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V. Massacres de civils

Tout au long des dix ans de guerre civile qui ont secoué le Burundi, tant les soldats de l’armée burundaise que les combattants des mouvements rebelles FNL et FDD se sont rendus coupables d’exactions contre les civils, en contravention avec le droit international humanitaire (appelé aussi droit de la guerre.)60

Aux termes des Conventions de Genève de 1949, la guerre civile au Burundi est un conflit armé non international (ou conflit interne.) Ce type de conflit armé se déroule à l’intérieur du territoire d’un Etat partie aux Conventions de Genève. C’est l’Article 3 Commun aux Conventions de Genève de 1949 et le deuxième Protocole Additionnel aux Conventions (Protocole II) de 1977, mais aussi le droit coutumier relatif aux conflits internationaux, qui s’appliquent à ce type de conflit. Le Burundi a ratifié les Conventions de Genève en 1971 et le Protocole II en 1993.

L’Article 3 Commun aux Conventions de Genève lie explicitement toutes les parties à un conflit armé non international, à savoir, tant les forces armées burundaises que les groupes armés non étatiques, comme les FNL et FDD. Ce même Article Commun prescrit de traiter avec humanité les civils et les combattants qui ont déposé les armes ou été mis hors de combat, et prohibe les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle, notamment le meurtre, les mutilations, les traitements cruels, et les tortures ; les prises d’otages ; les atteintes à la dignité des personnes ; et les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans jugement préalable rendu par un tribunal régulièrement constitué.61

Le Protocole II s’applique quand les forces qui s’opposent sont organisées sous la conduite d’un commandement responsable, et exercent sur une partie du territoire un contrôle tel qu’il leur permet de mener des opérations militaires continues et concertées et d’appliquer ledit Protocole, ce qui est le cas dans le conflit burundais. Le Protocole II complète l’Article 3 Commun et accorde une protection plus généreuse aux civils en cas de conflit armé interne. Il prohibe ainsi les actes de pillage des biens civils et prévoit que des actions de secours humanitaire et impartial puissent être menées.62

Le droit international humanitaire coutumier commande que seuls des objectifs militaires puissent être l’objet direct d’attaques. Pour remplir les critères d’objectif militaire légitime, la cible doit apporter une contribution effective à l’action militaire et sa destruction ou neutralisation, offrir un avantage militaire précis.63 Les populations et personnes civiles sont généralement considérées comme devant bénéficier d’une protection contre les attaques. Les civils ou les biens de caractère civil ne peuvent être l’objet d’attaques délibérées. Les attaques sans discrimination sont interdites par le droit international humanitaire. L’expression s’entend des attaques qui ne sont pas dirigées contre un objectif militaire déterminé, ou des attaques dans lesquelles sont utilisés des méthodes ou des moyens de combat qui ne peuvent pas être dirigés contre un objectif miliaire déterminé, et qui sont, en conséquence, propres à frapper indistinctement des objectifs militaires et des personnes civiles.64 Les attaques sur des cibles militaires légitimes sont limitées par le principe de proportionnalité, qui place les combattants en devoir de choisir des moyens et méthodes d’attaques qui évitent ou minimisent les dommages aux civils. En particulier, l’attaquant doit éviter de lancer une attaque dont on peut s’attendre qu’elle causera des pertes civiles qui seraient excessives par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu.65 De plus en plus, sur le plan international, les violations qui concernent des attaques directes ou sans discrimination contre les civils en cas de conflit armé interne, sont considérées comme étant constitutives de crimes de guerre.

Massacres à Kabezi

A l’aube du 23 avril, les combattants FNL ont attaqué la brigade de gendarmerie de Kabezi.66 D’autres combattants FNL ont tendu une embuscade aux soldats gouvernementaux qui venaient renforcer la brigade, provoquant un échange de tirs dans lequel plusieurs civils ont perdu la vie. Les soldats ont par la suite délibérément tué des civils sur le site de l’embuscade et aux alentours. Ces massacres, et le caractère délibéré des tueries menées par les soldats, illustrent parfaitement le mépris, pour la vie des civils, qu’affichent tant l’armée gouvernementale que les combattants rebelles des FNL.

Kabezi est une petite commune de la province de Bujumbura rural au sud de la capitale, qui surplombe le lac Tanganyika et la route principale, et dont les habitants vivent de la pêche ou de la culture du coton qui pousse sur les contreforts des collines qui plongent vers le lac. Cette région est très fréquemment le théâtre de combats entre l’armée et les combattants rebelles. La route principale goudronnée, la route n°3, relie, en longeant le lac, la ville de Rumonge, un centre important du Sud, à la capitale Bujumbura, au Nord.

