Africa - West


septembre 1999

ANGOLA


L'Angola se défait : succès et échecs du processus de paix de Lusaka




Table des matières

Resume
Recommendations
Au gouvernement angolais
A l'UNITA
A le TroÏka d'observateurs
Aux Nations Unies
A l'Organisation pour l'unité de l'Afrique
A la Communauté de développement de l'Afrique du Sud
A l'Union européenne et aux autres membres de la Communauté internationale
Aux enterprises diamantaires internationales et aux négociants
Aux entreprises pétrolières internationales

Resume

La guerre totale fait de nouveau rage en Angola depuis décembre 1998. De mémoire d'homme, il s'agit de la quatrième lutte ouverte. Il est impossible de déterminer avec précision le nombre de vies que les conflits ont volées depuis leur reprise mais les Nations Unies estiment qu'environ un million de personnes ont dû être déplacées dans les frontières du pays en raison des nouveaux conflits, c'est-à-dire 10 pour cent de la population de l'Angola. Ce retour à la guerre symbolise également un processus de paix difficile lancé par le protocole de Lusaka en Zambie en novembre 1994. Ce processus de paix était contrôlé par deux missions de maintien de la paix des Nations Unies, l'UNAVEM III, et son successeur, le MONUA, qui ont coûté 1,5 milliards de dollars à la communauté internationale.

Le Protocole de Lusaka a été signé alors que les rebelles de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) se trouvaient dans une situation difficile et souhaitaient mettre fin à leurs pertes de territoire au profit du gouvernement. Le protocole de Lusaka impliquait un cessez-le-feu, l'intégration des généraux de l'UNITA aux forces armées du gouvernement (pour qu'ils deviennent des non-partisans et des civils contrôlés), la démobilisation (amendée par la suite et qualifiée de démilitarisation) sous la supervision des N.U., le rapatriement des mercenaires, l'intégration des troupes de l'UNITA à la police nationale de l'Angola sous le contrôle du Ministère de l'intérieur et l'interdiction de toute organisation de police ou de surveillance. Parallèlement au protocole, un embargo du Conseil de sécurité sur le transfert d'armes et de pétrole à l'UNITA était en vigueur depuis 1993, alors que le gouvernement et l'UNITA avaient accepté de ne plus acheter d'armes dans le but de respecter les accords. Cependant, l'embargo pesant sur l'UNITA n'a pas été appliqué et les deux parties ont continué à acquérir de grandes quantités d'armes pendant le processus de paix.

Les principales questions politiques couvertes par le Protocole de Lusaka comprenaient le mandat des N.U. (la vérification et le contrôle du Protocole de Lusaka), le rôle des forces de maintien de la paix (supervision), l'organisation d'élections et la réconciliation nationale. Selon les dispositions visant la réconciliation des deux parties, les leaders de l'UNITA recevraient des résidences privées, des bureaux politiques dans toutes les provinces et un quartier général central. L'UNITA disposerait également d'une série de postes de ministre, de ministre adjoint, d'ambassadeur et ambassadeur adjoint, de gouverneur provincial et gouverneur adjoint, d'administrateur municipal et administrateur adjoint et d'administrateur communal. Le gouvernement conserverait tous les autres postes à responsabilités.

Les droits de l'homme n'étaient qu'un sujet sous-jacent du Protocole de Lusaka et il n'y faisait référence que comme un engagement aux principes généraux des droits de l'homme des protocoles annexes sur la réconciliation nationale et le mandat des N.U. En ce qui concerne l'amnistie, la position du gouvernement angolais et de l'UNITA était on ne peut plus claire : le Protocole de Lusaka stipulait que "les institutions compétentes octroieraient l'amnistie... pour les actes illégaux commis par qui que ce soit dans le cadre du conflit actuel".

