Les gouvernements étrangers, leurs soldats et beaucoup d'autres qui n'ont officiellement aucun lien avec eux profitent des nombreuses et précieuses ressources du Congo. Cette prédation est si flagrante et si importante qu'un groupe d'experts des Nations Unies a été mis sur pied pour mener une enquête à ce propos.115 Dans la région en principe dirigée par le RCD-Kisangani (devenu RCD-ML) mais contrôlée en réalité par l'UPDF, ce sont les zones du Nord-Kivu qui permettent aux Ougandais et à leurs alliés congolais de faire des profits particulièrement considérables. Peu après s'être retiré à Kampala suite à la confrontation d'août 1999 entre les armées ougandaise et rwandaise à Kisangani, Wamba a nommé Kaisazira Mbaki au poste de gouverneur de cette région. Il a procédé à cette nomination quelques semaines avant d'annoncer son nouveau « gouvernement », ce qui souligne l'importance que revêt cette région pour lui et ses parrains ougandais.
Depuis la guerre de 1996-1997 qui a amené au pouvoir le chef rebelle de l'époque Laurent Kabila, l'Ouganda occupe une large bande de terre au nord-est du Congo qui longe sa frontière et englobe les territoires de Beni et de Lubero dans la province du Nord-Kivu et les districts d'Ituri et de Kibali dans la Province Orientale, faisant maintenant partie de la nouvelle « province » d'Ituri créée par les Ougandais en juin 1999. Cette occupation a simplement été renforcée en août 1998 lorsque l'Ouganda s'est joint au Rwanda pour déclarer la guerre au gouvernement de Kabila, leur allié d'autrefois. L'Ouganda a fait valoir que la région était importante pour assurer la protection de sa frontière mais la zone offre également d'abondantes richesses naturelles et commerciales. Des cinq territoires du Nord-Kivu,116 Beni et Lubero sont les plus peuplés. L'extraction de l'or, du coltan (un minerai composé de colombium et de tantale utilisés dans l'industrie aérospatiale) et d'autres minerais fait vivre un vaste secteur minier informel sur les deux territoires. Par ailleurs, la région a longtemps été l'un des plus importants centres commerciaux du Congo, important de grandes quantités de biens de consommation de l'Asie du sud-est et des zones franches des émirats arabes du Golfe par le port de Mombasa sur l'Océan Indien. Le milieu d'affaires dynamique, largement contrôlé par les Nande, a contribué à assurer un certain niveau d'activité économique, même en l'absence des grandes entreprises du secteur public qui sont les principaux employeurs dans les autres régions du Congo.117 Kasindi, un petit poste douanier à la frontière ougandaise qui dessert la région de Butembo, a été classé deuxième après Matadi, le principal port congolais sur l'Océan Atlantique, en ce qui concerne les revenus douaniers.
La guerre avait paralysé une grande partie de l'activité économique locale mais le peu d'activité restante suffisait à entretenir une concurrence féroce pour l'exploitation des revenus douaniers entre le camp du RCD-Kisangani soutenu par l'Ouganda et leurs opposants du RCD-Goma soutenus par le Rwanda. Après que Wamba ait nommé Kaisazira Mbaki au poste de gouverneur du Nord-Kivu - province pour laquelle le RCD-Goma avait déjà un gouverneur en place - l'armée rwandaise a expédié d'urgence au moins deux bataillons pour renforcer les unités dans sa partie du Nord-Kivu tandis que l'UPDF renforçait également ses positions et affectait certains officiers à de nouveaux postes.118 Le renforcement des troupes reproduisait le dérapage progressif vers la confrontation qui avait eu lieu à Kisangani le mois précédent. Par la même occasion, les deux camps ont établi des postes « frontières » et des bureaux de douane le long de la ligne séparant leurs territoires respectifs. Les marchants de Goma ont fermé leurs magasins pour protester contre les nouvelles taxes que le RCD-Kisangani avait imposées sur les marchandises qui leur parvenaient par Beni-Lubero et le RCD-Goma a essayé de les encourager à importer leurs produits directement dans les zones sous son contrôle en passant par Bonagana sur la frontière ougandaise.119
Tentatives de mise sur pied d'un réseau d'influence
Mbusa Nyamwisi est arrivé à Beni peu après sa nomination en septembre 1999 au poste de commissaire général, ou premier ministre, du RCD-ML qui venait d'être lancé. Bien qu'encore activement engagé dans la politique de son parti à Bunia, il espérait établir son propre réseau d'influence à Beni, sa région natale, particulièrement au sein des chefs de la communauté locale. En même temps, comme il a été mentionné plus haut, il a commencé à mobiliser des troupes qui, l'espérait-il, l'appuieraient dans ses efforts d'accroître tant son pouvoir politique que sa mainmise sur les ressources économiques de la région. Pour y parvenir, la branche du RCD-ML fidèle à Mbusa et les Ougandais qui, au départ, soutenaient ce parti à Beni, ont commis de graves atteintes aux droits humains contre la population locale.
