Africa - West

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    VII. FONCTIONS

Les Gardiens de la Paix, comme "les jeunes" des provinces du nord, espionnaient avec les soldats et pour leur compte. Ils gardaient aussi des endroits à forte population, que ce soit des villes comme Makamba et Nyanza Lac ou des sites vers lesquels des résidents ruraux avaient été déplacés. Ils surveillaient le trafic sur les routes principales, parfois avec des groupes de gardiens en armes, postés tous les cent mètres environ. Ils servaient d'agents de liaison entre les soldats et les populations locales, supervisant l'approvisionnement en eau, en bois et les services de porteurs fournis par la communauté. Ils faisaient également eux-mêmes des corvées et du travail manuel pour les soldats.42

Après la mi-1997, les Gardiens de la Paix dans les provinces du sud ont joué un rôle de plus en plus important dans des opérations militaires, à la fois contre les populations civiles et contre les combattants rebelles. A cette époque, les habitants des campagnes, dans certaines régions, ont résisté aux déplacements vers des camps de regroupement. Un grand nombre voulait continuer à cultiver les champs qui les faisaient vivre et protéger leurs maisons et leurs récoltes contre de possibles pillages par des rebelles ou des soldats. D'autres craignaient d'être soupçonnés de sympathie pour les rebelles et d'être désignés pour recevoir des sanctions, une fois sous contrôle des responsables des camps de regroupement. Les Gardiens de la Paix ont assisté les soldats dans leur ratissage des collines pour en déloger les civils qui auraient retardé leur départ ou qui se seraient cachés dans des zones de brousse.

Des gardiens ont aussi commencé à servir dans des combats réguliers contre les forces rebelles, souvent déployés en groupes pouvant atteindre plusieurs centaines en compagnie d'un nombre plus réduit - peut-être plusieurs douzaines - de soldats. Plutôt que d'être utilisés comme une force d'autodéfense pour la protection de leurs régions d'origine, les gardiens ont été envoyés comme soldats de substitution dans des man_uvres se déroulant loin de chez eux et pour des durées de plusieurs semaines. La moitié des gardiens, ou moins encore, étaient armés d'armes automatiques, les autres portant le matériel et les munitions. Participants et autres témoins s'accordent unanimement pour dire que les gardiens précédaient toujours les soldats, tant lors des déplacements à travers la campagne que lors des combats directs. En partie à cause de ce schéma de déploiement, selon les participants, le nombre de gardiens tués ou blessés dans des combats de cette sorte dépassait d'ordinaire le nombre de ceux perdus parmi les soldats réguliers.43 Positionnés entre les soldats et les rebelles, les gardiens étaient fréquemment pris dans des feux croisés. Selon un gardien, "les soldats nous disent que si les combats commencent, on doit se jeter au sol. Autrement, on risque d'être tué, même dans le dos."44 Selon une estimation avancée par un observateur bien informé, au moins 25 pour cent des gardiens qui avaient débuté leur service trois ou quatre ans auparavant ont été tués au combat.45

42 Entretiens conduits par Human Rights Watch, Bururi, 18 août 2000, Bujumbura, 13 et 17 mai, 3 et 10 juin, 8 août 2000 ; juin et juillet 2001.

43 Entretiens conduits par Human Rights Watch, Bururi, 18 août 2000, Bujumbura, 4 et 17 octobre 2000 ; juin et juillet 2001.

44 Entretien conduit par Human Rights Watch, Bururi, 18 août 2000.

45 Entretiens conduits par Human Rights Watch, juin et juillet 2001.

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