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Afrique du Sud : cesser la bataille judiciaire sur les médicaments contre le SIDA
(New York, 21 novembre 2001) Faisant appel à son passé de leader dans la lutte de son pays pour les droits et les libertés, Human Rights Watch a vivement encouragé aujourd'hui le Président Thabo Mbeki à faire en sorte que son gouvernement abandonne son opposition à une action en justice en faveur de traitements bon marché pour les femmes enceintes atteintes du SIDA.


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Mbeki devrait retirer le gouvernement de cette affaire et soutenir des programmes qui aident les nouveau-nés à entrer dans la vie sans le VIH. Même dans des pays africains aux revenus encore plus faibles, les femmes ont de plus en plus accès à ce traitement.

Peter Takirambudde, Directeur Exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch


 
Le gouvernement sud-africain se débat actuellement en justice contre une action intentée par la Campagne d'Action en faveur des Traitements en Afrique du Sud (Treatment Action Campaign of South Africa) pour assurer que les femmes séropositives ont accès à un traitement anti-rétroviral abordable afin de réduire le risque de transmission du VIH à leurs nouveau-nés. Une audience dans cette affaire est prévue pour le 26 novembre à la Haute Cour de Pretoria. Le Président Mbeki a, à plusieurs reprises, nié le fait que le virus de l'immunodéficience humaine soit la cause du SIDA et affirmé que les médicaments anti-SIDA comportaient des risques pourtant non prouvés par la médecine clinique.

"Mbeki devrait retirer le gouvernement de cette affaire et soutenir des programmes qui aident les nouveau-nés à entrer dans la vie sans le VIH," a déclaré Peter Takirambudde, Directeur Exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch. "Même dans des pays africains aux revenus encore plus faibles, les femmes ont de plus en plus accès à ce traitement."

L'Afrique du Sud détient le nombre le plus élevé de personnes vivant avec le VIH/SIDA, tout pays confondu, soit 4,2 millions selon les donnés des Nations Unies. Le Conseil sud-africain pour la recherche médicale (Medical Research Council of South Africa) a récemment estimé que 7 millions de personnes pourraient mourir du VIH/SIDA d'ici 2010, principalement des jeunes adultes au sommet de leurs forces. Bien que l'Afrique du Sud dispose de ressources pour fournir un traitement à un nombre significatif de malades du SIDA, le gouvernement continue à refuser son soutien à des programmes curatifs.

En avril 2001, l'Afrique du Sud a remporté une victoire sur 39 compagnies pharmaceutiques qui avaient poursuivi en justice le gouvernement à cause des dispositions d'une loi de 1997 qui aurait facilité la production et l'importation de médicaments génériques contre le VIH/SIDA. Suite à des pressions nationales et internationales, les compagnies ont abandonné les poursuites en justice mais le gouvernement qui ne finance pas de programmes de soins à large échelle n'a pas pour autant saisi cette opportunité pour lancer des programmes curatifs.

"En soutenant les traitements contre la transmission mère-enfant, le Président Mbeki rachèterait de façon efficace sa mauvaise gestion du problème du SIDA", a déclaré Takirambudde.

Human Rights Watch a encouragé le Président Mbeki à pousser le gouvernement à augmenter son budget en faveur des programmes VIH/SIDA - qui bénéficient actuellement de moins de 1 pour cent du budget national - et à travailler avec les responsables médicaux et de santé publique en Afrique du Sud déjà mobilisés pour renforcer tant les programmes préventifs que curatifs.

"La remise en question par le Président Mbeki de la science en matière de VIH/SIDA et le refus actif du gouvernement sud-africain de soutenir les programmes dont l'efficacité est reconnue contribuent à nourrir la crise du SIDA en Afrique du Sud," a déclaré Peter Takirambudde. "Ceci est bien pire que toute forme d'inaction gouvernementale si souvent observée concernant le VIH/SIDA."