Une commission commune, composée de représentants des N.U., du gouvernement et de l'UNITA, des USA, du Portugal et de la Russie au titre d'observateurs (connus sous le nom de Troïka) a contrôlé l'application du Protocole de Lusaka. Toute violation des accords observée par les N.U. ou rapportée par l'une des parties serait discutée au sein de cette commission commune. Dans la pratique, la commission recevait les rapports concernant les violations des droits de l'homme et des accords militaires mais les N.U. n'avaient pas très envie d'enquêter ou de témoigner publiquement de ces incidents.

Même si les N.U. étaient la plus grande force mondiale de maintien de la paix au maximum de ses capacités, ce n'est qu'en 1995 qu'une opération de maintien de la paix de grande envergure a été approuvée par le Conseil de sécurité. Cependant, les forces n'ont été totalement déployées qu'à la fin de 1996. Les retards dans le déploiement des forces de maintien de la paix des N.U. ont facilité les violations des accords par l'UNITA et le gouvernement. Toutefois, l'erreur fondamentale a été d'adopter la politique de l'autruche et de l'impunité vis-à-vis du non respect des accords, comme l'a affirmé Mr Blondin Beye, représentant spécial des N.U. En 1995, un membre des Nations Unies a déclaré à Human Rights Watch que "la situation était trop sensible pour mettre en vigueur un sérieux contrôle des droits de l'homme. Rendre publiques nos informations pourrait miner le processus de paix et entraîner la reprise des hostilités".

Les droits de l'homme ont été le principal élément à avoir miné les accords de paix de Lusaka. Si le contrôle - et la dénonciation - des violations des droits de l'homme avait été de meilleure qualité, l'UNITA et le gouvernement auraient eu plus de mal à violer les droits des Angolais et il aurait été possible d'essayer de faire en sorte que les coupables en assument la responsabilité. L'impunité avec laquelle les droits de l'homme ont été violés a effrité la confiance dans le processus de paix et a créé un cercle vicieux de violations de ces droits qui s'est continuellement aggravé. Lors de la désintégration du processus de paix, Mr Beye a ordonné un changement de stratégie peu avant de mourir en mai 1998 et, pour la première fois, sa mission des N.U., qui s'en est trouvée réduite, a décidé d'enquêter plus vigoureusement sur les violations des droits de l'homme. Il était cependant trop tard pour sauver la paix. Le fait que les N.U. ignorent les tromperies et déprédations des deux parties les a encouragées à mépriser le processus de paix et le gouvernement angolais et l'UNITA ont décidé qu'ils préféraient la guerre.

La division des droits de l'homme des N.U., qui n'avait fait que peu de choses durant le processus de paix, s'est améliorée en 1998 et a été aidée par des professionnels de la défense des droits de l'homme qui en ont pris la direction. Toutefois, le retour à la guerre en décembre a fortement limité ses activités et, pendant les sept premiers mois de 1999, la division des droits de l'homme a été incapable de jouer le rôle qu'elle avait envisagé. Elle a investi beaucoup de temps et d'énergie à essayer de planifier l'avenir et n'a que très peu enquêté sur les violations des droits de l'homme ; aucun document n'a été publié. La division a également découragé les journalistes de s'adresser à elle. On doutait des résultats qui pourraient être obtenus si la division n'obtenait pas un mandat clairement défini relatif, entre autres, aux enquêtes et à la diffusion de ses découvertes.

Le gouvernement angolais a commis de sérieuses violations des droits de l'homme durant le processus de paix de Lusaka, particulièrement en 1998. Ces violations, qui ont miné la confiance de l'UNITA dans le processus de paix, comprennent :

  • la torture, des "disparitions", des exécutions sommaires, particulièrement de partisans de l'UNITA dans les régions qui sont tombées sous le contrôle du gouvernement en 1998 ;
  • des massacres de civils commis au hasard et des pillages lors d'opérations militaires ;
  • l'enrôlement arbitraire dans l'armée ;
  • des déplacements des populations civiles par la force;
  • l'utilisation de différentes armes, comme des mines anti-personnel en 1998 et 1999 ;
  • le harcèlement et la censure des média ;
  • le harcèlement de l'opposition politique loyale.

