Rapports de Human Rights Watch

VIII. Le défi politique dans les Kivus

Le défi militaire posé par les unités toujours fidèles à Laurent Nkunda a attiré une grande attention fin 2006 et pendant le premier semestre 2007, de manière compréhensible étant donné les pertes humaines et les dommages matériels entraînés par les accrochages militaires. Mais la confrontation militaire était le résultat de la lutte politique fondamentale, qu’elle a quelque peu occultée, pour le contrôle du Nord-Kivu, et peut-être de l’Est du Congo en général.

Le défi de Nkunda : « Notre petit Etat »

Nkunda n’est pas seulement un soldat, il est aussi un politicien attaché à garantir une voix politique importante pour les Tutsis. En août 2006, il a dit aux chercheurs de Human Rights Watch : « Nous avons besoin d’être sûrs que nos cris sont entendus. On doit nous écouter. »181 A cette fin, il a fondé le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) avec pour programme d’empêcher l’exclusion des Tutsis de la vie politique nationale, d’assurer la sécurité des soldats Tutsis dans l’armée nationale, d’éliminer la présence des FDLR au Congo, et d’assurer le retour des réfugiés congolais se trouvant actuellement au Rwanda.182

Dans un entretien avec un chercheur de Human Rights Watch, un des officiers de Nkunda a qualifié des parties du Nord-Kivu de « notre petit Etat » et d’autres ont évoqué la création éventuelle d’une « République de Virunga. »183 Ces idées rappellent les propositions d’un Congo indépendant à l’Est, débattues en 2001 par le RCD-Goma, ancienne base politico-militaire de Nkunda. De telles propositions avaient provoqué des réactions hostiles de la part d’autres groupes ethniques du Nord-Kivu, et elles peuvent avoir expliqué en partie la formation d’un groupe d’opposition, la Coalition des Patriotes résistants du Congo (PARECO), un mouvement qui prétend unir les non-rwandophones aussi bien que certains rwandophones Hutus du Nord-Kivu.

Nkunda a créé une base de pouvoir grandissante au Nord-Kivu, plus forte dans de larges secteurs du Masisi et dans certaines parties du Rutshuru. Dans ces régions, Nkunda a apporté des changements dans l’administration (aussi bien civile que coutumière), la police, le service du renseignement, la distribution des terres et la collecte des impôts. Pour augmenter le nombre de ses partisans, ainsi que pour atteindre l’un des objectifs de son mouvement, il a encouragé et favorisé le retour de réfugiés congolais depuis le Rwanda. Il a aussi défendu une idéologie prétendant s’enraciner dans la religion et les droits humains, se servant d’une station de radio locale ainsi que de diverses réunions officielles et programmes scolaires pour diffuser ses idées auprès des habitants du Nord-Kivu.

Bien que centré dans l’immédiat sur des activités au Nord-Kivu, Nkunda a noué des liens avec des groupes politico-militaires se trouvant aussi loin que l’Ituri et le Sud Kivu. Deux de ses principaux subordonnés, Bosco Ntaganda et le Colonel Linganga, ont des liens avec les milices en Ituri. 184 Certains Banyamulenges au Sud Kivu seraient des partisans de Nkunda et auraient demandé que leurs forces militaires soient aussi soumises au mixage plutôt qu’au brassage.185

Administration civile, police, et service du renseignement

Pendant la deuxième guerre du Congo et les années de transition, le RCD-Goma, alors dominant aux Kivus, a tenté d’assurer son contrôle en nommant des administrateurs utiles à sa cause, soit en gagnant à sa cause les personnes en place précédemment hostiles, soit en éliminant celles qui étaient irrémédiablement opposées.