Les massacres ont eu lieu peu après des opérations militaires sur Bujumbura. Contre toute attente, puisque ce groupe rebelle n’opérait plus à proximité de la capitale, les rebelles des FDD avaient, du 17 au 19 avril, bombardé la ville de Bujumbura. Les autorités avaient alors interdit les activités de pêche sur le lac sous prétexte que certains obus avaient été tirés en provenance de barques stationnées sur le lac. Le 20 avril, quatre pêcheurs, soupçonnés d’avoir collaboré avec les rebelles, furent appréhendés, et la presse rapporta la « disparition » de quinze autres pêcheurs le même jour.67 Un témoin qui se rendait à vélo vers Bujumbura le lundi 21 avril tôt le matin, par la route nationale n°3, a expliqué qu’à hauteur de Kabezi, il a du slalomer entre les corps gisant sur la route mais a évité de s’arrêter « vu l’atmosphère malsaine qui régnait. »68 Un autre témoin a mentionné à un chercheur de Human Rights Watch que les soldats avaient tué au moins deux pêcheurs « avant les événements du 23 avril. »69

Les combattants FNL ont attaqué la brigade du chef-lieu de Kabezi à partir des collines avoisinantes de Masama, Bikonda et Nyarusengi.70 Ils ont commencé vers 6h du matin, en utilisant de l’artillerie lourde qui a causé des dégâts considérables aux bâtiments communaux et à ceux de la brigade, ainsi que la destruction d’un véhicule blindé. Seuls six gendarmes seraient sortis indemnes de l’attaque, sur les trente que comptait la brigade.71

Un témoin a rapporté que certains habitants se doutaient que les FNL étaient dans la région dès le milieu de la nuit précédente, pour les avoir entendus se déplacer au bruit de leurs chaussures.72 D’autres, peu avant le début, auraient été avertis par les FNL qu’il y aurait une attaque et auraient quitté précipitamment leurs maisons.73 Mais tous les autres furent complètement surpris. Un habitant a rapporté : « Je n’ai jamais entendu des tirs aussi puissants. La première bombe était si terrible qu’elle a paniqué tout le monde. »74 Les gens ont commencé à fuir sans plus tarder, la plupart d’entre eux cherchant à rejoindre la route nationale n°3 en direction de Bujumbura, comme ils avaient l’habitude de le faire en cas de combats dans la région. Plusieurs témoins ont exposé qu’en ce matin du 23 avril, comme à chaque attaque de ce type, ils ont croisé les militaires qui venaient en renfort de la brigade, en provenance du lieu-dit « camp chinois », situé à quelques kilomètres au nord du chef lieu de Kabezi, vers Bujumbura.75 Cette fois néanmoins, un témoin a remarqué que les militaires avaient « l’air très fâché », peut-être parce qu’ils venaient d’être informés des lourdes pertes subies par la brigade.76

De très nombreux civils ont fui le long de la route. Un témoin les a décrit comme formant « une marée humaine sur la route, avec surtout des femmes et des enfants. »77 Un autre témoin raconte avoir entendu un militaire s’étonner de croiser autant de femmes et d’enfants et se demander où étaient les hommes.78 Les témoignages décrivent les civils comme courant sur la route du côté des collines, et se pressant sur le côté pour laisser passer les militaires qui arrivent à leur rencontre, en progressant, pour leur part, côté lac. Les militaires étaient divisés en plusieurs groupes.

C’est apparemment le premier détachement de militaires en provenance du « camp chinois » qui a essuyé l’embuscade tendue par les rebelles sur la route, dans le but de ralentir leur progression. L’attaque a duré entre quinze et vingt minutes et a eu lieu entre 6h30 et 7h du matin. En plein tirs, une femme s’est vue crier par un militaire de se plaquer au sol pour échapper aux tirs.79 Deux jeunes garçons, qui ont réussi à trouver refuge en passant par les collines, et qui l’un, avait pu sauver un coq et l’autre, une casserole qu’il portait sur la tête, ont expliqué avoir croisé des combattants des FNL qui leur ont crié de se mettre à couvert tout le temps que durerait leur attaque sur les militaires, situés en contrebas, sur la route.80 Mais la plupart des militaires et des combattants FNL ont tiré sans aucun égard pour la masse des civils, qui se sont retrouvés pris dans les tirs croisés sur la route ou qui s’enfuyaient vers les collines. Un navire militaire, arrivé peu après le début de l’attaque, s’est positionné face aux collines et a aussi commencé à tirer des obus.81

Des témoins rapportent qu’à un certain moment, pendant l’échange de tirs entre miliaires et rebelles ou peu de temps après, les militaires ont tiré sur les civils qui continuaient d’affluer dans leur direction, en courant. Ces tirs ont provoqué la panique parmi les civils qui, abandonnant sur la route les maigres biens qu’ils avaient emportés dans leur fuite, se sont enfuis de manière éparse, certains courant vers la plaine bordant les collines, d’autres, descendant vers le lac.82 D’autres, trop effrayés ou trop faibles pour courir, se sont jetés au sol. « Il y avait beaucoup de tirs, les gens ne savaient plus que faire », rapporte un témoin.83 « J’ai sauté sur le côté et me suis dissimulé dans les herbes entre la route et les collines », raconte un autre. « Je suis resté caché là jusque l’après-midi. Ceux qui ont couru vers le lac, les militaires leur ont tiré dans le dos. » 84

