Africa - West

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VI. LA SITUATION ACTUELLE

Dans les Accords de Luanda du 6 septembre 2002, l'Ouganda et la RDC avaient accepté qu'une Commission de Pacification en Ituri (CPI) soit établie comme structure intérimaire pour gouverner l'Ituri après le départ de l'armée ougandaise et avant qu'une administration congolaise régulière puisse être mise sur pied. Le gouvernement RDC et les parties locales devaient organiser la CPI avec le soutien des Nations Unies mais les premiers efforts d'organisation ont échoué et les combats se sont poursuivis. Un certain nombre de réunions de haut rang ont fait naître l'espoir que des actions seraient entreprises en février 2003 mais l'UPC a contesté la composition de la commission, rejeté tout rôle joué par Kinshasa et demandé qu'une présidence plus « neutre » remplace celle de la MONUC. Selon des observateurs, Lubanga a poussé en faveur d'une paix obéissant à ses conditions. Pour lui, c'était cela ou pas de paix du tout.237

L'armée ougandaise a délogé l'UPC du pouvoir en mars, faisant des objections de l'UPC un obstacle en moins et la CPI a été lancée début avril. Le 24 avril, la commission avait terminé son travail :

    · Etablissement d'une nouvelle assemblée intérimaire spéciale avec un pouvoir exécutif dirigé par un coordinateur jusqu'à ce que le nouveau gouvernement de transition de la RDC prenne le pouvoir.
    · Abolition du rôle de gouverneur, mettant ainsi un terme au statut de province de l'Ituri.
    · Mise sur pied d'un Comité de prévention et de vérification pour examiner les causes du conflit et prévenir toute violence supplémentaire.
    · Création d'une équipe consultative à partir de tous les groupes armés afin de contrôler les combattants.
    · Etablissement d'un Comité sur les droits humains pour aider les victimes et travailler à l'éducation du public sur les questions des droits humains.

La nouvelle structure n'avait pas de force réelle pour exécuter ses décisions. L'armée ougandaise a essayé d'installer un personnel général mixte avec le Commandant Jérôme d'Aru à sa tête mais les autres parties ont refusé et cette proposition s'est effondrée en quelques jours. Avec le départ des forces ougandaises début mai, une force de la MONUC renforcée d'environ 200 soldats uruguayens s'est vue confier la tâche de tenter de soutenir la CPI. Quelques jours après le retrait de l'armée ougandaise de Bunia, les combats ont repris entre l'UPC et les milices lendu et ngiti, faisant des centaines de morts civils alors que chaque milice attaquait les gens du groupe opposé. La MONUC a augmenté le nombre de ses soldats pour atteindre 700 mais les unités de gardes uruguayens n'étaient ni capables, ni équipées pour traiter des combats de cette ampleur. Les soldats se sont retirés dans leurs quartiers, entourés par presque 20 000 civils terrifiés cherchant protection.

Dans la perspective d'une augmentation de la violence, le Conseil de Sécurité a voté le 30 mai 2003 la création d'une Force multinationale intérimaire d'urgence pour assurer la sécurité et la protection des civils à Bunia, dont les membres de l'assemblée intérimaire alors que la MONUC renforçait sa présence par l'arrivée avant le 1er septembre de troupes supplémentaires.

237 Entretien conduit par Human Rights Watch avec un officiel des Nations Unies, Kampala, février 2003.

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