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VIII. Conclusion

La crise de Warri est en beaucoup d’égards un exemple classique d’une « guerre de ressources ». Beaucoup de personnes de tous les camps considèrent qu’il s’agit en effet d’une guerre ; et le niveau d’armes déployées par les différents groupes militants indique une intensification inquiétante de la violence. Les solutions de la crise doivent prendre en compte la distribution équitable et le détournement illégal des ressources : par des tentatives de renforcer la légitimité démocratique et la responsabilité du gouvernement (y compris l’organisation de nouvelles élections dans l’Etat du Delta et des mesures contre la corruption) et également en barrant les possibilités de vol du pétrole brut et la vente du pétrole volé sur le marché.

Le gouvernement nigérian, au niveau étatique comme au niveau fédéral, a manqué — son obligation d’intervenir d’une manière qui prend en compte la complexité des problèmes de l’Etat du Delta, en mettant l’accent uniquement sur les interventions des forces de sécurité et les réunions pro forma avec les élites qui n’ont pas donné de résultats concrets. Il y a une tendance de la part des hommes politiques — mettre la violence uniquement sur le dos des criminels responsables du vol de pétrole, sans reconnaître qu’un grand nombre de ceux qui dirigent les activités de vol de pétrole seraient en effet membres du gouvernement. En plus, il n’est pas reconnu officiellement que la corruption, la mauvaise gestion et la discrimination dans les dépenses publiques signifient que la compétition pour les positions politiques — en particulier au moment des élections — conduisent également — la violence, ce qui — son tour sape la légitimité de ceux qui détiennent ces mêmes positions. Le gouvernement doit tenter d’analyser les multiples sources de conflit dans le Delta du Niger et ailleurs, ainsi que les acteurs qui ont un rôle de jouer pour y mettre fin ; et inclure — la fois la société civile et la communauté internationale dans les efforts afin de trouver des solutions durables.

Bien qu’il y ait un grand besoin d’une sécurité renforcée dans le Delta du Niger, et en particulier dans l’Etat du Delta, les opérations de sécurité et les déploiements de police ne peuvent réussir — moins d’être impartiaux et de ne pas conduire — une augmentation des violations des droits humains. Etant donné la difficulté de conduire des opérations de police dans le delta, les efforts gouvernementaux pour mettre fin — la violence doivent recevoir le soutien des habitants. Mais bien qu’il y ait un mécontentement général en ce qui concerne l’impunité envers ceux qui sont responsables de la violence, le soutien public pour les actions du gouvernement demandera une certaine professionnalité de la part des forces de sécurité qu’on n’a jusqu’ici pas encore vue.

Comme dans chaque éclatement de violence ethno-politique au Nigeria, l’impunité est une cause principale de la continuation du conflit. Il y a un besoin urgent de mettre fin — l’impunité des milices ethniques et de leurs dirigeants, de ceux qui sont en charge du vol de pétrole, et des forces de sécurité quand elles sont elles-mêmes responsables d’abus. Depuis le premier éclatement de violence sérieuse en 1997, il n’y pas eu d’investigations crédibles sur la responsabilité des meurtres et d’autres crimes, et il y a eu peu d’arrestations ou de poursuites juridiques. Plusieurs commissions d’enquête créées par le gouvernement et d’autres exercices similaires n’ont pas conduit — des actions contre ceux qui seraient responsables de la violence. Les auteurs des meurtres comptent sur le fait qu’ils peuvent les commettre en toute impunité.

La crise de Warri n’est pas nécessairement représentative du delta entier ; bien que beaucoup des problèmes liés — la gestion des recettes pétrolières (légales ou illégales) se posent partout dans le delta, la dynamique politique particulière de l’Etat du Delta, basée sur le conflit entre les trois ethnies dans les secteurs de gouvernement local de Warri, a conféré au conflit de pétrole une urgence accrue. La situation dans l’Etat du Delta est néanmoins un avertissement de ce qui peut arriver dans les autres communautés productrices de pétrole — moins que les causes sous-jacentes de la violence soient adressées. La crise de l’Etat du Delta pourrait elle-même s’aggraver au moment des prochaines élections étatiques et fédérales prévues pour 2007, et au moment des élections locales, faute de prendre des actions pour l’éviter.


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décembre 2003