Mbusa s'en est d'abord pris à une partie de la communauté locale déjà hostile à son parti. Le mois avant son arrivée, quatorze dirigeants des milieux religieux, économiques et de la société civile avaient fait circuler un mémorandum qui dénonçait la mauvaise administration des territoires de Beni et de Lubero par le RCD-Kisangani, qui allait s'appeler par la suite RCD-ML. Cherchant apparemment à rallier à sa cause les dirigeants en question et en même temps à se donner une légitimité à Kampala, à la fin octobre, le mouvement rebelle a invité une vingtaine de chefs de communauté de Beni et de Lubero, notamment plusieurs signataires du mémorandum de protestation, à rencontrer le Président Museveni en Ouganda. Un hélicoptère ougandais est arrivé pour les emmener à Kampala mais beaucoup ont refusé de faire partie de la délégation, faisant valoir qu'ils n'avaient pas à discuter des affaires congolaises avec un chef d'Etat étranger. Mbusa en personne était à la tête de la délégation.120
Peu après le retour des dirigeants, les forces de sécurité de Butembo ont commencé à harceler certains des chefs de communauté qui avaient refusé de faire partie de la délégation ainsi que leurs familles, convoquant certains d'entre eux pour un interrogatoire. D'autres qui craignaient d'être arrêtés sont partis se cacher. Les 13 et 14 novembre, la Direction Générale d'Intelligence (DGI) du RCD-ML a arrêté et torturé trois dirigeants locaux. Selon les informations fournies par les associations locales de défense des droits de l'homme, l'un d'eux, Désiré Lumbulumbu, ancien ministre de Mobutu et personnalité respectée, a perdu un _il suite aux coups qu'il a reçus, est tombé dans le coma et est mort un mois plus tard de complications suite aux tortures subies. La détention et la torture de dirigeants locaux respectés, qui a été fatale à l'un d'eux, ont coûté au RCD-ML le soutien de beaucoup de personnes de Butembo.121
Impunité pour les rebelles et l'UPDF
Face au tollé général déclenché par la mort de Lumbulumbu, le RCD-ML a dissous la DGI et arrêté trois de ses responsables que le Commissariat à la justice, réformes institutionnelles et droits humains du RCD-ML jugeait avoir pris part aux tortures. Il s'agissait de Kambala Bahekwa Esdras, ministre de la sécurité du RCD-ML à l'époque, Mbula wa Mbukamu, chef de la sécurité au Nord-Kivu, et Jonas Kabuyaya, chef de la sécurité à Butembo.122 Bahekwa a nié l'accusation dans un entretien avec Human Rights Watch le 28 février 2001 à Kampala et il a dit qu'il publierait un compte rendu en mars qui désignerait le vrai coupable.123
L'espoir que ces mesures étaient le signe d'un engagement à établir les responsabilités et à restaurer l'Etat de droit s'est brisé lorsque le mouvement rebelle a recruté d'anciens agents de la DGI au sein de l'agence qui l'a remplacée, l'Agence Congolaise de Renseignements (ACR). Lorsque Wamba a suspendu Mbusa en août 2000, il a également ordonné la libération des trois personnes accusées de torture et les a nommées à des postes importants. Leur libération a provoqué une nouvelle fois l'indignation de la population de Butembo.124 Bahekwa a déclaré à Human Rights Watch que Wamba lui avait alors demandé d'utiliser son influence politique à Beni pour faciliter une audit approfondie des finances publiques du RCD-ML. Wamba avait ordonné l'audit suite à des allégations de vaste détournement de fonds par la branche du mouvement dirigée par Mbusa mais les responsables fidèles à Mbusa auraient fait obstacle à la procédure.125
Incapables d'assurer une conduite convenable dans leurs propres rangs, le RCD-ML et ses responsables civils n'étaient pas vraiment en mesure de demander des comptes aux soldats de l'UPDF pour leurs exactions quotidiennes perpétrées contre la population civile. Dans un rapport publié à la fin février 2001, l'association congolaise des droits de l'homme, ASADHO, explique dans les détails le système d'impunité qui protège les soldats de l'UPDF :
Il faut noter qu'il n'y a dans la région aucun tribunal compétent pour juger les soldats ougandais responsables de crimes contre la population civile. Les victimes sont donc ainsi amenées à recourir aux autorités civiles de la rébellion, qui s'en réfèrent à leur tour aux officiers de l'armée ougandaise. Mais ces derniers assurent aux soldats ougandais une totale impunité. [...] En plusieurs instances, les autorités congolaises de la rébellion [...] ont du constater leur impuissance à faire cesser la violence des officiers ougandais. C'est ainsi qu'après plusieurs nuits ponctuées par des actes de brigandage attribués aux soldats ougandais, le Maire adjoint de Beni, Mme Kavira Kambere, s'est rendue le samedi 26 février 2000 au quartier général de l'UPDF de l'ENRA pour réclamer auprès des officiers la cessation des tracasseries militaires. Mais les officiers ougandais, agacés parla plainte, [...] s'en sont violemment pris a la dame. Ils se sont jetés sur elle et l'ont littéralement rouée de coups. L'un d'eux, le Commandant Bukenye, est allé jusqu'à brandir son revolver en menaçant de l'abattre. La victime s'en est tirée avec des blessures au visage qu'elle a été faire soigner à l'hôpital d'Oicha.126
Devant l'échec apparent des appels lancés au niveau local pour mettre un terme aux exactions quotidiennes des soldats de l'UPDF et du RCD-ML, Sikuli Melchisédech, Evêque de Butembo, a écrit au Président Museveni et au président du RCD-ML le 26 octobre 2000 pour se plaindre de l'insécurité régnant en permanence à Butembo et dans les environs.
Des militaires ougandais ont pillé le 9/10/2000 les biens de la population du quartier Mondo, Commune Mususa. Quelques biens ont été retrouvés au camp militaire de Rughenda à Butembo qui est sous commandement ougandais. On a l'impression c'est une armée laissée à elle-même et qui, faute d'encadrement, impose la loi de la jungle à toute impunité.127
A la lettre était jointe une chronologie de quatre pages compilée par les militants des droits de l'homme et décrivant les attaques presque quotidiennes menées contre les civils au cours des six semaines précédentes. Le document accusait en grande partie les éléments armés et en uniforme, identifiés dans certains cas comme étant des soldats ougandais, de l'insécurité généralisée.