Plusieurs témoins affirment avoir assisté à une discussion entre les militaires, juste avant que ceux-ci ne commencent à tirer sur la foule, sur la route, à hauteur de Nyamugari, en zone Ramba. Les témoins rapportent qu’un militaire a donné un ordre, « Commençons par ici”, enjoignant par-là d’ouvrir le feu. Un autre militaire aurait refusé de tirer, en disant “Non, commençons [à tirer] par-devant”. 85

Une jeune fille, qui a été blessée, a raconté :

« Quand je ferme les yeux, je revois sans cesse les militaires qui tirent sur nous. Il y avait beaucoup de corps et de sang sur la route. Beaucoup plus tard, un militaire m’a repérée alors que je ne pouvais plus bouger et a fouillé mon pagne et mon fichu pour voir s’il n’y avait pas d’argent caché, mais il m’a laissée là. Deux militaires sont venus encore mais les autres leur ont dit de continuer vers les combats et de me laisser parce que je n’étais pas un garçon. » 86

Plus tard, un militaire a ordonné à un passant de transporter la jeune fille blessée afin de lui administrer des soins médicaux. Mais les militaires ont aussi laissé trois autres civils étendus le long de la route, dont l’un d’entre eux appelait au secours. Des personnes, qui passaient en voiture quelques heures après l’attaque, ont voulu sortir pour se porter au secours des blessés mais, intimidées par un groupe de militaires sortis des buissons pour venir à leur rencontre, elles ont quitté les lieux immédiatement. En revenant le jour suivant, elles ont revu les corps des trois blessés, gisant le long de la route, mais sans vie.87

Des témoins ont rapporté avoir vu le corps de trois militaires tués dans les échanges, mais l’administrateur de Kabezi a avancé le chiffre de quatre soldats qui avaient été tués sur la route.88 Selon le gouverneur de la province de Bujumbura-rural, un de ces tués était un candidat officier.89 Selon toutes vraisemblances, tous ces militaires auraient été tués dans les tirs croisés avec les FNL. Pourtant, une version, non moins crédible, circule parmi les survivants de l’attaque et les gens de la région. Basée sur la discussion qui a éclaté entre les militaires et rapportée ci-dessus, cette version explique la mort d’au moins deux d’entre eux. Elle relate qu’un militaire a ordonné aux autres d’ouvrir le feu sur les civils et qu’un second militaire a refusé, en avançant qu’ils ne pouvaient pas tirer sur une population qu’ils étaient censés protéger. Celui qui avait donné l’ordre de tirer a alors tiré et tué celui qui avait contesté l’ordre, et fut, à son tour, tué par d’autres soldats.90

Parmi les civils tués sur la route, on trouve Claudine, 17 ans ; Odile et ses deux enfants, le sien qu’elle portait au dos et celui du voisin ; et Marguerite et son enfant. Quatre autres corps non identifiés furent aussi retrouvés, que les autorités estiment être des rebelles des FNL parce qu’ils n’ont pas été reconnus par la communauté.91

Un second incident de tuerie délibérée est intervenu à Nyamugari, par où est passé un détachement de soldats gouvernementaux du « camp chinois » qui se dirigeait en renfort de la brigade de Kabezi, mais en passant par les collines. Ils ont tué au moins treize civils et peut-être plus, et certains, par baïonnette ou au couteau. L’utilisation de ce type d’armes commande que le tueur soit proche de sa victime, ne pouvant ignorer dès lors qu’il tue un civil. Parmi ces victimes, on compte Capitoline Bigirimana, 20 ans ; Evariste ; Mpanuka ; Capitoline Nzeyimana ; Odile Banirwaninzigo ; les filles François ; le fils Mbunya ; la fille de Déo Ntizizakumwe ; Claudine Ntamakuriro ; Eric Manirakiza ; Jean marie Nyandwi et Nestor Nyandwi.

D’après plusieurs témoins, les militaires ont aussi tué Juvénal Miburo, 52 ans, employé d’une organisation internationale. Bien connu dans la région, Miburo avait fui Kabezi le matin de l’attaque, en compagnie de huit petites filles de sa famille et connaissances. A Ramba, ils se sont cachés dans les buissons pendant quelques temps pour échapper aux tirs de l’embuscade. Quand la situation est redevenue plus calme, Miburo et les enfants ont choisi de quitter leur cachette pour revenir sur Kabezi. A mi-chemin, ils ont croisé un groupe de militaires. Ceux-ci permirent aux fillettes de continuer leur chemin mais retinrent Miburo et une fillette de douze ans. Les autres enfants rapportent que les soldats ont annoncé leur intention de les utiliser pour porter les biens qu’ils venaient de piller. Plus tard dans la journée, un autre groupe de personnes qui avaient fui Kabezi, ont trouvé le corps de Miburo, qui avait été tué par baïonnette, et de l’enfant, tuée par balle.92

Un passant, réquisitionné par les militaires le 23 avril pour rassembler les corps, a compté vingt-deux corps sur la route et dans les herbes entre le lac et la route.93 Un autre, réquisitionné pour le même genre de travail le lendemain, par l’administrateur de Kabezi et le commandant de brigade, a expliqué que « J’ai vu que les corps des trois militaires avaient été enlevés de la route et j’ai compté vingt-cinq corps, une vingtaine que j’avais déjà vus le jour même des faits et encore cinq nouveaux. »94

