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Birmanie : L’ONU devrait imposer des sanctions ciblées et un embargo sur les armes

La campagne de nettoyage ethnique en cours exige une réaction internationale immédiate

Des soldats birmans patrouillent à Maungdaw, dans l'État de Rakhine (Arakan), le 31 août 2017. © 2017 Soe Zeya Tun/Reuters

(New York) – Le Conseil de sécurité des Nations Unies et tous les pays que la situation préoccupe devraient imposer des sanctions ciblées et un embargo sur les armes à l’encontre de l’armée birmane afin qu’elle cesse sa campagne de nettoyage ethnique contre les musulmans rohingyas, a déclaré Human Rights Watch. Depuis le 25 août 2017, après des attaques perpétrées par l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (ARSA), les forces de l’armée birmanes se sont livrées à des incendies criminels à grande échelle, au meurtre et au pillage, détruisant des centaines de villages et forçant plus de 400 000 Rohingyas à fuir vers le Bangladesh voisin.

Les dirigeants mondiaux réunis à New York pour l’ouverture de l’Assemblée générale de l’ONU devraient traiter la crise en Birmanie comme une priorité et condamner les atrocités en cours ainsi que l’obstruction de l’aide humanitaire destinée à ceux qui en ont désespérément besoin.  Le Conseil de sécurité devrait mettre en place une interdiction de voyager et un gel des avoirs à l’encontre des responsables de ces graves abus. Il devrait également imposer à la Birmanie un embargo global sur les armes, et notamment interdire toute coopération militaire et toute transaction financière avec des entreprises appartenant à l’armée.

« Les forces de sécurité birmanes sont en train de commettre un nettoyage ethnique à l’encontre des Rohingyas, sans aucun égard pour les condamnations exprimées par les dirigeants des nations », a déclaré John Sifton, directeur de plaidoyer pour la division Asie. « Le temps est venu de décider de mesures plus sévères que les généraux birmans ne pourront ignorer. »

Le Conseil de sécurité devrait également exiger que la Birmanie permette aux organisations d’aide humanitaire d’accéder aux personnes qui en ont besoin, autorise une mission d’observation de l’ONU àentrer dans le pays pour enquêter sur les abus et garantisse un retour sécurisé et volontaire des personnes déplacées.

Comme premier pas, le Conseil de sécurité pourrait à tout le moins tenir une session ouverte pour discuter des réactions qu’il devrait adopter. Le Conseil devrait inviter le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, afin de faire le point sur la crise de l’État de Rakhine (Arakan), dans l’Ouest de la Birmanie, que le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a qualifiée d’« exemple classique de nettoyage ethnique. » Le Conseil devrait également discuter de mesures visant à traduire en justice les responsables de ces crimes contre l’humanité, y compris devant la Cour pénale internationale.

Les gouvernements inquiets de la situation ne devraient pas attendre que le Conseil de sécurité agisse contre cette crise sur le plan humanitaire et des droits humains qui a lieu en Birmanie. Ils devraient eux-mêmes infliger une interdiction de voyager et un gel des avoirs aux chefs militaires impliqués dans de graves abus ; étendre les embargos déjà existants de façon à inclure toute vente, assistance et coopération de nature militaire ; et bloquer les transactions financières avec les entreprises clés appartenant à l’armée birmane.

Le gouvernement des États-Unis devrait placer le haut commandement de l’armée birmane, et notamment son commandant en chef, le général  Min Aung Hlaing, sur la liste des Specially Designated Nationals (SDN) des États-Unis, qui supprime l’accès aux institutions financières américaines, restreint le droit d’entrée sur le territoire des USA et gèle les biens que ces personnes peuvent y posséder. L’Union européenne et ses pays membres devraient étendre ou imposer des sanctions ciblées similaires, économiques ou interdisant de voyager, et étendre l’embargo sur les armes que l’UE a déjà mis en place à l’encontre de la Birmanie afin d’inclure toute forme d’assistance militaire. Des mesures similaires devraient être prises par tous les autres gouvernements conscients des enjeux, notamment par le Japon, la Norvège, la Corée du Sud, le Canada et l’Australie.

« Il y a plus de chances que les chefs militaires birmans prêtent l’oreille aux appels de la communauté internationale s’ils subissent de réelles conséquences économiques », a conclu John Sifton. « Elles frapperont les responsables du nettoyage ethnique là où ça fait mal. »

Human Rights Watch a analysé une série d’images satellitaires, prises entre le 25 août et le 16 septembre, qui montrent que plus de 220 villages ont été détruits par le feu dans le nord de l’État de Rakhine depuis le début des violences. Des villageois rohingyas qui ont fui au Bangladesh ont décrit comment les forces de sécurité birmanes tiraient sur les habitants et incendiaient leurs maisons. Le gouvernement birman prétend que ce sont des combattants de l’ARSA et des villageois rohingyas qui sont responsables des bâtiments brûlés, mais jusqu’ici ils n’ont pu apporter aucune preuve en ce sens.

Tous les commandants de l’ARSA qui seraient impliqués de façon crédible dans de tels graves abus doivent aussi être sanctionnés en conséquence.

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