar Oria et Likambo Lumaya.310

Tolérance pour les abus commis par les partenaires en affaires

Le Commandant Jérôme, la personne la plus puissante de la région, a toléré l’enlèvement et les coups contre un M. Kokole sur ordre de M. Oria en janvier 2004. M. Kokole est décédé de ses blessures le même jour.311 Les combattants de Jérôme ont protégé M. Oria contre la famille de Kokole et d’autres qui demandaient son arrestation et l’ont escorté en lieu sûr à la frontière ougandaise.

M. Oria a enlevé M. Kokole à Ingbokolo et l’a ramené dans sa propre maison où il a fait battre M. Kokole pour essayer de récupérer 19 000 USD que lui devait la victime. Un témoin a vu Kokole, vêtu uniquement de ses sous-vêtements, avec des marques de coups violents sur le corps, dans la maison d’Oria, le jour de sa mort. La tête et les bras de Kokole étaient enflés, son dos avait une large plaie et il y avait du sang visible. Selon le témoin, M. Oria et d’autres auxquels Kokole devait de l’argent étaient présents, tous essayant de lui faire dire où il avait caché l’argent qu’il leur devait. Les blessures de Kokole étaient si graves qu’il ne tenait pas debout. A 15 heures environ, cinq combattants des FAPC sont arrivés, un officier et ses gardes du corps. Selon le témoin, « L’officier a pointé son fusil contre lui et a déclaré : « Si tu nous donnes pas l’argent, je vais te tuer. » » Lorsque Kokole a répondu que l’argent était à Ingbokolo, les combattants l’ont jeté dans un pick-up Suzuki noir appartenant à Oria. Kokole a été emmené dans le pick-up, les combattants l’accompagnant dans leur propre véhicule. Deux heures plus tard environ, les combattants ont emmené Kokole à l’hôpital.312

Un agent de l’administration gouvernementale congolaise était présent à l’hôpital lorsque Kokole y a été déposé, trente minutes environ avant de mourir. Il a dit :

Il [Kokole] avait des blessures à la poitrine et sur le côté de la tête comme s’il avait été frappé avec un marteau. Je suis allé voir Oria et je lui ai demandé pourquoi il avait fait ça. Oria a dit qu’il lui devait de l’argent. Il n’a pas nié que Kokole avait été chez lui. Oria a tué Kokole.313

Selon des témoins, des membres de la famille de M. Kokole et d’autres se sont rassemblés de façon menaçante à la maison de M. Oria. Les combattants des FAPC qui étaient présents ont tiré en l’air pour protéger Oria et l’ont escorté jusqu’à la frontière ougandaise afin qu’il puisse prendre la fuite.314

M. Oria a admis à un chercheur de Human Rights Watch que M. Kokole lui devait de l’argent, qu’il l’avait amené d’Ingbokolo chez lui et qu’il était présent lorsque M. Kokole a été battu. Il a nié avoir lui-même frappé M. Kokole en disant : « Je n’ai pas utilisé mes deux mains pour battre qui que ce soit. Je ne l’ai pas fait. »315 Il a dit qu’il avait été questionné par la police congolaise venue à Arua en Ouganda pour l’interroger mais l’affaire a maintenant été abandonnée parce qu’un accord a été trouvé avec la famille de M. Kokole. M. Oria va effacer la dette et un entrepôt va être construit pour la famille à Ariwara afin qu’ils disposent d’un revenu à l’avenir.316

Le Commandant Jérôme a raconté aux chercheurs de Human Rights Watch qu’une autre personne responsable du meurtre était elle-même décédée peu de temps après, d’où l’abandon de l’affaire.317 Aucune autre enquête ou arrestation n’a été entreprise pour ce cas d’arrestation arbitraire et torture, ni pour d’autres cas. Lorsque les chercheurs de Human Rights Watch ont discuté de ces cas et d’autres avec le Commandant Jérôme, il a nié que de tels abus s’étaient produits en affirmant : « La torture n’existe pas. On ne torture pas les gens. C’est faux et archi-faux. »318


Djalasiga : conflit continu sur les mines d’or

Le soutien ougandais aux FAPC, important à la création du mouvement et ensuite également, a non seulement aidé le Commandant Jérôme à lutter contre une mutinerie mais a plus récemment aidé les forces FAPC dans leur combat pour le contrôle de Djalasiga et des régions avoisinantes, qui font partie de la Concession 39 des réserves d’OKIMO et qui abritent le site des mines d’or de Zani.319

Les forces du FNI lendu et les forces des FAPC du Commandant Jérôme avaient travaillé ensemble depuis l’établissement des FAPC, début 2003. Les deux forces avaient accepté de ne pas s’attaquer mutuellement, de conduire des patrouilles conjointes dans les régions partageant une frontière commune et de se partager les impôts et les droits de douane sur le commerce entre les zones qu’elles contrôlaient. Cependant, mi-2004, le secrétaire national aux mines des FAPC, Pierre Nzia, a signé un contrat avec une compagnie basée en Ouganda pour extraire l’or de la rivière Zani, à Djalasiga. Une fois les opérations lancées, il était critique pour les FAPC de conserver le contrôle sur la zone de Zani et elles nommèrent des administrateurs là-bas.320 Peu de temps après, des allégations de mauvais traitements pratiqués contre des Lendu dans la région faisaient surface.

