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Kenya : des enfants réfugiés tués dans une " résidence sûre" de Nairobi
(Nairobi, 23 avril 2002) Le meurtre, le 17 avril, de deux enfants réfugiés rwandais à Nairobi, au Kenya, prouve la nécessité, pour le gouvernement kenyan, de fournir une protection efficace aux réfugiés à risque, à Nairobi, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.


Ce meurtre nous rappelle tragiquement la nécessité de fournir une protection efficace, parfois vitale, aux réfugiés se trouvant à Nairobi.

Rachael Reilly, Directrice de la Division Réfugiés de Human Rights Watch


 
Les deux enfants âgés de neuf et dix ans ont été tués de nuit alors qu'ils se trouvaient dans une soi-disant "résidence sûre" à Nairobi. Ils ont eu la gorge tranchée par leur agresseur. Leur mère, quarante-trois ans, parente proche de l'ancien Président du Rwanda, Juvenal Habyarimana, a également été gravement blessée de plusieurs coups à l'arme blanche.

"Ce meurtre nous rappelle tragiquement la nécessité de fournir une protection efficace, parfois vitale, aux réfugiés se trouvant à Nairobi," a déclaré Rachael Reilly, Directrice de la Division Réfugiés de Human Rights Watch.

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) a installé ce centre de résidence dans le quartier de Kilimani, à Nairobi afin d'offrir un abri aux réfugiés dont la vie est en danger. Environ 190 réfugiés y vivent actuellement. Cette famille de réfugiés rwandais avait été placée dans ce centre à cause de sa nature inter-ethnique - la mère des enfants assassinés est hutu et leur père, tutsi - et également, en raison de son lien de parenté avec Habyarimana. La mort du Président Habyarimana, en avril 1994, dans un mystérieux accident d'avion a fourni un prétexte aux extrémistes hutu pour lancer une campagne de génocide contre la minorité tutsi et les Hutu modérés, au Rwanda. Ce génocide a coûté la vie à plus d'un demi-million de personnes.

Cette femme et ses deux enfants avaient fui le Rwanda, en 2000, parce que leur vie y était en danger. Trois autres enfants issus de son premier mariage avaient déjà été assassinés au Rwanda. Elle avait d'abord pris la fuite en direction de l'Ouganda où les menaces sur sa sécurité étaient si élevées qu'elle avait dû se rendre à Nairobi, en mai 2001.

Repérée comme nécessitant de partir d'urgence vers un troisième pays parce que sa vie était menacée au Kenya, cette femme avait attendu onze mois pour voir sa demande de déplacement traitée. Ce n'est que quelques jours seulement avant l'agression qu'elle avait enfin subi des examens médicaux pour pouvoir être envoyée en Australie. Il est de notoriété publique que le processus de déplacement des réfugiés est particulièrement lent à Nairobi, en particulier après qu'un scandale de corruption eut obligé le HCR, en mars 2001, à remplacer la plupart de son personnel en charge de ces déplacements.

"Ce cas illustre l'incapacité actuelle du HCR à Nairobi à fournir rapidement une solution de déplacement aux réfugiés dont la vie est en danger. Les réfugiés sont contraints d'attendre pendant des périodes interminables d'être déplacés vers un troisième pays. Dans le cas présent, cette situation a eu des conséquences tragiques," a déclaré Reilly.

Les graves problèmes de sécurité rencontrés par cette famille rwandaise sont typiquement ceux de nombreux réfugiés vivant à Nairobi et Kampala, a déclaré Reilly. Human Rights Watch enquête actuellement sur des atteintes aux droits humains perpétrées, dans les deux villes, contre des demandeurs d'asile et des réfugiés. Un réfugié a avoué à Human Rights Watch : "Je ne me sens pas en sécurité là-bas [dans le centre du HCR]… Je ne me sens en sécurité nulle part à Nairobi."