Africa - West

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V. LES FILLES VICTIMES DE LA TRAITE POUR TRAVAILLER COMME DOMESTIQUES ET SUR LES MARCHÉS

Human Rights Watch a interrogé quarante-et-une filles qui ont affirmé avoir été victimes de la traite à destination du Togo, depuis le Togo ou au Togo même afin de travailler comme domestiques ou vendeuses sur les marchés. Les descriptions données par les filles sur la façon dont elles ont été recrutées, transportées, accueillies et exploitées révèlent un processus d'abus proche de ce que serait l'esclavage des enfants77. Elles ont raconté avoir été confiées par leurs parents à des intermédiaires connus ou inconnus, parfois moyennant paiement. Elles ont affirmé qu'une éducation formelle, une formation professionnelle ou un travail rémunéré à l'étranger leur avaient été promis. A leur arrivée, parfois après des voyages par mer très risqués, elles ont été logées avec des employeurs qui leur ont ordonné d'accomplir des travaux domestiques et d'aider dans des entreprises commerciales. Les filles faisaient de longues journées sans pause, ni vacances. Dans certains cas, elles restaient debout toute la nuit pour travailler après avoir déjà accompli une journée entière de travail. Peu étaient rémunérées pour leurs services. De nombreuses filles ont raconté des incidents au cours desquels elles avaient été intimidées ou physiquement agressées, ce qui avait parfois causé des blessures à vie. Celles qui ont fui leurs employeurs ont cherché refuge dans la rue, dans des postes de police ou auprès d'ONG locales. Dans certains cas, elles sont tombées dans la prostitution sur la suggestion d'amis. Si la plupart étaient à la charge de leurs parents au moment des entretiens, on estime que des milliers de filles togolaises travaillent actuellement à l'étranger, dans des maisons et sur les marchés de divers pays d'Afrique de l'Ouest78.

Recrutement
Dans les cas pour lesquels Human Rights Watch a recueilli des informations, la traite des filles commence par le recrutement d'un enfant soit par un employeur potentiel, soit par une tierce personne servant d'intermédiaire. La plupart des filles ont évoqué avoir été approchées par un inconnu, souvent une femme, venue dans leurs villages dans le but de recruter des domestiques. Une enfant a décrit la trafiquante qui s'était occupée d'elle simplement « comme une femme venue au village chercher des enfants79. » D'autres ont décrit les trafiquantes comme « une femme qui avait vécu au Nigeria et connaissait certains de mes amis80, » ou comme « quelqu'un que je connaissais mais pas bien81. » Une fille de quatorze ans à Bassar, n'est jamais parvenue à l'étranger parce que le bateau qu'elle avait emprunté a chaviré mais elle a raconté à Human Rights Watch que « quelqu'un est venu et m'a offert de l'argent pour travailler au Gabon et j'ai accepté ... Je ne connaissais pas cette personne. C'était une femme et mes parents ne la connaissaient pas non plus82. »

Si le recrutement a de fait été mené à bien par un inconnu, la plupart des filles ont évoqué un certain degré d'implication parentale dans la transaction - pouvant aller de parents qui acceptent de l'argent des trafiquants à des parents autorisant les trafiquants à emmener leurs enfants sur la promesse que leurs enfants recevraient une éducation à l'étranger. Kéméyao A., dix ans, a raconté à Human Rights Watch que sa mère avait accepté de l'argent d'une femme qui cherchait des domestiques :

Il y avait une femme qui est venue au marché pour acheter du charbon. Elle m'a trouvée et a parlé à ma mère d'une femme à Lomé qui cherchait des filles comme moi pour rester avec elle et faire des travaux domestiques. Elle est venue vers ma mère et m'a mère m'a donnée à cette femme. La femme a donné de l'argent à ma mère mais je ne sais pas combien83.

Selon les filles interrogées, les détails sur la durée de leur séjour à l'étranger, le montant de leur salaire ou le lieu de leur séjour étaient rarement éclaircis avant leur départ. Une mère a dit à Human Rights Watch qu'elle avait envoyé sa fille de quatre ans à l'étranger sans idée claire sur ce qu'elle allait faire. « On m'a dit qu'elle aiderait à vendre des bonbons, » a-t-elle dit. « Je ne voyais pas bien comment un enfant de quatre ans pouvait aider mais la femme a dit qu'elle avait besoin d'aide84. »

Dans les cas où les trafiquants n'ont pas offert d'argent, ils auraient promis aux parents de donner à leurs filles ce qu'eux-mêmes ne pouvaient se permettre : une éducation, une formation professionnelle ou les biens indispensables à la vie. « Ma tante est arrivée à l'enterrement de mon père, » a raconté une enfant employée comme domestique à Lomé de trois à seize ans, « et après, elle a dit à ma mère qu'elle allait m'emmener à Lomé et m'envoyer à l'école85. » Une autre enfant, en formation pour devenir coiffeuse, a dit à Human Rights Watch qu'on lui avait offert de terminer ses études au Gabon. « [Une femme] m'a dit qu'elle connaissait des opportunités hors du Togo et qu'elle pouvait m'emmener quelque part pour finir mon cours et qu'après, je pourrais ouvrir un salon, » a-t-elle dit86. Dans d'autres cas, le trafiquant aurait seulement promis un travail. « Elle n'a jamais demandé d'argent, » a raconté une fille. « Elle a juste dit que si je la suivais, je gagnerais de l'argent pour envoyer à mes parents87. »

Dans certains cas, les parents ou des membres de la famille auraient payé un intermédiaire pour trouver un travail à un enfant. « J'ai une s_ur au Gabon qui a dit que je devais aller là-bas pour travailler, » a affirmé une fille qui a raconté qu'elle ne pouvait se permettre d'aller à l'école. « Elle a donné de l'argent à une femme pour venir me chercher et m'emmener au Gabon88. » La fille a fini avec plusieurs autres filles montées sur un bateau au Nigeria qui a chaviré en pleine mer. Une autre fille a dit qu'un étranger lui avait affirmé que sa s_ur l'attendait : « un homme est venu et a dit qu'il avait reçu de l'argent de ma s_ur, » a-t-elle dit. « Je voulais partir avec lui. Il est revenu une semaine plus tard et m'a emmenée au Nigeria en voiture89. »

Bien que leurs attentes aient été différentes, de nombreuses filles ont avoué avoir eu peur à l'idée d'être envoyées à l'étranger pour travailler. Kafui A., treize ans, n'avait que onze ans lorsque sa mère lui a dit qu'elle irait à Lomé pour travailler comme domestique. « Je ne voulais pas y aller, » a-t-elle raconté à Human Rights Watch. « Je savais que quand les gens emmènent des enfants là-bas, ils sont maltraités. Ma mère m'a dit que j'allais rester chez une parente et qu'elle ne me maltraiterait pas90. » La question d'une entente préalable entre parents et trafiquants semble être douloureuse pour certaines filles. Une fille s'est effondrée et s'est mise à pleurer, s'exclamant qu'elle « ne pouvait pas croire comment ses parents l'avaient mal traitée91. » Akosiwa H., apparemment victime de la traite pour travailler comme domestique alors qu'elle n'avait que trois ans a raconté à Human Rights Watch qu'elle avait interrogé sa mère après onze années de travail à l'étranger. Actuellement aux mains d'une ONG à Lomé, Akosiwa a dit : « Je n'ai pas vu ma mère pendant onze ans jusqu'à ce qu'elle vienne ici, mardi dernier. Je lui ai demandé comment elle avait pu m'envoyer à Lomé quand j'avais trois ans. Je lui ai demandé comment elle avait pu complètement m'oublier pendant onze ans, comment elle pouvait m'abandonner comme ça. Elle n'a rien répondu92. »