Pour ces évènements du 23 avril, les autorités ont avancé le chiffre officiel de dix-sept victimes, treize civils et quatre corps non identifiés, attribués à la rébellion. Mais lors d’une réunion du 12 mai, soit trois semaines après les faits, en présence de Madame Marie-Thérèse Keita Bocoum, rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme en visite au Burundi, le représentant du Ministre de la défense évoquait, pour sa part, une dizaine de morts tandis que celui du Ministre de l’intérieur avançait, de son côté, vingt morts, dont quatorze civils et six rebelles.95

S’ajoutant aux décès, une quinzaine de civils au moins furent blessés.96

Réactions officielles aux massacres de Kabezi

Les autorités nationales n’ont fait aucun commentaire sur les évènements de Kabezi. Il est vrai que ceux-ci sont intervenus juste un peu avant la cérémonie de passation de pouvoir présidentiel. En juin, le Gouverneur Ntawembarira de Bujumbura-rural a exposé, à un chercheur de Human Rights Watch, que le 23 avril avait été caractérisé par trois épisodes, tous imputables aux FNL. L’attaque des rebelles sur la brigade en premier lieu ; l’embuscade des rebelles sur les militaires qui a fait trois victimes civiles sur la route, une femme et deux fillettes ; et enfin, l’attaque menée par les rebelles, sur un groupe de militaires qui venaient du « camp chinois » vers Kabezi en passant par les collines, et qui a fait dix victimes civiles à hauteur des maisons d’habitation de Nyamugari. Il a aussi cité le chiffre de quatre corps restés non identifiés sur la route, appartenant à la rébellion. A son sens, l’épisode de Kabezi a été exagéré par rapport à la réalité des faits. Il a invité toute personne intéressée à vérifier la situation, à l’accompagner sur les lieux.97 Pourtant, la délégation des parlementaires qui avaient, peu après les évènements, tenté d’enquêter sur les faits, s’était vue interdire l’accès, pour raisons de sécurité.98 De nombreux témoins oculaires des évènements ont été menacés par les militaires et ont choisi de fuir la région, rendant la vérité encore plus difficile à établir.99

Interrogés par un chercheur de Human Rights Watch, le secrétaire communal et le commandant de la brigade de Kabezi ont tous deux insisté sur la difficulté d’opérer dans la région, étant donné le degré d’infiltration des rebelles parmi la population. Le secrétaire a même suggéré que si des civils avaient été tués par des militaires le 23 avril, c’est qu’il s’agissait de « rebelles déguisés en civils. » 100 L’administratif ne faisait ainsi que reprendre la version émise, l’année dernière déjà, par des hauts fonctionnaires burundais, en ce compris le porte-parole de l’armée, selon laquelle les civils qui n’ont pas fui la rébellion, doivent être assimilés à des rebelles. Lors du procès mettant en cause des officiers accusés d’avoir conduit l’opération militaire qui avait abouti, à Itaba, à la mort de 173 civils, le procureur militaire avait, lui aussi, dans son réquisitoire, qualifié les civils d’ « assaillants secondaires » - le terme assaillants désignant usuellement les rebelles -.101

L’assimilation du civil (qu’il supporte ou non un groupe rebelle) au rebelle, et donc au combattant, ignore la règle fondamentale prescrite par le droit international humanitaire, de distinction entre combattant et non combattant. Depuis le 23 avril, Kabezi est restée une région extrêmement instable suite à la poursuite des combats entre les deux belligérants. Bien qu’aucun autre massacre de cette portée n’ait été rapporté, au moins une femme et un enfant ont été blessés par un éclat d’obus tiré par les soldats gouvernementaux sur la colline de Masama102 et les fréquentes opérations militaires ont causé le déplacement d’environ 20.000 personnes.103

Dans les opérations armées que mènent tant l’armée burundaise que les groupes rebelles des FNL et des FDD, tous peuvent se voir reprocher le recours excessif et indiscriminé à la force, qui met les civils en danger d’être blessés ou tués. Les FNL et FDD ont bombardé les villes et des quartiers densément peuplés de Bujumbura, Ruyigi, Gitega et Cankuzo, et les troupes gouvernementales n’ont pas hésité à faire de même tant en ville qu’en campagne, comme lorsqu’ils ont lancé trente obus – dont neuf par hélicoptères – sur la seule colline de Ruce à Bubanza.104

Massacres qui s’apparentent à des représailles par les soldats du gouvernement

Tandis que le gouvernement et les FDD reprenaient leurs négociations au début du mois de septembre, les FNL ont intensifié leurs attaques sur les soldats gouvernementaux, particulièrement sur les militaires isolés, ou à deux. Dans au moins quatre cas, les militaires ont répondu immédiatement en menant des opérations contre la population civile du voisinage.

