Africa - Central

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XVII. CONCLUSION

Les bailleurs sont restés sourds aux demandes de financement supplémentaire présentées par le gouvernement rwandais et n'ont pas accepté l'argument selon lequel la situation difficile des sans abris était due à la suspension prématurée de l'aide internationale. En novembre 2000, cependant, le Représentant spécial pour le Rwanda de la Commission des droits de l'homme de l'ONU déclara à l'Assemblé générale que 350 000 déplacés au Rwanda vivaient dans des conditions "très précaires, sous des bâches en plastique" et avaient besoin d'assistance. Il n'expliqua pas comment il était arrivé à ce chiffre, très proche de celui de 370 000 avancé par le gouvernement, et ne donna aucun détail quant à la cause des déplacements.363

Des centaines de milliers de personnes souffrent dans les collines du Rwanda, mais la réduction de l'aide internationale n'est pas directement à l'origine de leur situation. Ils souffrent de l'angoisse et des bouleversements liés au génocide et à la guerre, de la pauvreté, de la faim, des maladies et du désespoir. Des dizaines de milliers souffrent aussi des bouleversements qu'a provoqués pour eux la mise en _uvre de la Politique nationale de l'habitat, à savoir le fait d'être forcés de quitter leurs logements, le gaspillage de ressources qu'a représenté la démolition de ceux-ci, la chute de la productivité agricole due aux distances plus grandes que doivent parcourir les agriculteurs pour aller cultiver leurs champs et, enfin, la perte des terres réquisitionnées par les autorités. Beaucoup d'entre eux souffrent également d'avoir dû "partager" ou rendre leurs terres à des rapatriés, revenus au Rwanda après une génération passée en exil.

Le programme d'imidugudu, généralement compris par la communauté internationale comme une réponse à la crise du logement, avait pour objectif de répondre à certains besoins en matière de développement économique. La question de savoir si la réorganisation rurale peut ou non être une solution à ce problème reste ouverte. Ce qui, par contre, ne peut être remis en question, c'est la réalité des exactions dont ont été victimes plusieurs dizaines de milliers de Rwandais à cause de la mise en _uvre de ce programme.

Aucune relance de l'aide financière aux imidugudu n'étant envisagée, les pays bailleurs et le gouvernement rwandais ont mis de côté le débat sur les réinstallations et entamé l'examen de projets de propositions relatives à la propriété foncière. Il est essentiel que le gouvernement rwandais, tant lors de la conception que de la réalisation de sa politique foncière, respecte les droits humains les plus fondamentaux, notamment la liberté de résidence, le droit de jouir de son domicile et le droit à la propriété. Compte tenu de l'existence de cas complexes, qui voient des individus revendiquer la propriété d'un même bien, il est nécessaire également que le gouvernement établisse une procédure équitable de résolution des conflits et fournisse des possibilités de recours à l'attention de tous ceux qui estiment que leurs droits ont été bafoués. Les bailleurs et agences internationales appelés à fournir une assistance à des programmes de relogement ou de modification des modes de propriété foncière doivent s'assurer que les politiques qu'ils soutiennent ne transforment pas en sans abris des citoyens qui disposent d'un logement et ne donnent pas lieu à des violations de certains autres droits des Rwandais.

363 ONU, 55ème session de l'Assemblée générale, (troisième comité), Déclaration du Représentant spécial pour le Rwanda de la Commission des droits de l'homme, Mr. Michel Moussalli, 1er novembre 2000.

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