L'UNITA a également commis systématiquement d'horribles violations des droits de l'homme durant le processus de paix de Lusaka et le nouveau conflit, comme :

  • le bombardement au hasard des villes assiégées ;
  • des exécutions sommaires ;
  • la torture ;
  • la mutilation de morts et de vivants ;
  • l'enlèvement de civils, y compris de femmes et d'enfants, et les traitait parfois comme des esclaves ;
  • le recrutement d'enfants soldats et autres recrutements arbitraires ; les mineurs non-accompagnés n'avaient pas la possibilité de retrouver leur famille ;
  • la prise en otage de ressortissants étrangers ;
  • la limitation des déplacements des civils dans les zones occupées, la confiscation de leur nourriture et l'imposition de travaux forcés non payés ;
  • des conditions d'emprisonnement cruelles et inhumaines.

Depuis décembre 1998, l'UNITA a assiégé plusieurs villes, principalement Malanje et Kuito. A la fin du mois de décembre 1998, l'UNITA a bombardé Kuito plusieurs fois par jour et provoqué la mort de plus de 150 civils. Les bombardements de Malanje ont commencé en janvier 1999 et continuent depuis lors. Au moins 600 civils ont été tués. La population civile souffre de plus en plus de la faim en raison du siège de Malanje par l'UNITA et l'arrivée de l'aide humanitaire à la ville a dû être suspendue de temps en temps.

L'utilisation de mines s'est intensifiée depuis la reprise des hostilités et de nouvelles mines anti-personnel ont été posées en forme de ceinture par le gouvernement dans les environs des villes assiégées et le long des routes pour en bloquer l'accès à l'UNITA. Cette situation est doublement déplorable car, en décembre 1997, le gouvernement angolais a signé au Canada la Convention pour l'interdiction de l'utilisation, du stockage, de la production et du transfert de mines anti-personnel et pour leur destruction (Traité d'Ottawa). L'UNITA a également posé de nouvelles mines sur les routes, dans les terres cultivées et des champs de mines ont été constitués pour ralentir les offensives militaires du gouvernement. Les mines posées par le gouvernement et l'UNITA ont fait des victimes au sein de la population civile.

L'UNITA a utilisé le processus de paix de Lusaka pour se protéger d'autres pertes territoriales et reconstruire son armée. En 1996 et 1997, l'UNITA a acheté une grande quantité d'armes et d'essence tout en remplissant petit à petit certaines obligations du Protocole de Lusaka. Pour la deuxième fois en dix ans, l'UNITA n'a pas respecté sa promesse de démobilisation et de remise d'une partie de ses armes aux N.U. et n'a pas non plus caserné une grande partie de ses troupes d'élite. L'UNITA n'a pas non plus transféré au gouvernement le contrôle de tous les territoires repris dans les dispositions du Protocole de Lusaka. En réalité, l'UNITA n'a respecté que les obligations qui ne lui semblaient pas être d'une grande importance stratégique pour sa sécurité et n'empêchaient pas un retour à la guerre.

