Ganet, Moussa, Mohammad.
Pas tous ceux qui ont trouvé la mort en tentant d’arriver au Royaume Uni depuis Calais ont pu encore être nommés, mais mardi soir, un jeune soudanais s’est ajouté à cette liste tragique. Il est la neuvième personne depuis le mois de juin à mourir en fuyant la misère des camps de Calais pour rejoindre le Royaume Uni.
Heurtés par des voitures sur l’autoroute, noyés dans un canal à l’entrée du tunnel sous la Manche ou tombés en essayant de s’agripper à un train. Désormais, des histoires racontant à quel point ces personnes sont désespérées de rejoindre le Royaume-Uni sont rapportées quotidiennement. Les appels à la répression des trafics d’êtres humains ignorent le fait que ceux qui essayent de monter dans les trains, ou même de traverser la Manche à la nage, n’ont pas les moyens de payer des passeurs pour les aider à entrer au Royaume-Uni.
Contrairement aux idées reçues, tous les migrants de Calais ne sont pas déterminés à rejoindre le Royaume-Uni. Dans le froid glacial de l’hiver ou sous le soleil brûlant en été, de nombreuses personnes à qui j’ai parlé dans les camps de Calais m’ont dit qu’elles seraient heureuses de demander l’asile en France si elles n’étaient pas contraintes de dormir dehors en attendant que leur demande soir examinée. Selon certains demandeurs d’asile avec lesquels je me suis entretenue, l’enregistrement d’une demande d’asile à Calais peut prendre plusieurs mois. En attendant, ils ne sont éligibles pour un logement. Des personnes blessées, parfois fracturées m’ont également dit avoir été battues par la police française ; des dizaines ont dit que des policiers les ont attaqué au gaz lacrymogène.
Le gouvernement français a pris des mesures positives en mettant en place un centre d’accueil de jour fournissant aux personnes vivant dans le camp de fortune avoisinant des repas, de l’eau et un endroit pour recharger leurs téléphones portables, ainsi qu’un abri pour 100 femmes et enfants. Mais il devrait faire beaucoup plus.
Le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a déclaré que « l’Etat a toujours fait face à ses responsabilités”, alors que la France annonçait que 120 agents des forces de l’ordre allaient être envoyés à Calais pour sécuriser l’accès au tunnel sous la Manche ».
En réalité, la France n’aura pas fait face à ses responsabilités tant que les demandeurs d’asile à Calais n’auront pas pu enregistrer leur demande sans délai, tant que leurs dossiers n’auront pas été traités rapidement et équitablement, et tant qu’un logement adéquat ne leur aura pas été fourni pendant qu’ils attendent une réponse. La France devrait également faire face à ses responsabilités en ordonnant une enquête indépendante sur les rapports d’abus par la police et de harcèlement de migrants et de demandeurs d’asile à Calais, et en s’assurant que ces abus ne se reproduisent plus.
La France a les moyens d’améliorer considérablement la situation à Calais de façon humaine. Cela pourrait aider à éviter plus de décès. La France devrait agir avant que la liste des morts ne s’allonge encore.
