Rapports de Human Rights Watch

III. Vie des filles domestiques en Basse Guinée

Selon une étude récente de l’OIT sur le travail des enfants en Guinée, s’appuyant sur des entretiens avec 6037 enfants, le travail domestique est de loin le plus vaste secteur d’emploi pour les enfants. 61,4 pour cent des enfants travailleurs sont employés comme domestiques. La majorité d’entre eux sont des filles.93 Si l’on s’appuie sur les chiffres relatifs (pourcentages) donnés dans l’étude, environ 1,2 million de filles en Guinée font des travaux domestiques, y compris celles qui travaillent pour leurs propres parents. La grande majorité des enfants a indiqué que leur lieu de travail était leur maison ; il est probable que les enfants travaillant pour des membres de la famille ou autres tuteurs de facto ont également désigné leur lieu de travail comme leur maison.94 Ni le gouvernement ni les agences de l’ONU n’ont de chiffres absolus sur le nombre de filles domestiques en Guinée95.

Une fois que les filles sont arrivées dans leur nouvelle famille d’accueil, la dure vie d’un enfant travailleur domestique commence. C’est particulièrement le cas pour celles qui vivent avec leurs employeurs, et c’est la grande majorité. Beaucoup d’entre elles font l’expérience de l’exploitation par le travail ainsi que de la maltraitance et de la négligence envers les enfants. Les filles employées comme domestiques que Human Rights Watch a interrogées ont fait état d’heures de travail excessives, transport de lourdes charges très jeunes, travail sans salaire, privation de nourriture alors que la famille d’accueil mange, et insultes, isolement, coups, harcèlement sexuel et viol.

Ce n’est pas le cas de toutes les filles domestiques. Vivre et travailler loin de la famille peut être une expérience positive. Christine C., 10 ans, préfère vivre chez sa cousine à Conakry plutôt que de vivre avec sa mère au village. Elle a expliqué :

J’étais chez ma cousine à Conakry. J’y suis allée quand j’étais petite. Quand ma cousine s’est mariée, elle a demandé qu’on lui envoie une fille pour l’aider. Alors on m’a envoyée. Quand je vivais avec elle, je nettoyais la cour, j’allais chercher de l’eau, je faisais la vaisselle et la lessive. On s’occupait bien de moi. Ils n’avaient pas grand chose – ma maman devait même leur envoyer des habits d’ici.… Ma cousine m’a mise à l’école jusqu’en deuxième. Puis j’ai dû revenir chez ma mère. J’ai dû repartir parce que ma maman avait besoin d’une fille à la maison. Je suis revenue quand j’avais huit ou neuf ans. Ma mère est âgée. J’aimerais revenir à Conakry…. Je veux revenir à l’école avec mes amies.96

A dire vrai, le placement dans une famille d’accueil peut être utile pour la survie économique, l’éducation et la socialisation. Ces systèmes peuvent bien fonctionner quand il existe un réseau social viable de personnes qui veillent au bien-être de l’enfant.

Certains facteurs augmentent la vulnérabilité d’un enfant, et donc le risque de maltraitance. Les filles travaillant comme domestiques sont en général vulnérables à la maltraitance du fait de leur sexe, de l’absence de leurs parents biologiques, et de leurs origines, essentiellement de familles rurales pauvres. Si elles n’ont pas à leur disposition des réseaux de soutien – par exemple un contact suivi avec leurs parents et une intégration dans d’autres réseaux sociaux – elles sont davantage en danger d’être maltraitées.97 Tandis que des études en Afrique ont montré que les enfants placés en famille d’accueil et autres enfants non biologiques sont davantage susceptibles d’être  tenus à l’écart de l’école et de subir de mauvais traitements,98 les enfants biologiques ne sont pas non plus forcément à l’abri de la négligence et des violences de la part de leurs parents.99

Le double rôle d’employeur et de tuteur

Les adultes qui emploient et accueillent une fille pour faire des travaux domestiques ont une double responsabilité, celle d’un employeur et celle d’une personne responsable d’un enfant sous leur garde – c’est-à-dire de facto d’un tuteur.

En tant qu’employeur, ils doivent respecter les droits du travail des filles. Les enfants de moins de 16 ans ne devraient pas travailler du tout ; ceux de plus de 16 ans ont droit à un salaire équitable, des heures de travail limitées, des conditions de travail décentes à savoir un logement, une alimentation et des soins médicaux convenables, des moments de repos pendant la journée, des jours de repos hebdomadaires et des congés.100

Mais le rôle de la famille d’accueil va au-delà du respect des droits du travail de l’enfant. Quand des adultes décident de prendre une fille comme employée domestique, elle est effectivement sous leur protection, et ils deviennent de facto des tuteurs avec la responsabilité de respecter ses droits.

Cela peut sembler problématique de décrire des adultes qui maltraitent des enfants en tant que tuteurs, car ils peuvent prétendre que cela leur donne le droit d’avoir le contrôle sur les filles employées comme domestiques, et même de les traiter mal. Cependant, au regard du droit guinéen et international, l’Etat a le devoir de soustraire les enfants à des situations de maltraitance, et le fait d’être tuteur ne comporte aucun droit de contrôle ou de propriété sur un enfant.

Exploitation par le travail des filles employées comme domestiques

Certaines filles deviennent employées domestiques si jeunes qu’elles ne peuvent pas se rappeler l’âge auquel elles ont commencé. La plupart des 40 filles interrogées pour ce rapport ont commencé le travail domestique avant l’âge de huit ans.

Selon le droit guinéen, la règle générale est que des enfants de moins de 16 ans ne devraient pas être employés et donc ne peuvent pas légalement passer un contrat de travail. Cependant, le droit guinéen prévoit que les moins de 16 ans peuvent être employés légalement si leurs parents ou des tuteurs légaux donnent leur consentement. Pareille clause régressive dans la loi sape en fait toute protection significative pour les enfants de moins de 15 ans, en particulier les filles qui sont souvent envoyées par leurs parents pour travailler comme employées domestiques.101

Aussi qu’une fille ait plus de 16 ans, ou qu’elle ait moins de 16 ans et que ses parents aient consenti à ce qu’elle soit employée, quand on exige d’elle qu’elle travaille à plein temps dans une maison au-delà de ce que l’on peut raisonnablement considérer comme des tâches ménagères légères, et même quand un tel travail n’est pas forcé, une relation d’emploi existe de facto. Toutes les filles employées dans ces conditions doivent bénéficier de leurs pleins droits du travail. A l’heure actuelle, des filles de touts âges subissent une exploitation par le travail, s’apparentant parfois à du travail forcé.

Exploitation pure et simple : travail peu ou pas payé

Une étude récente sur le travail des enfants en Guinée par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), basée sur des entretiens avec plus de 6000 enfants, a également constaté que « beaucoup d’enfants travaillent mais peu sont payés ».  L’étude a constaté que 6,8 pour cent des garçons et 5 pour cent des filles étaient payés. Les enfants vivant à Conakry, et ceux de plus de 15 ans avaient un peu plus de chances d’être payés.102

La plupart des filles interrogées au cours de notre recherche ne recevaient pas de salaire. Même celles à qui on avait promis un salaire et fixé un montant n’étaient souvent pas payées. Sur les 40 filles guinéennes et maliennes interrogées, dix seulement avaient perçu un salaire. Parmi celles-ci, cinq avaient occupé des emplois pour lesquels elles avaient perçu le salaire convenu de façon régulière ; les cinq autres s’étaient vu promettre un salaire, mais avaient été payées seulement au début, ou irrégulièrement, ou une partie du montant convenu. Quatre des cinq qui avaient perçu un salaire régulier avaient aussi occupé des emplois dans lesquels elles n’étaient pas payées, payées irrégulièrement, ou payées moins que ce qui avait été convenu, et même payées en nature. En général, les filles domestiques n’avaient pas de contrat écrit.

Salaires de 40 filles employées comme domestiques en Guinée

(1$ = environ 6000 GNF, en mai 2007103)

Salaire mensuel

Nombre de filles employées comme domestiques104

Nombre de filles qui ont reçu un salaire régulier

Aucun

30

--

Moins de 20 000 GNF (=environ 3,33$)

5

1

20 000 – 50 000 GNF (=environ 3,33$ – 8.33)

2

2

Plus de 50 000 GNF (plus d’environ 8.33$)

3

2

Total

40

5


Dans de nombreux cas, il n’y a eu aucune discussion à propos de salaire. Une fille était simplement envoyée pour travailler comme domestique, pour les raisons énoncées ci-dessus.105 Quand les filles étaient placées jeunes chez des membres de la famille ou chez d’autres personnes, leur travail n’était pas considéré comme méritant d’être payé ; il était juste considéré comme leur contribution à la vie familiale. Dans de nombreux cas, les filles elles-mêmes n’ont pas demandé de salaire et semblaient même surprises qu’on leur pose la question. Les parents et les employeurs quant à eux ont souvent défini la situation en termes d’accueil d’enfant, ils ne considéraient pas cela comme du travail d’enfant. Même quand un salaire était payé, la fille n’était généralement pas impliquée dans les négociations de salaire, on lui disait plutôt qu’elle allait recevoir un certain montant. Cela a été le cas pour Liliane K., 14 ans, qui envoyait même à sa mère une partie de ses maigres revenus :

Je suis de Kissidougou. Mon père est mort ; il a été tué pendant la guerre…. Ma mère m’a donnée à une femme qui était notre voisine. Ma mère n’avait pas le choix parce qu’elle n’avait pas d’argent pour s’occuper de ses enfants. A cause de la guerre, les voisins voulaient quitter Kissidougou et aller à Conakry. Ma mère est toujours au village. J’avais à peu près neuf ans quand je suis arrivée ici à Conakry. Normalement je devrais recevoir 10 000 GNF [environ 1,60$] par mois, mais quelquefois j’ai seulement 5000 ou 7000. La tutrice dit quelquefois qu’elle n’a pas assez d’argent pour me payer