Le nouveau conflit et les violations des droits de l'homme et du droit de la guerre ont été alimentés par l'arrivée d'armes dans le pays, malgré l'embargo des N.U. qui frappait l'UNITA depuis 1993. L'UNITA a acheté une grande quantité d'armes à l'étranger. Human Rights Watch pense que certaines armes proviennent de sources privées localisées en Albanie et en Bulgarie. L'UNITA a réussi à "détourner les sanctions" en passant par des pays voisins comme l'Afrique du Sud, le Congo, la Zambie, le Zaïre (l'actuelle République démocratique du Congo), le Togo et le Burkina Faso. Le Zaïre a été pour l'Angola le moyen principal de détourner les sanctions jusqu'à la chute du Président Mobutu à la mi-1997. Ensuite, l'endroit stratégique est devenu le Congo Brazzaville jusqu'à la fin de 1997, lorsque le gouvernement angolais a participé au renversement du gouvernement de Pascal Lissouba, élu démocratiquement. En 1998, la fréquence des détournements de sanction en faveur de l'UNITA a diminué, en partie à cause du retour au gouvernement de la vallée de Cuango, riche en diamants. En 1998, la plupart des détournements de sanctions de l'UNITA avaient pour objectif d'obtenir du matériel logistique, des mines et de l'essence, qui était essentielle pour ses efforts de guerre. Le siège de la ville de Kuito par l'UNITA a pris fin en janvier 1999 car les réserves d'essence se sont épuisées et les troupes ont dû se retirer.

Les N.U. n'ont pas fait face avec efficacité aux efforts de détournement des sanctions de l'UNITA en 1995 et 1996 et ont amplement ignoré la violation d'un embargo de 1993 des N.U. sur le pétrole et les armes. Leurs efforts d'interdiction de bonne foi ont été rendus plus difficiles par la lenteur du déploiement des forces de maintien de la paix promis dans les accords de Lusaka. En octobre 1997, les N.U. ont imposé d'autres restrictions à l'UNITA, ont empêché ses représentants de quitter le pays et ont fermé ses bureaux à l'étranger. Chose surprenante, ce n'est qu'en juin 1998 que les N.U. ont ciblé les exportations directes et indirectes de diamants au départ des régions contrôlées par l'UNITA et ont gelé ses comptes en banque, même s'ils constituaient la première source de revenu qui permettait à l'UNITA d'acheter de l'essence et des armes.

L'UNITA a financé la reconstitution de son armée grâce à son contrôle de la richesse en diamant de l'Angola. La plupart des diamants ont été envoyés en Europe en contrebande via le Zaïre (RDC) et le Congo Brazzaville, même si l'Afrique du Sud, la Namibie, le Rwanda et la Zambie ont également été des portes de sortie. Les exportations de diamants pendant le processus de paix ont rapporté aux rebelles de l'UNITA la somme de 1,72 milliards de dollars américains. En 1993, l'argent issu du commerce de diamants avait remplacé l'aide que l'UNITA recevait auparavant des Etats-Unis et de l'Afrique du Sud. Entre 1986 et 1991, l'aide indirecte fournie à l'UNITA par les USA atteindrait la somme de 250 millions de dollars.

Des armes ont également été envoyées au gouvernement pendant le processus de paix de Lusaka. Ces envois ne sont pas illégaux mais ils ont miné l'esprit du Protocole de Lusaka et ils ont contribué à miné la confiance dans le processus de paix. Les armes ont été achetées à une série de pays comme la Biélorussie, le Brésil, la Bulgarie, la Chine et l'Afrique du Sud. La Russie, un des membres de la Troïka (un des trois gouvernements qui disposaient du titre d'observateur/médiateur dans le cadre du processus de paix) a miné sa position officielle en vendant, et donc en envoyant en Angola, de grandes quantités d'armes au gouvernement. Le Portugal, un autre membre de la Troïka, a conclu des accords militaires pendant le processus de paix. Les acquisitions d'armes par le gouvernement ont une fois de plus atteint des niveaux record en 1999, tout comme en 1994 ; la Russie étant encore la première source d'armes de l'Angola. Pendant le processus de paix de Lusaka, aucun pays n'a porté les détails de ses transferts d'armes à l'Angola au Registre des N.U. sur les armes conventionnelles.

