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Ouganda : l'armée et les rebelles intensifient les attaques contre la population civile
(New York, 29 octobre 2002) Dans un document de présentation publié aujourd'hui sur la guerre dans le Nord de l'Ouganda, Human Rights Watch a déclaré que ces derniers mois, les rebelles de la Lord's Resistance Army (LRA) et le gouvernement ougandais ont intensifié les attaques contre la population civile.


Sur le même thème

En français :
Parlement ougandais : menaces sur les droits humains
Communiqué de presse, 22 février 2002

HRW documents sur l'Afrique Centrale

En anglais :
LRA Conflict in Northern Uganda and Southern Sudan, 2002
HRW Background Briefing, October 2002

HRW documents about Uganda

" La population civile n'est plus seulement victime des tirs croisés dans cette guerre, elle est devenue la cible principale des attaques de la LRA. De plus, le gouvernement n'a pas pris les mesures nécessaires pour protéger les civils. "

Jemera Rone, chercheuse à la Division Afrique de Human Rights Watch


 
Durant ces derniers mois, la LRA a pris pour cibles non seulement l'armée ougandaise, mais également des civils dans les villages, des personnes déplacées et des réfugiés, mais également le personnel des agences chargées de leur venir en aide au sud du Soudan et dans le nord de l'Ouganda. En août, la LRA a attaqué un camp de réfugiés soudanais, causant la mort de plus de cinquante personnes. Puis, le 13 octobre, elle a attaqué le village d'Albilo Nino situé dans le district de Pader et a brûlé les huttes de douzaines de personnes avec leurs habitants.

En réponse à cette intensification des activités de la LRA, le gouvernement ougandais a ordonné, le 3 octobre dernier, à des dizaines de milliers de personnes de quitter leurs villages dans les 48 heures et de se rassembler dans les villes ou dans les camps de réfugiés. Le 6 octobre, l'armée a commencé à bombarder la région qui devait être évacuée. Des sources locales ont rapporté que des civils avaient trouvé la mort dans ces bombardements.

D'après Jemera Rone, chercheuse à la Division Afrique de Human Rights Watch, " la population civile n'est plus seulement victime des tirs croisés dans cette guerre, elle est devenue la cible principale des attaques de la LRA. De plus, le gouvernement n'a pas pris les mesures nécessaires pour protéger les civils. "

Ce déplacement forcé des civils ne fera sans doute qu'augmenter leurs souffrances. En 1996, l'armée a déplacé par la force des civils au nom de la sécurité. Plus d'un demi-million de personnes vivent depuis dans des camps où les conditions de vie sont déplorables et où ces personnes sont non seulement victimes de violence de la part des soldats du gouvernement ougandais mais également à la merci des attaques de la LRA.

Concernant ces camps, le Protocole II des Conventions de Genève stipule que " toutes les mesures doivent y être prises pour que la population civile soit accueillie dans des conditions d'hygiène, de santé, de sécurité et alimentaire correctes. " Ceci devrait être appliqué y compris là où les civils sont en danger et même lorsque des impératifs militaires imposent des déplacements.

" Les règles fondamentales des Conventions de Genève ont été clairement violées par le gouvernement ougandais ", affirme Jemera Rone.

Ces derniers mois, les civils du Nord de l'Ouganda et du sud du Soudan ont également été victimes d'un nombre plus important d'attaques de la part de la LRA, bien connue pour ses fréquentes violations des droits humains. En mars 2002, poussé par le gouvernement américain, le gouvernement soudanais a permis à l'armée ougandaise d'entrer sur son territoire pour y mener l'opération " Poing de fer " (Operation Iron Fist), offensive de grande envergure contre la LRA. Auparavant, le gouvernement ougandais fournissait la LRA en nourriture et en matériel, il a désormais cessé ces activités. Conséquence de l'échec du plan visant à l'élimination de la LRA, les rebelles se sont réfugiés dans les montagnes du Sud du Soudan et en Ouganda. Depuis mai 2002, l'ARS a intensifié ses attaques au Nord de l'Ouganda enlevant et tuant des civils, pillant les villages, les camps de personnes déplacées et les camps de réfugiés soudanais.

En septembre 2002, environ 552 000 Ougandais étaient déplacés ou couraient le risque de ne pas pouvoir procéder à la récolte, tandis qu'au moins 24 000 réfugiés soudanais étaient déportés de force en Ouganda, que des milliers de Soudanais originaires du sud du pays étaient déplacés à l'intérieur du pays et que les camps de réfugiés et de personnes déplacées étaient pillés et brûlés. Depuis le mois de mars 2002, ce conflit a fait un grand nombre de victimes civiles tant au Nord de l'Ouganda qu'au sud du Soudan.