Les enfants travailleurs domestiques ne peuvent jamais être sûrs qu’ils recevront le salaire promis. Justine K. a été envoyée jeune vivre chez sa tante à Conakry, mais elle a commencé à travailler pour une autre famille comme employée domestique pour échapper à sa situation :

J’ai entendu dire qu’une famille cherchait une bonne. Ils offraient 10 000 GNF [environ 1,60$] par mois…. Au début, je leur ai dit de garder mon salaire et de me le donner tous les quatre mois. Mais après la première année, ils ont arrêté de me donner de l’argent et ils ont dit qu’ils l’enverraient plutôt à mes parents. Je ne crois même pas qu’ils connaissaient mes parents, et mes parents m’ont dit qu’ils n’ont jamais reçu l’argent.107  

Les filles plus âgées ont légèrement plus de chances d’être payées. L’OIT l’a constaté dans son étude plus globale, et c’était aussi le cas parmi les 40 filles interrogées par Human Rights Watch. Six filles interrogées avaient commencé à travailler comme employées domestiques à l’âge de 15 ans ou plus ; cinq d’entre elles avaient perçu des salaires. Par exemple, Francine B., qui avait trouvé du travail chez un couple libanais-guinéen, était payée 25 000 GNF (environ 4,16$) de façon régulière.108 Des filles maliennes ont aussi parfois réussi à obtenir des emplois où elles recevaient un salaire régulier. En 2002-2003, le Haut Conseil des Maliens a établi une liste de sept filles maliennes employées comme domestiques à Conakry ; elles recevaient toutes 7 500 GNF (environ 1,25$).109 Trois filles maliennes interrogées à moment donné recevaient entre 50 000 GNF et 75 000 GNF (environ 8,30$ et 12,50$)  et étaient payées régulièrement.110 Toutefois, ces trois filles avaient seulement fini par obtenir ces emplois après avoir été exploitées sans salaires dans des emplois précédents, et avoir reçu de l’aide de compatriotes maliens pour quitter ces emplois et trouver de meilleures places. Nadine T., une fille malienne domestique de 18 ans, a expliqué :

Je suis venue à Conakry il y a deux ans. J’ai rencontré une femme à Bamako, Tigira Condé. Elle a dit que c’était bien à Conakry. Tu peux gagner bien, et aller danser et t’amuser à Conakry. Elle m’a envoyée travailler quelque part pendant six mois. Mais je n’ai pas reçu de salaire. Je ne sais pas si Tigira Condé a reçu de l’argent.

La communauté malienne est consciente de ces problèmes, et elle est fréquemment intervenue pour aider les filles à obtenir leur salaire. Dans un de ces cas, une jeune femme d’une vingtaine d’années a été aidée par des membres de la communauté malienne à obtenir son salaire pour les quelques huit années passées comme employée domestique sans être payée. L’employeur a finalement payé environ 800 000 GNF à la jeune femme.112 Le Haut Conseil des Maliens a même réclamé des paiements de salaires lorsque les filles étaient employées au-dessous de l’âge minimum légal. En 2004, le Haut Conseil des Maliens in Guinée a identifié deux filles dans ce cas, âgées de 12 et 13 ans, qui avaient travaillé comme employées domestiques sans être payées. Des membres importants du Haut Conseil sont allés voir les employeurs de ces filles ; lorsqu’ils ont refusé de les payer, le Haut Conseil des Maliens a menacé de leur faire un procès. Le salaire a été évalué à environ 800 000 GNF (environ 120$). La tutrice a fini par payer la moitié de ce qui était dû aux filles.113

Paiements à des intermédiaires

Dans certains cas, les intermédiaires ayant recruté une fille du Mali ont reçu une partie ou la totalité du salaire. Florienne C., dont le cas est cité ci-dessus, a été exploitée de cette façon. L’intermédiaire lui avait dit qu’elle pourrait gagner 25 000 GNF (environ 4,16$) à Conakry. Quand elle est arrivée, ce n’est pas ce qui s’est passé :

J’ai travaillé comme domestique pendant un an et trois mois.

D’autres membres de la communauté malienne ont confirmé que des intermédiaires prenaient une partie de l’argent versé pour le service des enfants domestiques.115 D’après une fille malienne vivant à Conakry, elles sont censées prendre la moitié du salaire et donner l’autre moitié à la fille.116

La plupart des filles domestiques guinéennes interrogées ne savaient pas si les intermédiaires recevaient de l’argent. Toutefois, dans deux cas les filles savaient que leur employeur envoyait de l’argent à la personne qui les avait envoyées. Berthe S., 17 ans, vivait avec sa tante qui l’envoyait faire du travail domestique chez une voisine. Sa tante recevait le salaire mensuel de Berthe, de 30 000 GNF (à peu près 5$). En plus, la jeune fille devait faire des travaux domestiques chez sa tante.117 La famille d’accueil de Georgette M. de la  Région Forestière – dont le cas est décrit ci-dessus – envoyait régulièrement des chaussures ou du tissu à sa mère restée au village.118

Il semble y avoir des réseaux d’intermédiaires bien établis qui font de l’argent grâce au placement d’enfants guinéennes comme domestiques. Selon une représentante du ministère des Affaires sociales :

Il y a une femme là qui fonctionne comme intermédiaire et place les filles comme domestiques. A la fin du mois, les tutricesvont là et versent de l’argent à cette femme. Elle reçoit toujours de l’argent pour avoir placé les filles, tandis que les filles elles, ne reçoivent parfois pas de salaire.119 

Types de travaux

Les filles employées comme domestiques effectuent un large éventail de tâches au sein de la maison, ainsi qu’à l’extérieur. Elles nettoient la maison, lavent le linge, pilent le riz, le maïs ou le sorgho (millet), préparent la nourriture, et font la vaisselle. Elles vont aussi au marché acheter de la nourriture pour la famille. La tâche d’aller chercher de l’eau à des puits ou autres sources distantes est un type de travail particulièrement dur, à cause des distances que cela représente, du travail physique pour soulever et transporter, et des menaces potentielles au cours du trajet. De plus, les filles employées comme domestiques s’occupent souvent de jeunes enfants pendant la journée et le soir. Certaines filles domestiques ont aussi un second emploi différent : elles sont employées par la tutrice pour vendre des produits – par exemple des légumes, des œufs, des beignets ou des cigarettes – dans la rue ou au marché. Elles font ça en général à la fin de la journée. Leur employeur leur donne les produits à vendre et elles doivent remettre l’argent gagné. Les employées domestiques dans les zones rurales font aussi parfois des travaux agricoles.

Une fille employée comme domestique fait la vaisselle pour sa famille d’accueil, avant d’aller à l’école primaire à Conakry. © 2007 Susan Meiselas/Magnun Photos

Comme nous l’avons mentionné, aller puiser de l’eau peut présenter des risques particuliers. Les filles sont souvent surchargées par le poids de lourds seaux ou récipients. Par exemple, Rosalie Y., 9 ans, nous a dit qu’elle devait transporter des récipients contenant 20 litres d’eau chaque jour – elle s’est plainte que « c’est trop ».120 D’autres se sont également plaintes de devoir porter 15 ou 20 litres d’eau par jour. L’impact de poids lourds sur la croissance des enfants est connu ; cela peut entraîner des déformations du squelette au niveau du dos et du cou et accélérer la détérioration des articulations.121 En fait, l’OIT définit spécifiquement le transport de poids lourds comme une des pires formes de travail des enfants.122 Un autre problème est que l’eau est seulement disponible aux premières heures matinales, et que de ce fait les filles doivent emprunter de nuit des chemins déserts et sont exposées au risque de se faire agresser. Claudine K., 14 ans, a commencé à travailler à l’âge de six ans chez sa tante. Elle nous a raconté :

Je devais me lever vers 4 heures du matin pour aller puiser de l’eau. Il fallait que je fasse ça parce qu’il n’y a pas toujours de l’eau. Tout ça me faisait peur. Si je rencontrais des hommes ou des garçons, je me cachais. Une fois, un homme m’a dit : si tu ne t’arrêtes pas pour coucher avec moi, je vais t’éventrer. J’ai lâché l’eau que je portais sur la tête et j’ai couru. Je l’ai dit à ma tante et elle a dit que j’irais un peu plus tard. Alors j’y suis allée vers 5 heures, après le premier appel à la prière

La situation de Claudine s’est améliorée après que l’Association Guinéenne des Assistantes Sociales (AGUIAS) ait décidé de l’aider en parlant avec sa tutrice et en l’inscrivant à l’école primaire. Elle doit toujours aller chercher de l’eau, mais maintenant elle y va aux environs de 7 heures.124

Heures de travail et repos

Les filles employées comme domestiques ont rarement des congés, des jours hebdomadaires de repos, et peu de repos pendant la journée. On les fait travailler sans répit et elles sont parfois battues quand elles essaient de se reposer ou de faire une pause. Plusieurs filles ont témoigné qu’elles devaient travailler plus de 12 heures par jour. Quand on les interroge sur le nombre d’heures de travail, les filles parfois ne comptent pas les heures passées au marché à vendre des marchandises après avoir terminé les tâches ménagères, pendant l’après-midi. Elles avaient de facto deux emplois, un comme employée domestique et un autre comme vendeuse ambulante. Les filles oubliaient aussi de compter la surveillance des enfants après qu’elles aient terminé les autres travaux ménagers ; elles ne semblaient pas considérer ces responsabilités comme du travail. Interrogée sur ses heures de travail, Susanne K., 16 ans, nous a dit :