Le gouvernement a payé ses achats d'armes avec des emprunts bancaires, des remises de fonds provenant de bénéfices réalisés sur le pétrole, des mines et autres concessions. Les réserves d'argent du gouvernement se sont épuisées en raison de la chute du prix du pétrole à l'échelle internationale et il a utilisé 870 millions de dollars générés par la signature de paiements exceptionnels pour l'extraction de pétrole et sur les concessions trente et un, trente-deux et trente-trois pour financer ses achats d'armes. Les entreprises pétrolières multinationales BP-Amoco, Exxon et Elf ont joué un rôle prédominant dans ces concessions.

L'échec du processus de paix de Lusaka n'était pas seulement dû à la mauvaise foi de l'UNITA. La stratégie adoptée par les N.U., et qui consistait à ne pas divulguer les actions publiques contre les violations des accords, leur manque de transparence et leur incapacité à appliquer leurs embargos ont miné la volonté que pouvaient avoir l'UNITA ou le gouvernement de respecter le Protocole de Lusaka. L'échec du processus de paix de Lusaka semble démontrer que cette stratégie du "ne dites du mal de personne et ne voyez le mal nulle part" s'est fortement retournée contre elles. Cette stratégie a été adoptée à deux reprises et à deux reprises les accords de paix ont échoué et le pays a replongé dans la guerre. Cette situation aurait pu être évitée si les N.U. avaient déployé rapidement les forces de maintien de la paix et leur avaient permis d'entreprendre un contrôle "sensible" et de dénoncer les violations du cessez-le-feu et de l'embargo ainsi que les violations évidentes des droits de l'homme. Un embargo sur les armes aurait également dû frapper les deux parties et un embargo sur l'utilisation des diamants par l'UNITA aurait dû être imposé lorsqu'il est clairement apparu que les rebelles les utilisaient pour financer le réarmement. Il est également urgent de tirer un trait sur le passé en considérant les leaders angolais comme responsables de leurs actes et conscients des sanctions potentielles auxquelles ils devront faire face s'ils acceptent des violations des droits de l'homme en toute connaissance de cause.

Les Etats-Unis ont soutenu un certain nombre d'initiatives de défense des droits de l'homme lors du processus de paix de Lusaka même si, en 1998, ils avaient perdu une grande partie de l'influence qu'ils avaient sur le gouvernement angolais car ils étaient considérés comme l'un des premiers artisans du processus de paix. La Suède a joué un rôle particulièrement important en soutenant une série de programmes de défense des droits de l'homme et a été le leader qui les a transmis aux N.U. lorsqu'elle assurait la présidence du Conseil de sécurité (1997-1998). D'autres pays de l'Union européenne sont restés étonnement sereins vis-à-vis de questions de droit et leurs efforts se sont limités à utiliser des mots lourds de sens dans des déclarations présidentielles.

II. Recommendations

Au gouvernement angolais

  • Respecter le droit international humanitaire et les droits de l'homme, particulièrement l'interdiction de prendre des civils pour cible, d'organiser des bombardements au hasard, de détruire et de piller des biens de propriété civile.
  • Autoriser la création urgente d'un couloir d'aide humanitaire.
  • Cesser les bombardements aériens de régions urbaines et d'autres zones où les bombes ne peuvent être raisonnablement dirigées que vers des objectifs militaires.
  • Cesser d'utiliser des armes qui sont aléatoires par nature et particulièrement dangereuses pour la population civile, comme les mines anti-personnel.
  • Interdire les exécutions sommaires et la torture et punir les responsables de tels actes.
  • Imposer aux troupes et aux officiers de cesser de réquisitionner les produits alimentaires et non alimentaires de la population civile car cela lui fait courir le danger de mourir de faim, de maladie ou de froid.
  • Permettre au Comité international de la Croix-Rouge d'approcher des personnes détenues dans le cadre du conflit dans le respect de critères spécifiques.
  • Fournir au Comité de sanctions des N.U. une liste des avions immatriculés en Angola.
  • Fournir au Comité de sanction des N.U. une liste des signatures autorisées et des cachets des certificats d'origine des diamants légalement exportés au départ de l'Angola.
  • Aider les groupes d'enquête du Comité de sanctions des N.U. en leur fournissant des informations, y compris les renseignements dont il dispose sur les détournements des sanctions par des individus ou des employés gouvernementaux en Angola.
  • Permettre aux N.U. de maintenir sa division des droits de l'homme en Angola et l'autoriser à mener à bien des enquêtes dans le pays et à publier des rapports.