Des représentants du gouvernement et des ONG, au Togo, avaient des points de vue différents sur le degré de culpabilité des parents dans de telles situations. Le directeur de cabinet du Ministère togolais pour la protection et la promotion de la famille et des enfants, Koffi Badjow Tcham a émis l'idée que certains parents autorisaient, en toute connaissance, de cause la traite de leurs enfants. « Il arrive que des parents en toute connaissance de ce qui se passe peuvent accepter des sommes d'argent dérisoires pour abandonner leurs enfants, » a affirmé Tcham à Human Rights Watch. « Ils se débarrassent ainsi de leurs enfants. Le gouvernement a pris des mesures pour s'assurer que ce type d'action est sévèrement puni93. » Un villageois à Afanyagan a atténué cette déclaration. « Certains [parents] ont de mauvaises intentions et ils veulent effectivement commercialiser leurs enfants, » a-t-il dit, « et certains pensent qu'en les laissant partir, ils font quelque chose de bien pour leurs enfants94. »

Transport
Les filles victimes de la traite et emmenés hors du Togo avaient des histoires particulièrement poignantes à raconter, spécialement celles qui avaient dû affronter un voyage en bateau à destination du Gabon. Dansi D., seize ans a dit à Human Rights Watch qu'elle avait passé trois jours sur un bateau en direction du Gabon, avant de travailler là-bas comme domestique pendant dix-huit mois. Elle a raconté que son voyage avait débuté dans le village de Nungbani, au Togo où elle était monté dans un minibus en compagnie de sept autres filles et d'une femme qui avait dit qu'elles allaient s'occuper de jeunes enfants au Gabon. Le bus est allé jusqu'à Lomé, s'y est arrêté pendant cinq jours puis a mis une journée pour rejoindre le Nigeria. Bien que Dansi n'ait pas été en mesure de dire où elle s'était trouvée au Nigeria, les points de transit pour les enfants victimes de la traite, entre le Togo et le Gabon, incluent Port Harcourt, Oron et Calabar, des agglomérations et des villes dans le sud est du Nigeria, près de la côte95.

A son arrivée au Nigeria, Dansi a été abandonnée par la femme qui l'avait amenée et on lui a dit d'attendre qu'un bateau vienne la prendre. « Je suis restée au Nigeria pendant cinq mois, » a dit Dansi à Human Rights Watch. « C'était une grande maison avec peu de gens dedans et [la femme] m'a juste dit d'attendre. J'ai mangé du gari96 pris dans ce qu'elle avait laissé. Après cinq mois, un homme est venu et m'a emmenée au bateau97. Dansi a poursuivi en décrivant son voyage du Nigeria au Gabon. « Sur le bateau, il y avait plus de cent enfants, des Togolais et des Nigérians et il y avait quelques adultes mais plus d'enfants que d'adultes, » a-t-elle dit. « J'ai parlé à certains d'entre eux et toutes les filles allaient au Gabon travailler. Il a fallu trois jours sur le bateau pour aller au Gabon. Ils nous ont donné du gari et du manioc et parfois du pain à manger98. »

D'autres histoires sont identiques. Des filles ont raconté à Human Rights Watch qu'après avoir été recrutées dans leurs villages, elles ont été conduites vers des points de rencontre, au Nigeria où on leur a dit d'attendre qu'un bateau arrive. Le voyage vers le Nigeria a duré environ un jour avec certains trafiquants s'arrêtant en cours de route pour prendre d'autres recrues. « On est allé de Kabou à Sokodé et on a changé de véhicules là bas, » a dit une fille. « D'autres filles nous ont rejoints à Sokodé, je ne me souviens plus combien99. » A leur arrivée au Nigeria, les filles ont été emmenées vers de petites villes et livrées à elles-mêmes. Elles ont raconté avoir attendu jusqu'à deux mois sans rien à manger, ni d'endroit où se rendre. Certaines dormaient dehors, d'autres dormaient dans des bâtiments abandonnés. Toutes devaient chaparder pour leur nourriture ou voler sur le marché local. « On a attendu pendant deux mois sans rien avoir à faire, » a dit une fille. « On se disputait et on se battait. On n'avait pas assez de nourriture à manger alors on volait du manioc sur le marché et on était battu par le marchand100. »

Birgit Schwarz, une journaliste qui a interrogé plusieurs enfants victimes de la traite au Togo a raconté à Human Rights Watch qu'elle avait interrogé des filles qui tout en attendant que le bateau arrive, ont été violées, se sont prostituées et ont vendu leurs biens pour survivre101. Toutes auraient été abandonnées par leurs intermédiaires, ces femmes qui avaient promis non seulement de les accompagner au Gabon mais aussi de leur trouver du travail ou de les envoyer à l'école.

Les filles se sont souvenues qu'après une période au Nigeria, des bateaux sont arrivés et des barreurs les ont dirigées à bord. Elles décrivent les bateaux comme des embarcations en bois, sans équipement de navigation, ni sanitaires102. « Il n'y avait pas de toilettes, » a dit l'une d'entre elles. « Les filles déféquaient les unes sur les autres et vomissaient dans le bateau. C'était impossible de vomir dans la mer sans tomber par-dessus bord103. » Une fille a raconté à Human Rights Watch qu'elle s'était sentie malade et n'avait pas de médicaments. Une autre a dit qu'elle n'avait eu ni nourriture, ni eau propre pendant quatre jours. La journaliste Birgit Schwarz corrobore ces récits à partir de ses propres enquêtes auprès des filles victimes de la traite, décrivant les conditions comme « horribles ». « Les barreurs perdent leur trajectoire au milieu de la nuit et s'égarent et il n'y a même pas d'eau propre à boire, » a déclaré Schwarz à Human Rights Watch. « Les filles sont toutes malades avant d'arriver au Gabon104. »

Selon le journal nigérian, This Day, les filles trafiquées débarquent au Gabon en des lieux comme Cocobeach, Cap Esterias, Pont Nomba, Owendo et Ouloumi105. « Elles finissent en barbotant jusqu'au rivage, » a raconté Suzanne Aho à Human Rights Watch. Les bateaux ne peuvent aller jusqu'à la côte alors ils laissent les enfants dans l'eau, à distance de la côte, a-t-elle expliqué. « Beaucoup ne savent pas nager106. »

De nombreuses filles interrogées par Human Rights Watch ont dit qu'elles n'étaient pas allées jusqu'au Gabon. « On s'est approché du Cameroun mais les vagues étaient trop fortes, » a raconté une fille. « Le bateau s'est renversé et neuf filles sont mortes107. » Human Rights Watch a corroboré ce récit auprès de neuf autres survivantes du même incident. La tragédie a également été rapportée par la BBC qui a affirmé que soixante-huit « enfants esclaves » avaient été récupérés d'un bateau qui coulait108. Interrogée sur cet incident, Aho a dit qu'au moins huit enfants étaient morts109. Une histoire récente dans le journal nigérian This Day rapportait qu'environ 20 pour cent des enfants partis du Nigeria pour le Gabon meurent en mer à cause de problèmes avec le bateau. Environ 150 enfants sont morts en 2001 seulement110. Ceci est probablement sous-estimé : selon le Département d'Etat américain, le gouvernement togolais a rapporté 700 noyades d'enfants victimes de la traite, dont la moitié de Togolais, au cours de deux incidents séparés en mars 2001111. « Ces accidents sont causés par le fait que les bateaux qui transportent les enfants sont de petites embarcations usagées, en bois avec deux vieux moteurs hors bord de quarante chevaux, » écrivait This Day. « Les bateaux sont surchargés de marchandises et de gens sans gilets de sauvetage et sans matériel de navigation112. »