Comme domestique, je devais nettoyer la maison, faire la cuisine, la vaisselle, et aller au marché. Je n’avais pas de pauses. J’étais la première levée et la dernière couchée. Je me levais vers 4h30 le matin, avec la première prière [l’appel du muezzin]. Le soir, je travaillais parfois jusqu’à minuit, pendant que les autres enfants regardaient la télé.125

Thérèse I., 14 ans, travaillait aussi environ dix-huit heures par jour :

Je dois me lever à 4h du matin et travailler jusqu’à 10h du soir. Je fais la lessive, je nettoie la maison, je fais la vaisselle, j’achète des choses au marché et je surveille les enfants. On me dit que je gagne 15 000 GNF par mois, mais je n’ai jamais vu cet argent. Peu de temps après être arrivée, je suis tombée malade. La dame m’a accusée de faire semblant et de refuser de travailler. Depuis ce jour-là, j’ai souvent été malade mais je ne le dis jamais. Je suis battue. Quand je mets trop de temps ici, je peux être battue. Chaque fois que je veux me reposer, la dame dit que je ne suis pas venue pour me reposer mais pour travailler, et elle me bat avec du fil électrique ou un bout de caoutchouc et elle me tire les oreilles. Ç’est comme ça dès que je m’arrête pour me reposer.126

Dispositions relatives à la nourriture et au couchage

Les parents envoient souvent leurs enfants en ville parce qu’ils pensent qu’ils y souffriront moins de la faim et de conditions de vie dures. A vrai dire certaines filles ont indiqué qu’elles étaient traitées comme les autres enfants de la famille ; elles mangeaient avec eux et dans un lit avec eux. Mais pour beaucoup d’autres, ce n’était pas le cas : les filles employées comme domestiques reçoivent fréquemment moins que tout autre personne de la famille. Elles doivent préparer la nourriture pour la famille, et en particulier pour les enfants, mais souvent elles ne sont pas autorisées à la manger. Certaines filles ont si faim qu’elles échangent des rapports sexuels contre de l’argent ou qu’elles volent de l’argent à leurs familles d’accueil pour acheter de la nourriture. Dans certains cas, la nourriture semble être devenue l’outil avec lequel les employeurs ou les adultes accueillant les enfants exercent le pouvoir.

Monique K. vivait avait sa belle-mère et effectuait les travaux domestiques pendant que tous les autres enfants allaient à l’école. Elle prenait le déjeuner à la maison, mais on lui disait que le « dîner n’était pas pour elle » ; elle devait se contenter de le préparer pour les autres enfants. D’autres filles employées comme domestiques ont eu des expériences similaires et ont été exclues des repas familiaux. Des filles ont indiqué qu’elles mangeaient des restes127 ou du riz brûlé du fond de la marmite,128 ne mangeant qu’un repas par jour129 et qu’on leur disait d’arrêter de manger.130 L’un d’entre elles a dit qu’on lui refusait parfois complètement la nourriture.131 Habiba C., 14 ans, qui vivait avec sa tante, ne pouvait plus supporter la faim :

Je n’avais pas droit au petit-déjeuner. Au lieu de ça, je devais préparer les sandwiches des enfants pour l’école. Alors je voulais les dévorer. Mais je n’avais pas le choix. Ma tante me battait, avec des chaussures ou d’autres choses. Quelquefois elle me battait très tôt le matin. Une fois je me suis révoltée contre tout ça. Je ne voulais pas aller vendre des choses dans la rue, je n’avais même pas eu de petit-déjeuner. Elle m’a forcée à y aller quand même. J’ai pleuré

Les filles employées comme domestiques n’avaient souvent pas non plus de lit ni de matelas, dormant à même le sol tandis que les autres membres de la famille dormaient dans des lits ou sur des matelas. Certaines filles avaient un pagne – un fin tissu de coton drapé autour du corps – pour s’allonger, d’autres n’avaient rien du tout. Elles dormaient dans la cuisine, dans le salon, dans le couloir, sur une véranda ou dans une boutique.133 Ainsi, elles manquaient souvent d’un espace personnel ; le manque d’une pièce privée les mettait aussi en plus grand danger de sévices sexuels.

Enfermement dans la maison

Tandis que certaines filles employées comme domestiques doivent quitter la maison pour travailler comme vendeuses ambulantes, beaucoup d’autres sont en grande partie confinées dans la maison. Beaucoup ont dit que le seul moment où elles s’aventuraient hors de la maison était quand elles faisaient les courses au marché. Certaines tutrices interdisaient complètement aux filles de sortir de la maison, créant une situation de confinement et de manque de contacts sociaux. Laure F., dix-huit ans, a connu cela depuis le plus jeune âge :

Je n’avais pas le droit de sortir, alors je m’enfuyais quelquefois pour de petits moments. Un jour, un ami est venu d’Anta, et il m’a emmenée avec lui, et je suis restée chez sa mère. De là, j’ai trouvé une famille d’accueil.134

Quand les filles n’étaient pas autorisées à sortir de la maison, elles ne connaissaient pas la ville et auraient pu avoir peur de sortir ; leur ignorance a créé une dépendance. Par exemple, Caroline C., 17 ans, était autorisée à vendre des cigarettes dans la rue devant la maison, mais sinon elle ne quittait pas la maison et depuis trois ans qu’elle était à Conakry, elle n’avait pratiquement pas quitté le quartier.135 Marianne N. vivait avec sa tante depuis qu’elle était petite. Sa tante, qui la faisait travailler dur, a expliqué qu’elle aurait des difficultés à trouver son chemin dans la ville : « Elle n’a jamais quitté la maison, sauf pour aller au marché. »136 Quand Marianne a trouvé la situation avec sa tante insupportable, elle est partie avec l’aide des voisins, les seules personnes avec qui elle avait réussi à avoir des contacts.  Malheureusement, l’intervention de ses voisins a entraîné d’autres problèmes car ils l’ont envoyée toute seule au Liberia, où elle s’est retrouvée coincée et violée par un homme qui prétendait lui vouloir du bien et la dépanner pour une nuit.137

Comme beaucoup de filles employées comme domestiques n’avaient que très peu d’occasions de  sortir de la maison, il leur était difficile de se faire des amis et d’avoir des relations sociales ; elles étaient souvent très isolées. A l’âge de 11 ans, Justine K. a décidé de travailler comme domestique pour une famille qu’elle ne connaissait pas, afin de s’échapper de la maison de sa tante. Mais ce fut une misérable expérience :

Même les enfants pouvaient me commander et m’envoyer faire des courses. Je n’avais pas d’amis et j’étais presque toujours dans la cour de la maison, sauf quand j’allais acheter des choses au marché.138

Lorsque les filles ont réussi à se faire des amis et à nouer des réseaux sociaux à l’extérieur de la maison, elles avaient plus de probabilité de sortir de leur situation. Ainsi, les employeurs ont souvent paru considérer les contacts avec le monde extérieur comme un danger potentiel. Une fille malienne s’est souvenue :

Pour fêter la nouvelle année, je suis allée chez M. [membre de la communauté malienne] pour fêter ça avec d’autres filles maliennes. Le lendemain, une amie m’a demandé si elle pouvait venir avec moi jusqu’à ma maison, alors je suis revenue avec elle. La dame n’a pas aimé ça et elle s’est mise en colère et elle a fait partir mon amie. Ça m’a découragée. Mon amie m’a dit alors qu’elle pouvait me trouver un autre travail.139

Incapacité à mettre un terme au travail domestique et au travail forcé

De nombreuses filles employées comme domestiques veulent partir, mais elles se retrouvent dans l’incapacité de le faire. Le travail forcé, des pratiques similaires à l’esclavage et à la servitude sont des situations de travail dans lesquelles plusieurs maltraitances se combinent. Par exemple, si une fille travaille dur, n’est pas correctement rémunérée et ne peut pas quitter son travail, elle est considérée comme faisant du travail forcé. L’usage de la force ou la menace de la force est souvent un élément déterminant dans ces situations ; la menace de violence ou le recours réel à la violence peut empêcher les enfants de quitter le lieu de travail. Quand les familles ne permettent pas à un enfant de sortir de la maison où il travaille, cela peut s’apparenter à du travail forcé.

Les filles qui sont envoyées dans d’autres familles alors qu’elles sont jeunes souvent ne se rappellent pas bien leurs parents, et elles ne savent pas non plus où ils vivent et comment parvenir jusqu’à eux. Même si les relations avec la famille d’accueil sont difficiles, elles ne peuvent tout simplement pas imaginer vivre ailleurs. Alice D. a été donnée à sa tante quand elle n’avait pas trois ans. La dernière fois qu’elle a vu ses parents, elle avait cinq ans. Elle fait tous les travaux ménagers, ne reçoit pas de salaire, et elle est battue régulièrement. Elle a expliqué que pour elle, la seule façon de partir serait de s’enfuir :

Je ne peux pas retourner chez mes parents parce que mes parents ont décidé que je suis ‘pour la tante’. Ma tante me frappe si je ne fais pas tout le travail, ou même quand je veux venir au Centre [une ONG locale qui propose des formations], où j’étudie la couture. Elle me bat avec un bâton…. Je suis prête à quitter ma tante aujourd’hui. J’en ai assez. Ma tante ne va pas accepter ça, mais si je décide de partir, je ne le lui dirai pas, je partirai c’est tout. Je souffre beaucoup avec elle. La vie là, c’est seulement travailler et dormir.140 

Sylvie S. est venue à Conakry quand elle était petite. Comme indiqué ci-dessus, ses parents l’ont donnée à une femme qui était venue au village et cherchait une enfant pour l’employeur comme domestique. Malgré ses problèmes dans cette famille – elle est fouettée tous les jours et travaille très dur – elle a assuré :

Je n’ai jamais pensé à retourner au village. Je n’ai pas de contacts avec mes parents. Ce sont des fermiers. Je n’ai pas demandé à repartir. Si je pouvais changer quelque chose, je commencerais un apprentissage.141

Mais d’autres filles ont des problèmes similaires. Caroline C. est venue à Conakry quand elle avait 14 ans. Par le biais d’une amie de sa mère, elle a été placée chez une femme pour qui elle fait des travaux domestiques. Elle travaille dur, n’a pas de repos, ne reçoit pas de salaire, et est soumise à des agressions verbales. Elle a expliqué :

Je n’ai jamais touché de salaire. Je ne pense pas que l’amie de ma mère ou mes parents reçoivent de l’argent non plus, parce que je n’ai plus revu l’amie de ma mère. Et aussi mes parents ne reçoivent sans doute pas d’argent parce que  pour eux, j’apprends un métier.

