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Conseil des droits de l'homme des Nations Unies: Dialogue interactif avec l'Expert indépendant sur la République centrafricaine

Déclaration émise en vertu de l'article 10

 

L'escalade de la violence à Bangui ces derniers jours est venue brutalement rappeler à la communauté internationale la volatilité et la fragilité de la situation dans la République centrafricaine. Lors de sa visite en République centrafricaine en septembre, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme avait décrit un pays en proie à la peur, faisant écho à ce dont notre organisation a été témoin.

De graves violations des droits humains continuent d’être perpétrées, non seulement à Bangui, mais aussi dans des régions du centre du pays, loin des yeux et des oreilles de la communauté internationale. Dans ces zones reculées, des centaines de personnes ont déjà trouvé la mort et plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été déplacées au cours des 12 derniers mois. Tant les rebelles musulmans de la coalition Séléka que les combattants principalement chrétiens des milices anti-balaka continuent de perpétrer des attaques à l’encontre de populations civiles, suivant parfois un cycle de représailles et donnant lieu à de graves violations des droits humains.

Au cours des 12 derniers mois, Human Rights Watch a mené de vastes enquêtes sur les violations des droits humains rapportées dans la partie centrale du pays, comme à Bouca, Batangafo, Kaga Bandoro et Bambari. Des Casques bleus ou soldats français de la force du maintien de la paix sont présents dans toutes ces villes, cependant les habitants se trouvant à l’intérieur et dans les zones limitrophes avec ces villes font toujours face à des attaques régulières.

A Kouango par exemple, les combattants anti-Balaka ont tué au moins 34 civils et brûlé 617 maisons au cours de l'année écoulée. De la même manière, aux alentours de Kouango, des éléments des forces Séléka commandées par Ali Darras ont tué au moins 135 civils et brûlé plus de 2.000 maisons. Beaucoup de ceux qui ont fui leurs maisons durant ou après les attaques vivent désormais dans la brousse, avec peu ou pas d’accès à l'aide humanitaire, et nombre d’entre eux sont en train de mourir. Il est impératif que les civils reçoivent une protection adéquate à travers le pays et que les Casques bleus remplissent leur mandat de les protéger.

L'impunité continue d'être une caractéristique de la violence. À ce jour, personne n'en a été tenu pour responsable. La mise en place de la Cour pénale spéciale, promulguée par le président par intérim en juin dernier, constitue le meilleur espoir d’avoir accès à la justice pour de nombreuses victimes des violences. Ce tribunal, qui sera composé de juges et procureurs à la fois nationaux et internationaux, sera chargé d’enquêter et de poursuivre les individus ayant perpétré de graves violations des droits humains dans le pays depuis 2003. Mais pour cela, il est essentiel que ce tribunal se voie donner les moyens de son mandat, au travers d’une assistance technique, financière  et logistique. Et il est tout aussi crucial que cette nouvelle institution reçoive le soutien des bailleurs de fonds.

 

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