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Azerbaïdjan : Les représentants des COE devraient appeler à la libération des journalistes et militants emprisonnés

À l’approche des Jeux de Bakou, les dirigeants des Comités olympiques européens devraient rompre leur silence

(Bruxelles, le 14 mai 2015) – La direction des Comités olympiques européens (COE) devrait insister pour que le gouvernement d’Azerbaïdjan libère les journalistes et activistes avant l’ouverture des Jeux européens, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch et le Comité pour la protection des journalistes. L’Azerbaïdjan accueillera cette compétition multisports regroupant plus de 6 000 athlètes, à Bakou du 12 au 28 juin 2015.

« Prompte à louer les préparatifs menés par le président Ilham Aliyev pour les premiers Jeux européens, la direction des COE est jusqu’à présent restée muette au sujet des abus graves et de la répression commis par le gouvernement d’Azerbaïdjan contre ses détracteurs », a déclaré Jane Buchanan, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « La fenêtre de tir pour s’exprimer ouvertement avant le début des Jeux se referme rapidement mais les COE ont encore la possibilité de se battre pour les valeurs olympiques, notamment en demandant la libération immédiate des prisonniers. »

Les Comités olympiques européens, association qui regroupe 50 Comités olympiques nationaux, possèdent et régulent les Jeux. Les 17 dirigeants de Comités olympiques nationaux qui composent le Comité exécutif se réuniront le 14 mai à Antalya en Turquie pour leur dernier conseil avant l’ouverture des Jeux.

Le 12 mai, Human Rights Watch et le Comité pour la protection des journalistes ont envoyé une lettre aux 17 membres du Comité exécutif, exhortant les COE à demander à l’Azerbaïdjan de libérer les personnes emprisonnées sur la base d’accusations à caractère politique, y compris des journalistes et des défenseurs des droits humains, et de mettre fin à sa répression contre ses critiques avant la cérémonie d’ouverture des Jeux.

Les COE et leurs membres font partie du Mouvement olympique et sont gouvernés par la Charte olympique, qui comporte des garanties explicites de la liberté de la presse et stipule que le sport favorise « la dignité humaine » et « le développement harmonieux de l’humanité ».

Au cours de l’année passée, le gouvernement d’Azerbaïdjan a mené une répression sans précédent afin de réduire au silence les journalistes critiques, les défenseurs des droits humains et les militants de l’opposition, notamment en arrêtant des dizaines de personnes sur la base de fausses accusations et en les condamnant à de longues peines de prison. L’éminente journaliste d’investigation locale Khadija Ismayilova est l’une de ces personnes ; elle risque jusqu’à 12 ans de prison si elle est déclarée coupable des multiples chefs d’accusation fallacieux portés contre elle.

« Les autorités azerbaïdjanaises ont prouvé encore et encore qu’elles ne tolèrent aucune critique et qu’elles useront de méthodes d’intimidation, de harcèlement, de poursuites judiciaires à motifs politiques, d’arrestations et d’attaques physiques pour réduire au silence toutes les voix indépendantes », a soulevé Nina Ognianova, coordinatrice du programme Europe et Asie centrale du Comité pour la protection des journalistes. « La direction des COE ne doit pas garder le silence alors que les journalistes les plus aptes à couvrir dans la totalité et en toute liberté les Jeux européens, comme le stipule la Charte olympique, languissent derrière des barreaux. »

Les organisations ont aussi appelé les COE à instaurer un mécanisme permanent qui permettrait aux journalistes relatant les Jeux de signaler toute interférence avec leur travail et assurerait une réaction rapide des COE.

Lors d’une audition au Parlement européen le 6 mai, le vice-président des COE, Janez Kocijancic, a cherché à rejeter le moindre rôle significatif des COE dans la prise en main des questions des droits humains en Azerbaïdjan. D’après les enquêtes des médias, Janez Kocijancic a affirmé que les COE « ne peuvent porter des engagements politiques » tout en déclarant que les COE useraient « de toute l’influence possible pour rendre cette société meilleure et plus ouverte ».

« Les COE doivent profiter de leur portée particulière sur l’Azerbaïdjan à la veille des Jeux de Bakou 2015 pour prendre position pour la liberté de la presse et la dignité humaine », a ajouté Nina Ognianova. « Ces valeurs sont les valeurs universelles que l’Azerbaïdjan s’est engagé volontairement à respecter. »

Outre les dizaines de journalistes et de militants derrière les barreaux, de nombreux autres détracteurs ont fui le pays ou se cachent par peur des persécutions. Le gouvernement a fait fermer des dizaines d’organisations non gouvernementales et d’organismes médiatiques et a pratiquement éliminé toutes les possibilités pour les groupes indépendants détracteurs du gouvernement d’obtenir le moindre financement étranger.

« Les dirigeants des COE sont incontestablement tenus d’utiliser leur influence pour générer un changement positif et pour assurer que la première édition des Jeux européens soit la grande réussite souhaitée par tous », a conclu Jane Buchanan. « Mais si les COE restent un partenaire silencieux face à des abus des droits humains aussi graves, les Jeux risquent d’être ternis à jamais par les abus et l’indifférence de ceux qui ont le pouvoir de faire changer les choses. »

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