Thérèse I., dont le cas est évoqué ci-dessus, avait aussi pensé à s’en aller. Mais ça lui est difficile. En larmes, elle a dit : 

La tutrice ne veut pas que je parte. Je voudrais m’en aller, mais ma mère n’est plus à Boké. Elle est partie en Guinée-Bissau. Et je ne sais pas où elle est. Il n’y a pas d’autres membres de la famille chez qui aller non plus.143

Certaines filles ont reçu des menaces de violence ou des violences quand elles ont exprimé le souhait de se reposer ou d’arrêter complètement de travailler. Dora T. est entrée en contact avec AGUIAS, une association locale qui propose aux employées domestiques des conseils, des cours d’alphabétisation et des apprentissages. Tout d’abord, sa tante a accepté qu’elle partage son temps entre AGUIAS et la maison :

Mais un jour quand je suis revenue de AGUIAS ma tante a refusé. Elle n’a pas voulu me donner à manger. Le lendemain matin, elle a dit : si tu y vas aujourd’hui, on ne te laissera pas rentrer dans la maison. Tu ne dois pas y aller. Je suis partie et je suis allée à AGUIAS…. Quand je suis revenue, ma tante m’a chassée et je suis restée chez les voisins. J’avais un oncle ici à Conakry, il est pauvre et ne peut pas faire grand-chose, mais il a supplié ma tante de me laisser revenir. Et c’est comme ça qu’elle m’a laissée rentrer, à la condition de ne pas revenir à AGUIAS.144

Les filles maliennes semblent en général avoir de meilleurs réseaux et bénéficier de la solidarité de leurs compatriotes, qui étaient organisés dans une association locale et agissaient fréquemment quand ils avaient connaissance de maltraitance et d’exploitation. Plusieurs d’entre elles ont quitté des emplois où elles étaient exploitées pour rentrer chez elles ou pour trouver un meilleur emploi à Conakry.

Manque d’accès aux soins de santé et à l’information

De nombreuses filles ne recevaient pas de soins convenables lorsqu’elles tombaient malades. Souvent, leur employeur ou leur tutrice de facto les accusaient simplement de feindre d’être malades, et exigeaient qu’elles continuent à travailler. Peu de familles d’accueil ont vraiment acheté des médicaments et soigné la maladie. Beaucoup d’enfants ont dû compter sur l’aide d’autres personnes, par exemple d’autres membres de la famille ou des voisins, pour obtenir un traitement médical. Rosalie Y., neuf ans, a déclaré qu’elle était battue avec un fouet quand elle était fatiguée ou malade.145 Dora T., 14 ans, se souvient de ce qui lui est arrivé quand elle est tombée malade :

Une fois, je suis tombée malade, j’avais la malaria, on m’a emmenée à l’hôpital et j’avais besoin d’être soignée. Ma tante a refusé et elle a dit qu’elle n’avait pas d’argent. Parce que mon cousin est intervenu en ma faveur, ma tante a payé finalement pour le traitement.146

De plus, peu de filles domestiques reçoivent une éducation à la santé portant sur le VIH/SIDA et les droits humains en matière de reproduction. Le gouvernement et plusieurs ONG développent des programmes sur une éducation à la santé pour les adolescents, y compris sur le VIH/SIDA et sur les droits en matière de reproduction. Ils essaient d’atteindre le plus grand nombre possible de jeunes par le biais d’émissions de radio et de CD audio qui sont largement mis à la disposition des acteurs locaux.147

Mais comme la plupart des filles employées comme domestiques n’ont pas beaucoup d’occasions de sortir de l maison et de participer à des programmes d’éducation ou des événements sociaux, il est difficile d’atteindre ce groupe. Deux des filles interrogées qui ont eu très jeunes des expériences sexuelles ne semblaient pas connaître les risques de contamination par le VIH/SIDA. Par exemple, Claudine K., quand on lui a parlé de l’importance d’utiliser des préservatifs pour la prévention des maladies sexuellement transmissibles, a répondu qu’elle n’avait eu des relations sexuelles qu’une fois.148 Habiba C. a fait preuve du même manque de connaissances149. Toutefois, une autre fille qui a été violée de façon répétée par son tuteur, nous a dit : « Je connais les risques, mais je n’ai pas eu le choix. »150

Maltraitance psychologique, physique et sexuelle

Maltraitance psychologique

Peu des adultes qui ont engagé ou utilisé les enfants employées comme domestiques interrogées pour ce rapport ont rempli correctement leurs obligations vis-à-vis des filles sous leur responsabilité. Beaucoup de filles ont décrit à Human Rights Watch comment elles se sont senties  stigmatisées et rejetées par leur famille d’accueil ; elles ont été insultées, mises à l’écart et ridiculisées par les adultes qui devaient prendre soin d’elles. Elles ont souvent étaient maintenues à part des enfants de la famille. Elles ont été accusées de mentir, voler, coucher avec des hommes et d’être paresseuses.

Interrogée sur son expérience, Marianne N., 16 ans, a dit : « Le pire, c’est que ma tante m’a pris chez elle et puis elle m’a abandonnée. »151 Plusieurs filles employées comme domestiques se sont mises à pleurer en parlant de leurs expériences. Habiba C., dont le cas est évoqué ci-dessus, a dit : « J’étais vraiment fière de faire ces choses [apprendre à faire les travaux domestiques]. Je ne savais pas alors que l’enfer allait s’ouvrir devant moi. »152 Les conséquences psychologiques de la vie d’enfant travailleur domestique ne devraient pas être sous-estimées. Un rapport de l’OIT a conclu que la santé psychologique des enfants employés comme domestiques est parfois gravement affectée. Leur estime de soi est diminuée et ils ont des sentiments d’impuissance et de dépendance. Ceci s’aggrave quand les enfants ne sont pas autorisés à côtoyer d’autres enfants ou même qui que ce soit.153

Maltraitance physique

Les punitions corporelles des enfants sont courantes en Guinée. Un récent rapport a noté que malgré les précautions légales contre le fait de battre les enfants, il n’y a pas « de signe de leur application au châtiment corporel parental » en Guinée.154 Un rapport de 1999 du Comité relatif aux Droits de l’enfant a observé :

Bien que le Comité soit conscient du fait que le châtiment corporel est interdit par la loi, il demeure préoccupé par le fait que des attitudes sociétales traditionnelles considèrent encore l’utilisation du châtiment corporel par les parents comme une pratique acceptable.155

Presque toutes les filles employées comme domestiques interrogées par Human Rights Watch ont eu d’horribles expériences de maltraitance physique. La grande majorité des filles interrogées ont dit qu’elles avaient été battues et physiquement maltraitées par leurs tuteurs et  employeurs de facto. Elles ont été battues à coups de fouets, de câbles électriques, de ceintures, de bâtons, de balais, et autres instruments. Certaines ont dit qu’elles étaient battues quotidiennement. Rosalie Y, neuf ans, dont les cicatrices dans le dos étaient visibles, nous a dit :

Quelquefois, mes employeurs me battent ou m’insultent. Quand je dis que je suis fatiguée ou malade, ils me battent avec un fouet. Quand je fais quelque chose de mal, ils me battent aussi…. Quand je me repose, on me bat ou on me donne moins à manger. On me bat sur les fesses ou sur le dos.156

Brigitte M. de la ville de Pamelap, près de la frontière de la Sierra Leone, travaillait pour une femme à Conakry depuis l’âge de huit ans environ. Elle était aussi battue régulièrement, et porte encore une cicatrice sur la tête à la suite d’une agression par son employeur :

Je fais les travaux domestiques et je vends du piment. Quand il manque de l’argent, la femme me bat avec un balai. Une fois, elle m’a frappée sur la tête, pendant que je me bagarrais avec son enfant. Elle a pris une marmite et elle me l’a écrasée sur la tête.157

Mahawa B., huit ans, était battue si durement que sa mère l’a ramenée à la maison :

Ma tante me battait quand je n’avais pas ramené assez d’eau avec le seau de 20 litres. Elle me battait aussi pour d’autres choses, avec une ceinture. Une fois, j’ai été battue gravement et ma mère est venue me chercher. J’avais des blessures et ma mère les a vues.158

Une fille sierra-léonaise qui a été envoyée à Conakry comme travailleuse domestique pour échapper à la guerre qui sévissait dans son pays natal. Une ONG locale l’a aidée à trouver une famille d’accueil et l’a inscrite à l’école primaire. © 2007 Susan Meiselas/Magnun Photos

Une histoire particulièrement horrible de maltraitance physique est arrivée à Julie M. Elle a expliqué ce qui lui était arrivé à la fin 2006 :

