Rapports de Human Rights Watch

VI. Conclusion

Les filles domestiques en Guinée travaillent de longues heures pour peu ou pas d’argent, et sont régulièrement privées d’un sommeil suffisant, ainsi que de repos, de nourriture, de soins médicaux et d’éducation. Elles sont également privées de contacts sociaux et des soins aimants de leurs parents ou de leurs tuteurs. Les individus qui se rendent complices de cette négligence et de ces abus sont les parents, qui envoient les filles faire des travaux domestiques et ne gardent pas avec elles un contact étroit ; les intermédiaires, qui ne vérifient pas le bien-être des enfants ; et les membres de la famille élargie ainsi que les personnes extérieures à la famille, qui emploient ou hébergent les filles comme employées domestiques, mais ne remplissent pas leurs devoirs de tuteurs et d’employeurs.

Le gouvernement n’a pas encore mis en place de politique satisfaisante pour répondre aux graves abus dont sont victimes les filles employées comme domestiques, et donc  il ne protège pas ces filles. Actuellement, peu d’efforts sont faits pour scolariser dans l’enseignement primaire les enfants travaillant comme domestiques, ce qui leur permet de devenir indépendantes grâce à l’éducation. Il n’existe pratiquement pas de système de protection de l’enfant en Guinée; les ONG nationales font un travail important de protection de l’enfant mais ne peuvent combler cette immense lacune, et fonctionnent actuellement sans un cadre juridique approprié, ce qui pourrait même entraîner des abus et d’autres violations des droits humains. L’exploitation et les violences contre les enfants travailleuses domestiques ne font généralement pas l’objet d’enquêtes ni ne sont sanctionnées. Souvent, des situations qui équivalent à des sévices corporels et sexuels, à de l’exploitation au travail, de la traite et du travail forcé, ne sont pas définies comme telles et ne sont donc pas nécessairement considérées comme des crimes. Le nouveau gouvernement guinéen s’est engagé à améliorer les conditions de vie des citoyens, en particulier des jeunes. Il a aussi annoncé que la justice serait une des clés d’un avenir meilleur. Il devrait traduire cet engagement en actes, en adoptant des mesures concrètes pour assurer une plus grande protection et de meilleures opportunités aux dizaines de milliers de filles employées domestiques en Guinée et dans la région.