Si le voyage par mer vers le Gabon est clairement le voyage le plus dangereux auquel aient été confrontés les enfants victimes de la traite interrogés par Human Rights Watch, d'autres ayant quitté le Togo avaient également connu des expériences difficiles. Human Rights Watch a interrogé des filles qui ont voyagé par la terre de l'intérieur du Togo vers Lomé, le Nigeria ou le Niger. Massoglé G., présentée à un trafiquant par ses amis à l'âge de seize ans a dit qu'elle avait été victime de la traite depuis Bassar, une ville dans la région de Kara, au nord du Togo, à destination du Niger. « Une femme a dit qu'elle paierait pour mon voyage à l'étranger et qu'ensuite je pourrais travailler pour rembourser ma dette, » a-t-elle dit. « Alors on est allé au Niger, je suis allée en voiture jusqu'à Kara puis on a rencontré un bus avec environ vingt filles à bord, la plupart plus vieilles que moi mais certaines plus jeunes. On a mis deux jours et demi pour aller au Niger. Le voyage a été terrible, on n'a pas eu de nourriture pendant tout le trajet113. » Alors que Kara est un point de transit très fréquenté pour les filles devant se rendre dans le nord, la plupart des filles interrogées par Human Rights Watch ont dit qu'elles étaient passées par Lomé avant de se rendre au Bénin, au Nigeria ou au Gabon. Bébé M. a dit que son futur trafiquant avait promis de la prendre à une gare de bus à Lomé mais qu'il l'avait abandonnée là-bas. « Le bus [pour Lomé] a mis une heure et j'ai acheté mon billet avec l'argent que j'avais gagné en vendant des oranges et du kérosène, » s'est-elle souvenue114. « J'ai attendu une heure et demie mais elle n'est jamais venue. Je suis rentrée à la maison et je n'ai jamais réessayé115. »

Les filles victimes de la traite, d'un point du Togo à un autre, ont rapporté avoir emprunté les transports publics ou avoir été conduites par leurs trafiquants dans une voiture ou une camionnette. Selon le rapport par pays du BIT-IPEC, les gares de bus de Kara, Bassar et Sokodé sont connues pour être des points de rencontre pour les enfants venant de la région centrale de Togo alors que celles d'Anié et de Bagou sont des points de rencontre pour les enfants de la région du Plateau. Le rapport du BIT-IPEC notait également qu'en plus de Lomé, les villes de destination des enfants victimes de la traite au Togo, incluaient Kara, Atakpamé et Sokodé, respectivement capitales des Régions de Kara, du Centre et du Plateau116.

Accueil et exploitation
Au terme de leurs voyages, les filles interrogées par Human Rights Watch ont travaillé pendant de longues périodes comme domestiques et sur les marchés, travaux pour lesquels elles ont été peu rémunérées ou pas du tout. Elles ont souvent été battues ou fait l'expérience de sévices mentaux. Le commerce de filles togolaises est particulièrement intense avec le Gabon, un pays relativement riche avec une population réduite, donc des besoins en main d'_uvre et où la scolarité obligatoire et des lois strictes sur le travail des enfants alimentent une demande croissante pour une main d'_uvre enfantine étrangère. Bien que les lois gabonaises interdisent la traite d'enfants étrangers pour les faire travailler, la mise en _uvre de cette loi est limitée à des saisies périodiques d'enfants victimes de la traite et à leur rapatriement vers les ambassades concernées117. Une étude de 1998-1999 sur 600 enfants travaillant au Gabon a découvert que seulement dix-sept d'entre eux étaient gabonais118. Deux ans plus tard, en 2001, l'ONG WAO-Afrique a estimé qu'il y avait entre 10 000 et 15 000 enfants togolais victimes de la traite travaillant au Gabon119. Commentant le nombre de filles victimes de la traite travaillant comme domestiques au Gabon, ASI notait en 2000 que le Gabon « en est inévitablement devenu un grand consommateur et a créé un besoin pour les utiliser120. »

En matière de travaux accomplis, l'étude ASI notait que les filles victimes de la traite au Gabon sont employées par des ressortissants béninois ou togolais qui importent différentes marchandises ou par des familles gabonaises qui ont besoin d'une main d'_uvre bon marché pour des travaux domestiques. Dans ce dernier cas, tout salaire payé par la famille d'accueil de la fille, en moyenne 50 000 CFA (U.S.$76) par mois, serait payé au trafiquant qui a amené l'enfant121. ASI citait le cas d'un trafiquant qui encaissait le salaire de douze filles différentes chaque mois122. Selon l'étude BIT-IPEC, certaines familles d'accueil incluent des étrangers qui ont obtenu la citoyenneté gabonaise mais continuent d'utiliser leurs anciens compatriotes comme intermédiaires pour recruter les enfants qu'ils vont faire travailler123.

Les filles interrogées par Human Rights Watch ont raconté qu'à leur arrivée à leurs destinations finales (soit au Togo même, soit au Bénin, Niger, Nigeria ou Gabon), elles ont soit commencé à travailler pour les intermédiaires qui les avaient transportées, soit ont été remises à une famille qu'elles n'avaient jamais rencontrée auparavant. Dans les deux cas, elles ont reçu l'ordre de travailler à la maison ou sur un marché. La plupart ont raconté se lever tôt le matin pour remplir des tâches domestiques et passer la journée à aider leurs patrons dans de petites activités commerciales - vendre du pain, des fruits ou du lait au marché, faire cuire des brochettes de viande sur le bord de la route ou travailler dans une petite boutique. A la fin de la journée, elles rentraient chez leur patron et travaillaient encore dans la maison avant d'aller se coucher. L'une d'entre elles a ainsi décrit une journée typique :

Le matin, j'allais au marché avec ma tante. Elle vendait des vêtements et moi, je vendais des chiffons. Je me déplaçais et les vendais pour 100 CFA [environ U.S.15 cents]. Je faisais 900 à 1000 CFA par jour [environ U.S.$1.50] et je donnais l'argent à ma tante. Je rentrais à la maison à 6 heures du soir et je faisais le feu, nettoyais la maison et mettais de l'eau sur le feu. Ma tante me disait toujours d'être une bonne fille, de ne rien lui voler. Elle disait que si je volais quelque chose, elle me battrait124.

Une fille victime de la traite au Gabon lorsqu'elle avait sept ans a déclaré qu'en plus de travailler comme domestique, elle s'était occupée d'un jardin de tomates et poivrons pendant cinq années125. Une autre a dit qu'elle transportait des ignames et des ananas sur sa tête à l'âge de neuf ans. Elle a dit qu'elle travaillait au marché toute la journée puis « dormait dans le magasin, avec les ignames et les ananas126. » Deux autres filles, Afi A. et Ama D. ont dit qu'elles avaient été amenées à Anié, au Togo par une tante et confiées à la maison de la fille de la tante. Elles ont ainsi décrit les tâches qu'elles devaient accomplir :

On vendait du pain au marché, à droite, à gauche entre 6 ou 7 heures du matin jusqu'à la nuit... Quand on rentrait à la maison, la fille de notre tante nous donnait la farine pour le pain du lendemain. Elle nous montrait comment faire le pain et on le faisait avec elle et deux autres filles. Elle n'était pas gentille avec nous. Si on ne vendait pas tout le pain en une journée, elle nous battait avec un bâton127.