Attaque de Beni par les Maï-Maï et détentions opérées par l'UPDF
Le principal groupe armé opérant à Beni et à Lubero - comme partout ailleurs dans les Kivu - est celui des Maï-Maï. Ce nom générique s'applique à une multitude de forces irrégulières luttant contre ce qu'elles considèrent être des étrangers occupant leur domaine traditionnel et leur territoire national. Bon nombre de ces groupes suivent certains rituels qui, pensent-ils, les protègent lors des combats. Une de leurs caractéristiques est qu'ils concluent ou renient leurs alliances avec les acteurs extérieurs en fonction des priorités de leur programme local. Les Maï-Maï ont généralement la réputation de coopérer avec la population locale bien qu'ils peuvent également s'attaquer à elle si elle ne soutient pas leurs desseins.
Interrogé sur qui sont les Maï-Maï et sur ce qui les a poussés à combattre l'UPDF, un cadre politique du groupe opérant dans la région de Beni, apparemment l'un des mieux structurés et des plus motivés sur le plan politique, a répondu à Human Rights Watch :
N'importe qui peut être Maï-Maï. Lorsque vous entendez parler des Maï-Maï, il ne s'agit de personne d'autre que des gens de la population locale qui sont fatigués de cette guerre, qui ne savent plus quoi faire d'autre et qui estiment qu'il vaut mieux aller dans la forêt pour faire valoir leurs droits... Oui, il y a des femmes, des guérilleros femmes. Oui, il y a des enfants. Des enfants de neuf ans, dix ans et plus qui sont soldats, qui sont entraînés. Ils viennent de leur propre chef. La majorité sont comme la majorité ici - des Nande - mais il y a des Maï-Maï de toutes les tribus, Bahunde, Batengo, toutes... Les Maï-Maï, c'est la population elle-même - c'est moi, c'est un autre. Si j'ai peur à propos de mes droits, il faut que j'organise quelque chose pour me défendre. Nous ne voulons pas être dirigés par les Ougandais.128
Le 14 novembre 1999, les Maï-Maï ont attaqué simultanément l'aéroport de Beni et un hôtel où logeait le Major Reuben Ikondere de l'UPDF-Bunia.129 Le colonel et ses gardes du corps ont été tués et les Maï-Maï auraient mutilé leurs corps. Plusieurs autres soldats de l'UPDF et 103 combattants maï-maï auraient aussi été tués à l'aéroport.130
Après l'attaque, l'UPDF a arrêté le Commandant Kakolele de la force du RCD-ML, l'APC, et l'aurait accusé de complicité avec les Maï-Maï. Selon sa famille, l'UPDF a enfermé Kakolele et d'autres détenus dans des cellules creusées dans la terre et connues sous le nom de mabusu, à l'ENRA, un complexe agricole qui longe la piste d'atterrissage et sert de quartier général à l'UPDF. Au Congo, comme en Ouganda, les soldats de l'UPDF ont la réputation d'enfermer les détenus dans des tranchées couvertes d'un toit, semblables à celles utilisées par les soldats pour défendre leurs positions. La famille du commandant a affirmé que les soldats de l'UPDF n'autorisaient les détenus à sortir que pour les battre brutalement.131
Lubero : formation des combattants maï-maï par l'UPDF
Malgré l'attaque perpétrée par les Maï-Maï contre les forces ougandaises en novembre 1999, les partisans de Mbusa ont décidé au milieu de l'année 2000 de recruter des combattants de ces groupes maï-maï au sein de ses forces. Pour convaincre l'UPDF et une population locale sceptique qu'une alliance avec les Maï-Maï était nécessaire, Mbusa aurait fait naître la crainte que les troupes rwandaises pourraient envahir Beni et Lubero pour chasser l'UPDF de la région riche en ressources et pour déloger leurs opposants hutus des bases situées à l'extrémité sud du territoire.132 Les officiers locaux de l'UPDF ont accepté de soutenir cet effort, peut-être parce que leurs troupes venaient de subir une sérieuse défaite contre les Rwandais à Kisangani.
Selon un ancien conseiller de Mbusa, leur faction a envoyé plusieurs délégations pour prendre contact avec les Maï-Maï dans leurs bastions et les inviter à se joindre aux forces du RCD-ML. Ayant reçu la promesse que leurs combattants bénéficieraient d'une bonne instruction militaire et recevraient des armes modernes en vertu de cette alliance, les dirigeants maï-maï se sont facilement engagés à fournir quelque 4.500 de leurs partisans.133
En juillet 2000, des annonces radiophoniques ont invité les habitants de Butembo à accueillir un premier contingent de combattants maï-maï recrutés par le RCD-ML dans la cadre de cette initiative. Un dirigeant du groupe a pris la parole lors d'un rassemblement public, promettant que la nouvelle alliance allait repousser les envahisseurs rwandais. Des témoins présents au meeting ont dit à Human Rights Watch que beaucoup de ces combattants étaient des enfants de moins de quinze ans. D'après les témoins, beaucoup d'enfants de la ville, ont suivi les combattants qui défilaient et ont dit qu'ils étaient prêts à se joindre à eux.134 Peu de temps après la cérémonie publique, les instructeurs de l'UPDF et de l'APC ont commencé l'entraînement de quelque 800 combattants dans la ville de Lubero, à cinquante kilomètres au sud de Butembo.
