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Cette semaine, les rues de Bangui, la capitale de la République centrafricaine, se sont retrouvées jonchées de cadavres. Selon les dernières informations, plus de 40 personnes ont été tuées depuis le 26 septembre, des centaines ont été blessées et plus de 40 000 ont fui leur domicile pour gagner l’un des sites de déplacement – dont beaucoup se trouvent à l’aéroport international –, tentant désespérément de se mettre en sécurité. Les bureaux d’organisations humanitaires ont été attaqués et pillés, entravant l’aide d’urgence dont tant d’individus ont besoin.

Cette violence offre un rappel brutal de la volatilité qui persiste dans ce pays déchiré par la guerre, et elle devrait placer les décideurs politiques sur un pied d’alerte. Ceux-ci doivent en effet redoubler d’efforts pour s’assurer que le pays ne sombre pas de nouveau dans l’abîme.

Les violences récentes ont été déclenchées suite au meurtre d’un chauffeur de moto-taxi musulman, événement qui n’est pas sans rappeler les précédents meurtres d’une grande brutalité perpétrés en 2013 et 2014 et qui ont conduit plus de 400 000 musulmans à quitter le pays. Les quelques milliers de musulmans restés dans la capitale, et plus précisément dans le quartier de Kilo 5, qui constitue pour ainsi dire une enclave dans la ville, ont vite réagi. Ils ont attaqué des chrétiens et d’autres personnes, et la violence s’est intensifiée sous la forme de meurtres de représailles, anéantissant la paix fragile qui régnait à Bangui depuis l’année dernière. Les Casques bleus des Nations Unies en poste à Bangui n’ont pas été en mesure de stopper les meurtres.

Ce regain de violence à Bangui, même s’il est soudain, n’est pas complètement surprenant. Pour les observateurs de la situation en dehors de la capitale, dans les régions de l’Est, il ne faisait aucun doute que le risque restait élevé. Dans les villes de Bambari, Bouca, Batangafo et Kaga Bandoro, ainsi que dans les environs, les combats entre rebelles musulmans de la Séléka et combattants anti-balaka, majoritairement chrétiens, se sont poursuivis, avec des conséquences dévastatrices pour les populations civiles.

Mes derniers déplacements dans la région m’ont permis de rendre compte des centaines de décès de centaines de personnes qui ont eu lieu au cours de la dernière année, ainsi que des milliers de foyers incendiés et détruits. Des dizaines de milliers de personnes déplacées essaient désespérément de survivre dans l’aridité de la brousse ou dans des camps de déplacement avec un accès limité, voire inexistant, à l’aide humanitaire. Nombre d’entre elles sont en train de mourir. Dans ces régions, l’absence de paix était évidente.

Pour que cessent la violence et les attaques de civils, il est impératif que les auteurs d’atteintes graves aux droits humains rendent compte de leurs actes. En juin, le gouvernement provisoire a pris l’initiative courageuse d’instaurer une Cour pénale spéciale ; pour devenir réalité, il est désormais urgent que cette Cour bénéficie d’un soutien financier et technique. Les bailleurs de fonds et les décideurs politiques internationaux devraient commencer par là afin d’éviter que ne se répètent les dernières attaques de civils. Si l’on ne vient pas à bout de l’impunité qui fait légion en République centrafricaine, le risque de voir le bilan s’alourdir ne sera qu’une question de temps. 

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