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Rwanda : De la recherche de la sécurité aux abus des droits de l'homme

INTRODUCTION

Les autorités rwandaises ont pour principale priorité la sécurité. Selon elles, elles doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir afin d'éviter que ne se reproduise un génocide comme celui qui a frappé le Rwanda avant leur arrivée au pouvoir. Le gouvernement rwandais dispose d'une armée de plus de 50.000 hommes, d'un corps de police national, de milliers d'officiers de police au niveau local, de la Local Defense Force (force d'autodéfense civile), forte de plusieurs milliers d'hommes et, enfin, de patrouilles citoyennes qui circulent la nuit dans de nombreuses communautés.1 De nombreux employés du gouvernement, des étudiants et d'autres civils ont appris à se servir d'armes à feu dans des "camps de solidarité" et les autorités ont prévu de fournir une formation similaire à une grande partie de la population. Au cours des trois derniers mois, le gouvernement a appelé les rwandais et certains étrangers résidant au Rwanda à payer une taxe supplémentaire, s'ajoutant aux impôts, afin d'aider à couvrir le coût élevé de la "sécurité". Ces groupes armés, programmes de formation et contributions militaires ont pour but d'assurer le protection d'une petite nation de quelques sept millions de citoyens.2

Malgré ce déploiement de moyens, des citoyens ordinaires sont attaqués et tués et d'autres disparaissent sans laisser de trace. Dans certains cas, les forces de sécurité se sont révélées incapables de protéger la population. Dans d'autres, elles ont elles-mêmes perpétré les crimes qui contribuent au maintien du climat d'insécurité qui règne aujourd'hui au Rwanda. Les rwandais qui ne soutiennent pas les politiques du gouvernement risquent d'être considérés comme faisant partie des "forces négatives" qui menacent la sécurité nationale. Un important leader tutsi, ainsi catalogué, a été assassiné. D'autres, craignant pour leur vie, ont fui le pays. De nombreux citoyens ordinaires ont été emprisonnés sans jugement et parfois maintenus au secret pendant plusieurs mois. De tels abus, pendant longtemps réservés aux hutu, sont aujourd'hui de plus en plus souvent infligés aux tutsi, particulièrement aux tutsi ayant survécu au génocide et qui expriment leur opposition au gouvernement ou au parti dominant, le Front Patriotique Rwandais (FPR).

1 Dans une récente interview, le Général Paul Kagame a mentionné le chiffre de 50.000 hommes. Les experts militaires européens estiment eux que le chiffre est beaucoup plus élevé et pourrait aller jusqu'à 75.000 hommes.

2 La superficie du Rwanda est de 26.000 km2, c'est-à-dire environ la taille de l'état américain du Connecticut.

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