Afi A. et Ama D. ont dit qu'elles faisaient cuire du pain chaque nuit jusqu'au petit matin. A la question de savoir si elles devaient travailler près du four, Ama a répondu que « le four leur brûlait les pieds. Une fois j'ai cru que le grill était éteint alors j'ai marché dessus et je me suis brûlée. » Un jour, Afi et elle ont rencontré par hazard la tante qui les avait initialement amenées à Anié. « On lui a dit que sa fille nous traitait mal, » a dit Ama, « et elle a juste dit, `Qu'est-ce-que vous voulez dire ? Vous n'êtes pas venues à Anié pour vous amuser mais pour travailler128.' »

Certaines filles ont décrit leur travail comme consistant à « piler du fufu », une corvée pénible pour laquelle un large mortier et un pilon sont utilisés afin d'écraser vigoureusement des ignames ou du manioc pour en faire une pâte qui sera servie avec du poisson, de la viande ou des légumes. « Je devais piler du fufu de 3 heures du matin à 7 heures du soir » a raconté une fille à Human Rights Watch. « Je détestais faire ça, c'est un travail dur et douloureux. Si je perdais des ignames en pilant, la femme me battait, me donnait une claque129. » Une autre fille a dit qu'elle ne pouvait plus piler après un certain temps. « Quand je suis arrivée là-bas, je devais piler du fufu de 4 heures du matin à 8 heures du soir, » a-t-elle dit. « Après un moment, j'ai dit à la femme que je ne pouvais plus le faire. Elle ne m'a jamais donné d'argent et j'ai dit que si elle ne me payait pas, j'allais repartir. Alors elle m'a laissée vendre du riz sur le marché130. »

Les travaux domestiques décrits par les enfants victimes de la traite varient également. Des filles de huit ans seulement ont dit qu'il avait été exigé d'elles qu'elles lavent la vaisselle, balayent et préparent la nourriture. « Ma tante m'a dit que je ne lavais pas bien la vaisselle alors elle m'a battue et m'a insultée, » a dit une enfant, victime de la traite à destination de Lomé quand elle avait moins de huit ans131. Assoupi H., seize ans, victime de la traite quand elle n'avait que trois ans a dit qu'on lui avait demandé de porter l'enfant de sa tante. « Elle a dit à ma mère qu'elle allait me mettre à l'école, » a dit Assoupi, « mais elle a eu des jumeaux et elle m'a dit que je devais l'aider à s'occuper des enfants jusqu'à ce qu'ils soient assez grands pour l'école. Je n'avais que trois ans mais je portais ses bébés et les tenais pour elle132. » Au moment où ses enfants ont atteint l'âge scolaire, la tante d'Assoupi était de nouveau enceinte de jumeaux. « Elle m'a demandé de m'occuper d'eux aussi, » a raconté Assoupi. « Je devais aller chercher l'eau pour la maison, balayer, laver la vaisselle et les vêtements. Je lavais les enfants, cuisinais pour eux et lavais leur linge. Quand ils étaient petits, ils pleuraient beaucoup133. »

Sur les quarante-et-une filles interrogées, pratiquement aucune n'a évoqué avoir reçu une rémunération pour les services rendus : une s'est souvenue avoir gagné 12 000 CFA (U.S.$18) pour trois mois de travail dans une boutique au Bénin et une autre a gagné 48 000 CFA (U.S.$70) pour six mois de travail sur un marché au Nigeria134. Dans d'autres cas, les trafiquants ont apparemment trouvé des moyens pour éviter de payer les enfants. Un enfant a affirmé que son trafiquant lui avait promis d'envoyer 25 000 CFA (U.S.$37) à son retour chez elle mais elle a affirmé qu'elle n'avait jamais reçu l'argent135. Une autre a affirmé qu'elle avait été impliquée par son trafiquant dans une tontine - un fonds commun auquel les gens contribuent de petites sommes d'argent et duquel ils peuvent périodiquement emprunter - mais qu'elle n'avait jamais été autorisée à retirer de l'argent136. Plusieurs enfants ont affirmé que leurs trafiquants avaient payé pour leur voyage à l'étranger pour ensuite leur ordonner de travailler afin de rembourser leur dette137. Pour la plupart, cependant, les filles ont affirmé qu'on attendait d'elles qu'elles donnent tous leurs gains à leur patron et qu'elles soient reconnaissantes d'avoir un endroit où rester. « Des gens comme ma tante amène des filles pour travailler comme des esclaves ou pour les vendre, » a dit une fille maintenant âgée de dix-neuf ans. « Ils amènent les filles pour les maltraiter mais ils s'occupent toujours bien de leurs propres enfants138. »

Exposition aux abus
« Au début, ma tantie était gentille avec moi mais après, elle a changé, » a dit Assoupi H. à Human Rights Watch. « Chaque fois que je faisais quelque chose de mal, elle me criait après et m'insultait. Des fois, elle disait à ses amis ce que j'avais fait et ils venaient et me battaient... Elle me maudissait et disait que je n'avais pas d'avenir139. » Après onze années de travaux domestiques, Assoupi a raconté qu'elle avait été attaquée par le mari de sa tante :

Une nuit, le mari de ma tante est rentré du travail à la maison et m'a demandé si j'avais préparé à manger pour lui et les enfants. J'ai dit non. Il a dit, « Ta tante t'a donné l'argent, pourquoi tu n'as pas préparé le repas ? » J'ai essayé d'expliquer mais il m'a sauté dessus et a commencé à me battre. Il m'a traînée hors de la maison et m'a dit de partir. Cette nuit-là, je suis revenue et je suis allée me coucher et le lendemain, ma tante est rentrée à la maison. Ses enfants lui ont dit que leur père m'avait battue. Personne ne me parlait après ça alors j'ai pensé que je devais partir140.

L'histoire d'Assoupi est loin d'être unique. Une majorité des filles trafiquées interrogés par Human Rights Watch a raconté des incidents d'abus physiques, souvent d'abus répétés. Des filles ont affirmé avoir été frappées avec des objets contondants et des fils électriques et menacées de châtiments et parfois de mort. Les coups étaient administrés non seulement par les patrons mais par d'autres personnes comme les voisins. Au cours des entretiens conduits par Human Rights Watch au Centre Oasis, de l'ONG Terre des Hommes qui héberge des enfants victimes d'abus, d'abandon et de négligence, à Lomé, plusieurs filles a raconté qu'elles avaient supporté des abus répétés et s'étaient ensuite échappées après un incident au cours duquel les abus s'étaient révélés insupportables :

