Human Rights Watch condamne l'interdiction de l'azadho

"Cette attaque contre l'AZADHO n'est que le dernier développement dans une série de mesures prises par les autorités congolaises pour réduire au silence les voix de ceux qui défendent les principes démocratiques et les droits de l'homme."

Peter Takirambudde, directeur exécutif de la division de l'Afrique de Human Rights Watch

(New York, le 8 avril 1998)--Human Rights Watch a fermement condamné aujourd'hui l'interdiction par le gouvernement de Kinshasa de l'une des associations congolaises les plus respectées, l'Association pour la Défense des Droits de l'Homme (AZADHO). Le 3 avril dernier, le ministre congolais de la Justice est apparu à la télévision nationale pour y déclarer que l'AZADHO était illégale et qu'il avait donné ordre à la police de fermer immédiatement leurs bureaux dans tout le pays. Le ministre a accusé l'organisation de ne pas être enregistrée auprès du gouvernement, de recevoir des financements étrangers, de mener des activités politiques, et de garder la lettre Z dans son sigle, une référence à l'ancien Zaïre.

"Cette attaque contre l'AZADHO n'est que le dernier développement dans une série de mesures prises par les autorités congolaises pour réduire au silence les voix de ceux qui défendent les principes démocratiques et les droits de l'homme," a déclaré Peter Takirambudde, directeur exécutif de la division de l'Afrique de Human Rights Watch. Lors des dernières semaines, les autorités congolaises ont saisi des exemplaires du rapport annuel de l'AZADHO sur la situation des droits de l'homme au Congo et convoqué son vice-président pour le questionner sur une enquête menée par l'AZADHO à propos d'un récent massacre dans l'est du Congo.

Depuis 1991, AZADHO a établi des milliers de cas de violations des droits de l'homme commis par l'ancien régime mobutiste et a été une voix majeure et permanente en faveur de la démocratie et des droits de l'homme dans l'ancien Zaïre, rebaptisé République Démocratique du Congo (RDC). Durant la guerre qui a amené au pouvoir le Président Kabila, l'AZADHO a également dénoncé des assassinats de civils et des violations des droits de l'homme commises par toutes les forces en présence, y compris les forces de Kabila et leur alliés rwandais. Plusieurs membres de l'AZADHO ont été forcés à prendre le chemin de l'exil en mai 1997, après avoir reçu des menaces de mort de la part de membres des forces armées de Mobutu et de Kabila. Human Rights Watch s'inquiéte de la sécurité des militants de l'AZADHO au Congo, dont certains ont, selon des informations, été recherchés par des membres de l'Agence nationale de renseignements.

Human Rights Watch est extrêmement préoccupé par le refus du gouvernement congolais de respecter les droits fondamentaux, y compris une interdiction de l'activité politique et les limites imposées à la liberté d'association et d'expression. Cette attitude risque de disqualifier les méthodes pacifiques et d'accroître l'instabilité au Congo et dans la région. [haut de la page]

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