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Un moment pour la justice en République centrafricaine

La CPI a confirmé l’engagement du procès visant deux ex-chefs de milice anti-balaka

Un milicien anti-balaka à Gambo, dans la province de Mboumou en République centrafricaine, le 16 août 2017.  © 2017 Alexis Huguet

Le 11 décembre, la Cour pénale internationale (CPI) a confirmé certaines charges de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité portées à l’encontre de Patrice-Édouard Ngaïssona et d’Alfred Yekatom. Bien qu’ils puissent faire appel, ils sont aujourd’hui les chefs anti-balaka les plus haut placés à être jugés pour les crimes commis lors du dernier conflit à avoir secoué la République centrafricaine.

À partir de 2013, des combats entre la Séléka, une coalition rebelle brutale principalement formée de musulmans de la région nord-est qui avait pris le contrôle du pays, et des milices appelées anti-balaka, ont déplacé des centaines de milliers de Centrafricains. Les combattants anti-balaka avaient lancé d’horribles attaques en représailles contre les civils des zones à majorité musulmane, assimilés à la Séléka.

Je me souviens de m’être entretenu avec un jeune musulman attaqué à la machette par d’anciens coéquipiers de basket-ball devenus anti-balaka. « Ils étaient comme mes cousins, et soudain ils voulaient me tuer », a-t-il confié.

Les anti-balaka se proclament libérateurs du pays, mais se comportent comme la Séléka. Leurs combattants ont pris pour cible des civils, utilisé le viol comme arme de guerre, forcé des enfants à s’enrôler dans leurs rangs et délibérément pris pour cible les musulmans et leurs biens.

La CPI a raison d’aller de l’avant avec ces affaires et il faut espérer que des charges supplémentaires seront portées contre d’autres dirigeants anti-balaka responsables, dont certains siègent au gouvernement. Cependant, les charges pesant contre Ngaissona et Yekatom soulignent d’autant plus l’absence de poursuites ouvertes à l’encontre des dirigeants de la Séléka et de leurs alliés, qui continuent de contrôler de vastes portions du territoire centrafricain, bien que de telles poursuites puissent être sous scellées.

Néanmoins, la décision de la CPI marque une étape judiciaire importante pour les victimes des crimes commis en République centrafricaine depuis 2013. Les poursuites à l’encontre de ces deux dirigeants anti-balaka devrait servir de mise en garde aux autres auteurs potentiels d’atrocités : la justice est parfois lente, mais elle progresse.

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