Rapports de Human Rights Watch

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Contexte

Pierre Nkurunziza, élu Président du Burundi et entré en fonction en août 2005, est membre du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), autrefois la force rebelle la plus importante du pays. Son gouvernement tente de reconstruire le Burundi après une guerre civile dévastatrice, mais n’a pas encore réussi à faire la paix avec les FNL, qui poursuivent les opérations militaires dans trois provinces proches de la capitale, Bujumbura (Bujumbura-rural, Bubanza et Cibitoke). En mars 2006, les FNL ont annoncé leur volonté de participer à des pourparlers de paix. Après de nombreux retards, le 29 mai le gouvernement du Burundi et les dirigeants des FNL ont entamé des pourparlers de paix à Dar es Salaam, Tanzanie, avec pour médiateur le ministre de la Sécurité de l’Afrique du Sud Charles Nqakula.5 Malgré les négociations, les combats entre les FNL et les forces gouvernementales se sont poursuivis dans les collines qui entourent Bujumbura.6

En l’absence de cessez-le-feu entre le gouvernement et les FNL, aucun programme de démobilisation pour les combattants des FNL n’a été mis en place, mais en avril 2006 le gouvernement a rassemblé plusieurs centaines de combattants des FNL dans un “centre d’accueil” à Randa dans la province de Bubanza. Auparavant, ces combattants avaient été détenus dans des postes militaires répartis dans tout le pays, certains ayant déserté des FNL, et d’autres ayant été capturés par des soldats de l’armée burundaise. Au début juin 2006, plus que 400 combattants ont été internés à Randa, dans la perspective d’un cessez-le-feu et du début d’un programme de démobilisation du gouvernement burundais qui devrait être soutenu par le Programme multi-pays de démobilisation et de réintégration (MDRP), une coalition de bailleurs de fonds internationaux qui a apporté précédemment son appui à la démobilisation d’autres soldats et combattants rebelles (voir aussi ci-dessous).7

Le gouvernement burundais détient également un nombre indéterminé de personnes en prison sous l’accusation de “participation à des groupes armés.”8 Des centaines de personnes qui étaient d’abord détenues sous l’accusation d’affiliation au CNDD ou autres partis d’opposition ou groupes rebelles ont été ultérieurement qualifiées de “prisonniers politiques” et libérées selon les termes des  Accords9 d’Arusha ou de l’accord ultérieur entre le CNDD-FDD et le gouvernement,10 mais des centaines de personnes accusées d’avoir soutenu les FNL ou d’avoir combattu pour elles demeurent au cachot.11 Tout comme les anciens combattants à Randa espèrent être démobilisés et rentrer chez eux avec des indemnités financières et autres, ces personnes qui se trouvent en prison espèrent obtenir leur libération, tout comme l’ont obtenu d’autres détenus pour leur affiliation avec d’autres groupes rebelles.12



[5] “Ouverture de négociations directes entre Gouvernement et FNL,” Agence Burundaise de Presse, 30 mai 2006.

[6] “Attaques des FNL à partir des collines qui surplombent Bujumbura,” Agence Burundaise de Presse, 31 mai 2006.

[7] Notes de visite de terrain de Human Rights Watch, Centre d’accueil de Randa, 13 juin 2006. Le Programme multi-pays de démobilisation et de réintégration (MDRP) est une initiative menée par plusieurs organismes qui apporte un appui à la démobilisation et à la réintégration des ex-combattants, y compris les enfants, en Afrique Centrale et du Sud.

[8] Human Rights Watch, “Dérapages : abus perpétrés au Burundi.”

[9] Voir note 2.

[10] Ibid.

[11] “Libération provisoire de 1834 prisonniers politiques,” Agence Burundaise de Presse, 15 mars 2006.

[12] Entretiens de Human Rights Watch, prison de Mpimba Bujumbura, 16 mai 2006.


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