· Kéméyao A., dix ans a dit qu'elle était allée à Lomé, en 2001, pour faire des travaux domestiques et travailler au marché. Elle a dit que sa mère avait accepté de l'argent d'une femme au marché dont la s_ur cherchait une domestique. La s_ur a « très mal » traité Kéméyao. « Sa maison était loin du marché, » se souvient Kéméyao, « alors à la fin de la journée, elle rentrait en mobylette à la maison mais me faisait rentrer à pied. Souvent, j'arrivais en retard et elle me battait parce que je marchais pas assez vite. Elle avait un bâton spécial pour me frapper sur les paumes des mains. Des fois, elle utilisait ses mains ou attrapait un bâton et me frappait sur tout le corps. Je pleurais et j'appelais ma mère et elle disait, `Qu'est-ce-qu'elle va faire ta mère ? Tu ne retourneras jamais chez ta mère.' » Un matin, l'employeur de Kéméyao s'est réveillé après être rentré chez lui ivre et lui a demandé de faire chauffer de la soupe. « On devait garder la soupe chaude pour qu'elle ne s'abîme pas, » a-t-elle dit, « mais elle n'avait pas été chauffée comme il fallait. Ma tantie a compris que la soupe avait perdu son goût alors elle a commencé à me battre parce que je n'avais pas fait chauffer la soupe comme il faut. Ce jour-là, j'ai décidé de partir141. »

· Quand Kafui A. avait onze ans, elle a été emmenée à Lomé par une femme dont elle dit qu'elle ne l'avait jamais rencontrée auparavant. Elle a affirmé que la femme lui faisait vendre des vêtements d'occasion au marché et la réveillait à 4 heures du matin, tous les jours, pour faire des travaux domestiques. « Quand elle m'appelait et que je ne l'entendais pas, elle envoyait son fils me chercher et quand je venais, il me donnait des coups de pied et me frappait à la tête et me demandais si j'étais sourde, » a dit Kafui. Elle s'est souvenue qu'un jour, d'autres enfants étaient allés au puits chercher de l'eau. Elle a emporté deux seaux pour les remplir. « Je ne pouvais pas transporter les deux seaux, » a-t-elle dit, « alors j'en ai transporté un puis je suis revenue pour l'autre. Quand je suis arrivée à la maison la deuxième fois, ma tata m'a demandé ce qui m'avait pris aussi longtemps. J'ai essayé d'expliquer mais elle n'a pas compris. Elle a dit que si je ne lui disais pas où j'avais été, elle me battrait à mort. Elle m'a menacée et a dit que je mentais, que j'étais en fait allée voir un parent. Elle a commencé à me battre et m'a dit de sortir et de laver la toilette de sa fille. » Kafui A. a ainsi poursuivi : « Quand je suis rentrée, elle avait fermé la porte à clef. J'ai frappé et personne n'a répondu alors je suis allée à la maison du meunier. Quand je suis retournée à sa maison, le matin, elle était déjà partie au marché alors j'ai décidé de m'enfuir142. »

Exploitation sexuelle et exposition au VIH-SIDA et aux autres maladies sexuellement transmissibles
Les filles victimes de la traite interrogées par Human Rights Watch ont décrit un certain nombre de situations dans lesquelles elles ont été confrontées à un risque potentiellement élevé d'exploitation sexuelle : en transit si elles avaient été abandonnées (comme au Nigeria) et laissées sans soins ; dans des travaux domestiques si elles ont été physiquement abusées et forcées à dormir dans la même chambre que des hommes ou des garçons et lors de leur retour ou rapatriement, si elles ont été forcées de vivre, dans la rue et ont couru le risque d'abus, notamment d'abus sexuels, de la part de civils ou de policiers.

Quelques filles interrogées par Human Rights Watch ont raconté un enchaînement d'événements qui a débuté avec la traite et s'est terminé par un travail sexuel. Human Rights Watch a interrogé dix enfants travailleuses sexuelles à Dekon, un quartier du centre de Lomé connu localement sous le nom du marché du petit vagin143. Parmi ces enfants, au moins trois avaient été recrutées, transportées ou réceptionnées à Lomé pour être exploitées au travail, dans le sens de la définition de la traite des enfants : chacune des ces filles a raconté son arrivée à Lomé pour travailler comme domestique ou au marché, après une offre de travail ou d'éducation par un parent, un ami de la famille ou un inconnu. Leur arrivée dans le travail sexuel a commencé quand après avoir supporté des conditions d'exploitation ou d'abus, elles se sont retrouvées dans la rue avec un besoin d'argent144.

· Vodou K., dix sept ans, de Tsévie au Togo a affirmé que son père était parti au Ghana lorsqu'elle était très jeune et que sa mère était décédée lorsqu'elle avait quinze ans. Elle a dit à Human Rights Watch qu'une femme âgée l'avait approchée aux funérailles de sa mère et lui avait dit qu'elle pouvait aller à Lomé travailler comme domestique. Elle a accepté mais après quatre mois de travail, son patron l'a abandonnée et lui a dit de rentrer chez elle. Elle est alors allée chez une amie qui était travailleuse sexuelle et son amie l'a convaincue d'essayer de faire ce travail. Au moment de l'entretien, Vodou K. a dit qu'elle faisait ce travail depuis un an. Bien qu'elle ait dit gagner entre 3 000 et 5 000 CFA (U.S.$4.50-$7.50) par nuit au début, elle gagne maintenant environ 1 000 CFA (U.S.$1.50) par nuit. Elle a raconté que sur les conseils des assistants sociaux, elle demande toujours à ses clients d'utiliser des préservatifs. Cependant, des entretiens avec d'autres enfants gagnant leur vie comme travailleuses sexuelles font douter de la réelle utilisation des préservatifs par les filles145.

· Alaba M., dix-neuf ans est originaire du Nigeria. Elle a dit à Human Rights Watch qu'elle avait sept ans lorsque ses deux parents sont décédés et que sa tant l'a emmenée au Togo. A son arrivée, a-t-elle dit, elle est restée chez sa tante, dans une banlieue de Lomé et l'a aidée au marché. Elle se souvient avoir vendu du pain pendant que sa tante vendait des cigarettes et des sodas. Elle n'est jamais allée à l'école. Elle a dit que les enfants de sa tante étaient très cruels avec elle, qu'ils lui faisaient porter leurs sacs du marché à la maison, lui ordonnaient de faire leur travail, la battaient et la taquinaient parce qu'elle était orpheline et domestique. Après huit années, elle est finalement partie et est allée chez l'une des filles de sa tante. Elle a dit qu'elle avait alors rencontré une fille qui avait de très beaux vêtements et qu'elle lui avait demandé où elles les avaient eus. La fille lui a suggéré d'essayer un travail sexuel. Alaba travaillait à Dekon comme travailleuse sexuelle depuis un mois au moment de son entretien avec Human Rights Watch. Elle a dit qu'elle insistait pour utiliser des préservatifs mais parfois, ses clients lui offrent 10 000 CFA (U.S.$15) pour des rapports non protégés146.

· Sefako K., dix-sept ans, d'Aneho a dit à Human Rights Watch que sa mère était morte environ un an plus tôt. Elle a affirmé que sa mère avait commencé à maigrir et que sa grand-mère lui avait dit que sa mère était ensorcelée. Elle se souvient d'une femme qui l'a approchée et lui a demandé si elle voulait gagner de l'argent à Lomé. La femme l'a amenée à une autre femme qui vendait du riz à Dekon et on lui a offert une chambre et 200 CFA (U.S.$0.30) par jour pour laver la vaisselle. Bien que l'argent ait soi-disant été déposé en son nom dans une tontine, elle a dit qu'elle n'a jamais été autorisée à en retirer. Elle a décidé d'aller vivre avec un ami qu'elle a ensuite quitté pour vivre avec une amie. Elle a dit que son amie était travailleuse sexuelle et qu'elle lui avait suggéré de commencer à sortir avec elle. Elle gagne maintenant entre 1 000 et 1 500 CFA (U.S.$1.50-$2.25) par nuit comme travailleuse sexuelle. Elle a raconté qu'une fois un homme lui avait proposé 6 000 CFA (U.S.$9) pour avoir des relations sexuelles non protégées et qu'elle avait accepté147.