J’ai eu pas mal de mauvaises expériences. Mais il y a un jour qui a été  particulièrement horrible. J’avais une amie chez nos voisins, et Binta [sa tutrice, pseudonyme] avait aussi une amie là. Ce jour-là, j’étais dans la cour des voisins, et un guérisseur est venu parce que leur enfant était malade. Quand le guérisseur est venu, il a dit que moi et l’autre bonne [chez Binta] nous étions des sorcières, que nous voulions manger l’enfant de la voisine. Ça a choqué Binta qui s’est mise à pleurer. Elle m’a envoyée chercher du feu chez les voisins pour faire la cuisine, et quand j’y suis allée, j’ai commencé à pleurer, j’ai mis du temps, je ne pouvais pas supporter cette accusation. Quand je suis revenue chez Binta avec le feu, elle était en colère et elle m’a demandé ce que j’avais fait tout ce temps. Elle a dit tu dois dire la vérité et reconnaître que tu es une sorcière, elle a pris un couteau et me l’a lancé, il m’a coupé la jambe. Ce jour-là m’a traumatisée. Elle a pris aussi des morceaux de verre et elle m’a coupée avec ça dans la jambe.… Je ne pouvais pas marcher et ça s’est mis à sentir. Il fallait que je continue à travailler…. Tout le quartier était choqué par le traitement que me faisait subir Binta. Un jour il pleuvait et Binta m’a envoyée chercher de l’eau. Une amie du voisinage m’a appelée et m’a proposé de m’enfuir. J’étais pieds nus mais je suis partie quand même.… Une femme du voisinage m’a aidée et m’a mise en contact avec AGUIAS.159

Sévices sexuels

Les relations sexuelles forcées sont une réalité en Guinée, du fait des dynamiques de pouvoir largement inégales entre les sexes et de la pauvreté endémique. L’existence du sexe de survie ou de transaction crée un environnement dans lequel le consentement d’une fille n’est pas considéré comme déterminant. Il y a une hypothèse très répandue selon laquelle les positions des filles à l’égard du sexe peuvent être facilement manipulées. Lorsqu’elles sont conscientes des risques des relations non protégées, les filles ont aussi beaucoup de difficultés à obtenir de leurs partenaires qu’ils utilisent des préservatifs.160 Les parents et les autres adultes responsables des filles ne considèrent généralement pas comme un objectif légitime  d’aider les filles à prendre le contrôle de leur sexualité, mais plutôt de limiter et de contrôler leur sexualité jusqu’à ce qu’elles soient mariées. Ils craignent la promiscuité, ou ce qui est parfois appelé la délinquance sexuelle et le vagabondage sexuel.161 Ce point de vue néglige le rôle des hommes comme initiateurs et dominateurs dans les relations sexuelles, et lorsqu’ils forcent les relations sexuelles même quand une fille ne donne pas son consentement ou qu’elle indique de façon explicite qu’elle n’est pas consentante; ces situations  équivalent au viol.

De nombreuses filles employées comme domestiques interrogées par Human Rights Watch ont indiqué avoir été harcelées sexuellement, exploitées sexuellement et violées. Quatorze filles ont parlé de leurs expériences. Le plus souvent, elles ont été approchées par des hommes vivant sous le toit familial, y compris le tuteur (le chef de famille), ses frères ou ceux de sa femme, ou leurs enfants. Certaines ont subi pendant des années des sévices sexuels prolongés et n’ont vu aucun moyen de se protéger ou de dénoncer le coupable.

Plusieurs filles nous ont dit en larmes qu’elles avaient été violées par des hommes de la maison dans laquelle elles vivaient. Susanne K., qui avait déjà été violée par un chauffeur de camion alors qu’elle essayait de parvenir seule de son village à Conakry, a relaté son expérience :

Quand ma tante quitte la maison, son mari profite de la situation et il couche avec moi. Quand je couche avec mon oncle, il ne finit pas son assiette et il me donne ses restes. Sinon je ne mange pas beaucoup, et quelquefois même rien. Je n’ai jamais de petit-déjeuner. Un garçon de la famille abuse aussi de moi sexuellement. Les abus de mon oncle et de ce garçon continuent.… Je voudrais que tout mon passé soit seulement un rêve.162

Brigitte M., qui a été recrutée par sa tutriceà un marché proche de Pamelap, a eu une expérience similaire :

Elle [la tutrice] va encore au marché près de Pamelap chaque semaine.Quand elle est partie, son mari me réveille et il me viole. Il m’a menacée avec un couteau et il a dit que je ne dois le dire à personne. Il le fait chaque fois que sa femme s’en va. J’ai peur. Si je le disais à sa femme, je ne saurais pas où vivre.163

Souvent, ces sévices sexuels continuent jusqu’à ce que la fille soit enceinte, et c’est alors que des ONG locales et d’auteurs acteurs de la communauté découvrent ces cas.164 Justine K., 18 ans maintenant, a vécu avec sa tante à Conakry depuis toute jeune. Elle n’y était pas heureuse, et à l’âge de 11 ans, elle a décidé d’aller travailler comme fille domestique pour une autre famille :

Le père travaillait pour CBG [Compagnie des Bauxites de Guinée] à Kamsar, mais il revenait à la maison pour les week-ends. Quand j’ai eu douze ans et que sa femme n’était pas à la maison un week-end, il est venu me trouver dans la cuisine et il m’a dit de venir dans sa chambre. Là il m’a attrapée et il s’est mis à me caresser. Je n’ai rien dit, mais j’ai réussi à me libérer et j’ai couru. Mais il m’a dit que si je ne revenais pas il me battrait jusqu’au sang, alors je suis revenue en pleurant. Ensuite il m’a violée. Ça a continué jusqu’à ce que j’aie à peu près 14 ans et je sois tombée enceinte. C’était le père qui m’avait mise enceinte. Je l’ai su quand j’ai arrêté d’avoir mes règles, mais je n’ai rien dit.  Pendant ce temps-là, le père venait encore me trouver pour le sexe. Mais un jour, il s’est aperçu que mon ventre grossissait et il m’a dit de sortir de la maison avant que sa femme revienne. Les enfants n’étaient pas là ce jour-là. La plupart de mes affaires ont été enveloppées dans un pagne. Il l’a jeté à travers la porte, il m’a poussée dehors et il a fermé la porte.165

Plusieurs filles ont été aussi exploitées sexuellement ; c’est-à-dire, elles ont accepté des relations sexuelles en échange de nourriture, d’argent ou de vêtements. Julie M. avait environ 11 ans quand le mari de la tutrice a commencé à avoir des relations sexuelles avec elle. Il lui donnait de 500 à 1500 GNF en échange.166 Une autre fille a eu des relations sexuelles avec un jardinier alors qu’elle avait neuf ou dix ans, pour pouvoir s’acheter une robe.167

Beaucoup d’autres filles ont été victimes de harcèlement sexuel. D’après un travailleur social d’une organisation locale, les filles finissent souvent par accepter d’avoir des relations sexuelles, parce qu’elles ne voient pas comment y échapper.168 Thérèse I. a déclaré :

Quelquefois quand je travaille, le mari de ma tutrice me claque les fesses. Je lui ai dit que je n’aime pas ça. Un jour, il voulait coucher avec moi. J’ai refusé. J’ai dit je ne peux pas faire ça. Alors il m’a dit de sortir de la maison. Quand la dame est rentrée à la maison, il lui a dit que j’avais couché avec un autre garçon du quartier. La femme a dit : « C’est pour ça que tu es venue ? Tu ne resteras pas avec nous. » Elle m’a obligée à dormir dehors cette nuit-là.169

Une fille malienne de 14 ans travaillant comme domestique à Conakry a été harcelée sexuellement de façon continuelle par son employeur, un chauffeur, jusqu’à ce qu’elle décide de retourner dans son pays.170

En plus du tuteur, des hommes plus jeunes et des adolescents de la maison essaient de faire pression sur les filles employées comme domestiques pour qu’elles aient des relations sexuelles avec eux. Liliane K. a réussi à mettre fin au harcèlement dont elle était victime de la part du fils de son tuteur. « Une nuit, il est arrivé et il a sauté sur moi. J’ai hurlé et tout le monde est arrivé en courant. La tutrice s’est mise très en colère contre son fils et lui a crié après. »171 D’autres filles ont aussi parlé à leurs tuteurs du harcèlement et des violences sexuelles dont elles étaient victimes. Dans certains cas, cela a suffi ; dans d’autres cas, les tuteurs ne les ont pas crues. Yvette Y., 15 ans, a eu ce problème avec son tuteur :

Le fils de mon oncle a une vingtaine d’années et il veut faire l’amour avec moi la nuit et pendant la journée, quand je suis seule avec lui à la maison. Quand je refuse ou que je l’insulte, il dit quelque chose de méchant sur moi. Il dit qu’il m’a vue avec d’autres garçons ou que j’ai menti. J’ai toujours refusé mais il continue d’insister. J’ai essayé d’en parler à mon oncle, mais il ne me croit pas. Et même il me bat quand j’en parle.172

Comme le montre cet exemple, parfois les filles qui sont victimes de sévices finissent par être celles qui sont punies. Dans un cas, une fille malienne travaillant comme domestique a brûlé un homme avec de l’eau bouillante, alors qu’il tentait de la violer. En conséquence, elle  a été arrêtée par les autorités guinéennes ; il n’y a pas eu d’enquête sur  les allégations de tentative de viol.173          

Aller chercher de l’eau ou travailler comme vendeuse ambulante a également exposé les filles au risque de sévices sexuels. Plusieurs filles ont subi du harcèlement sexuel ou des menaces de violence alors qu’elles étaient dans la rue. L’une d’entre elles a dit : « Je vais chercher de l’eau à 5 ou 6 heures le matin. Parfois, des types m’abordent. Quand ça arrive, je lâche le seau et je m’enfuis en courant. » 174

Les filles qui ont subi des agressions sexuelles ont souvent besoin d’aide médicale et psychologique ; le viol et le harcèlement sexuel causent des traumatismes.175 Cependant, les soins médicaux et l’aide psychologique sont rarement accessibles pour ces filles, qui ont peu d’informations sur les ressources dont elles peuvent disposer, ou qui ne sont pas autorisées à sortir de la maison de leur employeur. Si les quelques rares services existants n’essaient pas de parvenir de façon préventive jusqu’à ces filles, ils ont toute chance d’être inutiles à ces victimes.