Avec le déclin du pouvoir du RCD et le renforcement de celui de Nkunda, beaucoup d’administrateurs se sont mis d’accord avec la nouvelle force dans la région et ont vu leur pouvoir grandir. D’autres, restant à l’écart de Nkunda, ont vu leur autorité s’affaiblir, même tout en restant officiellement en poste. Eugene Serafuli, par exemple, un gouverneur autrefois extrêmement puissant nommé par le RCD, s’est présenté aux élections de député provincial en 2006 mais s’est retrouvé exclu de parties du Nord-Kivu par les troupes de Nkunda. En octobre 2006, des soldats ont attaqué plusieurs de ses  collaborateurs de campagne, tuant une personne.186Dans un autre cas, en territoire de Masisi, un administrateur adjoint est devenu un partisan de Nkunda et a alors utilisé son nouveau pouvoir pour tenter de prendre la place de son supérieur, proclamant qu’il était maintenant le principal administrateur.187

Au Rutshuru, un fonctionnaire de l’administration locale a affirmé qu’il ne pouvait pas s’acquitter de ses responsabilités dans la plus grande partie de sa juridiction, parce qu’il ne faisait pas partie des partisans de Nkunda. Il a expliqué à un chercheur de Human Rights Watch :

Je contrôle seulement un tiers de mon territoire. Deux tiers sont aux mains du CNDP. Je ne contrôle pas Bwito, par exemple. Je n’y ai pas accès, je serais tué si j’y allais. Je me sens en danger. Certaines des autorités de l’Etat ont reçu des menaces à Bwito et l’un des chefs y a été remplacé. A Nyamilima, l’administrateur local a dû prendre la fuite. Vous devez être fidèle au CNDP, à leur idéologie. Si vous ne l’acceptez pas, vous n’avez pas de travail.188

Dans un cas au moins, Nkunda est intervenu dans un conflit sur le poste de chef coutumier. En février 2007, les soldats de Nkunda ont aidé Vincent Mwambutsa, un membre de la famille de Nkunda,189 en vandalisant le bureau de son rival, le fils d’un précédent chef coutumier et candidat au poste de son père.190 

Des associés de Nkunda dans les forces de police ont usurpé le contrôle de l’autorité de police dans les communautés de Tongo, Mweso, et Kitchanga après avoir attaqué avec succès un poste de commandement de police à Rubaya, au Masisi, en novembre 2006. Une centaine d’officiers de police initialement recrutés au moment du RCD ont attaqué des officiers de la police nationale dans une fusillade et les ont chassés de Rubaya. Selon le chef régional de la police, les officiers de police rebelles, qui se sont emparés d’armes et d’uniformes, étaient soutenus par des soldats de Nkunda. Il a affirmé : « Nous devons regarder la vérité en face, il y a un lien avec Nkunda. Tout l’équipement volé est allé à l’armée de Nkunda. »191

Pareillement, des agents de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) ne rendent plus compte au siège régional de l’ANR à Goma mais à Nkunda. Un officier de l’ANR en poste à Kitchanga a été assassiné le 12 avril 2006, avec une implication possible des soldats de Nkunda.192 Selon un fonctionnaire de l’ANR à Goma, des agents à Tongo, Mweso, et Kitchanga ont échappé à son contrôle et sont dirigés par Nkunda. Il a demandé à un chercheur de Human Rights Watch : « Comment puis-je prétendre être le chef provincial de l’ANR quand il y a des parties de la province qui échappent à mon autorité ? »193

Impôts, terre et réfugiés

Le pouvoir de collecter les impôts et de distribuer la terre, attributs habituels de l’administration, ont été appropriés par Nkunda et ses soldats dans les zones qui sont sous son influence.