Apparemment soucieux de satisfaire leurs nouveaux alliés, les subalternes de Mbusa auraient pris davantage soin d'eux que des soldats de leur propre armée ou de l'UPDF. Comme l'a expliqué un témoin, « Les Maï-Maï avaient des desiderata au niveau de leur régime alimentaire et ils disaient qu'ils n'accepteraient pas de manger de haricots car ils ne réussissaient pas à leurs fétiches. Les conseillers de Mbusa qui s'occupaient des Maï-Maï faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour satisfaire leurs desiderata alors que les soldats de l'UPDF et de l'APC, qui se trouvaient ensemble dans une partie de la ville, ne bénéficiaient pas de ces attentions ».135
Ces événements semblent avoir soulevé de sérieuses préoccupations à Kampala, dans la capitale rwandaise Kigali, ainsi qu'à Goma au quartier général du RCD-Goma. Mbusa s'est rendu dans les trois villes fin juillet pour expliquer la démarche. A son retour, il a radicalement changé son discours et a commencé à minimiser la menace rwandaise. A la mi-août, l'UPDF avait également changé d'avis et ordonnait la fermeture du camp d'entraînement des Maï-Maï.
Décidés à résister aux ordres, les Maï-Maï ont commencé à patrouiller dans la ville de Lubero, disant aux gens qu'ils étaient chez eux et que c'était aux autres de partir. Le commandement de secteur de l'UPDF à Beni, le Lieutenant Colonel Burundi, et le commandant à Butembo, le Capitaine Balikudembe, auraient envoyé des renforts à Lubero pour déloger les Maï-Maï. Les 25 et 26 août, l'UPDF et l'APC ont bombardé le terrain où campaient les combattants maï-maï, un terrain aussi grand que quatre terrains de football. D'après les informations obtenues par Human Rights Watch, au moins trente Maï-Maï seraient morts lors de cette bataille.136 Aucun chiffre n'était disponible en ce qui concerne les victimes dans les rangs de l'UPDF et de l'APC. Des sources locales ont également communiqué que soixante-dix civils, qui se trouvaient là pour vendre des légumes, avaient été tués dans les échanges de tirs.
Les chercheurs de Human Rights Watch se sont rendus sur les lieux et des témoins leur ont dit qu'ils avaient vu des soldats ougandais et congolais traîner trois combattants maï-maï blessés hors de l'hôpital et les exécuter publiquement :
Les soldats, ils étaient fâchés. Ils ont ouvert toutes les portes de l'hôpital. Ils ont trouvé un chef maï-maï blessé - il avait un os cassé, il ne pouvait donc pas s'échapper. Ils ont dit, voilà le chef. Ils l'ont reconnu parce qu'ils avaient travaillé ensemble avant. Ils l'ont emmené à l'extérieur et sous nos yeux, ils l'ont tabassé - ils lui ont réduit la tête en bouillie - ils utilisaient leurs fusils pour faire ça. Un autre groupe de soldats congolais et ougandais ont tué un Maï-Maï blessé à coups de baïonnettes.137
D'autres sources locales ont dit que sept Maï-Maï avaient été tués dans les mêmes circonstances.138 Tous les habitants de Lubero ont fui la ville, se réfugiant en grande majorité dans le village voisin de Mulo où ils sont restés deux semaines. Les Maï-Maï ont quitté Lubero et se seraient regroupés dans leur bastion de Burondo, à l'ouest de Beni.139
Attaque de Butembo par les Maï-Maï
Le 11 septembre 2000, trois semaines après que l'UPDF ait dispersé les combattants maï-maï à Lubero, les Maï-Maï ont attaqué la ville de Butembo. Reproduisant l'attaque de Beni du mois de novembre 1999, ils ont attaqué à la fois la résidence du commandant de secteur de l'UPDF, le Capitaine Balikudembe, et la piste d'atterrissage de la ville à Rughenda, qui sert également de quartier général à l'UPDF. Vingt et un des leurs sont morts au cours de l'attaque. « S'ils avaient eu une formation, ils auraient su qu'il ne faut pas attaquer un groupe retranché comme le nôtre », a déclaré un porte-parole de l'UPDF à propos des attaquants lors de conférences de presse à Kampala. « On n'attaque pas des gens qui ont des mitrailleuses avec des arcs et des flèches. Ils sont mal entraînés, mal équipés et mal organisés. »140
Un char de l'UPDF a bombardé les attaquants maï-maï lorsqu'ils s'approchaient de l'aéroport. Des obus perdus sont tombés sur les quartiers résidentiels de Vutsundu et Muchanga, tuant au moins deux civils et détruisant plusieurs maisons.141
Plusieurs heures après l'attaque, la radio locale de Butembo a diffusé un message du Capitaine Balikudembe dans lequel il accusait Mbusa de complicité avec les Maï-Maï. Le mouvement de Mbusa n'avait pas réussi à mobiliser les masses, a-t-il déclaré, et au lieu de cela, il en a été réduit à organiser des milices.142
Mbusa, qui se trouvait alors à Kampala suite à l'échec de la mutinerie d'août à Bunia, a démenti les accusations selon lesquelles les attaquants étaient alliés avec lui. Il a dit que les accusations étaient de la propagande de Wamba et de ses agents locaux à Beni et à Butembo.143 Il s'est également défendu contre ces allégations dans la presse ougandaise : « Même le président [Yoweri Museveni] est au courant que le 14 novembre 1999, j'ai capturé un dirigeant rebelle maï-maï, Lorwako Lima, alias Jean Pierre Ondekane, et que je l'ai remis à l'UPDF. »144
