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Libéria : échec de l'embargo des Nations Unies sur les armes
Des contrôles trop faibles aux exportations en sont responsables
(New York, 5 novembre 2001) Le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit faire respecter l'embargo international sur les armes à l'encontre du Libéria, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.


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"Les flux d'armes au Libéria sont un affront aux sanctions des Nations Unies. Ces armes alimentent des guerres brutales et nourrissent l'instabilité régionale. Ceci a des conséquences terribles sur les droits humains."

Joost Hilterman, Directeur Exécutif de la Division Armes


 
Un nouveau rapport des Nations Unies, préparé par un panel indépendant d'experts est inscrit aujourd'hui au programme des discussions du Conseil de Sécurité. Il apporte des informations sur de nombreux cas de livraisons d'armes, par la mer, au Libéria, au cours des dix-huit derniers mois.

"Les flux d'armes au Libéria sont un affront aux sanctions des Nations Unies", a déclaré Joost Hilterman, Directeur Exécutif de la Division Armes, à Human Rights Watch. "Ces armes alimentent des guerres brutales et nourrissent l'instabilité régionale. Ceci a des conséquences terribles sur les droits humains."

L'embargo sur les armes à l'encontre du Libéria a été initialement imposé en 1992 et renforcé en mars 2001 pour freiner le trafic d'armes transitant par le Libéria, au profit des rebelles du Front Révolutionnaire Uni (RUF), en Sierra Leone qui sont eux aussi soumis à un embargo. Des progrès en direction du désarmement ont été enregistrés en Sierra Leone mais les combats continuent à la frontière entre la Guinée et le Libéria.

Le nouveau rapport des Nations Unies présente des informations détaillées et prouve, à l'aide de documents, que les armes expédiées illégalement, par la mer, au Libéria - comprenant des munitions, des armes de petit calibre et des pièces détachées pour hélicoptères - proviennent respectivement d'Ukraine, de Slovaquie et du Kirghizstan. Deux expéditions de matériel pour hélicoptères de combat, l'un en provenance du Kirghizstan via la Slovaquie, l'autre en provenance de Moldavie, ont été stoppés au dernier moment. Des envois prévus d'importantes quantités d'armes de petit calibre en provenance d'Ukraine ont également été interrompus. Toutes les armes étaient vendues sur la base de faux documents fournis par les courtiers en armes. Ces documents appelés certificats pour utilisateur final, déclarent faussement que les armes sont destinées à un autre pays, dans la plupart des cas, la Guinée. Dans un cas au moins, un allié dans la région a délibérément fourni une fausse couverture pour des expéditions illégales, par la mer, vers le Libéria.

Les réseaux de trafic d'armes de deux célèbres marchands d'armes ont également eu recours à des fraudes pour masquer les opérations des compagnies et transporteurs aériens, impliqués en première ligne dans ces expéditions au profit du Libéria.

Le procédé rappelle ce que des enquêtes antérieures des Nations Unies et également des recherches conduites par Human Rights Watch, avaient découvert en Angola et en Sierra Leone. (Voir par exemple, Human Rights Watch, "L'embargo sur les armes à l'encontre des rebelles sierra léonais battu en brèche", http://www.hrw.org/press/2000/05/slback0515.htm et L'Angola se défait, septembre 1999, http://www.hrw.org/reports/1999/angola/)

Selon le rapport des Nations Unies, pas un seul des gouvernements des pays exportateurs n'a vérifié si la Guinée, l'utilisateur final présumé, avait effectivement demandé ces armes.

"Le contrôle des exportations d'armes en Europe centrale et Europe de l'Est est une vraie honte," a déclaré Hilterman. "Ces conditions permettent aux trafiquants d'armes de poursuivre sans difficulté leur commerce mortel." Hilterman encourage vivement les gouvernements exportateurs d'armes et les institutions multilatérales comme l'Union Européenne et l'OTAN à faire plus pour freiner le commerce irresponsable d'armes, dans la région. (Voir Human Rights Watch, "Menaces sur la sécurité causées par les transferts d'armes en provenance des pays candidats à l'Union Européenne", 19 octobre 2001, à l'adresse suivante : http://www.hrw.org/press/2001/10/arms-eu-ltr1019.htm)

Human Rights Watch a appelé le Conseil de Sécurité à mettre immédiatement en œuvre les recommandations capitales suivantes, contenues dans le rapport du panel sur le Libéria :
  • Interdire immédiatement de voler à tous les appareils possédés, opérés ou assurés par les compagnies identifiées dans le rapport des Nations Unies comme ayant organisé des transports aériens illégaux d'armes en direction du Libéria.
  • Encourager les états membres à enquêter sur tous les marchés d'armes impliquant toute compagnie ou tout individu nommés dans le rapport et communiquer les résultats de ces enquêtes aux comités des Nations Unies en charge des sanctions.
  • Etablir un groupe de travail des Nations Unies afin de développer rapidement un certificat pour utilisateur final qui soit standardisé et difficile à contrefaire.

Human Rights Watch recommande également que le Conseil de Sécurité appelle les états membres des Nations Unies à promulguer des lois, dans leurs pays respectifs, mettant en application les embargos des Nations Unies sur les armes et à poursuivre en justice les contrevenants à ces lois. Human Rights Watch presse aussi le Conseil de Sécurité d'autoriser les forces de maintien de la paix de la MINUSIL, en Sierra Leone, à surveiller et faire appliquer l'embargo sur les armes à l'encontre du RUF dans ce pays, en particulier dans le district de Kailahun. L'organisation demande aussi que les informations collectées soient rendues publiques. Pour finir, Human Rights Watch demande au Conseil de Sécurité d'établir une unité permanente des Nations Unies afin de surveiller et dénoncer les violations de l'embargo sur les armes.