Sur les routes et les marchés dans tout le territoire de Masisi, dans des endroits comme Kirolirwe et Bihambo, les soldats de Nkunda prélèvent des « taxes » auprès des marchands. En novembre 2006, ils ont imposé des taxes pouvant aller jusqu’à 200$US pour un camion qui transportait du bois.194 A l’occasion, ils ont réclamé des contributions sous forme de carburant de et nourriture, pour lesquelles ils ont émis des « reçus d’expédition. »195

Les conflits au Nord-Kivu, tout comme ailleurs dans l’Est du Congo, sont souvent liés au contrôle de la terre, en partie parce que la terre a de la valeur dans cette région très peuplée, et en partie parce que la terre a été conventionnellement identifiée avec un groupe ethnique particulier et avec l’autorité  de son chef. Sous le RCD, des habitants riches et puissants, ainsi que des Rwandais bien placés, se sont appropriés de larges étendues de terre, en particulier au Masisi. Une grande partie de ces terres avait été auparavant possédée ou au moins contrôlée par l’Etat. Du fait que beaucoup des nouveaux chefs terriens étaient Tutsis, les hostilités ethniques se sont confondues avec les intérêts matériels locaux.196

Le contrôle de la terre a été plus récemment lié aussi à la question du retour des réfugiés se trouvant actuellement au Rwanda. Beaucoup de ces Congolais prévoient des problèmes à leur retour sur des terres qu’ils détenaient avant leur fuite, et ils recherchent des assurances qu’ils recevront la terre nécessaire, soit celle qu’ils avaient autrefois, soit de la terre ailleurs, avant de retourner au Congo. Nkunda a reconnu que l’assurance de la terre pourrait être aussi importante que l’assurance de la sécurité pour persuader les réfugiés de revenir. Il a prévu de donner de la terre aux réfugiés près de Kitchanga et de Kirolirwe, y compris des étendues situées à l’intérieur du parc national de Virunga censé être protégé de toute installation.197 Dans certaines communautés comme Ngungu, les autorités locales loyales à Nkunda ont forcé les habitants à céder leurs maisons et leurs champs aux réfugiés de retour.198 

Selon un membre du HCR, les sympathisants de Nkunda tiennent des réunions dans les camps au Rwanda, encourageant les réfugiés à retourner au Congo. En partie peut-être à cause de ces efforts, environ 70 pour cent des hommes réfugiés voulaient rentrer le plus tôt possible, d’après une enquête réalisée en mai 2007 par le HCR. La plupart de ceux qui souhaitaient rentrer chez eux citaient la confiance dans la sécurité offerte par Nkunda comme leur principale raison d’être prêts au retour.199 Dans un cas au moins, les troupes de Nkunda ont fourni aussi une aide matérielle, sous forme de transport en camion pour 163 réfugiés de retour au pays.200

 

Ceux qui rentrent au Congo en ce moment le font sans l’aide du HCR, qui a jugé que les conditions actuelles d’insécurité et de complications à propos de la propriété de la terre étaient inappropriées pour un retour organisé. Le HCR avait espéré signer un accord tripartite avec les gouvernements du Rwanda et du Congo en 2007 et commencer des retours organisés, mais il est réticent étant donné la situation actuelle.201 Le HCR essaie de garantir que les réfugiés ont accès à des informations complètes et objectives avant de décider de rentrer au Nord-Kivu.202 

Hisser le drapeau

Conscient que l’idéologie est essentielle pour galvaniser les partisans, Nkunda a créé un drapeau pour le CNDP, hissé solennellement lors d’événements publics, et il a élaboré une synthèse d’idées et de pratiques visant à caractériser le mouvement. Certaines de ses idées sont tirées de textes évangéliques tels que « A Purpose-Driven Life, » (« La vie avec un sens »), un livre du pasteur évangélique américain Rick Warren très en vogue chez les dirigeants rwandais. Il dit avoir tiré d’autres idées des pratiques coutumières de la communauté rwandophone congolaise. Bien conscient de l’importance de la publicité, Nkunda reçoit les journalistes à bras ouverts et il jouit d’un succès substantiel auprès de la presse internationale. Fin 2006 et en 2007, il a aussi fait passer son message par le biais de grandes réunions publiques au Masisi et au Rutshuru203, ainsi que sur une station de radio locale et avec des programmes menés dans les écoles par des Comités scolaires d’intégration sociale.204