A l'Unita

  • Respecter le droit international humanitaire et les droits de l'homme, particulièrement l'interdiction de prendre des civils pour cible, d'organiser des bombardements au hasard, de détruire et de piller des biens de propriété civile.
  • Autoriser la création urgente d'un couloir d'aide humanitaire.
  • Cesser de bombarder au hasard les villes assiégées.
  • Cesser d'utiliser des armes qui sont aléatoires par nature et particulièrement dangereuses pour la population civile, comme les mines anti-personnel.
  • Interdire les exécutions sommaires et la torture et punir les responsables de tels actes.
  • Ne pas organiser de recrutement de force dans les troupes de l'UNITA.
  • Arrêter de recruter des mineurs pour le service militaire et d'utiliser des enfants soldats ; les mineurs de moins de dix-huit ne devraient pas être incorporés à l'armée ou autorisés à prendre part à des hostilités.
  • Arrêter de forcer les enfants à jouer le rôle de porteurs.
  • Garantir la liberté de mouvement.
  • Imposer aux soldats et aux officiers de cesser de réquisitionner les produits alimentaires et non alimentaires de la population civile car cela lui fait courir le danger de mourir de faim, de maladie ou de froid.
  • Garantir la liberté d'expression et d'association sur le territoire contrôlé par l'UNITA.
  • Autoriser l'accès et la prestation neutre de l'aide humanitaire à toutes les populations dans le besoin établies sur le territoire contrôlé par l'UNITA. Protéger l'aide humanitaire des pillages ou du détournement pour un usage militaire.
  • Permettre au Comité international de la Croix-Rouge d'approcher des personnes détenues dans le cadre du conflit dans le respect de critères spécifiques.
  • Garantir la liberté d'accès aux régions dans lesquelles l'UNITA opère à la division des droits de l'homme des N.U.

A la Troïka d'observateurs (le Portugal, la Russie et les Etats-Unis) et au Comité des Nations Unies des amis de l'Angola (la Chine, la Côte d'Ivoire, la France, le Gabon, la Russie, le Maroc, la Namibie, le Nigeria, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Zimbabwe)

Human Rights Watch formule les recommandations suivantes à l'intention des pays qui disposent du titre de médiateur officiel dans le cadre des négociations passées et futures:
  • Imposer immédiatement des embargos nationaux sur les armes et rendre public les détails relatifs à toute vente d'arme ou autre aide militaire fournie à l'Angola depuis la signature du Protocole de Lusaka.
  • Maintenir la pression sur le gouvernement angolais et l'UNITA pour qu'ils respectent les droits de l'homme et le droit humanitaire et autorisent l'accès des opérations d'aide.

Aux Nations Unies

  • Le Conseil de sécurité devrait frapper l'Angola d'un embargo sur les armes que le gouvernement ainsi que l'UNITA devraient respecter.
  • Demander aux états membres de porter au registre des N.U. sur les armes conventionnelles toutes les informations dont ils disposent au sujet des exportations d'armes passées vers l'Angola.
  • Le Comité de sanctions des N.U. devrait commissionner un rapport indépendant, et le rendre public, sur les moyens d'identification des diamants bruts d'origine angolaise.
  • Soutenir le travail des groupes d'experts chargés d'enquêter dans le cadre du Comité de sanctions de l'Angola et publier les éléments découverts sur les détournements de sanctions, particulièrement les noms des entreprises et les numéros d'immatriculation des avions impliqués dans les transbordements aériens; les entreprises impliquées dans les détournements de sanctions ainsi que les individus ou états impliqués.
  • Publier les noms des états, entreprises commerciales et individus qui ont sciemment fait obstruction ou refuser d'aider les groupes d'experts chargés d'enquêter dans le cadre du Comité de sanctions.
  • Garantir que dans toute mission future des N.U. en Angola l'impunité des violations des droits de l'homme ne fasse pas partie intégrante du mandat opérationnel.
  • Soutenir le travail de la Division des droits de l'homme, l'autoriser à enquêter sur les violations et garantir que ses découvertes soient publiées.

