Historique

Hissène Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990 jusqu’à son renversement par l’actuel président Idriss Déby Itno, et sa fuite vers le Sénégal. Son régime de parti unique fut marqué par des atrocités considérables commises à travers tout le pays. Le régime a périodiquement persécuté différents groupes ethniques comme les Sara (1984), les Hadjeraïs en 1987, les Tchadiens arabes et les Zaghawas (1989-1990), arrêtant et tuant massivement les membres de ces groupes chaque fois qu’il percevait leurs leaders comme une menace pour son régime. Le nombre exact des victimes reste à ce jour inconnu. Les dossiers de la police politique d’Hissène Habré, la DDS (Direction de la Documentation et de la Sécurité), découverts par Human Rights Watch en mai 2001, ont révélé le nom de 1.208 personnes qui sont décédées en détention.

Hissène Habré vit au Sénégal depuis 1990. Il a été inculpé dans ce pays en 2000 après que des victimes aient déposé plainte contre lui et avant que les juridictions sénégalaises décident qu’il ne pouvait être jugé au Sénégal pour des crimes commis à l’étranger. D’autres victimes ont alors porté plainte en Belgique en vertu d’une loi de compétence universelle. En septembre 2005, après quatre années d’instruction, un juge belge a délivré un mandat d’arrêt international à l’encontre d’Hissène Habré pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture.

Faisant suite à la demande d’extradition présentée par la Belgique, les autorités sénégalaises ont arrêté Hissène Habré en novembre 2005, mais la justice sénégalaise s’est déclarée incompétente pour statuer sur cette demande. Le gouvernement sénégalais s’est alors tourné vers l’UA afin qu’elle se prononce sur « la juridiction compétente » pour juger l’ex-dictateur. Le 2 juillet 2006, suivant les recommandations émises par le Comité d’Éminents Juristes Africains - mis en place par l’UA à cette occasion et qui a pris acte de la condamnation du Sénégal par le Comité des Nations Unies contre la torture - l’UA a appelé le Sénégal à juger Hissène Habré « au nom de l’Afrique », ce que le Président Wade, s’est engagé à honorer.

Pour plus de détails sur l’historique de cette affaire, voire : « Le jugement de Hissène Habré : le temps presse pour les victimes ».