Rapports de Human Rights Watch

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Recommandations

Lors de l'élaboration d'un agenda pour ce qu'elles appellent la “réconciliation nationale,” les autorités algériennes devraient:

  • Faire en sorte que toute mesure d'amnistie soit élaborée de façon à exclure ceux qui ont perpétré de graves violations des droits humains ou en assument la responsabilité de commandement, qu'il s'agisse d'agents de l'Etat ou de membres des groupes armés. La définition de graves violations devrait non seulement inclure les “massacres collectifs, viols et attentats à l'explosif dans les lieux publics,” —crimes spécifiquement cités dans le projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale — mais également les exécutions extrajudiciaires, les actes de torture et les disparitions forcées. Toute mesure de grâce en faveur des auteurs de tels actes ne devrait être accordée qu'après leur traduction devant des tribunaux et devrait veiller à ce que la peine reçue demeure proportionnelle à la gravité des crimes dont ils ont été reconnus coupables.
  • Divulguer les décisions rendues par les Comités de probation établis par la Loi de 1999 sur la concorde civile et chargés d'examiner les demandes d'amnistie émanant des activistes qui se rendent. Ces renseignements permettront au public d'évaluer si ces comités ont bien identifié et exclu de l'amnistie les auteurs de graves violations des droits humains; ils contribueront par ailleurs à un débat en toute connaissance de cause sur la façon de garantir un processus d'examen efficace pour les futurs candidats à l'amnistie.
  • Faire en sorte que tout plan visant à aborder résolument la question des “disparitions” respecte le droit des victimes et de leurs familles à la vérité et à la justice. Les droits humains internationalement reconnus des victimes ne doivent pas être compromis, même par un plan adopté au cours d'un processus démocratique. Le gouvernement dispose de divers moyens pour respecter ce droit de savoir, notamment la mise sur pied d'une commission sur la vérité dont les pouvoirs, les ressources, le mandat et l'indépendance seraient conformes aux normes internationales définies pour des commissions sur la vérité efficaces.
  • Faire en sorte que tout effort général visant à aider les victimes de la violence politique accorde une attention spéciale aux besoins psychosociaux particuliers des femmes qui ont été violées.
  • Mettre fin aux restrictions abusives visant le droit des Algériens à former des partis politiques et éviter d'adopter de nouvelles restrictions qui vont dans le même sens. Les critères relatifs à l'interdiction d'un parti politique, ou l'interdiction de toute activité politique faite à une personne, doivent être clairs et légitimes, par exemple la pratique ou l'incitation à la violence. Les interdictions doivent faire l'objet d'un examen sérieux réalisé par un organe impartial, tel qu'un tribunal indépendant.
  • Encourager un débat libre, réalisé en toute connaissance de cause sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, en autorisant les détracteurs du plan à s'exprimer librement à la télévision et la radio nationales, en relâchant les pressions politiques exercées sur la presse écrite et en autorisant toutes les réunions publiques convoquées pour discuter de la Charte. Le Président devrait encourager la discussion en s'abstenant de toute nouvelle attaque verbale à l'encontre de ceux qui remettraient en question son projet de charte. Il devrait faire en sorte qu'un référendum n'ait lieu que lorsque les Algériens auront eu l'opportunité de participer à un débat sur la charte en toute connaissance de cause, débat au cours duquel les victimes des atteintes aux droits humains auront eu l'occasion d'être entendues.



<<précédente  |  indexSeptembre 2005