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© 2022 Ojima Abalaka pour Human Rights Watch

Un meilleur avenir : Donner aux filles enceintes et aux mères adolescentes les moyens de rester à l'école

Accès à l'éducation au sein de l'Union africaine : un index de Human Rights Watch

Chaque année, dans toute l'Afrique, des dizaines de milliers d'adolescentes abandonnent l'école ou sont victimes de discrimination et d'exclusion parce qu'elles sont enceintes, mariées ou mères.

L’Afrique a le taux de natalité le plus élevé du monde parmi les adolescentes. Tout au long de la pandémie de Covid-19, les grossesses chez les adolescentes ont augmenté dans de nombreux pays africains, liées aux fermetures d'écoles, au manque d'espaces de protection pour les filles et à une augmentation de la violence au sein des communautés. De même, les incapacités gouvernementales à assurer les protections et l'accès aux services pendant les confinements et les fermetures ont contribué à l’augmentation des cas de mariage d'enfants pendant la pandémie.

La grossesse est à la fois un obstacle à la poursuite des études des filles et souvent également une conséquence du décrochage scolaire des filles. De nombreuses études ont montré que plus une fille reste à l'école longtemps, moins elle est susceptible d'être mariée dans son enfance ou de tomber enceinte pendant son adolescence.

La pauvreté, la violence sexuelle et sexiste, et une mauvaise situation sanitaire, associés à un manque d'accès à l'éducation, exposent des milliers de filles à des grossesses non désirées. Les mesures qui s'attaquent à ces conditions socio-économiques sous-jacentes et autonomisent les filles peuvent jouer un rôle essentiel dans la lutte contre les taux élevés de grossesse chez les adolescentes.

Personne ne m'a renvoyée de l'école. J'ai arrêté d'étudier à cause de mon ventre, je me sentais gênée… Je ne savais pas s'ils se moqueraient de moi ou feraient des blagues parce que dans ma classe même quand les gens ont des handicaps ou se présentent avec des cheveux sales et hirsutes ils font des blagues et se moquent de toi… [L’]école pourrait nous soutenir davantage pour que nous n'ayons pas à arrêter d'étudier parce que nous en avons honte et en cas d'abandon pour que nous puissions reprendre notre place pour pouvoir étudier à nouveau… ainsi qu'un soutien avec du matériel scolaire comme des cahiers et des uniformes, et du lait et des couches pour le bébé.

—Dora N., 16 ans, province de Maputo, Mozambique

Toutes les filles ont droit à l'éducation, qu'elles soient ou non enceintes, mères ou mariées. Les obligations juridiques internationales de fournir à tous les enfants une éducation sans discrimination sont claires : les politiques gouvernementales qui discriminent les filles en raison de leur grossesse ou de leur mariage violent le droit international et régional des droits humains, et enfreignent souvent les droits des filles protégés au niveau national et constitutionnel.

Lorsqu'une fille non mariée tombe enceinte, la société la condamne, l'accuse. Si une fille non mariée tombe enceinte alors qu'elle est à l'école, elle-même aura honte de venir à l'école, car elle craindra que ses camarades de classe, ou ses professeurs, se moquent d'elle ou l'insultent…. Ce serait bien qu'il y ait des assistantes sociales ou des psychologues dans les écoles pour rassurer et accompagner les jeunes filles, avant et après la grossesse. Il serait également utile de mettre en place un système pour que les filles puissent amener leurs enfants avec elles à l'école, comme une garderie.

—Mariama "Djibo" Mamoudou, directrice de programmes, ONG Femmes, Actions et Développement (FAD), Niger

Les 55 États membres de l'Union africaine ont tous adopté des obligations visant à assurer une éducation inclusive et de qualité pour chaque élève, grâce à l'adoption de l'Agenda 2063 de l'Union africaine et des Objectifs de développement durable des Nations Unies. Les gouvernements africains se sont également engagés à mettre fin au mariage des enfants, à promouvoir les droits sexuels et reproductifs et à lutter contre les grossesses chez les adolescentes. De plus, tous les États de l'UA ont le devoir de protéger les filles de l'exclusion dans l'éducation.

La plupart des pays africains disposent de cadres qui garantissent explicitement le droit des adolescentes de rester à l'école pendant la grossesse et la maternité. Au moins 39 pays africains ont adopté des lois, des politiques ou des mesures correspondantes garantissant que les filles enceintes peuvent reprendre leurs études après avoir accouché.

Cependant, de nombreux pays ne disposent pas de politiques adéquates ou ont adopté des mesures punitives ou discriminatoires à l'encontre des mères adolescentes qui servent à priver les filles du droit de terminer leurs études primaires et secondaires. De nombreux systèmes éducatifs choisissent encore de punir les filles en cas de grossesse, en leur refusant tout type d'éducation, en les forçant à choisir une éducation de moins bonne qualité dans des environnements alternatifs, loin de leurs pairs, ou en les stigmatisant lorsqu'elles se battent pour rester à l'école.

Certains pays africains qui ne disposent pas de politiques relatives aux grossesses d'adolescentes dans les écoles imposent également de lourdes sanctions et punitions aux filles qui auraient eu des relations sexuelles hors mariage. Les filles qui tombent enceintes sont non seulement exposées à l’humiliation publique et à la stigmatisation sociale, mais peuvent également être poursuivies pénalement pour relations sexuelles non conjugales, indécence ou adultère.

Le manque de protections positives nuit aux filles et à leurs communautés et entrave les progrès vers la réalisation des objectifs nationaux et partagés à l'échelle de l'UA.

Human Rights Watch appelle tous les gouvernements africains à adopter des politiques d'éducation conformes aux droits humains garantissant que les élèves enceintes ou parentales sont :

Human Rights Watch a examiné plus de 100 lois et politiques officielles relatives à l'éducation, aux stratégies d'équité entre les sexes, aux plans de santé reproductive et à diverses politiques ou directives de la part des ministres de l'Éducation dans tous les États membres de l'Union africaine pour comprendre comment les gouvernements africains protègent ou entravent l'accès à l'éducation des élèves enceintes et des mères adolescentes.

Le droit à l'éducation des élèves enceintes ou des mères adolescentes est-il protégé par la loi, des politiques ou par d'autres mesures ?

Quel type de mesures sont en place pour protéger le droit d'accès à l'éducation des élèves enceintes ou des mères adolescentes ?

Quel type de mesure entrave la scolarisation des élèves enceintes ou des mères adolescentes ?

Quels pays appliquent des sanctions pénales fondées sur la moralité, qui contribuent directement à l'exclusion des élèves enceintes ou des mères adolescentes ?


Cet index présente un aperçu complet des diverses lois, politiques et pratiques à travers l'Union africaine. Les lois et les politiques changent ou sont mises à jour périodiquement. Nous prévoyons de mettre à jour périodiquement cette ressource, et les cartes interactives pour refléter ces changements.

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