Vers la fin du mois de septembre, les combattants des FNL ont tué un militaire de l’armée gouvernementale en zone Kinama, à Bujumbura. Peu après, trois personnes de la même famille, dont un enfant, ont péri au même endroit. Si les sources officielles prétendent qu’il s’agit du résultat d’un règlement de compte entre les deux groupes rebelles105, la population a avancé que la famille aurait été trouvée et exécutée par les militaires à l’endroit où ceux-ci étaient venus rechercher le corps du leur.106

Dans un autre cas à Kinama, le 14 octobre, un jeune homme, habillé en civil, a tiré sur un policier qui circulait sur un taxi-vélo, en le tuant ainsi que le conducteur du taxi. La population locale l’a identifié comme étant un combattant des FNL. Un homme âgé a expliqué que les FNL avaient organisé une réunion dans le voisinage le samedi précédent et qu’un nouveau commandant rebelle avait donné l’ordre que chaque soldat qui passait devait être tué et dépouillé de son arme. Dès l’assassinat du policier, le vieil homme est vite rentré chez lui prendre sa femme et fuir parce que « les militaires [de l’armée] avaient commencé à tirer dans tous les sens en entrant dans les quartiers. »107 Une femme du même endroit a confirmé qu’elle a fui aussi dès qu’elle a entendu les tirs qui ont emporté le policier : « Dès qu’on entend des tirs, on fuit, car on est habitué à ce que les militaires arrivent et tirent partout. On doit fuir les tirs. »108 Elle a ajouté que les militaires avaient pillé beaucoup de biens dans les maisons laissées vides.

Selon un témoin, les soldats ont tué trois personnes : Gervais Ntubingoye, tué par baïonnette et par des coups à la tête ; un autre homme, transpercé par baïonnette ; et une femme, retrouvée dans les bananiers de Makaryo. Une autre femme, qui venait juste d’accoucher, est morte d’un arrêt cardiaque pendant sa fuite. Tous étaient du quartier Bukirasazi.

Le jour suivant, le commandant militaire du camp Socarti et le chef de zone ont tenu une réunion avec la population locale, à la demande de celle-ci. Selon un témoin qui participait à la réunion, le commandant a mis en garde la population en disant que s’il y avait un autre policier ou militaire tué, « Ce sera la population de Kinama qui paiera. J’effacerai Kinama. »109 Le témoin poursuit en racontant :

« Nous sommes inquiets car nous sommes face à deux ordres contradictoires des FNL et des militaires. Et c’est la population qui sera victime. Je préfère encore cotiser plus pour que les FNL puissent s’acheter les armes plutôt que de les voir tuer des militaires pour les leur voler. On ne passe plus la nuit chez soi. J’emmène ma femme et mes enfants dans la forêt pour la nuit. » 110

Un autre témoin confirme avoir entendu des personnes rapporter que les autorités avaient menacé la population du voisinage qu’elle paierait pour tout autre militaire ou chef administratif tué. Elle a ajouté :

« La vie est difficile, les enfants ne vont plus à l’école parce qu’on a peur de les perdre si soudain des tirs se font entendre et qu’il faut fuir en catastrophe. On a surtout très peur depuis que le chef militaire a dit qu’on allait payer. Le gouvernement doit être conscient que les civils ne sont pas outillés pour affronter les gens armés. Il y a trop de gens armés et trop d’insécurité. Et nous, on n’a pas d’autre choix que de collaborer parce qu’on ne peut pas partir ailleurs. Il n’y a presque plus personne qui ose passer la nuit dans son quartier. » 111

Massacre à Ruziba

Dans un autre cas, le 6 septembre, les combattants des FNL ont tué deux militaires, mais avec des conséquences autrement plus tragiques. Les militaires buvaient une bière dans un petit bar appelé « Chez Raphaël » à Ruziba, en commune Kanyosha, juste à la sortie de Bujumbura, sur la route qui mène vers Rumonge. Les résidents de l’endroit, réputé être fief des FNL, ont immédiatement fui la place temporairement. Ils craignaient les représailles des militaires du 43ème bataillon de Kirundo, stationnés à la position militaire de Ruziba. Il est notoire que sont souvent appelés pour opérer dans la région, des militaires réputés pour être durs et sans discipline, qui ont, pour la plupart, combattu dans les endroits les plus difficiles du pays ou en République Démocratique du Congo.

Juste après le meurtre des deux militaires, une patrouille militaire est arrivée sur place et s’est adonnée au pillage de tous les biens qui se trouvaient dans les maisons abandonnées.

Le lendemain dimanche 7 septembre, alors que la plupart des gens étaient à l’église, le chef de zone de Kanyosha et un officier du nom de Habarugira convoquent la population sur l’esplanade de l’école primaire de Ruziba. Il n’y aura cependant pas de réunion. Un témoin qui faisait partie de ceux rassemblés pour la cause, a expliqué que l’officier avait finalement estimé que les réunions de ce type ne servaient à rien, « qu’il en avait assez des réunions, que ça n’empêchait pas des incidents d’arriver. » Des témoins rapportent que le chef de zone aurait alors fait savoir à la population : « Vous, population de Ruziba, ce qui risque de vous arriver, je m’en lave les mains ».112

