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Rapport Mondial 2002 : SIDA et Droits Humains FREE    Recevez des Nouvelles 
Un militant chinois pour la lutte contre le SIDA mis à l'honneur malgré sa détention actuelle
(Montréal, 12 septembre 2002) Human Rights Watch et le réseau légal canadien VIH/SIDA (HIV/AIDS legal network) mettront à l'honneur, le 13 septembre, le Dr. Wan Yanhai, militant chinois pour la lutte contre le SIDA actuellement emprisonné. Ce dernier sera le premier lauréat du prix pour l'action en matière de VIH/SIDA et droits humains décerné par ces deux organisations.


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Sur le réseau juridique canadien VIH/SIDA

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"Le Dr Wan a agi pour mettre en lumière un désastre de santé publique que Beijing aurait préféré taire. Il a pris des risques extraordinaires pour briser la conspiration du silence au sujet du sida, en Chine, et pour protéger les droits des personnes infectées."

Ralf Jürgens
Directeur général du Réseau juridique canadien VIH/sida


 
Le Prix reconnaît l'engagement de longue date du Dr Wan à la lutte contre le VIH/sida en Chine, et sa remarquable campagne pour attirer l'attention publique sur une crise de santé et des droits humains dans la province chinoise du Henan, où des centaines de milliers de personnes en milieu rural ont été infectées par le VIH à cause de pratiques insalubres dans le commerce du sang effectué par des centres appuyés par le gouvernement. On rapporte en outre que des fonctionnaires locaux du gouvernement chinois auraient été complices de ce scandale. Des journalistes qui avaient tenté d'enquêter sur l'approvisionnement en sang dans la province du Henan ont d'ailleurs été arrêtés et détenus.

"Le Dr Wan a agi pour mettre en lumière un désastre de santé publique que Beijing aurait préféré taire", explique Ralf Jürgens, directeur général du Réseau juridique canadien VIH/sida. "Il a pris des risques extraordinaires pour briser la conspiration du silence au sujet du sida, en Chine, et pour protéger les droits des personnes infectées."

L'épouse du Dr Wan, madame Su Zhaosheng, se rendra à Montréal pour recevoir le Prix au nom de son mari, le vendredi 13 septembre.

Le 24 août 2002, des amis et des proches de Wan ont manifesté leurs craintes que ce dernier soit porté disparu. Depuis, la police a laissé savoir à des collègues de Wan qu'il était détenu pour "avoir divulgué des secrets d'État", mais la Chine n'a pas encore indiqué où il se trouve. Plus tôt en août, Wan avait reçu de source anonyme un rapport de recherche, classé "neibu" [secret], préparé par des responsables gouvernementaux de la Santé, au sujet du désastre du VIH/sida dans le commerce de sang dans la province du Henan. Wan a transmis ce rapport à une liste de destinataires par courrier électronique.

"Le rapport que mon mari a distribué ne contenait pas beaucoup de renseignements qui n'étaient pas déjà publiés", affirme Su Zhaosheng, qui vit à Los Angeles. "Ses efforts pour que le peuple chinois ait accès à de l'information sur le VIH/sida montrent que c'est un spécialiste consciencieux, qui a à cœur les droits humains dans son pays et la prévention du VIH en Chine. Nous espérons qu'il sera libéré sans condition, mais nous en sommes encore à tenter de savoir où il est détenu, afin que sa famille à Beijing puisse le visiter."

Le Dr Wan, 38 ans, coordonne le AIZHI [sida] Action Project, organisme non gouvernemental qu'il a fondé en 1994 et qui diffuse la majeure partie de l'information élémentaire accessible en Chine au sujet du VIH/sida, par le biais d'un site Internet très consulté (www.aizhi.org). Alors qu'il était fonctionnaire, il a fondé la première ligne chinoise d'info-sida, en 1992. Un an plus tard, il était congédié, en raison de son ouverture à propos des minorités sexuelles et de leur vulnérabilité au VIH. Grâce à l'appui de divers intervenants privés et internationaux, il a continué son travail et est devenu l'activiste anti-sida le plus en vue dans son pays.

"Le Dr Wan a été un leader des efforts pour mettre au jour le scandale du sida dans le commerce du sang, dans la province du Henan, et pour combattre les préjugés répandus au sujet des villageois qui ont été infectés par le VIH", rappelle Joanne Csete, directrice du programme VIH/sida et droits humains, à Human Rights Watch. "Malgré une surveillance continuelle par l'État, lui et ses collègues ont visité le Henan à plusieurs reprises pour documenter l'ampleur de l'épidémie, développer des recommandations pour l'action sociale et l'aide gouvernementale, et mettre sur pied des programmes d'éducation." Le groupe du Dr Wan a par ailleurs aidé à amener des villageois séropositifs à parler en public dans des centres urbains, organisé des expositions photographiques et tenu des conférences de presse, à Beijing et dans d'autres villes, pour réduire la discrimination et pour montrer le visage humain de personnes vivant avec le VIH/sida. De plus, le groupe a coordonné des efforts d'assistance aux centaines d'enfants laissés orphelins par le scandale du sang.

"L'accusation que le Dr Wan a révélé des secrets d'État, en diffusant un rapport gouvernemental de recherche sur la santé, est ridicule et contre-productive", déplore Csete. "Tout gouvernement qui se préoccupe de la santé de ses citoyens publierait sur-le-champ une information sanitaire aussi élémentaire. La Chine a emprisonné un homme qui est l'un de ses meilleurs alliés dans la lutte contre une épidémie mortelle en pleine expansion."

"Le gouvernement du Canada affirme depuis longtemps que sa politique d'expansion du commerce avec la Chine contribuerait à un engagement positif aux droits de la personne", rappelle Jürgens. "Dans la présente situation, cet engagement est de toute évidence nécessaire - et nous exhortons le gouvernement canadien à soulever auprès des autorités chinoises le problème de la détention du Dr Wan ainsi que les très graves violations des droits de la personne qui ont été révélées par cet homme valeureux."

Le Réseau juridique canadien VIH/sida est un organisme national engagé dans l'éducation, l'analyse juridique et éthique ainsi que le développement de politiques. Créé en 1992, il met l'accent sur des réactions au VIH/sida qui respectent les droits de la personne; favorisent la prévention du VIH et l'accès aux soins, aux traitements et au soutien; réduisent les conséquences négatives du VIH/sida pour les individus et les communautés; et atténuent les facteurs économiques et sociaux qui accroissent la vulnérabilité au VIH/sida et aux violations des droits de la personne. Le Réseau juridique est un ONG doté du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations Unies et il est partenaire de l'AIDS Law Project de l'Afrique du Sud. Son travail a été salué sur la scène nationale et internationale; ses activités sont citées dans la collection Meilleures pratiques publiée par le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida.