Rapports de Human Rights Watch

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Recommandations

 

Les autorités marocaines devraient autoriser les publications indépendantes à exercer pleinement le droit à la liberté d'expression tel qu'il est garanti par les normes internationales, sans craindre d'être la proie de harcèlement judiciaire ou autre. A cet effet:

 

  • Les autorités devraient adopter une loi visant à amender toutes les dispositions du Code de la Presse de 2002 qui violent les normes reconnues au niveau international en matière de liberté d'expression. La diffamation devrait être strictement traitée au civil; les lois pénales relatives à la diffamation devraient être abolies. En outre, les autorités devraient abolir les articles qui criminalisent les déclarations considérées comme une offense envers le Roi, un prince ou une princesse royal (Article 41); les offenses envers les chefs d'Etat, premiers ministres, ministres des affaires étrangères des pays étrangers (Article 52); et les outrages commis envers les ambassadeurs et consuls étrangers au Maroc (Article 53).
  • Les autorités devraient adopter une loi visant à éliminer ou limiter radicalement l'étendue d'autres dispositions qui criminalisent les propos qui "portent atteinte" à la religion islamique, au régime monarchique ou à l'intégrité territoriale du Maroc (Article 41); et qui criminalisent la publication de "nouvelles fausses", de "mauvaise foi", qui "troublent l'ordre public" (Article 42);
  • A titre prioritaire, tous les articles susmentionnés devaient être amendés de façon à éliminer la possibilité de condamnation à des peines d'emprisonnement.
  • Jusqu'à ce que le Code de la Presse soit aligné sur les normes internationalement reconnues en matière de liberté d'expression, les autorités devraient s'abstenir de poursuivre des journalistes en vertu de dispositions qui violent lesdites normes ou qui prévoient une peine d'emprisonnement pour des propos offensants.
  • Les autorités devraient fournir aux juges certaines orientations pour faire en sorte que lorsque ces derniers évaluent les dommages-intérêts à accorder dans les affaires de diffamation, ils tiennent compte des conséquences atterrantes que leur décision pourrait avoir, notamment sur la liberté d'expression; que les dommages-intérêts accordés soient proportionnels au préjudice réellement occasionné; et que soient prises en considération les possibilités de réparations non financières telles que la publication de rectificatifs.

 

Par ailleurs, les autorités devraient mener une enquête sur l'origine des manifestations de rue qui ont eu lieu en février pour protester contre la prétendue publication par Le Journal des caricatures danoises controversées du Prophète Mahomet, et rendre publiques les conclusions de l'enquête à propos du rôle que certains fonctionnaires publics ont joué dans la commande et l'organisation desdites manifestations.

 




<  |  index9 mai 2006