Nkunda semble accorder une grande importance à la réconciliation entre les parties Tutsi et Hutu de la communauté rwandophone, peut-être parce qu’il reconnaît que les Hutus rwandophones pourraient constituer un apport extrêmement important à sa base politique jusqu’ici largement Tutsi. Lors de grandes réunions à Nyamitaba, Kitchanga, et Nyanzale, ses partisans ont chanté des chansons et déclamé des poèmes rwandais d’auto louange (ibyvugo) destinés à rappeler aux rwandophones leur héritage culturel commun. Dans une de ces occasions, à Nyamitaba, les participants ont aussi partagé des boissons et de la viande, mangée sur la même brochette.205 Selon Nkunda, les Hutus et Tutsis congolais ont bu et partagé de la viande de cette façon pour signifier la fin des conflits ethniques passés dans les années 60 à Nyamitaba, et il voulait reproduire cette pratique pour marquer la fin des animosités ethniques créées pendant les récentes campagnes électorales. Il a déclaré : « La récente campagne politique des politiciens Hutu dans cette région a créé beaucoup de divisions. Je voulais arrêter ces divisions et c’est pourquoi j’ai organisé la cérémonie à Nyamitaba. »206

Zones de contrôle des FDLR

Comme Nkunda, les FDLR ont cherché à contrôler la richesse économique des zones où elles étaient fortes. Certains des commandants des FDLR se sont livrés à l’exploitation de minerais, mais bien d’autres ont tiré profit du négoce et des taxes, en particulier celles imposées au commerce. Les FDLR ont aussi remplacé des autorités locales ou les ont obligées à suivre leurs directives. Mais à la différence du mouvement de Nkunda, les FDLR ne cherchent pas à créer une unité politique autonome différente au sein de l’Etat congolais.207

Au cours des recherches effectuées pour ce rapport, les chercheurs de Human Rights Watch n’ont pas eu de contact avec les FDLR sur le terrain.

La réponse de l’Etat congolais

Le gouvernement national n’a pas réussi à répondre de façon concluante à la crise du Nord-Kivu tout au long des huit premiers mois de 2007, permettant à Nkunda de renforcer ses forces militaires et d’élargir considérablement la base de son contrôle territorial réel. Bien que déplacées par les opérations de Nkunda de certaines de leurs zones de contrôle habituel, les FDLR ont poursuivi leurs ravages à l’encontre des populations ailleurs dans la province. Conscients de la faible réponse du gouvernement national au Nord-Kivu, les soldats Banyamulenges au Sud Kivu ont réclamé le mixage au lieu de l’intégration complète et se sont battus contre d’autres soldats de l’armée congolaise. En même temps, les combattants FDLR (et un autre groupe hors-la-loi apparenté) ont multiplié les attaques contre des civils. Comme l’ont conclu des députés à l’assemblée provinciale du Nord-Kivu à propos de l’insécurité croissante dans leur région : « l’Etat a abandonné son rôle. »208

Après avoir apparemment approuvé l’accord de mixage conclu avec Nkunda, le Président Kabila n’a pas fait preuve d’un engagement ferme envers ce compromis, bien que son ministre de la Défense, Tshikez Diemu, ait défendu le programme devant l’Assemblée nationale, disant qu’il offrait un moyen d’accroitre le contrôle sur les troupes de Nkunda et qu’il mènerait éventuellement à l’intégration complète.209 De la même façon, Kabila est resté vague sur la question du statut de Nkunda et de son sort éventuel, autorisant toutes les spéculations sur son départ ou même sur sa possible nomination à un poste dans l’armée régulière. Ce n’est qu’à la fin du mois de mars que Kabila a annoncé lors d’une conférence de presse que le mandat d’arrêt contre Nkunda restait valable, mais il n’a rien fait après cela pour faire exécuter ce mandat. 210 Dans le cas des FDLR, Kabila a engagé son gouvernement à éliminer ce groupe, mais il n’a pas dénoncé publiquement ceux qui dans son gouvernement et son armée continueraient à leur offrir leur appui.