En juin 2004, les forces du FNI et des FAPC ont commencé à s’affronter et Djalasiga a changé de mains fréquemment au cours des mois qui suivirent. Des dizaines de milliers de civils ont fui leurs maisons.321 Lors d’une contre-attaque, un certain nombre de combattants FAPC de haut rang ont été tués et des armes lourdes, notamment des roquettes et des mortiers, ont été perdues au profit des forces du FNI qui attaquaient.322 Le Commandant Jérôme a par la suite admis à un groupe d’experts des Nations unies qui enquêtaient sur les violations de l’embargo sur les armes que les armes perdues étaient celles qui avaient été fournies par l’Ouganda.323 Début juillet, les combattants des FAPC ont arrêté deux civils lendu à Aru et les ont accusés d’espionnage. Les Lendu ont été sommairement exécutés quelques jours plus tard sur ordre du Commandant Ali Mbuyi Gatanazi dont le jeune frère avait été tué dans les combats.324

Confronté aux pertes concédées aux Lendu, le Commandant Jérôme a requis l’assistance de l’Ouganda. De nombreux témoins ont rapporté avoir vu arriver des soldats ougandais pour aider les forces des FAPC.325 Dans un cas, le Colonel ougandais, Peter Karim326 a tenu une réunion publique dans la zone de marché de Kud’i Koka au Congo pour soutenir les FAPC. Il aurait fourni des munitions au Commandant Jérôme pour l’aider dans l’effort de guerre.327 Dans un incident ultérieur, le 7 novembre 2004, une cargaison d’armes en provenance de l’Ouganda et destinée aux FAPC est tombée entre les mains du FNI. Le groupe d’experts des Nations unies enquêtant sur les violations de l’embargo sur les armes a rapporté que le camion intercepté containait des mortiers, des lanceurs de roquettes lance-grenades, des armes et d’autres munitions.328

Les forces de l’UPC de Thomas Lubanga ont également aidé les FAPC contre le FNI. Selon des sources locales, les FAPC du Commandant Jérôme et l’UPC de Lubanga ont négocié un nouvel accord en juillet et septembre 2004 avec le Commandant Ali représentant les FAPC. Début septembre 2004, les deux anciens ennemis sont arrivés à un accord qui incluait une division du contrôle sur les zones de mines d’or comme élément clef.329 Les forces FAPC auraient également reçu l’assistance des troupes SPLA opérant dans le Nord, dans les régions frontalières entre la RDC et le Soudan.330

Le contrôle de l’or à Djalasiga était l’une des raisons principales du conflit. Un représentant du FNI a raconté à un chercheur de Human Rights Watch qu’un sentiment d’insatisfaction s’était installé entre les deux groupes et « que les FAPC voulaient tout l’or et l’argent pour eux. » « Ceci », a-t-il dit, « a créé le conflit. »331 Un responsable de la MONUC qui cherchait à servir d’intermédiaire dans le différend a déclaré que bien que les parties aient refusé de donner les raisons de leurs affrontements, les discussions faisaient clairement apparaître qu’elles combattaient pour le contrôle de l’or et d’autres sources de revenus.332

Des sources locales ont affirmé que de nombreux civils avaient été tués lors des combats pour prendre Djalasiga.333 Compte tenu d’une insécurité continue dans la région, les chercheurs de Human Rights Watch n’ont pu à ce jour recueillir des informations détaillées sur les abus contre les droits humains commis là-bas.




[272] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Durba et Watsa, 10-14 mai 2004 et également entretiens à Aru et Ariwara, 6-7 mars 2004.

[273] Entretien conduit par Human Rights Watch, Watsa, 12 mai 2004.

[274] Rapport interne des Nations unies sur l’enquête relative à la saisie de l’avion à Beni, 25 juillet 2003.

[275] Ibid., Rapport du groupe d’experts sur l’embargo des Nations unies sur les armes, 25 janvier 2005, pages 31-34.

[276] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Bunia, 7-9 octobre 2004. Voir également le Rapport du groupe d’experts sur l’embargo des Nations unies sur les armes, 25 janvier 2005, para 135.

[277] Lettre du Commandant Jérôme Kakwavu Bukande, Commandant de la 5ème zone opérationnelle au Directeur d’OKIMO basé à Doko-Durba, No. 105/APC/EM-5 ZOPS/COMDT/2002, Watsa, 12 août 2002.