Le 12 septembre, l'UPDF a confisqué deux conteneurs remplis d'uniformes militaires et les a emmenés à son quartier général à l'aéroport. Selon un des principaux conseillers de Mbusa, les uniformes saisis faisaient partie de marchandises que la faction de Mbusa avait commandées. Les commandants locaux de l'UPDF ont confisqué les uniformes au moment de l'attaque des Maï-Maï, apparemment sous prétexte qu'ils étaient destinés aux troupes de Mbusa, qui, disait-on, étaient alliées aux Maï-Maï. Le conseiller de Mbusa voyait dans la confiscation des uniformes une source de conflit entre « nos 7.000 soldats qui ne sont pas payés, nourris ou habillés décemment et les agents de Wamba qui ont utilisé les commandants locaux de l'UPDF pour intercepter les uniformes ».145
Suite à l'attaque contre Butembo, l'UPDF a renvoyé plusieurs hauts conseillers de Mbusa, notamment le maire de la ville, et en a arrêté plusieurs autres soupçonnés d'entretenir des contacts réguliers avec les Maï-Maï. L'UPDF aurait enfermé les responsables arrêtés dans des fosses ou des tranchées couvertes à l'aéroport de Rughenda avant de les transférer à Beni. A la fin février 2001, dix-sept conseillers de Mbusa auraient été détenus à Beni dans le complexe de l'ENRA, et soumis chaque jour à des passages à tabac.146
Massacres de civils par l'UPDF
Avec la reprise des hostilités entre Ougandais et Maï-Maï, comme le montre l'attaque de Lubero en septembre, les groupes ont intensifié leurs attaques contre les postes et les convois de l'UPDF entre Butembo et Beni au cours du dernier trimestre de l'année 2000. Les troupes de l'UPDF ont alors souvent usé de représailles contre les civils dans les villages proches du lieu de l'attaque. Le regain de violence dans la région a forcé des milliers de villageois à abandonner leurs maisons pour chercher refuge à Butembo, Beni ou dans la brousse.
Le 1er novembre au matin, un groupe de Maï-Maï a tendu une embuscade à une camionnette pick-up près du village de Maboya, tuant quatre soldats ougandais. Deux soldats survivants ont prévenu les soldats de l'UDPF qui se trouvaient tout près à un barrage routier au village de Kabasha, lesquels ont demandé des renforts de Beni par radio. En guise de représailles, les troupes de Beni ont mené une attaque contre des villages avoisinants aux alentours de 15 heures, utilisant un véhicule blindé connu localement sous le nom de Mamba. A ce moment, les Maï-Maï avaient apparemment déjà quitté les lieux. Selon les survivants et les témoins, les soldats de l'UPDF ont saccagé les villages de Maboya et de Loya, tuant onze personnes et réduisant en cendres quarante-trois habitations. Six victimes auraient été brûlées vives dans leur maison : Mme Kasereka et son enfant de quatre mois, une femme âgée répondant au nom de Sinahasi, deux enfants de la famille Desi et une femme du nom de Seida.147 D'après les témoins, suite à deux autres attaques maï-maï contre l'UPDF dans la même zone, les soldats de l'UPDF ont complètement pillé tout ce qui restait à Maboya. Les personnes voyageant sur la route menant à Maboya ont déclaré aux chercheurs de Human Rights Watch que les soldats utilisaient régulièrement du bois provenant des portes et des meubles pour alimenter leurs feux de camp.148
Les habitants de Maboya ont fui dans la brousse environnante. Ils s'y trouvaient encore six semaines plus tard lorsqu'un travailleur humanitaire leur a rendu visite. Selon lui, 110 des 156 personnes étaient des enfants, dont beaucoup souffraient de malnutrition.149 L'un des témoins a déclaré :
Tant que les militaires sont à Maboya, la population n'aura pas confiance. Les gens partent encore, ils vont toujours plus loin. Si les militaires quittent Maboya, la population y retournera. Il se peut que les civils aillent à Maboya pendant la journée mais ils n'y restent pas la nuit. Les soldats continuent à détruire le village et à prendre des meubles. Si vous vous approchez, on vous prend pour un ennemi.150
Les chercheurs de Human Rights Watch ont interrogé deux infirmières qui travaillaient dans un centre médical et chirurgical spécialisé de Mabuku, près de Maboya. Elles ont décrit l'attaque dont a fait l'objet leur centre au début novembre suite à une embuscade maï-maï au cours de laquelle des soldats de l'UPDF avaient été tués. Dès qu'elles ont appris qu'il y avait eu une embuscade, elles se sont immédiatement attendues à des représailles : l'expérience leur avait appris que les soldats prennent souvent pour cible les infirmières, les accusant de soigner et de cacher des combattants maï-maï blessés. Lorsque l'alerte a été donnée que les attaquants approchaient, la plupart des gens ont commencé à s'enfuir, y compris les témoins.