Refus d’éducation

Seulement six des 40 filles et jeunes femmes interrogées avaient été à l’école pendant qu’elles travaillaient comme enfants domestiques. Les six filles ayant été à l’école avaient été scolarisées par AGUIAS, une ONG spécialisée dans les problèmes des filles employées comme domestiques. La grande majorité restait à la maison. Fréquemment, les filles domestiques étaient les seules à rester à la maison, tandis que les enfants biologiques du tuteur allaient à l’école.

En Guinée, l’enseignement primaire est obligatoire et – du moins en théorie– gratuit. Cependant, il y a des coûts significatifs associés à la scolarisation, tels que l’achat de matériel d’apprentissage, d’uniformes scolaires ou même de pupitre. Une étude a constaté que les coûts des livres, des uniformes, de nourriture, de transport et autres frais divers arrivaient à un total de 238$ par année scolaire.176

Le droit à l’éducation n’est pas seulement un droit important par lui-même. Il est aussi un droit qui donne du pouvoir ; c’est-à-dire qu’il permet aux personnes de réaliser leurs droits dans d’autres domaines. Des études ont montré que les filles et les jeunes femmes risquent moins de subir des discriminations, des violences et autres mauvais traitements, ainsi que d’être contaminées par le VIH, quand elles ont reçu une éducation.177

Dans certains cas, les tuteurs avaient promis aux parents des filles qu’ils les enverraient à l’école. Le tuteur de Brigitte M. s’est servi de la promesse qu’elle serait éduquée pour que son père accepte le recrutement de sa fille. Dès qu’ils sont arrivés à Conakry, Brigitte M. a dû travailler dur et « la promesse d’éducation n’a plus jamais été mentionnée. »178 Angélique S., qui a été envoyée pour qu’elle travaille chez les employeurs et propriétaires terriens de ses parents, était indignée et honteuse de ne pas avoir reçu d’éducation :

Je voulais partir parce que tous les autres enfants vont à l’école, sauf moi. Même les enfants les plus petits vont à l’école. J’en ai eu assez. J’avais honte de ne pas aller à l’école et je mentais à ce sujet. Mes employeurs ont promis que j’irais à l’école. Mais la femme ne fait rien pour mon avenir. Je n’ai pas de salaire. Ma mère ne reçoit pas d’argent non plus. Ma mère leur est reconnaissante. Mais mon père ne voulait pas que j’y aille. Ma mère est venue ici à un moment. Elle a demandé à la femme si elle m’envoyait à l’école. Elle a dit qu’elle m’enverrait à l’école bientôt. Après, j’ai dit à ma mère que ça ne se faisait pas, les autres enfants vont à l’école, et moi je reste en arrière. La tutrice refuse. Elle veut que je reste à la maison faire les travaux domestiques.179

Angélique a été finalement aidée par une association locale, Action Contre l’Exploitation des Enfants et des Femmes (ACEEF), qui lui a trouvé un apprentissage de couturière et a négocié avec son employeur pour que cela soit possible.

Quand les filles étaient plus âgées, les tuteurs ont promis parfois une formation professionnelle ou un apprentissage. Caroline C., dont le cas est mentionné ci-dessus, est venue à Conakry à l’âge de 14 ans. L’intermédiaire qui l’a placée comme enfant employée domestique lui a promis ainsi qu’à ses parents qu’elle apprendrait un métier. Cependant, son tuteur n’a jamais tenu cette promesse :

De toutes façons, je suis venue pour apprendre un métier, pas pour de l’argent. Ce qui m’ennuie c’est que je n’apprends pas un métier. Je veux apprendre la coiffure.180

Qu’une éducation ou un apprentissage ait été promis ou pas, beaucoup de tuteurs ont adopté une attitude méprisante envers les filles qui se trouvaient sous leur garde et ont en général balayé rapidement pareilles demandes. Une tutrice a expliqué pourquoi elle n’avait pas envoyé sa nièce à l’école :

[Marianne] m’a été donnée par mon frère, pour que je l’élève à la ville et que je lui trouve un mari ici. On ne m’a pas dit de l’envoyer à l’école, et ses frères et sœurs au village non plus ne vont pas à l’école, alors pourquoi est-ce que je devrais l’envoyer ?… La fille n’est pas très intelligente.181

On a dit à certaines qu’il n’y avait pas d’argent pour les envoyer à l’école ou faire un apprentissage. C’est seulement lorsqu’une ONG locale est intervenue que des tuteurs parfois ont accepté d’envoyer les enfants à l’école pu ont permis à des filles plus âgées de suivre un apprentissage. Toutefois, cela a exigé généralement des négociations difficiles et un engagement financier de la part de l’ONG à payer les coûts de scolarisation ou d’apprentissage. Souvent les filles ont trouvé difficile de remplir la double attente qui pesait maintenant sur elles. Le directeur adjoint d’une école primaire a expliqué :

Il y a parfois des problèmes avec les filles travaillant comme domestiques, quand les tutrices ne les laissent pas venir. Il y en a qui travaillent beaucoup

Claudine K. vit avec sa tante comme enfant domestique et marchande ambulante depuis l’âge de six ans environ. Elle travaillait environ 15 heures par jour et était régulièrement battue. Un jour, le chef de quartier (autorité locale) a dit aux jeunes d’assister à une réunion de AGUIAS, qui inscrivait les enfants non scolarisés. Elle a demandé leur aide et ils l’ont inscrite à l’école primaire, avec l’accord de la tante. Si la situation de Claudine s’est beaucoup améliorée, aller à l’école demeure un défi pour elle :

Je vis toujours avec ma tante. Je fais toujours des travaux ménagers chez elle, après l’école. Comme nous avons classe le matin et l’après-midi, quelquefois elle m’empêche de venir ici [à l’école]. Le professeur ne connaît pas mon problème. Je dois finir mon travail du ménage d’abord, alors je fais mes devoirs tard le soir ou parfois je ne les fais pas.

Les filles plus âgées qui ont suivi des apprentissages en couture, coiffure ou autres métiers, ont fait état de problèmes similaires. Leurs tuteurs les surchargeaient de travail, de sorte qu’elles ne pouvaient pas être à l’heure ou étaient trop fatiguées.

Christine C., dix ans, était l’une des rares filles à nous avoir dit qu’elle avait été heureuse de rester chez une parente en ville – une cousine, dans son cas.  Elle est allée à l’école à Conakry jusqu’au cours élémentaire, avant que sa mère ne l’en sorte et ne la fasse revenir au village.184 Beaucoup d’autres filles interrogées ont exprimé le désir d’aller à l’école ou de suivre un apprentissage. 

Traite

La dimension exacte du problème de la traite d’enfants en Guinée est difficile à déterminer. Il y a peu de statistiques fiables, et les limites sont parfois floues entre traite et migration courante, et entre traite et exploitation par le travail. Si certains observateurs considèrent que le problème est largement répandu, d’autres maintiennent que le problème de la traite est limité. L’étude de l’OIT sur le travail des enfants en Guinée mentionnée ci-dessus a conclu que 22,4 pour cent des 6037 enfants interrogés étaient victimes de la traite.185 D’autres études en Guinée186 et au Mali187 ont conclu qu’une proportion relativement faible des enfants travailleurs émigrés interrogés avaient été réellement victimes de la traite.

Comme expliqué ci-dessus, la traite d’enfants est le recrutement, le transport, le transfert, le recel ou la réception d’un enfant dans le but de l’exploiter. Donc il y a traite lorsque plusieurs éléments se combinent : le recrutement, le transport ou le transfert et  l’exploitation, telles que l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle ; le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, et la servitude.

Certaines des filles employées comme domestiques interrogées dans le cadre de cette recherche peuvent être considérées comme des victimes de la traite. Voici des exemples de ces cas : 

  • Quand elle avait à peu près huit ans, Brigitte M. a été donnée par son père à une femme, à la suite de la mort de sa mère et de son frère. Elle effectuait tous les travaux ménagers sans être payée et était fréquemment battue. En outre, le tuteur la violait régulièrement. Elle dormait sur la véranda et mangeait les restes. Elle disait qu’elle aimerait partir mais ne savait pas où aller ; elle ne savait pas si son père était encore vivant.
  • Quand elle était toute jeune, Laure F. a été donnée à une amie de son père pour vivre et travailler chez elle. Elle devait travailler dès le matin de bonne heure jusqu’au soir. Elle ne recevait pas de salaire régulier, même si on lui donnait un petit peu d’argent de façon occasionnelle. Elle était battue régulièrement, particulièrement quand sa tutrice trouvait qu’elle n’avait pas terminé son travail. Elle était traitée de façon différente des enfants de la tutrice ; elle devait dormir par terre et n’allait pas à l’école. Elle n’était pas autorisée à sortir.  
  • A l’âge de 12 ans, Thérèse I. a été envoyée avec une femme qui l’a emmenée travailler pour sa sœur. Là, elle devait travailler environ 18 heures par jour. Elle ne percevait pas de salaire et était battue régulièrement, en particulier quand elle essayait de se reposer. Elle n’avait pas assez à manger. Elle était harcelée sexuellement par le chef de famille. Elle voulait s’en aller mais elle croyait que sa tutrice ne lui permettrait pas de partir. Sa mère avait quitté le pays et Thérèse ne connaissait pas de membres de la parenté chez qui aller.
  • Mariame C., une Malienne âgée de 14 ans, a été abordée par une femme à Bamako, qui lui a dit qu’elle pourrait gagner plus d’argent à Conakry. Elle l’y a envoyée ainsi qu’une autre fille malienne. La femme travaillait avec un chauffeur qui les a amenés sur leurs lieux de travail à Conakry. Mariame C. travaillait sans être payée et se voyait parfois refuser la nourriture.
  • Quand Florienne C., une Malienne de 12 ans, est allée avec une femme intermédiaire ainsi que trois autres filles de Bamako à Conakry. La intermédiaire a envoyée la fille malienne travailler pour une famille à Conakry. Elle a travaillé dans cette maison pendant un an et trois mois, mais elle a été mise à la porte après s’être disputée avec la sœur de la tutrice. Elle n’a pas reçu de salaire, qui semble avoir été conservé par l’intermédiaire à Conakry. Elle a ensuite été envoyée pour travailler ailleurs pendant deux ans. Quand elle a voulu s’en aller, sa tutrice a refusé de lui donner de l’argent et s’est contentée de la payer en nature. 

