Rapports de Human Rights Watch

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Les enfants au centre d’accueil de Randa

Les vingt-cinq enfants actuellement retenus à Randa passent leurs journées à traîner avec des détenus adultes. Ils ne reçoivent aucune éducation, malgré l’engagement du gouvernement à fournir un enseignement primaire gratuit et obligatoire.20 Ils semblent avoir largement de la place pour dormir et sont autorisés à passer la plus grande partie de la journée dehors où ils peuvent faire de l’exercice à volonté, bien qu’il n’y ait que peu de loisirs organisés. Les détenus sont logés dans des baraquements non meublés, mais chacun dispose d’un matelas et d’une moustiquaire. Les enfants dorment dans des locaux séparés des adultes. Ils sont nourris deux fois par jour mais reçoivent peu de soins médicaux.21 Un garçon de dix-sept ans qui a été recruté par la force quand il avait quinze ans a déclaré à un chercheur de Human Rights Watch :


J’ai beaucoup de problèmes avec mes oreilles, et je n’entends pas toujours ce que les gens disent. J’ai tout le temps un bruit dans la tête. Je combattais avec les FNL et j’avais une arme et je m’en servais pendant les opérations. J’étais aux attaques de Ruyira et de Gatumba. J’ai vu des gens se faire tuer. J’ai aussi été touché par les morceaux d’une grenade.22

Les vingt-cinq enfants qui se trouvent actuellement à Randa reconnaissent tous avoir été des combattants des FNL.23  Un garçon de seize ans, par exemple, a été recruté par les FNL en fin de 2005 et a déserté plus tard la même année après avoir vu trois autres combattants des FNL se faire tuer par les forces gouvernementales burundaises au cours d’une attaque.24 Il a déclaré à un chercheur de Human Rights Watch qu’il pensait qu’il n’avait nulle part où aller et qu’il en avait assez de se battre et donc qu’il s’était rendu aux soldats du gouvernement à Musenyi, province de Bubanza. Il a dit : “Les soldats m’ont dit que j’étais malin d’être venu là et malin d’avoir arrêté de me battre parce qu’ils m’auraient trouvé.” 25 Il a été détenu pendant des mois à Musenyi et puis dans une autre position militaire à Mudubugu, où il a passé environ dix-huit heures par jour dans un cachot militaire.26

Aucun des vingt-cinq enfants de Randa n’est mis en accusation et tous s’attendent à être démobilisés avec des avantages, comme de l’argent, des outils ou une formation.27



[20] “Burundi : la scolarité gratuite démarre avec d’énormes problèmes logistiques,” IRIN, 19 septembre 2005, [online]  http://www.irinnews.org/print.asp?ReportID=49129.

[21] Entretiens de Human Rights Watch avec des enfants soldats et observations au cours des visites de terrain, Centre d’accueil de Randa, 5 et 10 mai 2006.

[22] Entretien de Human Rights Watch avec un enfant soldat, Centre d’accueil de Randa, 10 mai 2006.

[23] Entretiens de Human Rights Watch avec des enfants soldats, Centre d’accueil de Randa, 10 mai 2006; informations complémentaires fournies par des contrôleurs des droits humains de l’ONUB ayant aussi visité le site. 

[24] Entretien de Human Rights Watch, Centre d’accueil de Randa, 10 mai 2006.

[25] Ibid.

[26] Ibid.

[27] Entretiens de Human Rights Watch avec des enfants soldats, Centre d’accueil de Randa, 5 et 10 mai 2006.


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