Elles ont déclaré, « Nous avons continué à travailler. Le mercredi, nous nous sommes dit, voilà, les militaires vont se venger. Nous étions inquiètes. Aux alentours de 10 heures du matin, les militaires sont arrivés. Oh voilà, les militaires sont ici, avons-nous dit. »151 Lorsqu'elles ont entendu le bruit des fusils, les infirmières ont dit qu'elles ne savaient pas ce qui allait arriver. « Nous avions très peur - nous étions les cibles des militaires. Même si l'attaque était loin, nous avons fui, nous ne pouvons pas le nier, » ont-elles déclaré. Beaucoup de patients hospitalisés les ont suivies, y compris ceux qui avaient subi une opération récente et les femmes qui venaient d'accoucher. Deux infirmières sont restées pour soigner quelques patients qui étaient trop faibles pour fuir. Les soldats sont arrivés et ont fouillé le centre, à la recherche de Maï-Maï cachés, et ils ont volé quatre cents dollars. Ils ont également incendié deux habitations dans le village voisin de Mundibia. Les habitants ont abandonné Mabuku et quelques semaines plus tard, le village était vide.152
Les deux infirmières ont trouvé refuge chez une collègue dans un village voisin. Lorsque cela s'est su, leurs anciens patients ont suivi les trois infirmières dans ce village. Environ une semaine plus tard, leur groupe a vu passer une colonne de combattants maï-maï et il a compris qu'il allait y avoir une deuxième attaque contre Maboya. « Il y avait peut-être quinze à vingt combattants. Nous avions peur et nous nous sommes détournés lorsque nous les avons vus, c'est pourquoi nous ne pouvons pas dire leur nombre exact. Du peu que nous avons vu, nous pouvons dire que les combattants étaient habillés en civils, ils avaient des feuilles sur la tête mais nous n'avons pas vu de fusils. Ils étaient armés de bâtons, de pierres, de couteaux et de lance-pierres. Ils avançaient en formant une ligne droite, sans parler. »153
L'attaque maï-maï contre l'UPDF et la crainte de possibles représailles ougandaises ont forcé les infirmières déplacées, leurs patients et les habitants du village d'accueil à partir pour un village encore plus éloigné. Au cours des jours qui ont suivi, les trois infirmières ont dû s'occuper de dizaines de femmes et d'enfants malades et participer à seize accouchements. Elles ne disposaient chacune que d'une paire de gants chirurgicaux qu'elles stérilisaient pour les réutiliser. Après quelques semaines, elles sont tombées à court de médicaments et autres produits médicaux. Les chercheurs de Human Rights Watch les ont trouvées en train d'essayer de réapprovisionner leur hôpital de fortune dans l'arrière-pays de Beni.
Le 8 novembre 2000, les Maï-Maï ont tendu une embuscade à un convoi de l'UPDF près du village de Butuhe, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Butembo. Neuf combattants maï-maï et un nombre indéterminé de soldats ougandais ont perdu la vie dans l'incident. Au cours de l'embuscade, les Maï-Maï seraient parvenus à intercepter et à s'échapper avec un camion transportant une cargaison de « coltan » d'une valeur approximative de 70.000 US$. Les renforts de l'UPDF envoyés sur les lieux ont attaqué le village voisin de Kikerere. Les villageois célébraient un mariage au moment où les soldats les ont attaqués avec des roquettes et des grenades : trois villageois ont péri brûlés vifs dans leurs maisons et six autres ont été abattus alors qu'ils fuyaient ; une trentaine d'autres civils ont été tués peu de temps après.154 Ceux qui sont venus le lendemain matin des villages avoisinants pour aider les survivants et enterrer les morts ont trouvé un spectacle de désolation totale : quinze habitations réduites en cendres, les plants de bananes rasés, des chèvres, des poules et des canards morts, éparpillés ici et là, tués par balles.155
Une marchande a raconté à Human Rights Watch qu'elle avait assisté à une série d'attaques maï-maï et aux représailles de l'UPDF et de l'APC contre le village de Mabalako, situé à quarante et un kilomètres à l'ouest de Beni. Les attaques ont eu lieu fin octobre 2000. De sa maison, située sur la route, le témoin a vu une colonne de Maï-Maï, il y en avait une vingtaine. Ils se dirigeaient en chantant vers le camp militaire de Mabalako. L'unité de l'APC généralement stationnée dans ce camp ne s'y trouvait pas à ce moment-là. Les Maï-Maï ont tué deux soldats et la femme d'un troisième.156
Lorsque les soldats ont appris la nouvelle, ils ont immédiatement pris un jeune homme qui s'occupait du magasin de son père et l'ont tué après avoir pillé toute la marchandise. Selon le témoin, « C'était à 9 heures du matin, tout le même jour. Les habitants étaient encore chez eux. Une deuxième personne a été tuée. Les gens ont fui lorsqu'ils ont vu le massacre. Les militaires ont vu que le village était vide et ils ont organisé une réunion pour persuader la population de rentrer chez elle. Mais le jour même, les soldats sont allés tout piller. Ils ont aussi pillé le marché du village voisin de Kantini. La population a de nouveau fui. Les militaires sont partis à Beni et à Mangina avec les marchandises pillées. »
Deux jours plus tard, les Maï-Maï sont revenus et la population est donc retournée chez elle et a passé deux jours avec les Maï-Maï sans aucun problème. « C'était dur de faire la distinction entre les combattants et les civils » a dit la commerçante. « Parmi les Maï-Maï, il y avait des mères et des bébés. Ils avaient des bâtons en bois et certains avaient de tout nouveaux uniformes avec des bottes (arrivant à mi-mollet) de différentes couleurs, en toile, comme les Ougandais. Trois des combattants qui ont vécu avec nous pendant ces deux jours avaient des fusils, les autres avaient des armes traditionnelles. »157
Elle a expliqué que les militaires du camp de Mabalako étaient revenus de Beni avec des renforts, comprenant des Congolais et des Ougandais. « Il y en avait beaucoup » a déclaré le témoin. « Les gens étaient indignés mais ils ne pouvaient rien dire face à autant de soldats. Un groupe de Congolais a débarqué au beau milieu du village séparément du groupe d'Ougandais. On reconnaissait aisément les Ougandais - en uniforme, avec un physique différent. Dans les affrontements qui ont suivi, cinq Maï-Maï ont été tués, deux blessés, et trois civils ont trouvé la mort (un commerçant qui s'appelait Jacques, un boucher et un homme qui s'appelait Balthazar). »158
Les soldats ont à nouveau systématiquement pillé les magasins et les maisons, emportant le butin dans des véhicules. Le témoin poursuit, « Tant les Ougandais que les Congolais ont pillé. Les gens ont fui et ne sont pas revenus. Même aujourd'hui. S'il y a un marché, les gens y vont et ensuite, ils retournent dans la brousse. L'endroit sert juste à échanger des marchandises. Les écoles ne fonctionnent plus dans cette zone. Il n'y a plus personne, ni Maï-Maï, ni militaires, ni civils. »159
Un journal local a brièvement parlé de l'incident dans son édition de novembre mais sans toutefois mentionner la participation des combattants ougandais dans les actes de représailles et les pillages qui ont suivi : « Les Maï-Maï sont entrés dans Mabalako comme Jésus est entré à Jérusalem... Ils ont attaqué le village au cours de la semaine du 23 au 31 octobre. Repoussés par les soldats du Commandant Omari [de l'APC], ils se sont retirés à Kantini, avant d'être repoussés jusqu'à leur base arrière... Soixante-huit Maï-Maï on été tués au cours du combat et une arme [à feu] a été saisie sur les huit qu'ils avaient en leur possession. Nous avons appris par ailleurs que des éléments de l'APC ont pillé Mabalako après les affrontements avec les Maï-Maï. Cela jette un discrédit et ce n'est pas rassurant. »160
Le Nord-Kivu sous contrôle du Front de Libération du Congo (FLC)
Au cours de ses premières semaines d'existence, le FLC a porté son attention sur la situation à Bunia et à Ituri, qui en avait grand besoin. La situation qui l'attendait au Nord-Kivu était également pressante, car également marquée par la mauvaise administration, l'impunité et les exactions quotidiennes des forces d'occupation de l'UPDF contre la population.
