(New York, 10 juillet 2002) L'Union Africaine doit renforcer les
institutions régionales en charge des droits humains si elle doit devenir
une réalité, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Ce nouveau
regroupement régional est lancé cette semaine à Durban.
L'Union Africaine ne sera un succès que si elle remplace la culture de
l'impunité par une culture de la responsabilité et des comptes à rendre. Ceci signifie s'assurer que les bonnes paroles de l'Acte fondateur
de l'Union Africaine et celles du NEPAD deviennent réalité et que les états
qui ne respecteront pas les engagements qu'ils ont pris devront en assumer
les conséquences.
Peter Takirambudde, Directeur de la Division Afrique de Human Rights
Watch
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L'Acte fondateur de l'Union Africaine promet d'assurer le respect des droits
humains et de rejeter l'impunité généralisée qui a caractérisé les conflits
armés et la répression politique dans de nombreux pays africains. Dans des
"circonstances graves" comme celles du génocide rwandais, l'Acte fondateur
de l'Union Africaine autorise cette dernière à intervenir. Cependant, les
institutions régionales en charge des droits humains dont va hériter l'Union
Africaine ont été handicapées par un manque de ressources et de volonté
politique.
Des pays africains de premier plan appartenant à l'Union Africaine ont
également adopté un Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique
(NEPAD), un programme pour faire sortir l'Afrique de la pauvreté
reconnaissant explicitement l'importance, pour le développement économique,
de la démocratie, des droits humains et de l'état de droit. Le NEPAD a
également mis au point son propre code de gouvernance et un système
"d'examen par ses pairs" (peer review) mais les engagements relatifs aux
droits humains restent vagues.
"L'Union Africaine ne sera un succès que si elle remplace la culture de
l'impunité par une culture de la responsabilité et des comptes à rendre," a
déclaré Peter Takirambudde, Directeur de la Division Afrique de Human Rights
Watch. "Ceci signifie s'assurer que les bonnes paroles de l'Acte fondateur
de l'Union Africaine et celles du NEPAD deviennent réalité et que les états
qui ne respecteront pas les engagements qu'ils ont pris devront en assumer
les conséquences."
Human Rights Watch a appelé les membres de l'Union Africaine à donner suite
aux promesses déjà faites en matière de droits humains. Pour commencer, ils
devraient :
- Finaliser au plus vite un Protocole solide relatif à la Charte africaine
sur les droits des femmes dont les négociations sont au point mort depuis
des mois.
- Ratifier le Protocole établissant une Cour africaine sur les droits des
hommes et des peuples pouvant juger des états pour atteintes aux droits
humains.
- Donner à l'organe africain qui existe déjà en matière de droits humains,
la Commission africaine sur les droits des hommes et des peuples, les
ressources et l'appui politique dont il a besoin pour mener à bien sa
mission.
Au sommet du G8, à Kananaskis, le mois dernier, les responsables du G8 se
sont engagés à soutenir l'initiative du NEPAD mais ont adopté une attitude
prudente sur le système du peer review. Les responsables du G8 ont déclaré
vouloir conduire leurs propres évaluations afin de décider s'ils
souhaitaient ou non mettre en œuvre des partenariats avec tel ou tel pays.
"Le peer review représente une étape positive mais seulement si le processus
est transparent et solide," a déclaré Takirambudde. "Il doit être soutenu
par des institutions capables d'examiner scrupuleusement le respect et la
mise en œuvre des droits humains."
L'Afrique du Sud présidera en premier l'Union Africaine et Human Rights
Watch a exhorté le Président Thabo Mbeki à mettre les droits humains au cœur
des activités de ce nouvel organisme, au cours de l'année à venir.
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