Florienne C., 17 ans, avec son enfant. Elle est venue à Conakry à l’âge de 12 ans pour travailler comme domestique. Elle est retournée récemment dans son village au Mali,  avec l’aide de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et d’ONG locales. © 2007 Susan Meiselas/Magnun Photos

Si la traite est une atteinte grave et complexe aux droits humains, elle n’est qu’une partie d’un ensemble plus large de problèmes relatifs à la protection de l’enfant. Beaucoup de filles employées comme domestiques en Guinée ne sont pas victimes de la traite, mais souffrent d’exploitation par le travail, de maltraitance physique, d’exploitation sexuelle, de manque d’éducation et de discrimination en fonction du sexe. Les mesures politiques devraient s’appuyer sur une perspective plus large de la protection de l’enfant, afin d’empêcher et de répondre à l’ensemble complet des abus, et ne pas se spécialiser sur la traite seulement. Cette préoccupation a été exprimée très justement par une étude sur la traite et la migration des enfants dans la région :

De notre point de vue, une action immédiate est nécessaire pour améliorer les conditions de vie et de travail de tous les enfants travailleurs, à la fois pour améliorer leur qualité de vie et pour les rendre moins vulnérables aux abus, à la maladie, et aux propositions alléchantes de travail dans leur champ d’activité, ainsi que pour les rendre moins vulnérables vis-à-vis des trafiquants qui cherchent à les exploiter…. Nous croyons fermement que les enfants en Afrique de l’Ouest bénéficieront davantage des politiques et des actions entreprises en accord avec cette recommandation que de priorités limitées plus étroitement à l’élimination de la traite des enfants.188

Un avenir incertain : ce que font les filles une fois qu’elles ne sont plus dans le service domestique

Les filles arrêtent le service domestique de multiples façons. Certaines sont rappelées par leur famille, par exemple parce qu’il y a eu des problèmes avec la famille de leur employeur. Quand ces filles retournent dans leur village, les parents essaient souvent de les marier rapidement, même si elles n’ont pas encore dix-huit ans ; les filles peuvent être mariées dès l’âge de 11 ans.189 Beaucoup des mariages sont arrangés. Plusieurs des filles domestiques maliennes ont expliqué qu’elles se marieraient dès leur retour de Guinée.190 Un membre du personnel de l’ambassade malienne a même encouragé le père d’une fille domestique malienne à le faire, car il semblait considérer cela comme une solution sûre et honorable.191 Marianne N., dont le cas a été mentionné ci-dessus, a connu de graves problèmes alors qu’elle était fille domestique. Après sa fuite manquée en Guinée, et la naissance de son bébé issu d’un viol, elle a été renvoyée dans sa famille, où elle a été mariée.192

Les filles en ville peuvent aussi être mariées, mais elles peuvent plus facilement influencer le choix du partenaire et le moment. Elles peuvent aussi essayer d’accéder à une éducation, ou les plus âgées peuvent essayer de suivre un apprentissage. Beaucoup d’anciennes filles employées comme domestiques font des apprentissages dans des domaines considérés comme du travail « de femme », comme la couture et la coiffure. Ces métiers semblent être considérés comme véhiculant un statut social inférieur ; il semble aussi y avoir un tel nombre de couturières et de coiffeuses que beaucoup d’entre elles seront inévitablement au chômage.

Deux anciennes employées domestiques interrogées par Human Rights Watch travaillent actuellement comme travailleuses du sexe, appelées filles libres en Guinée. Stéphanie S., vingt-trois ans, a travaillé comme fille domestique de quinze à dix-neuf ans. Si tout d’abord elle était bien payée, son employeur a refusé par la suite de lui verser son salaire complet, et elle a eu des conflits fréquents avec la tutrice. Finalement,elle a quitté cet emploi et a commencé à vendre du poisson et des hamburgers à Kilomètre Trente-Six, une agglomération urbaine qui sert d’étape à la plupart des déplacements routiers vers ou depuis Conakry. Plus tard, elle a décidé de devenir travailleuse du sexe.193 Une autre fille libre a expliqué qu’elle avait travaillé sans être payée comme domestique, avant de démarrer sa propre petite affaire de vente de chaussures.194 Toutefois, il ne semble pas que l’exploitation dans le service domestique soit un facteur important pour devenir travailleuse du sexe. Une étude de Population Services International sur les travailleuses du sexe en Guinée a constaté que la plupart des filles et des jeunes femmes devenaient des prostituées après avoir connu le divorce, la séparation ou la mort de leur mari. Beaucoup d’autres avaient des relations difficiles avec leur propre famille.195




93 Guinée Stat Plus / BIT, “Etude de base sur le travail des enfants en Guinée”, p.7-8. p.49.

94 Guinée Stat Plus / BIT, “Etude de base sur le travail des enfants en Guinée”, p. 52-53.

95 Entretiens de Human Rights Watch avec le ministre des Affaires sociales et des responsables de l’UNICEF, décembre 2006.

96 Entretien de Human Rights Watch avec Christine C., Forécariah, 7 février 2007.

97 Fafo Institute for International Studies, “Travel to Uncertainty”, p.7-11.

98 Human Rights Watch, Letting them Fail. Government Neglect and the Right to Education for Children Affected by AIDS, vol. 17, no. 13(A), octobre 2005, http://hrw.org/reports/2005/africa1005/africa1005.pdf  (Consulté le 4 mai 2007); UNESCO, “Confiage scolaire en Afrique de l’Ouest, Background paper prepared for the Education for All Global Monitoring Report”, 2004/ED/EFA/MRT/PI/58, 2003, http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001468/146879f.pdf (Consulté le 15 mars 2007), p.22-25; Sonia Bhalotra, “Child Labor in Africa”, OCDE, Documents de travail sur les migrations, l’emploi et le social, 4 avril 2003, http://www.oecd.org/dataoecd/28/21/2955692.pdf (Consulté le 4 mai 2007).

99 Paulo Sérgio Pinheiro, World Report On Violence Against Children (New York: Nations Unies 2006), http://www.violencestudy.org/IMG/pdf/3._World_Report_on_Violence_against_Children.pdf  (Consulté le 7 mai 2007), p.45-107.

100 Convention sur l’âge minimum, art. 2, http://www.ohchr.org/english/law/ageconvention.htm (Consulté le 21 mars 2007). La Guinée a ratifié la Convention sur l’âge minimum le 6 juin 2003. Voir aussi chapitre IV sur le cadre législatif, ci-après.

101  Pour plus de détails, voir chapitre IV sur le cadre législatif, ci-après.

102 Guinée Stat Plus/ Bureau International du Travail, “Etude de base sur le travail des enfants en Guinée”, p.56. Les enfants soumis aux pires formes du travail des enfants ont eu aussi plus de chances d’être payés.  Pour la définition des “pires formes du travail des enfants”, voir chapitre IV sur le cadre législatif.

103 C’est le taux de change de facto en Guinée, du fait de l’inflation. Le taux de change officiel cité par  www.xecom est de 1 $ US pour 3430,25 GNF, http://www.xe.com/ucc/convert.cgi (Consulté le 9 mai 2007). Ce rapport utilise le taux de change réaliste de 1 $US pour  6000 GNF.

104 Quand des filles ont plusieurs emplois, ce tableau indique le plus haut salaire reçu. Par exemple, Michèle T. avait deux emplois ; elle n’était pas payée dans le premier emploi, mais recevait 75 000 GNF dans son second emploi, et elle est donc représentée ici dans la catégorie “au-dessus de 50 000 GNF”.

105 Voir chapitre I, « Pauvreté et crise économique » et « Rôles selon le sexe et accès inégal à l’éducation ».

107 Entretien de Human Rights Watch avec Justine K., 18 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

108 Entretien de Human Rights Watch avec Francine B., 18 ans, Conakry, 8 décembre 2006.

109 Liste de sept cas d’employées domestiques maliennes à Conakry, septembre 2002 – novembre 2003, archivé par Human Rights Watch. 

110 Entretiens de Human Rights Watch avec Carine T., 22 ans, Nadine T., 18 ans, et Vivienne T., 17 ans, Conakry, 8 février 2007.

112 Entretien de Human Rights Watch avec une jeune femme malienne à Conakry, 9 février 2007.

113 Entretien de Human Rights Watch avec une femme du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 8 décembre 2007.

115 Entretien de Human Rights Watch avec le vice-président du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 6 février 2007.

116 Entretien de Human Rights Watch avec une jeune femme malienne à Conakry, 9 février 2007.

117 Entretien de l’ACEEF avec Berthe S., Forécariah, 17 ans, 7 février 2007.

118 Entretien de Human Rights Watch avec Georgette M., 16 ans, Conakry, 7 décembre 2006.

119 Entretien de Human Rights Watch avec Ramatoulaye Camara, Directrice de l’Unité Enfance en Danger, Conakry, 7 décembre 2006.

120 Entretien de Human Rights Watch avec Rosalie Y., 9 ans, Forécariah, 7 fevrier  2007.

121 Organisation mondiale de la sante, “World Water Day 2001”, http://www.worldwaterday.org/wwday/2001/report/ch1.html (Consulté le 3 avril, 2007).