Les filles qui se lancent dans un travail sexuel sont confrontées à un risque accru d'infection par le VIH. Une étude de 1992 sur les travailleuses sexuelles à Lomé a rapporté qu'environ 80 pour cent des femmes testées étaient séropositives148. Alors qu'il n'y a pas d'estimations officielles sur l'utilisation des préservatifs ou la disponibilité en préservatifs parmi cette population, des entretiens informels avec vingt-sept travailleuses sexuelles à Dakon réalisés par l'ONG Population Services International (PSI) a révélé que l'utilisation des préservatifs était « quasiment nulle149. » Dans les entretiens avec Human Rights Watch, la plupart des enfants travailleuses sexuelles ont dit qu'elles ne demandaient pas au début à leurs clients d'utiliser des préservatifs mais qu'elles le faisaient maintenant suite aux efforts des assistants sociaux150. De plus, certaines filles ont affirmé que des clients continuaient de leur offrir plus d'argent pour abandonner l'utilisation du préservatif et que parfois, elles acceptaient ce revenu supplémentaire. Efua S., dix-neuf ans, venue à Lomé du Ghana a ajouté que la peur de la violence faisait qu'il était difficile d'insister pour qu'un préservatif soit utilisé. « Si je ne paie pas mon loyer, ils me battent, » a-t-elle dit à Human Rights Watch. « J'essaie d'utiliser des préservatifs mais des fois les clients deviennent brutaux. Il y a trois jours, un type m'a invitée chez lui et quand je suis arrivée là-bas, il y avait un groupe d'hommes qui voulaient coucher avec moi, l'un après l'autre. J'ai dû partir en courant151. »

Selon un villageois à Afanyagan, le risque de contracter le VIH-SIDA est particulièrement élevé pour les enfants victimes de la traite à Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire. « Demander aux enfants d'où vient le SIDA et ils vous diront `Abidjan' », a dit le villageois à Human Rights Watch. « Ils appellent les gens qui viennent d'Abidjan `pas encore déclenchés (symptomatiques)'. C'est pourquoi maintenant personne ne veut que son enfant aille en Côte d'Ivoire152. »

En plus des filles qui se trouvent entraînées dans le travail sexuel une fois qu'elles sont parties de chez elles, des filles victimes de la traite pour d'autres types de travail peuvent aussi se retrouver exposées à des abus sexuels (non commerciaux). Les filles victimes de la traite qui travaillent comme domestiques, en particulier, peuvent être exposées à des abus sexuels dans la maison où elles travaillent. Certaines des témoins de Human Rights Watch ont rapporté être restés dans la même chambre que des garçons plus âgés ou des hommes de la famille de leur employeur ou des connaissances de la famille. D'autres ont évoqué des locataires louant des chambres à leur employeur. « Il y avait un homme et un garçon là-bas, » a dit une fille, victime de la traite lorsqu'elle avait sept ans. « J'avais peur que le garçon me viole153. »

Les filles se retrouvent également exposées à des abus sexuels lorsqu'après avoir quitté les endroits où la traite les ont conduites, elles reçoivent l'assistance d'hommes inconnus. Une telle assistance a pu être clairement bien intentionnée dans certains cas (voir ci-dessous, dans la rubrique Retour) mais le risque pour les filles est évident. Amina Kodjovi-Numado, directrice du Centre Oasis, pour l'ONG Terre des Hommes, a affirmé à Human Rights Watch qu'entre janvier et mai 2002, environ douze enfants étaient arrivées au Centre Oasis en disant qu'elles avaient été sexuellement agressées. « Les cas d'abus sexuels sont assez nombreux, » a reconnu le Professeur Djassoa Gnansa, un psychologue qui conseille les enfants au centre Oasis. « Les filles peuvent être coincées dans une chambre. Parfois, quelqu'un profite de leur gentillesse, ils disent, `Apporte-moi une cigarette, apporte-moi de l'eau' et ensuite ils les coincent154. » Suzanne Aho a évoqué trente-sept cas d'abus sexuels contre des filles victimes de la traite, au cours de l'année écoulée. Elle a dit à Human Rights Watch que « certaines filles qui reviennent sont [séro]positives155. » Kodjovi-Numado a affirmé à Human Rights Watch que Terre des Hommes administrait un test de dépistage à toute fille disant qu'elle avait été sexuellement abusée et dont les parents ne peuvent être localisés156.

Retour
Les filles interrogées par Human Rights Watch ont raconté avoir passé entre trois mois et neuf ans dans la ville ou le pays de destination. Après cette durée, elles ont soit pris la fuite, soit sont parties avec l'autorisation de leur employeur. Comme décrit plus haut, beaucoup ont raconté avoir fui après un incident impliquant un abus physique.

A la question leur demandant de décrire leur retour chez elle, les filles ont rapporté être rentrées dans le cadre protecteur des procédures de rapatriement et de réintégration du Togo (celles-ci sont détaillées dans la Section VII : Réponse de l'état) et avoir passé un certain temps dans des postes de police locaux, dans les bureaux du Ministère des Affaires Sociales et/ou dans des abris gérés par des ONG comme le Centre Oasis de Terre des Hommes, à Lomé. Certaines victimes de la traite à destination d'un pays étranger ont dit qu'elles avaient passé un certain temps à l'ambassade du Togo avant d'être renvoyées par avion au Togo. Un enfant a raconté que son trafiquant avait dû payer pour son retour par avion au Togo, une exigence que la journaliste Birgit Schwarz a fréquemment rencontrée dans ses entretiens avec des filles victimes de la traite157. Selon Schwarz qui a accompagné plusieurs filles en avion, entre le Gabon et le Togo après qu'elles eurent été trouvées à Libreville au Gabon et amenées à l'ambassade togolaise, les enfants rapatriés étaient généralement accueillis à l'aéroport et photographiés par un représentant du Ministère des Affaires Sociales158.

D'autres filles qui ont eu moins de chance ont décrit comment leur situation avait échappé au processus de réintégration. Elles ont raconté avoir passé des nuits dans les rues, frappant aux portes des églises et acceptant la gentillesse d'inconnus. Une enfant a raconté à Human Rights Watch qu'elle avait accepté d'être transportée par un conducteur nigérian qui l'a laissée sur le bord de la route longtemps avant d'atteindre son village159. Une autre a dit que, à l'âge de quinze ans, elle avait accepté d'épouser quelqu'un en échange de son retour au Togo. « J'étais désespérée, » a-t-elle dit, « alors j'ai dit oui juste pour partir. Maintenant mes frères travaillent dur aux champs pour rembourser ce garçon et que je n'ai pas à l'épouser160. »

Déla N. a décrit à Human Rights Watch comment elle était rentrée du Nigeria au Togo avant l'intervention de la police :

J'ai rencontré un homme que je connaissais et il m'a demandé pourquoi je partais. Je n'ai rien dit, juste que je rentrais chez ma mère. Il m'a donné 2 000 CFA (U.S.$3) et m'a indiqué les directions pour rentrer à la maison. J'ai dépensé 300 naira (U.S.$2.50) pour un camion jusqu'à la frontière avec le Bénin. Là, j'ai pris une voiture jusqu'à la frontière entre le Togo et le Bénin. Quand je suis arrivée, il faisait nuit et j'ai dû dormir là-bas. Ça coûte 50 CFA [U.S.$0.07] pour dormir [dans une auberge] et le lendemain, j'ai découvert qu'on m'avait volé mon argent161.