A l'Organisation pour l'unité de l'Afrique (OUA)

  • Aider les N.U. à contrôler et empêcher les détournements de sanctions commis par l'UNITA.

  • Appliquer la législation ou les règles de droit qui qualifient de délit criminel punissable conformément au droit national toute violation des sanctions imposées par le Conseil de sécurité à l'UNITA par les citoyens ou autres individus opérant sur le territoire. Définir des sanctions juridiques telles que de lourdes amendes ou des peines d'emprisonnement.


A la Communauté de développement de l'Afrique du Sud(CDAS)

  • Aider les N.U. à contrôler et empêcher les détournements de sanctions commis par l'UNITA.

  • Appliquer la législation ou les règles de droit qui qualifient de délit criminel punissable conformément au droit national toute violation des sanctions imposées par le Conseil de sécurité à l'UNITA par les citoyens ou autres individus opérant sur le territoire. Définir des sanctions juridiques telles que de lourdes amendes ou des peines d'emprisonnement.

  • Prendre des mesures pour réglementer le passage de convois d'essence par les frontières nationales pour éviter les envois d'essence à l'UNITA.

A l'Union européenne et aux autres membres de la Communauté internationale

  • Pour mettre au fin aux cycles de violence en Angola, la communauté internationale devrait fortement se concentrer sur ce pays et garantir que le respect des droits de l'homme et des règles de droit constituent les fondations du gouvernement.
  • Aider les N.U. à contrôler et empêcher les détournements de sanctions commis par l'UNITA.
  • Appliquer la législation ou les règles de droit qui qualifient de délit criminel punissable conformément au droit national toute violation des sanctions imposées par le Conseil de sécurité à l'UNITA par les citoyens ou autres individus opérant sur le territoire.
  • Soutenir l'imposition d'un embargo sur les armes en Angola que le gouvernement et l'UNITA devraient respecter.

Aux entreprises diamantaires internationales et aux négociants

  • Refuser d'acheter ou de distribuer des diamants suspectés d'avoir été acquis en violation d'un embargo des N.U. et informer la police et les N.U. de l'origine de tels diamants.
  • Aider à appliquer un plan de certification et de contrôle mondial pour garantir le respect de l'embargo des N.U.
  • Publier les informations relatives aux pratiques des bureaux d'achat vis-à-vis de l'embargo et autoriser les N.U. à avoir accès à tous les dossiers d'achats de diamants.
  • Aider les N.U. à définir les critères et les moyens de déterminer de façon cohérente l'origine des diamants bruts angolais.

Aux entreprises pétrolières internationales

  • Encourager le gouvernement à conclure un "accord fantôme" avec le Fond monétaire internationale - un système de contrôle qui garantisse que les bénéfices générés par le commerce du pétrole sont dépensés de façon transparente et non pas pour financer des achats d'armes ou des remboursements d'emprunts.
  • S'assurer que tous les franchisés en aval dans les pays voisins de l'Angola sont informés de l'embargo sur l'essence et le pétrole qui frappe l'UNITA et leur demander d'informer la police nationale et les N.U. de tout achat suspect de combustible pour que de l'essence n'arrive pas à l'UNITA.
  • Aider le Comité de sanctions des N.U. à essayer de localiser les sources qui fournissent de l'essence à l'UNITA.