Vers 14h, le même dimanche, des tirs se font entendre du côté de Bihara et de la rivière Mugere, sur les hauteurs. Une grande partie de la population commence à fuir et la plupart descendent des hauteurs par la route « Amsar », qui rejoint la route goudronnée. Selon les témoins, les militaires du 43ème bataillon venaient chercher les gens de ces quartiers périphériques, notamment ceux de Mugere et Kuwingare, en tirant en l’air, menaçant, frappant, criant, et enjoignant à la population de se rendre sur le marché de Ruziba, « où va se tenir une réunion. »113

Un vieil homme raconte « Les militaires sont venus me prendre chez moi. Ils ont dit qu’il allait y voir une réunion sur le marché. J’étais dans les premiers arrivés mais il y en a eu beaucoup d’autres après», ajoutant, comme de nombreux autres témoins, qu’il trouvait anormal qu’il y ait une réunion à cette heure et convoquée de cette façon.114

Ceux d’entre eux qui ont fui plutôt vers Gakungwe, dans le sens opposé à Bujumbura et au marché de Ruziba, racontent qu’ils ont rencontré des militaires postés à l’endroit dénommé « La pierre Livingstone », qui ont tiré sur eux, les obligeant à refluer vers Ruziba.115

Pendant ce temps, les militaires obligeaient les commerçants du marché à fermer boutique et se rassembler avec les gens des quartiers immédiatement voisins ou périphériques qui commençaient à affluer sur le marché. Un témoin a raconté :

« On était comme encerclés. Les militaires poussaient les gens ou les frappaient avec un bâton et leur faisaient traverser la route pour se rassembler sur le marché. Là, ils [les militaires] restaient par petits groupes de trois ou quatre, et tous, braquaient leur arme vers la foule. Le chef de la position était présent. Les militaires ont dit « Restez-là, ne vous approchez pas de nous, restez-là pour la réunion. » Les gens étaient nerveux. »116

Un autre témoin explique qu’un militaire qui se tenait un peu plus à l’écart, à hauteur de la jonction entre la route goudronnée et la route Amsar, a été le premier à ouvrir le feu. « Ce fut la panique et la pagaille immédiatement », dit un homme. « Tout le monde fuyait, en abandonnant ses effets. C’est alors que les militaires du marché ont tiré aussi. »117 Un autre homme a estimé que, « Il y aurait eu vraiment beaucoup de victimes si les militaires du marché avaient été les premiers à tirer. »118

Les gens se sont enfuis en s’éparpillant, soit vers le lac Tanganyika, soit vers le quartier Kigwati voisin du marché. Plusieurs témoins rapportent qu’un autre militaire, posté à la deuxième avenue du quartier Kigwati, tirait aussi sur la foule en fuite. « Il avait une grosse mitrailleuse posée sur un tas d’immondices et qui a fait beaucoup de dégâts », raconte un homme qui, fuyant vers ce quartier, est resté couché par terre un moment pour échapper aux rafales.119

Chacun des témoins interrogé a affirmé avoir vu, durant sa fuite, des gens étendus par terre, blessés ou victimes par balle. Mais à leur retour, le lendemain matin, ils n’ont vu que « beaucoup de grosses plaques de sang au sol, sans corps [à côté]», pour reprendre les termes de l’un d’entre eux.120 Ceux qui ont dû enterrer les corps, sur ordre du chef de zone, ont rapporté n’avoir enterré que six corps, dont deux femmes, Christine du quartier Kibembe, tuée par balle, et une autre du quartier Ruziba, deux enfants et deux vieux, du nom de Bazumworo et Bashirahishize, qui ont été tués dans leur maison.121 Une autre femme est décédée plus tard à l’hôpital Roi Khaled de ses blessures.

Massacre à Muyira

Les soldats de l’armée gouvernementale ont tué des civils dans un cas pratiquement similaire, qui a débuté le dimanche 21 septembre, après-midi, lorsque des combattants des FNL ont tué deux soldats qui étaient en train de pendre leur repas dans un restaurant de Bangatele, en zone Muyira, commune Kanyosha. Très vite alertée, la population fuit immédiatement tandis que les soldats des positions de Cinkona, Sororezo, de Muhanambogo et du Campus Kiriri, se rejoignent à Bangatele où ils pillent systématiquement les maisons et les boutiques de ceux qui ont fui pour ensuite s’éparpiller dans les collines avoisinantes à Pera, Kavumu, Muha, Bigoma, Ruyaga, Muzige où ils ont pillé d’autres maisons et tué des civils.

Serrant contre elle son enfant qu’elle a cru perdu, une femme raconte :

« Les soldats sont arrivés directement et ils ont tiré partout, partout. J’ai fui avec une voisine. Un homme avait pris un de mes deux jeunes enfants dans ses bras, pour m’aider dans la fuite. Nous avons été arrêtés par des soldats de Cinkona. Un soldat a tiré sur cet homme qui est tombé, mort. J’ai fui immédiatement parce qu’il y avait trop de balles. Je pensais que mon enfant était mort aussi. » 122

Un vieux résume, en secouant la tête : « Il y a eu une grosse attaque des militaires avec beaucoup, beaucoup de sang. »123 Un autre homme raconte que vers 18h, alors que les tirs avaient connu une accalmie, les soldats de la position de Cinkona avaient encore tiré sur lui et d’autres voisins, alors qu’ils étaient en train de tenter de transporter une femme blessée à la jambe.124