Après son arrivée au Togo, Déla a dit qu'elle avait été invitée dans la maison d'un homme inconnu, plus âgé :

J'ai rencontré un homme qui faisait du thé sur le bord de la route, il m'a appelée, je me suis avancée et il m'a demandé ce qui s'était passé. Je lui ai tout raconté. Il m'a demandé de rester avec lui jusqu'au lendemain et a dit qu'il m'emmènerait chez moi. Je suis allée chez lui le samedi et j'y suis restée le samedi et le dimanche. Il a promis qu'il allait m'emmener à mon village. Il a demandé à des gens s'il devait faire ça et ils ont dit que ce n'était pas la meilleure chose à faire, que ce serait mieux de m'emmener à la police. Il m'y a emmenée et ils m'ont ramenée à la maison162.

Afi A. et Ama D., les deux filles victimes de la traite à destination d'Anié pour y fabriquer et vendre du pain ont raconté une expérience similaire. Après avoir vendu pour 1 500 CFA (U.S.$2.25) de pain un jour, elles ont pris l'argent et se sont enfuies en payant un chauffeur de bus pour qu'il les ramène à Sirka, leur village natal. A mi-chemin, cependant, le chauffeur leur aurait dit que 1 500 CFA ne suffisaient pas et les aurait laissées sur le bord de la route. Elles ont dit qu'un étranger les avait découvertes et les avait conduites auprès de responsables des Affaires Sociales à Sotouboua et de là, elles ont été emmenées à Sokodé. Le service des Affaires Sociales leur ont trouvé un logement temporaire à Sokodé pendant deux nuits. Après cela, elles ont dit qu'elles avaient été emmenées à Kara pour attendre leurs parents.

Dans un cas étudié par Human Rights Watch, une fille a affirmé qu'elle avait été interceptée par la police à la frontière et placée dans un centre de détention juvénile pendant cinq jours, une pratique que le Juge Emanuel Edorh, magistrat en chef au Tribunal pour enfants du Togo interdit fermement163. « La police nous a arrêtées à la frontière et nous a demandé où on allait, » a dit la fille. « D'abord ils m'ont emmenée dans la cellule et j'y suis restée une nuit avec trois autres filles et deux femmes. Après une nuit, ils m'ont emmenée au centre de détention où j'ai été interrogée. J'y suis restée cinq nuits et là, Terre des Hommes est venue et m'a ramenée au village164. »

Les filles venant d'autres pays victimes de la traite à destination du Togo
Bien que le Togo soit principalement un pays « d'origine » par rapport à la traite d'enfants, Human Rights Watch a interrogé des filles en provenance du Ghana ou du Nigeria qui ont été victimes de la traite à destination du Togo. L'étendue précise de la traite des enfants à destination du Togo n'est pas connue même si l'étude BIT-IPEC note que la plupart des enfants victimes de la traite à destination du Togo viennent de la région Mono, au Bénin et de la région Volta, au Ghana. Le rapport BIT-IPEC ne spécifie pas si les enfants victimes de la traite à destination du Togo sont plutôt des garçons, des filles ou les deux. Cependant, le fait qu'un nombre significatif de filles soient victimes de la traite de l'intérieur du Togo vers Lomé pour y accomplir des travaux domestiques ou travailler sur les marchés suggère qu'il existe une demande substantielle pour une main d'_uvre féminine enfantine dans cette ville. Cette demande peut être pourvue en partie par des filles en provenance de pays voisins.

Une fille du Nigeria, victime de la traite à destination de Lomé lorsqu'elle avait quatorze ans a raconté à Human Rights Watch qu'elle s'attendait à être scolarisée à Lomé, mais qu'elle avait fini comme domestique et comme vendeuse sur le marché pendant cinq mois. « Je ne pouvais même pas rester avec [mon patron], » a-t-elle dit, « J'ai dormi dehors et la femme dormait dans la maison165. » Une autre, victime de la traite en provenance d'Accra, au Ghana lorsqu'elle avait quinze ans a dit qu'elle avait été emmenée dans la maison de la s_ur de sa grand-mère et qu'on lui avait dit de s'occuper du bébé de cette femme. Elle a dit qu'elle était battue chaque fois que le bébé pleurait et que finalement, elle s'était échappée et avait fini au Centre Oasis de Terre des Hommes.

Lorsque Human Rights Watch a rencontré Abena R., dix ans, elle était récemment arrivée au Centre Oasis avec une mauvaise fracture de la main. Elle a affirmé que quand elle avait sept ans, sa s_ur l'a poussée à accompagner une inconnue de sa maison à Accra jusqu'à Lomé. « Je n'avais jamais vu cette femme avant, » a dit Abena. « Elle m'a emmenée dans une voiture de Accra à Lomé. J'étais seule et cela a pris deux à trois heures166. » Quand Abena R. est arrivée à Lomé, sa trafiquante l'a conduite à une autre femme qui l'a fait cuisiner, laver le linge de ses enfants et laver la vaisselle. « Elle me battait souvent, » a dit Abena. « Elle me demandait de faire un travail et disait, `Fais le vite ou je te bats !167' » Un jour, Abena est partie chercher de l'eau glacée pour quelqu'un au lieu d'apporter à sa patronne la chaise qu'elle avait demandée. « Quand je suis revenue, ma patronne a crié après moi et m'a battue avec un bâton, » a-t-elle dit. « Elle m'a cassé la main. Elle ne m'a pas emmenée à l'hôpital168. » Selon Terre des Hommes, la main d'Abena est paralysée et pourrait ne jamais guérir.

77 Les conventions internationales définissent la traite des enfants comme « une pratique analogue à l'esclavage » que l'enfant soit rémunéré ou non ou qu'il soit physiquement contraint. Ce point est discuté en détail dans la partie « Protections légales contre la traite des enfants » ci-dessous.

78 C. Mally, « L'Evaluation de la situation du trafic d'enfants au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Togo » (2001), p. 26, cité dans Amouzou et al, « Trafic d'enfants au Togo », pp. 23-24.

79 Entretien conduit par Human Rights Watch, Vogan, 29 avril 2002.

80 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

81 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 14 mai 2002.

82 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

83 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 14 mai 2002.

84 Entretien conduit par Human Rights Watch, Hahatoe, 11 mai 2002.

85 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 15 mai 2002.

86 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

87 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

88 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

89 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

90 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 15 mai 2002.

91 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 17 mai 2002.

92 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 15 mai 2002.

93 Entretien conduit par Human Rights Watch avec Koffi Badjow Tcham, Lomé, 7 mai 2002.

94 Entretien conduit par Human Rights Watch avec des villageois, Afanyagan, 29 avril 2002.

95 Port Harcourt et les zones avoisinantes sont identifiés comme des points de transit par une étude de l'UNICEF-Gabon en date de 1998, citée dans l'étude par pays de 2002 du BIT-IPEC. Birgit Schwarz, journaliste allemande qui a étudié la traite des enfants en Afrique de l'Ouest a affirmé à Human Rights Watch que les filles étaient hébergées dans les zones côtières du Delta du Niger, dans des villes telles que Oron et Ibuno. Calabar a été identifié comme un point de transit dans l'étude par pays du BIT-IPEC sur la traite des enfants au Nigeria, citée dans le rapport de synthèse de 2001. Le Delta du Niger, où de nombreuses filles togolaises sont abandonnées dans l'attente de bateaux pour le Gabon est une terre côtière inondée formée par la rivière Niger. Abalo, "Trafic des enfants au Togo," note 8. Entretien téléphonique entre Human Rights Watch et Birgit Schwarz, Der Spiegel, New York, 4 juin 2002. BIT-IPEC, "Sythesis report," p. 25.

