Africa - West

Previous PageTable Of ContentsNext Page

LES LIENS DU LURD AVEC LA GUINÉE

En plus d'être obligés de porter des armes au Libéria - depuis les bases du LURD jusqu'au front - les civils étaient aussi obligés de transporter du ravitaillement en armes et munitions depuis la Guinée jusqu'au Libéria. Après avoir livré leurs chargements de café et d'huile à Ouet-Kama, au moins six civils ont décrit à Human Rights Watch comment ils avaient été obligés de remporter au Libéria des boites de munitions et des armes toutes neuves, souvent encore dans leur emballage plastique. Le récit le plus récent remonte à juillet 2002. Les armes et les munitions étaient le plus souvent livrées à Kolahun même si, une fois, elles l'ont été à Bopolu, dans le comté de Gbapolu. Personne n'a dit que les armes avaient été directement remises par les militaires guinéens au LURD. Les armes et les munitions étaient plutôt sorties de l'arrière d'un camion civil, d'un entrepôt ou, comme c'est arrivé une fois, d'une antenne militaire à Ouet-Kama. Selon les témoins, le véhicule n'était pas conduit par un homme en uniforme. Human Rights Watch n'a pas été en mesure d'identifier qui avait acheté et livré les armes, mais il était clair que les éléments militaires guinéens étaient parfaitement au courant et dans certains cas qu'ils facilitaient les transferts d'armes au LURD. Il y avait toujours un commandant du LURD présent à Ouet-Kama pour superviser les opérations.

Plusieurs réfugiés qui se trouvaient en Guinée près des villes de Fassankoni et de Koyama en juin et juillet 2002 ont raconté qu'ils avaient vu des camions chargés d'armes et de munitions traverser ces villes au cours de ces deux mois. Les armes semblaient en route pour la ville de Zorzor, sous contrôle du LURD (à dix kilomètres de la frontière guinéenne). Zorzor étant accessible par la route, aucun réfugié de la région n'a été enrôlé pour porter des marchandises, des armes ou des munitions.

De nombreux réfugiés ont fourni des descriptions détaillées de la présence de combattants armés du LURD dans le camp de réfugiés de Kouankan, dans lequel et autour duquel se déplaçaient librement des rebelles du LURD en uniformes et parfois armés. Des combattants du LURD venaient à Kouankan visiter des membres de leur famille vivant dans le camp. D'autres ont été vus alors qu'ils recrutaient des hommes et des garçons parmi les réfugiés. Selon des informations dignes de foi, des réserves de nourriture destinées aux réfugiés ont été emportées par les combattants du LURD, sans doute pour nourrir leurs rangs (voir ci-dessous). Tous ces agissements compromettaient la nature civile du camp de réfugiés, violant les règles internationales.

Previous PageTable Of ContentsNext Page