Plus de vingt victimes civiles sont à déplorer, dont les noms suivent : Jimmy, l’homme qui a été tué alors qu’il aidait une femme à porter son petit enfant ; Muswi, un vieux qui habite à Bangatele et dont le corps a été retrouvé à Pera ; un autre Muswi de Coga ; Aloys Nsanzemgeze ; Siméo Hicuburundi ; Michel Mvuyekure ; Georgie Ntahonkiriye ; Fraziya Misigaro ; Damas Ntahomvukiye ; Jean Harindavyi, Fraziya Rurimurishiga, tous de Muyira II ; Elissa Nsabimana et Jeanette Miburo, de Muyira I ; Geogie Nsabirabandi de Bigoma ; Jean Harindavyi de Mirama ; Donatien Nduwayezu de Mbare et un certain Murevyi qui habitait à Bangatele, marié et père de huit enfants, et dont le corps décapité a été retrouvé à Muha. Six autres corps ont été retrouvés dont les noms n’ont pas été communiqués. Trois autres personnes ont succombé par la suite de leurs blessures à l’hôpital.125

Ce n’est que plusieurs jours plus tard et pour certains, une semaine après, que certains ont osé retourner chez eux. Ils ont retrouvé leur maison pillée et pour trois familles à Bangatele, leur maison incendiée. « Il ne reste rien, ni habits, ni casseroles, ni bidons pour puiser l’eau, ni matelas », s’est lamentée une femme.126

Réactions officielles aux massacres de Ruziba et Muyira

Le Général Brigadier Germain Niyoyankana, chef d’Etat Major de l’Armée, a reconnu que des militaires avaient été tués tant à Ruziba qu’à Muyira, avant que n’interviennent les massacres de civils décrits antérieurement, mais il a nié qu’il puisse s’agir de cas de représailles de la part de l’armée contre la population, pour venger la mort des militaires. Dans le cas de Ruziba, le Général Niyoyankana a avancé que les soldats qui avaient été tués « n’ont pas été assez attentifs. » Il a dit que les FNL avaient tenté d’empêcher la tenue de la réunion entre les militaires, l’administration et la population pour discuter de la sécurité, et attaqué la foule « en essayant d’avoir la tête du chef de la position. » 127 Le chef de zone de Kanyosha a déclaré que le nombre officiel des victimes s’élevait à six civils tués, en ce compris la femme qui était décédée des suites de ses blessures, et neuf civils blessés.128

Pour ce qui est de la tuerie de Muyira, le Général Niyoyankana a déclaré qu’après avoir tué les deux militaires dans le restaurant, les combattants des FNL avaient engagé des tirs contre les soldats. Il a prétendu qu’en ouvrant le feu dans de telles circonstances, les FNL devaient savoir qu’il y aurait des civils tués. Il a nié que les militaires ont tiré délibérément sur les civils, que si cela avait été le cas, il y aurait eu beaucoup plus de victimes. Il a ajouté que les soldats avaient aidé à évacuer les blessés, ce qui est la preuve, selon lui, qu’ils n’avaient pas tiré sur les gens. Il a donné le chiffre de sept victimes civiles et deux blessés, qu’il a dit avoir été tuées sur le marché de Muyira. Il a dit ne pas avoir été informé de l’existence d’autres victimes ailleurs, dans les environs. Il a conclu en disant que « Je ne vois aucune faute de la part des militaires. Il ne s’agit pas d’un cas de représailles. Il y a des attaques des FNL chaque jour. Pas une nuit ne se passe sans que les FNL et FDD ne tuent quelqu’un. » 129

Le gouverneur de Bujumbura rural, Ignace Ntawenbarira, a avancé le chiffre de dix victimes civiles, tuées à Muyira par « balles perdues » à l’occasion d’affrontements entre militaires et FNL. Il a confirmé que les militaires s’étaient livrés à des pillages importants. Concédant que « la situation est complexe », il a mis en cause la nouvelle stratégie des FNL qui ciblent et tuent des militaires dans des espaces publics. « Les FNL doivent savoir qu’il y a des civils aux alentours et que ça va entraîner des dégâts. »130

Réactions locales

A Ruziba, le Colonel Gaciubwenge a aidé à désamorcer les tensions, en venant, au début du mois de septembre, procéder à la restitution, en faveur de la population, de tous les biens qui venaient d’être pillés par les militaires de la position de Ruziba. Mais à la fin du même mois, les habitants restaient tellement méfiants envers les militaires, qu’ils ont fui massivement, dans un mouvement de panique occasionné par une patrouille militaire, le 29 septembre.131

Les habitants de Muyira ont rejeté l’explication qui tendait à dire que leurs voisins étaient morts par balles perdues dans les tirs croisés entre soldats et combattants FNL. « Les FNL n’ont pas attaqué les positions mais se sont plutôt repliés à Coga et il n’y a pas eu d’échange de tirs. Le lendemain, les militaires sont allés à Coga mais les FNL étaient déjà repartis vers Isare », a affirmé un homme.132