Mbusa Nyamwisi est retourné à Beni à la fin janvier 2001 en tant que coordinateur de l'exécutif du FLC mais son arrivée était loin d'être triomphale. En premier lieu, les responsables de l'ancienne administration qui restaient fidèles à Wamba ont refusé de céder à l'administration du FLC le contrôle des finances publiques. En réponse, François Mamba, le coordinateur adjoint du FLC aux finances et à l'économie, a faxé à tous les gérants de banques de Butembo, Beni et Lubero, une lettre d'une page rédigée sèchement, leur ordonnant de fermer tous les comptes du trésor le 22 janvier 2001, date de la circulaire, et de bloquer tous les mouvements sur les comptes jusqu'à nouvel ordre. La lettre s'achevait sur un ton menaçant : « Bien entendu, le non respect de présentes instructions sera très sévèrement puni. »161 Des copies de la lettre sont parvenues au public, alimentant un intense débat sur les intentions du FLC dans la région.
Mgr Sikuli Melchisédech, Evêque de Butembo, a fait une déclaration publique le 6 février, accusant le FLC de s'intéresser davantage aux ressources de la région qu'à la résolution des problèmes de sa population. L'archevêque a mis en garde contre le fait que les tensions entre le FLC et les partisans de Wamba pourraient « dégénérer en affrontements sanglants comme à Bunia, si les chefs rebelles s'obstienent à poursuivre leurs intérêts égoïstes au détriment du bien commun de la population. »162
En deuxième lieu, l'UPDF a maintenu en détention et a continué à maltraiter dix-sept hauts conseillers de la branche du RCD-ML fidèle à Mbusa. Au cours d'une réunion qui s'est tenue à Butembo, les acteurs de la société civile ont demandé au coordinateur adjoint du FLC de libérer les détenus. Selon une personne présente à la réunion, le responsable a répondu à leur grande déception qu' « il n'existe pas de baguette magique pour libérer les personnes accusées de méfaits. La justice doit suivre son cours. »163
En troisième lieu, bon nombre de partisans de Mbusa dans la région, notamment des membres de son cabinet éphémère nommé après avoir déposé Wamba en novembre 2000, ont le sentiment que le nouveau front les a laissés à l'écart.
En dernier lieu, fin février, des groupes de la société civile et de l'Eglise et la majeure partie de la population de Butembo ont envoyé un message fort aux forces d'occupation et au nouveau front rebelle, faisant valoir que l'instauration de la paix devrait être une priorité absolue. Du 27 février au 1er mars, Butembo a accueilli un symposium international sur la paix en Afrique et en RDC, auquel ont participé des centaines de délégués de la société civile provenant de l'est de la RDC et d'Europe. Une foule énorme de dizaines de milliers de personnes faisait la haie d'honneur dans les rues de la ville pour accueillir les délégués.164 Jean-Pierre Bemba a pris la parole lors de la séance d'ouverture, promettant que le FLC s'engagerait sur la voie de la paix. En sa présence, les participants ont appelé au retrait des troupes étrangères, à des réparations pour dommages de guerre, au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du pays et à un retour rapide à la paix. Dans sa déclaration finale, le symposium priait instamment tous les groupes rebelles de « montrer davantage de patriotisme et de compréhension face à la souffrance de leurs compatriotes, » et dénonçait « les massacres, meurtres, la présence d'armées, les arrestations arbitraires, les viols de femmes, le recrutement forcé d'enfants soldats, les disparitions et les pillages » des richesses de la RDC.165
A l'occasion de la séance de clôture, Bemba s'est excusé « pour les erreurs, les atrocités, les crimes et les pillages » commis par les soldats rebelles.166 Il aurait ordonné à « des troupes » de se retirer de leurs postes dans les zones rurales et de retourner dans leurs casernes à Beni.167 Des mouvements de troupes ougandaises ont été observées à Beni et autour de Beni au moment où a été donné cet ordre, mais selon des sources locales, ils semblaient être davantage liés à un retrait limité des troupes ougandaises du nord-ouest.168
115 Conseil de Sécurité de l'ONU, « Interim report of the U.N. Expert Panel on the Illegal Expoitation of Natural Resources and Other Forms of Wealth of DR Congo, » S/2001/49, le 20 décembre 2000.