Alors que les conditions sur le terrain s’aggravaient et que le gouvernement national échouait à répondre correctement, les parlementaires provinciaux ont proposé leur propre analyse et leurs recommandations pour des mesures dans un rapport adopté par l’assemblée provinciale le 31 mars puis adressé au gouvernement national. Ils ont décrit plus d’une centaine de cas de meurtres, viols, embuscades, enlèvements, arrestations arbitraires et pillages, au cours desquels des civils ont été victimes des soldats de l’armée nationale, des troupes de Nkunda, des FDLR, et d’autres groupes comme par exemple les anciennes milices Maï Maï.211

Les législateurs locaux ont particulièrement dénoncé la création d’une administration « parallèle » dans des zones sous l’influence de Nkunda, mais ils ont aussi dénoncé le prélèvement de « taxes » et l’exploitation des ressources économiques par les FDLR, les anciens Maï Maï, et d’autres soldats nationaux dans les parties du Nord-Kivu où ils étaient le pouvoir local dominant.

Les parlementaires ont recommandé que le mixage soit arrêté et que les brigades mixées soient déployées rapidement en dehors du Nord-Kivu. Ils ont proposé que le gouvernement renouvelle ses efforts pour trouver une solution politique, mais ils ont aussi recommandé que de nouvelles opérations militaires, si elles s’avéraient nécessaires, soient plus fortes et mieux organisées, et qu’elles assurent la protection des civils. Ils ont aussi demandé que tous les individus accusés de violations des droits humains soient traduits en justice.212 Vingt-cinq législateurs locaux ont envoyé une note au Président Kabila, soulignant ces réclamations.213

Le gouverneur fraichement élu du Nord-Kivu, Julien Paluku (du groupe ethnique des Nandes, le plus nombreux de la province), a fait un petit pas vers la résolution de la crise locale en établissant une petite unité administrative sous sa propre supervision pour traiter les tensions ethniques. Par-dessus cela, il a considéré ce problème comme l’un de ceux que devait résoudre le gouvernement national. Comme il l’a dit à un chercheur de Human Rights Watch : « Le gouvernement doit assumer ses responsabilités d’amener la paix au Nord-Kivu. »214

Comme il devenait de plus en plus clair à la mi mai que le mixage ne résoudrait pas les problèmes du Nord-Kivu, une délégation de 10 ministres est venue à Goma, mais elle est retournée à Kinshasa sans avoir rien proposé de plus qu’une table ronde pour faciliter les discussions entre les divers acteurs politiques. Les parlementaires provinciaux ont considéré la proposition comme très peu prometteuse, en particulier du fait que la table ronde devait se tenir dans la capitale nationale. Etant donné le coût du déplacement jusqu’à Kinshasa, relativement peu de gens du Nord-Kivu auraient les moyens d’y participer.215

Les députés du Nord-Kivu à l’Assemblée nationale ont demandé à rencontrer Kabila pour discuter de la crise, mais, selon un législateur provincial, cela leur a été refusé. A la fin du mois de mai, plusieurs députés nationaux du Nord-Kivu ont suspendu leur participation à l’Assemblée nationale pour protester contre l’inaction gouvernementale. Le député Emmanuel Bahati a déclaré : « Notre suspension durera jusqu’à ce que nous voyions des signes clairs et des actions de la part du gouvernement qui ramèneront la paix. Le gouvernement n’a rien fait pour trouver une solution pour les gens qui souffrent. Au contraire il met la question de côté en proposant une table ronde »216. Le 19 septembre, le Président Kabila est arrivé à Goma pour une visite de quatre jours pour s’entretenir avec les dirigeants politiques et militaires, ainsi qu’avec l’ONU et les agences humanitaires.

