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III. Genèse de la guerre

La guerre au Burundi a commencé en octobre 1993 suite à l’assassinat du président Melchior Ndadaye par un groupe d’officiers de l’armée tutsi. Ndadaye, qui avait été élu librement et légitimement quelques mois plus tôt, était le premier Hutu à obtenir le statut de chef d’état au Burundi. Les tentatives précédentes de la majorité hutu pour obtenir le partage du pouvoir avaient été réduites à néant par les Tutsi, une minorité représentant environ quinze pour cent de la population et qui domine alors la vie politique, économique et sociale du pays. Après le meurtre de Ndadaye, des groupes armés hutu ont massacré, parfois sous les ordres des dirigeants administratifs ou politiques locaux, des milliers de Tutsi. De son côté, l’armée, dominée par les Tutsi, a abattu des milliers de Hutu.1

Certains partisans de Ndadaye et d’autres combattants prirent les armes et formèrent trois mouvements rebelles. En 2002, deux de ces mouvements demeuraient actifs : les FDD, avec près de 10.000 combattants, et les FNL, avec moins de 3.000 recrues. À la fin de l’année 2001, les FDD se scindaient, le plus grand nombre suivant Pierre Nkurunziza et une minorité restant fidèle à l’ancien commandant Jean-Bosco Ndayikengurukiye. En août 2002, les FNL se scindaient à leur tour, le dissident Alain Mugabarabona revendiquant le leadership des mains du commandant Agathon Rwasa, qu’il accusait de ralentir la poursuite des négociations. Mugabarabona, n’est toutefois pas parvenu à obtenir le soutien de la majorité des FNL, restée fidèle à Rwasa.

Les états voisins du Burundi sont également impliqués dans le conflit. De nombreux combattants des FDD étaient établis en Tanzanie et lançaient des incursions au Burundi depuis cette base et ce, malgré les efforts affichés du gouvernement tanzanien pour décourager de telles activités. Les combattants des FDD et des FNL avaient également établi des bases sur le territoire congolais et bénéficiaient ainsi du support de Kinshasa. De plus, ils avaient intégré dans leurs rangs quelques Rwandais qui combattaient le nouveau gouvernement en place dans leur pays. Certains de ces combattants faisaient partie de l’armée de l’ancien gouvernement rwandais (Forces Armées Rwandaises, FAR) ou étaient membres de milices (Interahamwe), et ont probablement participé au génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994.

De l’autre côté, les troupes de l’armée burundaise sont soutenues par les soldats de l’actuelle armée rwandaise, les Forces Rwandaises de Défense, qui les ont notamment assistées au Nord et dans le centre du Burundi.



1 Voir Human Rights Watch, Fédération Internationale des Droits de l’Homme, Ligue des Droits de la Personne dans la Région des Grands Lacs, Organisation Mondiale contre la Torture, Centre National pour la Coopération au Développement, Nationaal Centrum voor Ontwikkelingssamenwerking, NOVIB, “Commission d’Enquête sur les violations des droits de l’homme au Burundi depuis le 21 octobre 1993, Rapport Final”, juillet 1994.


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decembre 2003