Africa - West

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DÉTENTION ET REFOULEMENT DES LIBÉRIENS À TEKOULO

Après avoir été enregistrés, ceux qui étaient autorisés à rester, en général des femmes, des enfants, les malades et les vieux, étaient accompagnés par les soldats guinéens jusqu'au camp de transit pour réfugiés à Tekoulo, à environ deux heures de marche. Au moins une fois, en juillet 2002, les rebelles du LURD les ont accompagnés.8 A l'arrivée, d'autres soldats guinéens revoyaient les listes, ré-enregistraient les réfugiés avant de les laisser entrer dans le camp de transit de MSF. Les nouveaux arrivants étaient enregistrés par le HCR et par le BNCR et subissaient un examen médical par MSF. Les personnels du HCR et de MSF interrogés par Human Rights Watch ont remarqué avec inquiétude qu'il n'y avait qu'un petit nombre d'hommes et d'adolescents et, d'ailleurs, très peu de familles entières. Ils ont aussi noté un fort taux de malnutrition et de maladies chez les nouveaux venus dont un nombre important a été aussitôt dirigé vers des centres de renutrition et les hôpitaux.

Alors que la grande majorité des refoulements se sont produits à Ouet-Kama, des sources fiables à Tekoulo ont indiqué que 150 réfugiés avaient aussi été refoulés là-bas depuis mai 2002.

Human Rights Watch a également enquêté sur le cas d'au moins onze réfugiés mâles qui ont été arbitrairement détenus à Tekoulo. La plupart avaient été arrêtés peu après leur arrivée à Tekoulo, pendant le processus de ré-enregistrement. D'autres ont été interpellés, en général la nuit, directement dans le camp administré par MSF. Presque tous ont été détenus à la prison locale, mais le HCR a indiqué qu'au moins trois personnes ont été ensuite transférées à la prison de Gueckedou. Grâce à l'intervention de MSF et du HCR, tous ceux qui avaient été détenus auraient été relâchés. Voici ce qu'a expliqué un enseignant de quarante-six ans interpellé à Tekoulo parmi onze réfugiés :

Vers la fin du mois de juillet, nous sommes partis pour Tekoulo avec l'ONU. Nous avons passé deux semaines là-bas. Le 22 juillet (2002), les militaires guinéens de Tekoulo ont mis onze d'entre nous en prison, dont moi. Ils disaient que nous étions des rebelles. Ils nous ont arrêtés dès notre arrivée, pendant l'enregistrement. Nous étions les trois seuls hommes. Ils nous ont gardés environs trois heures et nous ont relâchés. Ils ne nous ont pas interrogés. Les soldats sont venus, nous ont vus et sont repartis. Personne n'a été battu. La personne de l'ONU chargée des enregistrements (un Libérien résidant en Guinée) nous a libérés et nous a emmenés au camp. Il n'y a plus eu de problème à Tekoulo après ça. Nous étions plus d'un millier là-bas. Nous n'avons plus jamais eu de nouvelles de ceux que le LURD a remmenés. Le 2 août, ont est allé à Kountaya avec des véhicules de l'ONU.

Tous les quelques jours, les réfugiés du camp de transit de Tekoulo étaient transférés en convoi par le HCR. De janvier à août 2002, quelque 8.326 réfugiés ont été ainsi transférés au camp de Kouankan et d'août à octobre 2002, plus de 2.000 ont été transférés vers les camps de Telikoro et de Kountaya, dans la région d'Albadaria.9

8 Un travailleur humanitaire a indiqué à HRW qu'en juillet 2002, un de ses collègues avait vu une colonne de plusieurs centaines de réfugiés escortés par un enfant-soldat du LURD et un enfant-soldat guinéen..

9 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec le HCR à Conakry, début novembre 2002.

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