96 Une pâte faite de manioc, la source principale d'amidon dans une bonne partie de l'Afrique de l'Ouest.

97 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

98 Ibid.

99 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

100 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

101 Entretien téléphonique conduit par Human Rights Watch avec Birgit Schwarz, New York, 4 juin 2002.

102 Certaines filles ont voyagé en pirogues, longues et étroites embarcations faites dans un seul tronc d'arbre.

103 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

104 Entretien téléphonique conduit par Human Rights Watch avec Birgit Schwarz, New York, 4 juin 2002.

105 « Child Trafficking-Another Shock from Libreville », This Day, April 2, 2002, à http://global.factiva.com/en/arch/display.asp (consulté le 8 avril 2002).

106 Entretien conduit par Human Rights Watch avec Suzanne Aho, Lomé, 6 mai 2002.

107 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

108 « Child Slaves Returned to Togo », BBC News, 24 septembre 2001, à http://news.bbc.co.uk/hi/english/world/africa/newsid_1560000/1560392.stm (consulté le 29 mai 2002).

109 Entretien conduit par Human Rights Watch avec Suzanne Aho, Lomé, 6 mai 2002.

110 « Child Trafficking-Another Shock from Libreville », This Day, 2 avril 2002.

111 U.S. State Department, Country Reports on Human Rights Practices for 2001.

112 « Child Trafficking-Another Shock from Libreville », This Day, 2 avril 2002.

113 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

114 Entretien conduit par Human Rights Watch, Hahotoe, 11 mai 2002.

115 Ibid.

116 Abalo, « Trafic des enfants au Togo », pp. vi, xii.

117 Adihou, « Trafficking of children between Benin and Gabon », p. 13.

118 Ibid. p. 10. Sur les 583 enfants restants, 10,8 pour cent avaient été victimes de la traite et 40 pour cent ont déclaré qu'ils voulaient rentrer dans leurs pays d'origine.

119 C. Mally, « Trafic d'enfants au Bénin, au Burkina Faso, au Mali et au Togo » (2001), p. 26, cité dans Amouzou et al, « Trafic d'enfants au Togo », pp. 23-24.

120 Adihou, « Trafficking of children between Benin and Gabon », p. 10.

121 Ibid., p. 11.

122 Ibid., p 12.

123 BIT-IPEC, « Synthesis Report », p. 16.

124 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 15 mai 2002.

125 Entretien conduit par Human Rights Watch, Afanyagan, 29 avril 2002.

126 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 14 mai 2002.

127 Entretien conduit par Human Rights Watch, La Binah, 3 mai 2002.

128 Ibid.

129 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

130 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

131 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 15 mai 2002.

132 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 15 mai 2002.

133 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 15 mai 2002.

134 Entretien conduit par Human Rights Watch, Vogan, 29 avril 2002 et Bassar, 3 mai 2002.

135 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

136 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 17 mai 2002.

137 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

138 Entretien conduit par Human Rights Watch, Tsévie, 11 mai 2002.

139 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 15 mai 2002.

140 Ibid.

141 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 14 mai 2002.

142 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 15 mai 2002.

143 PSI-Togo, « Visite de reconnaissance auprès des travailleuses du sexe de Lomé » (11 avril 2002).

144 Anne Kielland, consultante pour la Banque Mondiale a affirmé à Human Rights Watch qu'elle avait rencontré un schéma similaire dans plusieurs entretiens non-officiels avec des enfants travailleurs sexuels au Bénin, à la fin des années 90. Kielland a interrogé soixante-et-onze prostituées dont vingt-quatre étaient togolaises, dans deux villes du Bénin. Selon elle, au moins 80 pour cent des filles avaient initialement été employées comme domestiques au Bénin, « nombre d'entre elles probablement victimes de la traite ». Communication électronique de Anne Kielland à Human Rights Watch, 30 mai 2002.

145 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 17 mai 2002. Sur les raisons poussant les filles à ne pas utiliser de préservatifs ou sur leur incapacité à négocier en faveur d'une telle utilisation, voir les entretiens de Human Rights Watch avec Alaba M., Sefako K. et Efua S, dans cette section.

146 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 17 mai 2002.

147 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 17 mai 2002.

148 OMS/ONUSIDA, « Togo, Epidemiological fact sheets on HIV/AIDS and sexually transmitted infections », p. 3.

149 Les travailleuses sexuelles interrogées par PSI ne venaient pas uniquement du Togo mais également du Ghana, du Nigeria et du Bénin. Beaucoup ont affirmé qu'elles étaient devenues travailleuses sexuelles parce qu'après avoir été maltraitées par leur famille d'accueil, elles avaient été contraintes de s'échapper et de vivre dans la rue. PSI-Togo, « Visite de reconnaissance ».

150 Les filles interrogées par Human Rights Watch ont été identifiées par l'intermédiaire des Forces en Action pour le Mieux Être de la Mère et de l'Enfant (FAMME), une organisation de sensibilisation dont la spécialité est la santé féminine et la distribution de préservatifs.

151 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 17 mai 2002.

152 Entretien conduit par Human Rights Watch avec des villageois, Afanyagan, 29 avril 2002.

153 Entretien conduit par Human Rights Watch, Afanyagan, 29 avril 2002.

154 Entretien conduit par Human Rights Watch avec le Professeur Gnansa C. Djassoa, Lomé, 8 mai 2002.

155 Entretien conduit par Human Rights Watch avec Suzanne Aho, Lomé, 6 mai 2002.

156 Bien que Kodjovi-Numado n'ait pas été en mesure de fournir des chiffres sur le pourcentage de filles séropositives, elle a affirmé qu'il y avait deux enfants vivant actuellement au Centre Oasis qui l'étaient. Cependant, elle n'a pas pu confirmer si ces deux enfants avaient ou non été victimes de la traite. Entretien conduit par Human Rights Watch avec Amina Kodjovi-Numado, directrice, Projet Oasis, Terre des Hommes, Lomé, 7 mai 2002.

157 Entretien téléphonique conduit par Human Rights Watch avec Birgit Schwarz, New York, 4 juin 2002.

158 Ibid.

159 Entretien conduit par Human Rights Watch, Hahatoe, 11 mai 2002.

160 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

161 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 14 mai 2002.

162 Ibid.

163 La fille n'a pas identifié la frontière qu'elle avait tenté de traverser, elle a affirmé qu'elle devait se rendre au Nigeria et qu'elle et sa tante « n'étaient pas allées plus loin que Lomé » avant que « la police nous rattrape à la frontière. » La frontière était probablement celle entre le Togo et le Bénin, à approximativement 70 kilomètres de Lomé. Entretien conduit par Human Rights Watch, Bassar, 3 mai 2002.

164 Ibid.

165 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 17 mai 2002.

166 Entretien conduit par Human Rights Watch, Lomé, 17 mai 2002.

167 Ibid.

168 Ibid.

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