En dépit de la visite présidentielle, au moment où nous écrivons début octobre,  il n’y avait pas encore de politique gouvernementale claire en vue  pour résoudre soit les questions militaires immédiates, soit les conflits politiques plus fondamentaux au Nord-Kivu. Le gouvernement national a fait quelques démarches pour rechercher plus de dialogue avec les FDLR, qui de leur côté ont fait au moins une tentative pour guérir les divisions dans leurs propres rangs. Pendant ce temps, le Sénat national a tenu une session extraordinaire pour débattre de la crise ancienne au Nord-Kivu, ainsi que de la crise qui s’est déclenchée plus récemment au Sud Kivu (où un groupe de dissidents Banyamulenges ayant des liens avec Nkunda est entré en conflit avec l’armée nationale sur le Haut Plateau près de la ville d'Uvira). Le sénat a créé une mission d’enquête pour examiner la situation dans les deux provinces.217

Tandis que les dirigeants politiques discutaient et examinaient et pourtant ne prenaient pas de décisions, le Général Gabriel Amisi a annoncé le 11 août que les unités de l’armée congolaise cesseraient les opérations contre les FDLR, rendant officielle en réalité une situation déjà existante depuis plusieurs semaines. 218 Un porte-parole de la MONUC a clarifié peu après cette déclaration, disant que les opérations pourraient bien se poursuivre, mais qu’elles seraient menées par les unités de l’armée congolaise qui étaient complètement entraînées et intégrées. Dans sa déclaration, le Général Amisi a dit que les unités mixées seraient réellement totalement intégrées dans l’armée congolaise, peut-être avec l’assistance de la MONUC.219




181 Entretien de Human Rights Watch avec Laurent Nkunda, Kirolirwe, 26 août 2006.

182 Voir par exemple, Congrès National pour la Défense du Peuple, “Cahier des Charges du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP),” Octobre 2006.

183 Entretiens de Human Rights Watch avec un officier loyal à Nkunda (identité non divulguée), Goma, 9 février 2007, et un administrateur local (identité non divulguée), Rutshuru, 15 mai 2007.

184 Human Rights Watch a documenté de graves violations des droits humains commises par Bosco Ntaganda. Voir “R.D.C. : l’armée ne doit pas nommer des criminels de guerre,” Communiqué de presse de Human Rights Watch, 14 janvier 2005, http://hrw.org/french/docs/2005/01/14/congo10015.htm. Voir aussi Human Rights Watch, Le fléau de l’or,  2 juin 2005, http://hrw.org/french/reports/2005/drc0505/

185 Entretien de Human Rights Watch avec un officier loyal à Nkunda (identité non divulguée), Goma, 9 février 2007.

186 Entretien de Human Rights Watch avec un fonctionnaire de la MONUC (identité non divulguée), Goma, 4 octobre 2006.

187 Entretien de Human Rights Watch avec un fonctionnaire de la MONUC (identité non divulguée), Goma, 24 janvier 2007.

188 Entretien de Human Rights Watch avec un fonctionnaire de l’administration locale (identité non divulguée), Rutshuru, 15 mai 2007.

189 Entretien de Human Rights Watch avec Laurent Nkunda, Kirolirwe, 26 août 2007.

190 Entretien de Human Rights Watch avec un membre d’une ONG basée à Goma, 28 février 2007. Bureau des Nations Unies pour la Coordination des affaires humanitaires (OCHA), “Nord-Kivu Situation Report,” 12 février 2007.

191 Entretien de Human Rights Watch avec le Général Ndaty Kapend, chef régional de la police, Goma, 15 novembre 2006.

192 MONUC, “Human Rights Assessment 16 – 22 April 2006,” 27 avril 2006.

193 Entretien de Human Rights Watch avec un fonctionnaire de l’ANR (identité non divulguée), Goma, 19 février 2007.

194 Entretiens de Human Rights Watch avec des habitants de Sake, Sake, 22 novembre 2006.

195 Entretien de Human Rights Watch avec un dirigeant des jeunes au Masisi (identité non divulguée), Goma, 19 février 2007.