122 Voir chapitre IV sur le cadre législatif.

124 Entretien de Human Rights Watch avec Claudine K., 14 ans, Conakry, 8 février 2007.

125 Entretien de Human Rights Watch avec Susanne K., 16 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

126 Entretien de Human Rights Watch avec Thérèse I., 14 ans, Conakry, 8 décembre 2006.

127 Entretien de Human Rights Watch avec Brigitte M., 15 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

128 Entretien de Human Rights Watch avec Justine K., 18 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

129 Entretien de Human Rights Watch avec Dora T., 14 ans, Conakry, 5 février 2007.

130 Entretien de Human Rights Watch avec Thérèse I., 14 ans, Conakry, 8 décembre 2006.

131 Entretien de Human Rights Watch avec Mariame C., 13 ans, Conakry, 8 février 2007.

133 Entretiens de Human Rights Watch avec des filles domestiques, Conakry et Forécariah, décembre 2006 et février 2007.

134 Entretien de Human Rights Watch avec Laure F., 18 ans, Conakry, 8 décembre 2006.

135 Entretien de Human Rights Watch avec Caroline C., 17 ans, Conakry, 7 décembre 2006.

136 Entretien de Human Rights Watch avec la tutrice de Marianne N., 16 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

137 Voir chapitre II.4. sur les risques pendant le voyage ; Entretien de Human Rights Watch avec Marianne N., 16 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

138 Entretien de Human Rights Watch avec Justine K., 18 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

139 Entretien de Human Rights Watch avec Michèle T., 20 ans, Conakry, 8 février 2007.

140 Entretien de Human Rights Watch avec Alice D., 17 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

141 Entretien de Human Rights Watch avec Sylvie S., 13 ans, Conakry, 7 décembre 2006.

143 Entretien de Human Rights Watch avec Thérèse I.,  14 ans, Conakry, 8 décembre 2006.

144 Entretien de Human Rights Watch avec Dora T., 14 ans, Conakry, 5 février 2007.

145 Entretien de Human Rights Watch avec Rosalie Y., 9 ans, Forécariah, 7 février 2007.

146 Entretien de Human Rights Watch avec Dora T., 14 ans, Conakry, 5 février 2007.

147 Entretien de Human Rights Watch avec un représentant de Population Services International, Conakry, 4 février 2007.

148 Entretien de Human Rights Watch avec Claudine K., 14 ans, Conakry, 8 février 2007.

149 Entretien de Human Rights Watch avec Habiba C., 14 ans, Conakry, 8 février 2007.

150 Entretien de Human Rights Watch avec Brigitte M., 15 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

151 Entretien de Human Rights Watch avec Marianne N., 16 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

152 Entretien de Human Rights Watch avec Habiba C., 14 ans, Conakry, 8 février 2007.

153 Bureau International du Travail, Genève, Coup de main ou vie brisée ? Comprendre le travail domestique des enfants pour mieux intervenir (Genève : Organisation Internationale du Travail, 2004), p.51, http://www.ilo.org/public/english/standards/ipec/publ/download/cdl_2004_helpinghands_en.pdf (Consulté le 22 mars 2007).

154 Initiative globale pour la fin des châtiments corporels contre les enfants, “Ending legalized violence against children, Global Report 2006”, 2006, fn. 54, p.46,  http://www.endcorporalpunishment.org/pages/pdfs/GlobalReport.pdf (Consulté le 4 avril 2007).

155 Comité de l’ONU relatif aux Droits de l’enfant, “Considerations of Reports Submitted By States Parties Under Article 44 of the Convention, Concluding Observations: Guinea”, CRC/C/15/Add.100, 10 mai 1999, http://www.unhchr.ch/tbs/doc.nsf/(Symbol)/CRC.C.15.Add.100.En?OpenDocument (Consulté le 4 avril 2007).

156 Entretien de Human Rights Watch avec Rosalie Y.,  9 ans, Forécariah, 7 février 2007.

157 Entretien de Human Rights Watch avec Brigitte M., 15 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

158 Entretien de Human Rights Watch avec Mahawa B., 8 ans, Forécariah, 7 février 2007.

159 Entretien de Human Rights Watch avec Julie M., Conakry, 8 février 2007. Les accusations de sorcellerie contre des enfants non désirés sont aussi connues en République Démocratique du Congo. Voir Human Rights Watch, Quel avenir ? Les enfants de la rue en République démocratique du Congo, Vol.18, Nr. 2(A), avril 2006, http://hrw.org/reports/2006/drc0406/drc0406web.pdf (Consulté le 29 avril 2007).

160 Nancy Luke et Kathleen M. Kurz, “Cross-Generational and Transactional Sexual Relationships in Sub-Saharan Africa: Prevalence of Behavior and Implications for Negotiating Safer Sexual Practices”, septembre 2002, p.28., http://www.icrw.org/docs/CrossGenSex_Report_902.pdf (Consulté le 8 mai 2007); Ministère de l’Enseignement Pré universitaire et de l’Education Civique, “Etude sur la violence scolaire et la prostitution occasionelle”.

161 Direction Nationale de l’éducation pré-scolaire et de la protection de l’enfance (DNEPPE)/ UNICEF, Etude: Exploitation sexuelle des filles domestiques, août 2005, p. 27.

162 Entretien de Human Rights Watch avec Susanne K., 16 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

163 Entretien de Human Rights Watch avec Brigitte M., 15 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

164 Entretien de Human Rights Watch avec un membre de AGUIAS, Conakry, 8 décembre 2006; Entretien de Human Rights Watch avec le vice-président du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 6 février 2007.

165 Entretien de Human Rights Watch avec Justine K., 18 ans,Conakry, 6 décembre 2006.

166 Entretien de Human Rights Watch avec Julie M., 13 ans, Conakry, 8 février 2007.

167 Entretien de Human Rights Watch avec Claudine K., 14 ans, Conakry, 8 février 2007.

168 Entretien de Human Rights Watch avec un membre de AGUIAS, Conakry, 8 février 2006.

169 Entretien de Human Rights Watch avec Thérèse I., 14 ans,Conakry, 8 décembre 2006.

170 Entretien de Human Rights Watch avec une jeune femme malienne à Conakry, 9 février 2007.

171 Entretien de Human Rights Watch avec Liliane K., 14 ans, Conakry, 8 février 2006.

172 Entretien de Human Rights Watch avec Yvette Y., 15 ans, Conakry, 8 décembre 2006.

173 Entretien de Human Rights Watch avec le vice-président du Haut Conseil des Maliens, Conakry, 6 février  2007.

174 Entretien de Human Rights Watch avec Habiba C., 14 ans, Conakry, 8 février 2007.

175 Secrétaire général de l’ONU, “In-depth study on all forms of violence against women”, 6 juillet 2006, A/61/122/add.1, p.47-48, http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N06/419/74/PDF/N0641974.pdf?OpenElement (Consulté le 5 avril 2007). 

176 Ministère de l’Enseignement Pré-universitaire, Etude sur la violence scolaire et la prostitution occasionelle, p.14.

177 Action Aid, “The Impact of Girl’s Education on HIV and Sexual Behavior”, Education and HIV Series 01, 2006, http://www.ungei.org/resources/files/girl_power_2006.pdf (Consulté le 8 mai 2007); UNICEF, The State of the World’s Children 2007 (New York: UNICEF 2006), p. 1-15, http://www.unicef.org/sowc07/docs/sowc07.pdf (Consulté le 10 avril 2007).

178 Entretien de Human Rights Watch avec Brigitte M., 15 ans, Conakry, 6 décembre 2006.

179 Entretien de Human Rights Watch avec Angélique S., 15 ans, Conakry, 7 décembre 2006.

180 Entretien de Human Rights Watch avec Caroline C., 17 ans, Conakry, 7 décembre 2006.

181 Entretien de Human Rights Watch avec la tutrice de Marianne N., Conakry, 6 décembre 2006.

184 Entretien de Human Rights Watch avec Christine C., 10 ans, Forécariah, 7 février 2007.

185 Guinée Stat Plus / BIT, “Etude de base sur le travail des enfants en Guinée”, p.75-76. 

186 Stat View International, “Enquête Nationale sur le Trafic des Enfants”, l’étude a conclu que 30 enfants sur 2000 étaient victimes de trafic (1,5 pour cent).

187 Castle and Diarra, The International Migration of Young Malians, p.15. L’étude a conclu que 4 enfants sur  950 étaient victimes de la traite.

188 Fafo Institute of International Studies, “Travel to Uncertainty. A study of child relocation in Burkina Faso, Ghana and Mali”, p. 55.

189 UNICEF, “At a glance: Guinea”, http://www.unicef.org/infobycountry/Guinea_statistics.html (Consulté le 15 mai 2007); Département d’Etat des Etats-Unis, Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail, “Country Reports on Human Rights Practices – 2006: Guinea”, mars 2006, http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2006/78738.htm (Consulté le 1er mai 2007).

190 Entretiens de Human Rights Watch avec des filles domestiques maliennes, Conakry, 9 février 2007.

191 Entretien de Human Rights Watch avec Berdougou Moussa Koné, Consul à l’ambassade malienne en  Guinée, Conakry, 5 février 2007.

192 Entretien téléphonique avec Assatou Barry, directrice de AGUIAS, mars 2007. 

193 Entretien de Human Rights Watch avec Stéphanie S., 23 ans, Kilomètre Trente-Six, 9 février 2007.

194 Entretien de Human Rights Watch avec Elise N., âge non communiqué, Kilomètre Trente-Six, 9 février 2007.

195 Population Services International, “Enquête quantitative sur les MST/VIH/SIDA auprès des filles libres en Guinée” (Conakry, décembre 2005). L’étude était basée sur un échantillon de 435 travailleuses du sexe.