Background Briefing

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Les Nations Unies

Témoin de l’enlisement d’une transition en proie à d’interminables disputes et délais, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voulu donner un nouvel élan au processus en créant une mission de maintien de la paix relativement forte et en nommant un Représentant spécial du Secrétaire Général chargé de redynamiser la carte politique.92 Certains acteurs burundais n’ont pas apprécié le dynamisme affiché par les Nations Unies et auraient préféré continuer la guerre ou à tout le moins, à se perdre dans de sinueux méandres plutôt que de se hâter vers la paix et des élections censées marquer la fin de la transition.

 Aucun militaire burundais ni aucun dirigeant civil n’a informé un membre du personnel des NU du massacre de Gatumba, ou seulement bien après qu’il ait été perpétré. Selon un membre du personnel des NU, l’officier commandant en charge de la force de la mission de maintien de la paix a appris la tragédie de la part de ses homologues de la MONUC et non de la part des officiers de l’armée burundaise. Les membres du personnel du UNHCR, pourtant habitués à être sollicités par les réfugiés pour régler toutes sortes de doléances, n’ont été informés du massacre que par un administratif local, qui les a appelés vers 6 heures du matin.93 L’unanimité et la flagrance qui caractérisent le défaut de transmission de l’information à des officiels des NU directement après le massacre - alors qu’au même moment, des officiels burundais civils et militaires s’échangeaient l’information – laisse à penser qu’il s’agit là plus que d’une simple omission.

Le mandat de l’ONUB, en son point 5, l’autorise à utiliser tous les moyens nécessaires pour protéger les civils en danger immédiat de violence physique, sans préjudice de la responsabilité du gouvernement burundais. Des dirigeants politiques du Burundi, du Rwanda et d’ailleurs, n’ont pas manqué de voir dans le récent massacre, un nouvel échec des NU et la preuve de son incapacité, passée et présente,  à assurer la protection des civils et sauver leurs vies. Ce faisant, ils ont oublié de préciser que le personnel des NU n’avait pas été informé de l’attaque et n’a donc pas été en mesure d’intervenir pour arrêter les tueries.94

S’il est injuste de critiquer l’ONUB pour n’avoir pas réagi dans le cadre de cet évènement spécifique, il reste pertinent de faire remarquer que la force des NU, loin d’être complète, n’avait toujours pas mis sur pied un système de contrôle des frontières, alors que son mandat, au point 6, stipule la « [surveillance] des frontières du Burundi, en prêtant spécialement attention aux réfugiés… » Au jour de l’attaque, la force n’atteignait qu’à peu près la moitié des effectifs programmés, ce qui pourrait expliquer qu’elle n’ait pas commencé une surveillance effective des frontières.95

Le premier communiqué de presse de l’ONUB relatif au massacre de Gatumba a condamné vivement le massacre mais se terminait par un appel aux auteurs à revenir coopérer avec les autres parties concernées dans le cadre du processus de paix. Au fur et à mesure que grandissait l’émotion de l’opinion publique, les Nations Unies ont rectifié leur position et annoncé qu’elles suspendaient les pourparlers avec le FNL, reconnaissant apparemment que même l’espoir d’arriver à négocier un éventuel accord de paix ne pouvait justifier de s’asseoir à la même table que ceux qui se revendiquent responsables d’un crime de cette ampleur.




<<précédente  |  index  |  suivant>>septembre 2004