Human Rights Watch s'inquiète de la sécurité des tutsis détenus en République Démocratique du Congo


La situation des résidents de Kinshasa soulève également des inquiétudes


"Ces détenus sont des cibles parfaites pour ceux qui souhaiteraient se venger en commettant des crimes". "Nous appelons le gouvernement congolais à autoriser le C.I.C.R. à rendre visite immédiatement aux détenus, ou à permettre à ceux-ci de quitter le pays sans retard".

Peter Takirambudde, directeur exécutif de la division Afrique de Human Rights Watch

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(New York, 18 août 1998) — La situation en République Démocratique du Congo semblant évoluer vers une confrontation directe entre le gouvernement et les rebelles, Human Rights Watch a aujourd'hui appelé avec insistance les différentes parties impliquées dans le présent conflit à prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir la sécurité des civils que les combats pourraient affecter.

Plusieurs centaines de civils congolais, la plupart d'origine tutsie, sont aujourd'hui détenus à Kinshasa, parce que suspectés de sympathie pour la cause des rebelles. Ils n'ont pas été autorisés à recevoir la visite de leurs familles ou d'un avocat, et certains d'entre eux ont été exécutés sans jugement. Selon différentes sources, le ministre congolais des droits de l'homme, Léonard Okitundu, a reconnu le 13 août dernier, en présence de membres de la communauté diplomatique, que le gouvernement avait placé en détention environ 800 tutsis. La plupart se trouvent au camp militaire de Kokolo, à Kinshasa, les autres étant détenus dans des lieux restés secrets. Des centaines de tutsis ont eux décidé de se cacher pour éviter d'être arrêtés. Beaucoup des détenus sont des femmes et des enfants, et la majorité des personnes arrêtées sont des civils. Le ministre des droits de l'homme avait promis d'autoriser des représentants du Comité International de la Croix-Rouge à visiter, lundi, les détenus. Cette promesse n'a cependant pas été tenue.

Selon Peter Takirambudde, directeur exécutif de la division Afrique de Human Rights Watch, "ces détenus sont des cibles parfaites pour ceux qui souhaiteraient se venger en commettant des crimes". "Nous appelons le gouvernement congolais à autoriser le C.I.C.R. à rendre visite immédiatement aux détenus, ou à permettre à ceux-ci de quitter le pays sans retard".

Pour leur part, les rebelles ont à maintes reprises affirmé leur intention d'attaquer la capitale du pays avant la fin du mois, et semblent tout faire pour atteindre cet objectif. La population de Kinshasa, estimée à six millions, a déjà été affectée par le conflit et une bataille pour le contrôle de la ville l'exposerait sans doute aucun à de nouveaux dangers. La coupure momentanée de la principale ligne alimentant la ville en électricité, lundi, acte dont semblent avoir été responsables les rebelles et qui suivait une coupure similaire ayant eu lieu trois jours plus tôt, a entraîné de nombreuses perturbations, notamment au niveau de la fourniture d'eau potable et de plusieurs autres services essentiels.

Human Rights Watch a appelé avec insistance les rebelles à ne pas s'attaquer à des cibles dont la destruction mettrait en danger la survie de la population et à permettre le ravitaillement de la ville en denrées alimentaires, eau potable et autres produits de base. Suite à diverses informations émanant de sources sûres et faisant état de nombreux abus perpétrés à l'encontre des civils dans les zones sous contrôle rebelle de l'est du pays, Human Rights Watch a également exercé des pressions pour que des observateurs indépendants soient autorisés à se rendre sur place.

Human Rights Watch a appelé toutes les parties impliquées dans le conflit à assurer la sécurité de toutes les personnes se trouvant dans des zones placées sous leur contrôle, quelles que puissent être leur origine ethnique ou leurs opinions politiques. Human Rights Watch a également insisté auprès des gouvernements des pays d'Afrique centrale et australe ayant établi des liens avec le gouvernement congolais ou les rebelles pour que ces gouvernements exercent une certaine influence et, ainsi, évitent à la République Démocratique du Congo et à la région toute entière de replonger dans le cercle vicieux des massacres de civils et des souffrances cruelles. [haut de la page]

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