[278] Document interne d’OKIMO, « Procès verbal de constat au coffre au labo Durba », signé par tous les présents, 13 août 2002. Document archivé à Human Rights Watch.

[279] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 7 mars 2004.

[280] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 8 mars 2004.

[281] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 7 mars 2004.

[282] Entretien conduit par Human Rights Watch, Durba, 13 mai 2004.

[283] Entretien conduit par Human Rights Watch avec le Commandant Jérôme Kakwavu Bukande, Aru, 8 mars 2004.

[284] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 6 mars 2004

[285] Entretien conduit par Human Rights Watch, Watsa, 12 mai 2004.

[286] Entretien conduit par Human Rights Watch, Watsa, 12 mai 2004.

[287] Registres d’admission de l’hôpital de Watsa pour le patient Kamile Leta, 25 ans de Tora. Selon les registres de l’hôpital, le patient a été admis à l’hôpital le 13 juin et l’a quitté le 14 juin 2002, avec l’autorisation écrite du médecin présent. Registres de l’hôpital consultés par Human Rights Watch le 13 mai 2004.

[288] Entretien conduit par Human Rights Watch, Watsa, 12 mai 2004.

[289] Arua se situe en Ouganda juste en face de la ville congolaise d’Aru, de l’autre côté de la frontière.

[290] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Kampala, 10 mars 2004 ; Mongbwalu, 4 mai 2004 ; Aru, 8 mars 2004.  Voir également le Conseil de sécurité des Nations unies, Special Report on the Events in Ituri, p. 39.

[291] Entretien conduit par Human Rights Watch, Mongbwalu, 4 mai 2004.

[292] Entretien conduit par Human Rights Watch, Kampala, 10 mars 2004.

[293] Ibid.

[294] Conseil de sécurité des Nations unies, Special Report on the Events in Ituri, p. 39.

[295] Entretien conduit par Human Rights Watch, Kampala, 10 mars 2004.

[296] Entretien conduit par Human Rights Watch, Kampala, 10 mars 2004.

[297] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, décembre 1, 2004.

[298] Entretien conduit par Human Rights Watch, Aru, 8 mars 2004.

[299] Ibid.

[300] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Ariwara, 6-8 mars 2004 et commerçants en or de Kampala, 7 et 8 juillet 2004. Des représentants de Machanga Ltd, une entreprise exportatrice d’or à Kampala ont affirmé qu’ils avaient acheté de l’or à M. Oria.

[301] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 7 mars 2004.

[302] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Omar Oria, Kampala, 10 mars 2004.

[303] Le nom de la victime a été modifié pour assurer sa protection.

[304] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 7 mars 2004.

[305] Ibid.

[306] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 6 mars 2004.

[307] Ibid.

[308] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 6 mars 2004.

[309] Ibid.

[310] Ibid.

[311] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Ariwara, 6 et 7 mars 2004.

[312] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 6 mars 2004.

[313] Entretien conduit par Human Rights Watch, Ariwara, 7 mars 2004.

[314] Ibid.

[315] Entretien conduit par Human Rights Watch avec Omar Oria, Kampala, 10 mars 2004.

[316] Ibid.

[317] Entretien conduit par Human Rights Watch avec le Commandant Jérôme Kakwavu Bukande, Aru, 8 mars 2004.

[318] Ibid.

[319] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Bunia, 7 octobre 2004 et par téléphone avec Ariwara, 10 octobre 2004.

[320] Ibid.

[321] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un responsable d’OCHA, Kinshasa, octobre 2004.

[322] Ibid., Rapport du groupe d’experts sur l’embargo des Nations unies sur les armes, 25 janvier 2005, para 135.

[323] Ibid., para 135.

[324] Entretien conduit par Human Rights Watch, Bunia, 9 octobre 2004.

[325] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Bunia, 7 et 9 octobre 2004 et par téléphone avec Ariwara, 10 octobre 2004. Voir également le Rapport du groupe d’experts sur l’embargo des Nations unies sur les armes, 25 janvier 2005, para 135.

[326] Le Commandant ougandais de l’UPDF Peter Karim est également mentionné dans Ibid., Human Rights Watch, « Ituri: couvert de sang » et dans le rapport du juge Porter, Ibid., « Rapport de la Commission Porter ».

[327] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un responsable du FNI, Bunia, 10 octobre 2004.

[328] Rapport du Groupe d’experts sur l’embargo sur les armes des Nations unies, 25 janvier 2005, para 136.

[329] Entretiens conduits par Human Rights Watch, Bunia, 7 et 9 octobre 2004 et par téléphone avec Ariwara, 10 octobre 2004.

[330] Ibid.

[331] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un responsable du FNI lendu, Bunia, 10 octobre 2004.

[332] Entretien conduit par Human Rights Watch avec un officier politique de la MONUC, Bunia, 8 octobre 2004.

[333] Entretiens conduits par Human Rights Watch par téléphone avec Ariwara, 10 octobre 2004.


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