I. SommaireLe conflit dans l’Etat du Delta du Nigeria pendant l’année 2003 a conduit aux meurtres de centaines de personnes, le déplacement de milliers, et la destruction de centaines de propriétés. Parmi les victimes se trouvent probablement des dizaines qui ont été tuées par les forces de sécurité. Bien que la violence ait des dimensions — la fois politiques et ethniques, il s’agit principalement d’une lutte d’argent. Au Nigeria, le contrôle du gouvernement correspond — un contrôle pratiquement non-vérifié des ressources. L’Etat du Delta, qui produit 40 pourcent du pétrole du Nigeria et reçoit 13 pourcent des recettes des productions de l’Etat, connaît une division particulièrement controversée entre les positions et structures politiques et gouvernementales, pour lesquelles les représentants des différents groupes ethniques se battent. La nature frauduleuse des élections étatiques et fédérales dans l’Etat du Delta en 2003, comme en 1999, signifie qu’il y a peu d’espoir de transformer les structures politiques par les moyens démocratiques, et les élections deviennent un foyer de violence. En plus, les factions en opposition se battent pour le contrôle du vol du pétrole brut, siphonné des pipelines des joint-ventures qui opèrent l’industrie pétrolière du Nigeria, appelé localement «bunkering» (anglais : illegal oil bunkering). Le pétrole siphonné dans des opérations illégales compte pour peut-être 10 pourcent de la production pétrolière du Nigeria, et ceux qui vendent le pétrole volé, ayant des coûts faibles, font des profits énormes de ce commerce. Les hommes politiques, ainsi que les patrons de ce trafic illégal (parfois les mêmes personnes) ont des milices de jeunes armées afin d’assurer leur réélection ou pour défendre leurs opérations. Parmi les autres facteurs qui contribuent au conflit se trouvent la facilité avec laquelle on trouve de petites armes ainsi que l’impunité pour les abus commis par tous les camps, y compris les forces de sécurité, depuis les premiers affrontements sérieux dans l’Etat du Delta en 1997. Enfin, la corruption et la mauvaise gestion du gouvernement ont laissé la région, de laquelle le Nigeria dérive sa prospérité, pauvre et sous-développée et ont créé une large classe de jeunes hommes n’ayant aucun espoir de trouver du travail légitime qui répondrait — leurs ambitions, et qui sont facilement recrutés — la violence. A cause de l’échelle de la violence durant la dernière année — qui a été décrite — Human Rights Watch par plusieurs personnes comme une guerre — et parce qu’un grand nombre des abus qui auraient été commis l’ont été dans les mangroves qui ont été inaccessibles pendant la plus grande partie de 2003, Human Rights Watch n’a pas pu documenter ces abus d’une manière systématique et compréhensive. Le compte rendu qui suit est en partie basé sur nos propres recherches en septembre 2003, mais aussi sur les rapports d’observateurs informés, parmi lesquels des organisations non gouvernementales (ONG’s), des porte-paroles gouvernementaux, des employées des compagnies pétrolières, des journalistes ainsi que les assertions des dirigeants politiques des trois groupes ethniques impliqués dans la violence — les Ijaws, les Itsekiris et les Urhobos. Les gens ordinaires dans tous les camps ont été victimes de violence et continuent de souffrir les conséquences des combats ; mais il semble que les Itsekiris, le plus petit parmi les trois groupes, ont été les principales victimes de la violence en 2003, pour une grande partie commise par les milices Ijaws organisées. Il y a un besoin urgent d’enquêtes détaillées et objectives et de rapports sur les abus qui ont eu lieu, — la fois par des commissions officielles et par les organisations non gouvernementales, pour mettre fin — l’impunité qui a caractérisé la crise. En particulier, une échelle de la destruction matérielle et des pertes humaines dans les zones fluviales doit être documentée d’urgence. Ceux qui seraient responsables de meurtres et d’autres crimes doivent être menés devant la justice en respectant les procédures légales. Il sera difficile de trouver une solution permanente qui pourrait mettre fin — la violence dans l’Etat du Delta. Une telle solution doit comprendre — la fois un effort sérieux de la part du gouvernement pour résoudre les questions politiques en dispute, parmi lesquelles l’allocation équitable et efficace des ressources gouvernementales, et la restauration de l’ordre public d’une manière efficace, impartiale et respectueuse des lois par les forces de sécurité. Les personnes responsables des meurtres et d’autres crimes doivent être menés devant la justice. Une solution qui prend en compte toutes les demandes des différents groupes ethniques doit être négociée, et de nouvelles élections devraient être tenues dans l’Etat du Delta, ainsi que dans les autres Etats ou les moniteurs nationaux et internationaux ont conclu que le niveau de fraudes et de violences qui a entouré les élections de 2003 a été tellement élevé que les normes internationales pour des élections démocratiques n’ont pas été respectées. Une contribution pour mettre fin — la violence serait un effort vers la création d’un système de « certification » de l’origine légitime du pétrole brut afin de réduire la demande de pétrole volé et ainsi même les fonds allant — ceux qui organisent une grande partie des milices ethniques.
|