196 Entretien de Human Rights Watch avec un membre d’une ONG locale (identité non divulguée), Kitchanga, 27 septembre 2007.

197 Entretien de Human Rights Watch avec Laurent Nkunda, Kirolirwe, 26 août 2006.

198 Entretien de Human Rights Watch avec un fonctionnaire du HCR (identité non divulguée), Goma, 18 avril 2007.

199 Entretien de Human Rights Watch avec un représentant d’une ONG internationale travaillant dans le domaine de l’aide aux réfugiés (identité non divulguée), Goma, 2 juillet 2007.

200 Entretiens de Human Rights Watch avec un fonctionnaire du HCR (identité non divulguée), Goma, 8 février et 17 mai 2007.

201 Entretien de Human Rights Watch avec un fonctionnaire du HCR, Goma, 8 février 2007.

202 Entretiens de Human Rights Watch avec un représentant d’une ONG internationale travaillant dans le domaine de l’aide aux réfugiés (identité non divulguée), Goma, 2 juillet 2007, et avec un fonctionnaire du HCR, Kigali, 25 juillet 2007.

203 Congrès National pour la Défense du Peuple, “Le Pèlerinage de la Réconciliation,” DVD, Juillet 2006; Entretien de Human Rights Watch avec un administrateur local (identité non divulguée), Rutshuru, 15 mai 2007.

204 Entretien de Human Rights Watch avec un fonctionnaire de l’UNICEF (identité non divulguée), Goma, 5 juillet 2007.

205 Congrès National pour la Défense du Peuple, “Le Pèlerinage de la Réconciliation.”

206 Entretien de Human Rights Watch avec Laurent Nkunda, Kirolirwe, 26 août 2006.

207 Romkema, “Opportunities and Constraints“, pp. 53-56.

208 Assemblée provinciale du Nord-Kivu, “Rapport de mission d’investigation sur les cas d’insécurité dans la province du Nord-Kivu”, 31 mars 2007, p. 27 (ci-après désigné comme Assemblée provinciale, “Rapport de Mission”).

209 “Mixage, brassage, insécurité généralisée à l’Est du pays : la question orale se poursuit à huis clos”, Le Potentiel, 13 avril 2007, http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?id_edition=&id_article=44251 (consulté le 20 août 2007).

210 Conférence de presse donnée par le Président Joseph Kabila, Kinshasa (en français), retransmise par Digital Congo Television, 26 mars 2007.

211 Assemblée provinciale, “Rapport de Mission.”

212 Ibid.

213 “Mixage des troupes : les agendas cachés”, Le Phare  Kinshasa, 21 mars 2007, http://www.lepharerdc.com/www/index_view.php?storyID=2501&rubriqueID=8 (consulté le 4 juillet 2007).

214 Entretien de Human Rights Watch avec le Gouverneur Paluku Kahongya Julien, Goma, 10 avril 2007.

215 Entretien de Human Rights Watch avec l’honorable Kakizumwami Habimana, député provincial, Goma, 26 mai 2007.

216 “RDC: des députés des Kivu (est) suspendent leur participation à l'Assemblée”, Agence France-Presse, 29 mai 2007, http://www.monuc.org/news.aspx?newsID=14686 (consulté le 7 juin 2007).

217 “Clôture jeudi de la session extraordinaire du Sénat”, Le Potentiel, 20 juillet 2007, http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?id_edition=&id_article=49124 (consulté le 20 août 2007).

218 Joe Bavier,“L’armée suspend ses opérations contre les FDLR en RDC”, Reuters, 12 août 2007.

219 Communiqué de presse de la MONUC, 15 août 2007, envoyé à Human Rights Watch par email, 15 août 2007.