Le gouvernement américain a invoqué des «normes de travail essentielles », y compris la liberté
d'association des travailleurs, afin qu'elles soient incluses dans les règlements de l'Organisation
Mondiale du Commerce et dans l'Accord de Libre-Echange des Amériques. Mais Human Rights
Watch accuse les Etats-Unis de violer eux-mêmes les standards de la liberté d'association en
échouant dans la protection du droit des travailleurs à s'organiser.
« Les cartes sont truquées contre les travailleurs aux Etats-Unis », dit Kenneth Roth, directeur
général de Human Rights Watch. « Le gouvernement américain ne peut pas vraiment faire
pression sur un autre pays pour améliorer ses normes du travail s'il les viole lui-même. Il devrait
montrer l'exemple. »
Chaque année, des milliers de travailleurs aux Etats-Unis sont licenciés de leur emploi ou
subissent d'autres représailles pour tenter de s'organiser en syndicat. Des millions de
travailleurs sont exclus des lois du travail conçues pour protéger les droits des travailleurs à
s'organiser et à négocier, et leur nombre s'accroît, selon le rapport.
Les employeurs peuvent résister à l'organisation syndicale en faisant traîner des procédures
judiciaires pendant des années, dit le rapport. Le droit du travail est si faible que les compagnies
traitent souvent les pénalités mineures comme un coût routinier dans la gestion de leurs affaires,
et non pas comme une dissuasion contre les violations. Quelques travailleurs ont réussi à
s'organiser en syndicats ces dernières années, dit le rapport, mais seulement après avoir surmonté
des obstacles majeurs.
D'après les statistiques du National Labor Relations Board (NLRB), l'agence fédérale créée pour
appliquer les droits des travailleurs à s'organiser et négocier, le problème empire. Dans les
années 50, les travailleurs qui subissaient des représailles pour exercer le droit à la liberté
d'association se comptaient par centaines chaque année. En 1969, ce nombre dépassait les 6000.
Au début des années 90, plus de 20 000 travailleurs chaque année étaient victimes de
discriminations suffisamment sérieuses pour que le NLRB ordonne un «paiement rétro actif » ou
autre solution. Il y avait près de 24 000 travailleurs dans ce cas en 1998, dernière année pour
laquelle des chiffres officiels sont disponibles. Pendant ce temps, le budget et le personnel du
NLRB ne sont pas arrivés à suivre cette croissance.
Parmi d'autres conditions citées dans le rapport qui entravent la liberté d'association des
travailleurs, on relève :
- Des travailleurs licenciés pour avoir voulu s'organiser et négocier attendent souvent
pendant des années que leur cas soit tranché par des tribunaux et bureaux du travail,
tandis que les employeurs ne paient pas pour rechercher délibérément des délais et des
appels peu fondés ;
- Des règlements à sens unique pour l'organisation syndicale favorisent injustement les
patrons contre les travailleurs, en permettant des tactiques telles que les «réunions avec
auditoire contraint » où les directeurs prédisent les fermetures du lieu de travail si les
travailleurs votent pour une représentation syndicale ;
- Des millions de travailleurs, comprenant les ouvriers agricoles, les employés
domestiques, les surveillants de grade inférieur et les travailleurs «indépendants » qui en
réalité dépendent d'un seul employeur, sont délibérément exclus de la protection par le
droit du travail des droits de s'organiser et de négocier. Ils peuvent être licenciés en toute
impunité pour tenter de former un syndicat ;
- Beaucoup de travailleurs se trouvent pris dans un réseau de sous-traitance de contrats de
travail, qui leur dénie en réalité le droit de s'organiser et de négocier avec les employeurs
qui ont le pouvoir réel sur leurs emplois et leurs conditions de travail ;
- Les employeurs ont le pouvoir légal de remplacer de façon permanente les travailleurs qui
exercent leur droit de grève ;
- Des règlements sévères contre les «boycotts secondaires » entravent les tentatives de
solidarité des travailleurs.
Human Rights Watch en appelle au Congrès des Etats-Unis pour garantir une réintégration
rapide et un paiement rétro actif complet aux travailleurs licenciés pour activité syndicale, ainsi
que des élections plus rapides et des procédures d'appel accélérées pour résoudre les pratiques
déloyales du travail plus rapidement. Le Congrès américain devrait aussi garantir que la
protection du droit de s'organiser soit étendue aux travailleurs agricoles, aux employés
domestiques et autres non encore couverts par les lois du travail fédérales.
Human Rights Watch a aussi interpellé le Congrès pour qu'il ratifie les conventions de
l'Organisation Internationale du Travail sur l'organisation et la négociation collective des
travailleurs, et pour qu'il renforce les lois américaines qui protègent ces droits.
Le rapport complet, ainsi qu'une version abrégée en français, sont disponibles sur le site de
Human Rights Watch : www.hrw.org
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