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"Si ces personnes sont renvoyées en Indonésie, un pays connu pour la détention
arbitraire et le mauvais traitement de personnes soupçonnées d'appuyer Aceh Merdeka,
elles risquent de graves violations des droits de l'homme. Si elles sont déportées avant d'être
interviewées par le HCR, le gouvernement malais pourrait être responsable de violer
le principe de non-refoulement -qui impose de ne pas renvoyer des réfugiées dans un
pays où ils risquent d'être persécutés- et les gouvernements de France, de Suisse
et de Brunei seraient complices". Sidney Jones, directrice pour l'Asie à Human Rights Watch |
(avril 10, 1998)--Human Rights Watch condamne l'action de trois ambassades à Kuala Lumpur- celles de la France,de la Suisse et de Brunei- qui ont livré vingt-sept demandeurs d'asile acehne (un groupe ethnique indonésien) à la police malaise pour leur déportation imméfiate vers l'Indonésie. L'organisation internationale de défense des droits de l'homme demande dans le même temps au gouvernement de la Malaisie d'arrêter la procédure de déportation et de permettre à ces personnes d'avoir immédiatement accès aux fonctionnaires du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés afin qu'ils soient interviewés en confiance pour déterminer si leur demande d'asile est valable. Huit membres de la communauté Acehne sont également à l'ambassade des Etats-Unis. Ces demandeurs d'asile viennent de la région spéciale de Aceh, à la pointe nord de Sumatra en Indonésie, où un groupe séparatiste armé appelé Aceh Merdeka (Aceh Libre) se manifeste sporadiquement depuis 1976. Ces personnes se sont échappées le 26 mars d'un camp de détention pour migrants près de Kuala Lumpur. "Si ces personnes sont renvoyées en Indonésie, un pays connu pour la détention arbitraire et le mauvais traitement de personnes soupçonnées d'appuyer Aceh Merdeka, elles risquent de graves violations des droits de l'homme", explique Sidney Jones, directrice pour l'Asie à Human Rights Watch. "Si elles sont déportées avant d'être interviewées par le HCR, le gouvernement malais pourrait être responsable de violer le principe de non-refoulement -qui impose de ne pas renvoyer des réfugiées dans un pays où ils risquent d'être persécutés- et les gouvernements de France, de Suisse et de Brunei seraient complices". |
Le 26 mars, plus de 500 Acehnes ont été déportés de Malaisie, en dépit de leurs
protestations violentes. Huit détenus et un policier sont morts lors de ces incidents
dans un centre de détention pour migrants au moins. Le 2 avril, Waspada, un journal
de Medan (au nord de Sumatra) a rapporté que le gouverneur d'Aceh avait déclaré que
les 545 déportés étaient soumis à un programme de "guidance" de deux semaines avant
d'être renvoyés chez eux. Le gouverneur a ajouté que ce programme était nécessaire
car ces gens avaient vécu à l'étranger depuis si longtemps qu'ils avaient besoin de
comprendre tout le progrès qu'avait fait l'Indonésie. Tous ont été déportés dans un
camp militaire qui était auparavant utilisé par le Kopassus, les forces armées spéciales,
à Rancong, en dehors de Lhokseumawe.
On pense que des centaines d'Acehnes ont été détenus sans accusation ni jugement
dans des camps militaires à Aceh, mais aucune agence extérieure n'a eu le droit de
visiter régulièrement ces camps. En mars 1997, le gouvernement indonésien a suspendu
les visites aux prisons d'Aceh par le Comité International de la Croix Rouge.
Human Rights Watch est tout particulièrement inquiète du fait que les
actions des gouvernements suisse et français, tous deux parties à la Convention de
1951 sur le Statut des Réfugiés, aient pu violer leurs obligations aux termes de ce
traité.
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