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Rapport Mondial 2002 : Nigeria FREE    Recevez des Nouvelles 
Nigeria : partage inégal des bénéfices dans le delta du pétrole
(New York, 22 octobre 2002) Dans un rapport rendu public le 22 octobre 2002, Human Rights Watch déclarait que la fin de la dictature militaire au Nigeria n'avait pas eu beaucoup de conséquences positives pour les populations de la communauté habitant le delta du Niger et tirant leurs ressources de la production du pétrole.


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légitimation du meurtre et de la torture

Rapport, mai 2002

HRW documents sur L'Afrique de L'Ouest

En anglais :
The Niger Delta: No Democratic Dividend
HRW Report, October 2002

HRW documents about Nigeria



" Le gouvernement nigérien semble être toujours d'avis de soutenir la production de pétrole quel qu'en soit le coût. De plus, les compagnies pétrolières agissent trop souvent de concert avec le gouvernement, et parfois même commettent des actes plus graves encore ".

Bronwen Manby, directrice adjointe de la Division Afrique de Human Rights Watch.


 
Malgré le passage d'une dictature militaire à un gouvernement civil en 1999, l'armée, la marine et la police paramilitaire mobile sont toujours autant présentes sur les lieux de production de pétrole situés dans le delta. D'après Human Rights Watch, les sommes d'argent envoyées par le gouvernement fédéral dans la région du delta sont toujours aussi importantes, pourtant les simples citoyens qui y vivent n'en tirent que peu, voire pas de bénéfice.

Le niveau de mécontentement de ces populations reste élevé, tant envers le gouvernement qu'envers les compagnies pétrolières. Pour preuve, les fréquentes occupations des infrastructures pétrolières et autres manifestations de ce type contre les compagnies pétrolières.

Le rapport " The Niger Delta : No Democratic Dividend " étudie en quarante pages, certains des récents incidents violents qui ont eu lieu autour des infrastructures pétrolières. Ce rapport parvient à la conclusion que le gouvernement et les compagnies ont tous les deux failli à leurs responsabilités. En réponse aux manifestations et aux actions violentes dirigées contre les infrastructures pétrolières, les forces de sécurité continuent, en toute impunité, de commettre des actes de violation des droits humains. Les compagnies pétrolières bien qu'elles se soient engagées à respecter les droits humains sont complices de ces actions violentes.

" Le gouvernement nigérien semble être toujours d'avis de soutenir la production de pétrole quel qu'en soit le coût " affirme Bronwen Manby, directrice adjointe de la Division Afrique de Human Rights Watch et auteur de ce rapport. " De plus, les compagnies pétrolières agissent trop souvent de concert avec le gouvernement, et parfois même commettent des actes plus graves encore ".

Dans l'un des cas exposés dans le rapport, des membres de la marine ont mené une opération de représailles contre un village où étaient retenus en otages des employés d'une compagnie pétrolière. Au cours de ce raid, des douzaines de maisons ont été détruites et des hommes ont été tués. Ailleurs, l'argent donné par une compagnie pétrolière à un haut responsable de la communauté aurait apparemment été employé à payer la police pour qu'elle harcèle et arrête des membres d'une faction opposée dans le village.

Au cours des dernières années, les compagnies pétrolières internationales ont énormément augmenté les fonds destinés aux projets de développement et à l'indemnisation des communautés. Malheureusement, dans la plupart des cas, elles n'ont pas suffisamment suivi l'usage qui était fait de leur argent. Elles ont particulièrement échoué à s'assurer que l'argent n'accentuait pas la violence entre ceux qui bénéficient de l'argent et ceux qui n'en bénéficient pas. De même, les compagnies ne parviennent pas à encadrer correctement les activités des forces de sécurité autour des infrastructures pétrolières et là où des activités sont exercées en leur nom, même constat pour ce qui est d'intervenir avec les autorités quand des abus sont commis.

Parmi les recommandations de Human Rights Watch, on retiendra :
  • Le gouvernement doit mener des enquêtes approfondies et juger les membres des forces de sécurité et les autorités civiles responsables qui sont impliqués dans des actions de violation des droits humains dans les régions de production du pétrole. Ceci inclut les responsables des abus en Ogoniland de 1993 à 1998, notamment l'exécution de l'écrivain Ken Saro-Wiwa et de huit autres activistes luttant pour le droit des minorités, et à Odi en novembre 1999, quand des soldats ont détruit la ville dans l'Etat du Bayelsa, tuant des centaines de personnes.

  • Les membres du groupe des 8 pays les plus industrialisés (G8) devraient prendre des mesures afin de créer code de conduite pour les multinationales pétrolières dont les sièges sont situés dans les pays du G8 ou les membres de l'Union Européenne. Ce code devrait être basé sur des initiatives similaires menées à l'ONU, le " Voluntary Principes on Security and Human Rights " (Etats-Unis-Grande-Bretagne) et sur les normes appropriées en matière de droits humains. Le G8 devrait exiger de ces compagnies qu'elles rendent publics les taxes, les frais, les royalties et toute autre somme d'argent versée à l'état nigérian.

  • Les compagnies pétrolières devraient encadrer les agissements des agences publiques de maintien de l'ordre et des agences privées de sécurité qui sont déployées à l'intérieur des infrastructures pétrolières ou aux alentours. Elles devraient aborder, en privé et en public, les problèmes posés avec les autorités appropriées. Elles devraient également procéder à des audits par des tierces personnes sur les paiements de toutes sortes effectués aux représentants des communautés.
" Cette semaine a lieu l'anniversaire d'un massacre commis par l'armée qui a fait plus de deux cent victimes civiles dans l'Etat de Benue, au centre-est du Nigeria, " a déclaré Bronwen Manby. " Tout comme dans le cas de la destruction d'Odi et des violences au Ogoniland, personne n'a été tenu pour responsable de ces actes et le Président Obasanjo a refusé d'engager des poursuites contre les supposés responsables ".