(New York, le 9 juin 2006) – Lorsque des membres du Conseil de Sécurité de l'ONU se rendront en République démocratique du Congo les 11 et 12 juin, ils devraient insister pour que le gouvernement de transition protège les droits des journalistes et des défenseurs des droits humains, lesquels font de plus en plus souvent l'objet d'attaques à l'approche des élections, a déclaré Human Rights Watch dans un document d'information publié aujourd'hui.
|
|
"Il ne peut y avoir d'élections libres et régulières si la presse et la société civile sont trop effrayées pour faire entendre leur voix ou s'engager dans un débat politique légitime," a déclaré Alison Des Forges, consultante spéciale à la Division Afrique de Human Rights Watch.
En avril et mai, au moins sept journalistes ont été menacés ou brutalisés dans l'exercice de leurs fonctions. Deux autres ont été appréhendés par les forces de sécurité et trois autres avaient été arrêtés quelques mois auparavant et inculpés pour diffamation, une accusation souvent utilisée abusivement par les agents du gouvernement en vue de restreindre la liberté d'expression.
Depuis janvier, sept militants des droits humains, notamment certains qui travaillent sur la question de la liberté de la presse, ont reçu des menaces de mort anonymes. Lors d'une menace proférée par courriel le 20 mai dernier, deux militants de Journaliste en Danger, organisation qui défend la presse, ont été avertis qu'ils devraient choisir leur cercueil.
Dans deux des rares cas où une enquête criminelle a été menée à propos d'agressions commises à l'encontre de reporters et autres militants, aucune condamnation n'a encore été prononcée. Quatre suspects ont été arrêtés pour le meurtre du journaliste Franck Ngyke et de son épouse Hélène Mpaka, tués devant chez eux le 2 novembre dernier, mais ces suspects n'ont pas été traduits devant un tribunal. Dans le cas de Pascal Kabungulu, un défenseur des droits humains tué par trois hommes armés à son domicile de Bukavu le 31 juillet, le pouvoir judiciaire a entamé un procès mais les autorités politiques et militaires sont intervenues. L'affaire a été renvoyée devant un autre tribunal et depuis lors, elle a quelque peu piétiné.
"Les membres du Conseil de Sécurité ont investi des moyens considérables pour que ces élections aient lieu," a conclu Des Forges. "Ils doivent maintenant insister pour que le gouvernement congolais prenne des mesures immédiates afin que le scrutin se déroule dans un climat libre de toute crainte ou intimidation."