116 Les trois autres, Masisi, Rutshuru et Walekali, sont sous contrôle rwandais.
117 Sous le règne de Mobutu, les hommes d'affaires, ainsi que les églises et autres acteurs de la société civile, ont aidé à fournir des services à la population locale en l'absence d'une activité gouvernementale. Ils ont financé les routes et les ponts et avec les églises, ils ont financé les écoles et les cliniques.
118 « DRC : Tension said mounting between rival rebels, allies, » New Vision, Kampala, le 24 septembre 1999, rapporté dans FBIS-AFR-1999-0924, le 29 septembre 1999.
119 « Border posts separate rival rebel zones, » AFP, Kigali, le 23 septembre 1999.
120 Entretiens de Human Rights Watch avec des groupes de la société civile, Butembo, décembre 2000.
121 Ibid.
122 « Rapport circonstancié sur les événements survenus à Beni le 14 novembre 1999, » Commissariat à la Justice, Réformes Institutionnelles et Droits Humains, 026/CAB-CJ/RCD/99, 15 novembre 1999, Beni, signé par le commissaire : Louis Mubindukila Kito.
123 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec Kambale Bahekwa, Kampala, le 28 février 2001.
124 Entretiens de Human Rights Watch, Butembo, décembre 2000.
125 Entretien de Human Rights Watch avec Kambale Bahekwa, Ibid.
126 ASADHO-Agir Ensemble, « L'Ouganda sacrifie la population civile congolaise, » Kinshasa-Lyon, février 2001, p. 10.
127 Dans le « mémorandum adressé au commandant de l'UPDF dans les territoires de Beni-Lubero, Nord-Kivu, RDC : pourquoi l'insécurité généralisée ? » joint à la lettre de Mgr Sikuli Paluku Melchisedech, Butembo, le 16 octobre 2000.
128 Entretiens de Human Rights Watch, décembre 2000.
129 ONU, IRIN-CEA, « DRC : Ugandan commander killed in Beni clashes, » Bulletin d'information No. 801 pour les Grands Lacs, le 15 novembre 1999.
130 Ibid., Rapport circonstancié ».
131 Entretien téléphonique de Human Rights Watch, le 16 novembre 1999.
132 Entretiens de Human Rights Watch, Bunia et Butembo, décembre 2000.
133 Ibid.
134 Entretiens de Human Rights Watch, Butembo, décembre 2000.
135 Entretiens de Human Rights Watch, Lubero, décembre 2000.
136 Ibid.
137 Ibid.
138 Ibid.
139 Ibid.
140 « Mai-Mai attack officer's home, » New Vision, le 14 septembre 2000. Voir aussi « UPDF, Mai-Mai fight in DRC, » Monitor, Kampala, le 13 septembre 2000.
141 Témoignages recueillis par Human Rights Watch auprès de témoins, Butembo, décembre 2000.
142 Entretiens de Human Rights Watch, Butembo, décembre 2000.
143 Entretien téléphonique de Human Rights Watch, Kampala, le 13 septembre 2000.
144 « UPDF, Mai-Mai fight in DRC, » Monitor, Ibid.
145 Entretien téléphonique de Human Rights Watch, le 13 septembre 2000.
146 Informations émanant d'ONG, Bunia, Beni, Butembo, Goma, septembre 2000.
147 Entretiens de Human Rights Watch, décembre 2000.
148 Ibid., voir aussi : « Maboya : onze morts et 38 cases brûlées, » dans le journal local Les Coulisses, No. 85, novembre 2000, p. 9.
149 Ibid.
150 Entretiens de Human Rights Watch, décembre 2000.
151 Ibid.
152 Ibid.
153 Entretiens de Human Rights Watch, décembre 2000.
154 Parmi les personnes qui seraient mortes se trouvaient Kambere Muhitha, Christien Ngunza, Katembo Ngunza, Kasereka Ngunza, Kambale Kamwisi, Donatus Maghulu, Jean-Pierre M, Stephania et Ndungu.
155 Entretiens de Human Rights Watch, décembre 2000.
156 Entretiens de Human Rights Watch, décembre 2000.
157 Ibid.
158 Ibid.
159 Ibid.
160 "Mabalako: Accrochage APC - Maï-Maï: 68 morts," Les Coulisses, No. 85, novembre 2000, p. 2.
161 « Transmission, Acte et Instructions, » Le Coordinateur Adjoint de l'Exécutif, Front de Libération du Congo, Gbadolite, le 22 janvier 2001, No. 001/Coord.-Adj./FEP/FLC/01/2001.
162 « Point de vue de Mgr Sikuli sur le FLC, » diffusé par l'Eglise catholique, Butembo, le 6 février 2000.
163 Communication à Human Rights Watch, le 10 février 2001.
164 ONU, IRIN-CEA, "DRC: Thousands welcome peace delegates in Butembo," Bulletin d'information No. 1125 pour les Grands Lacs, le 1er mars 2001.
165 "Document final du symposium sur la paix en Afrique (S.I.P.A.) tenu à Butembo du 27 février au 1er mars 2001," Butembo, 1er mars 2001, communication à Human Rights Watch, le 12 mars 2001.
166 ONU, IRIN, "DRC: Bemba orders withdrawal to barracks," Bulletin d'information No. 1127 pour les Grands Lacs, le 5 mars 2001.
167 Ibid.
168 Entretiens téléphoniques de Human Rights Watch, Beni-Butembo-Goma, le 12 mars 2001.