Un autre homme de Muyira a déploré les tueries et dénoncé le climat de tension qui persistait depuis entre la population et les soldats. Il a expliqué :

« Avant, il y avait une bonne collaboration entre la population et les militaires. On devait couper du bois, puiser de l’eau, transporter de la nourriture sur la position mais il y avait des comités de collines pour organiser les corvées. Même lorsque les FNL ont attaqué Gatoke en juillet, et qu’ils ont tué des militaires de la position Muhanambogo en repartant, les militaires ont eux-mêmes tué sept civils en représailles, mais ça allait encore. Maintenant, je ne comprends pas comment c’est arrivé. Vraiment, il y a un gros problème entre eux et nous. La population a très peur. »133



60 Malgré la signature d’un accord de cessez-le-feu, le droit international humanitaire s’applique toujours. Ainsi, le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie a jugé, dans le cas Tadic, en appel, dossier IT-94-1-AR72 (2 oct. 1995) : « Un conflit armé existe dès qu’il y a recours à la force armée entre états ou à la violence armée entre de tels groupes à l’intérieur d’un état. Le droit international humanitaire s’applique à partir du début de ces conflits et s’étend jusqu’après la cessation des hostilités, jusqu’à ce qu’une conclusion générale soit atteinte ; ou, dans le cas de conflits armés internes, jusqu’à ce qu’un règlement pacifique soit obtenu. Jusqu’à ce moment, le droit international humanitaire continue à s’appliquer … ,dans le cas des conflits internes, sur l’ensemble du territoire sous contrôle d’une partie, que des combats y prennent ou non place. » Pour des exemples de violations antérieures au cessez-le-feu par toutes les parties, voir le rapport de Human Rights Watch, « Burundi : L’escalade de la violence exige des actions », novembre 2002 (http://hrw.org:backgrounder/africa/burundi/burundi1128.pdf).

61 Conventions de Genève 1949, article 3.

62 Protocole Additionnel II de 1977, articles 13 à 18.

63 Protocole Additionnel I de 1977, article 52.2. Plusieurs provisions du Protocole I sont considérées comme étant du droit coutumier international applicable aux conflits armés internes.

64 Protocole I, article 51.4.

65 Protocole I, article 51.5.

66 La gendarmerie fait partie des forces armées, entraînée comme telle et parfois prend part aux combats.

67 Agence Azania, 22 avril 2003.

68 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 26 mai 2003.

69 Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 26 mai 2003.

70 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 juin 2003.

71 Entretien de Human Rights Watch, Mutumba, 4 juin 2003.

72 Entretien de Human Rights Watch, Mutumba, 4 juin 2003.

73 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 2 juin 2003.

74 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 juin 2003.

75 Entretiens de Human Rights Watch, Mutumba, 4 juin et Bujumbura, 7 juin 2003.

76 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 juin 2003.

77 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 juin 2003.

78 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 9 juin 2003.

79 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 9 juin 2003.

80 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 juin 2003.

81 Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 et 9 juin 2003.

82 Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 28 et 31 mai 2003.

83 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 juin 2003.

84 Entretien de Human Rights Watch, Mutumba, 4 juin 2003.

85 Entretiens de Human Rights Watch, Mutumba, 4 juin 2003, et Bujumbura, 7 et 9 juin 2003.

86 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 13 juin 2003.

87 Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 2 et 5 juin 2003.

88 Entretien de Human Rights Watch avec l’administrateur de Kabezi, Félicien Ntayokambaye, par téléphone, 19 juin 2003.

89 Entretien de Human Rights Watch avec le gouverneur de la province de Bujumbura rural, Ignace Ntawembarira, Bujumbura, 9 juin 2003.

90 Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 5 et 9 juin 2003.

91 Entretiens de Human Rights Watch, Mutumba, 4 juin 2003, et Bujumbura, 9 et 19 juin 2003.

92 Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 31 mai et 2 juin 2003.

93 Entretien de Human Rights Watch, Mutumba, 4 juin 2003.

94 Entretien de Human Rights Watch, Mutumba, 4 juin 2003.

95 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 2 juin 2003.

96 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 31 mai 2003.

97 Entretien de Human Rights Watch avec le Gouverneur Ignace Ntawembarira, Bujumbura, 9 juin 2003.

98 Entretien de Human Rights Watch avec l’Honorable Léonidas Ntibayazi, Président de la Commission des Droits de l’Homme au Parlement, Bujumbura, 4 juin 2003.

99 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 27mai 2003.

100 Entretien de Human Rights Watch, Kabezi, 18 juin 2003.

101 Voir le rapport de Human Rights Watch, “Burundi : les civils paient le prix d’un processus de paix chancelant”, février 2003.

102 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 9 juin 2003.

103 IRIN, « Burundi : Humanitarians confirm 4.000 families on the run in Kabezi commune », 30 mai 2003 ; Pour la question du déplacement et du pillage, voir infra.

104 Entretien de Human Rights Watch, Musenyi, 11 juin 2003.

105 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 26 septembre 2003.

106 Iteka, « Quatre personnes tuées en zone Kinama », 25 septembre 2003.

107 Entretien de Human Rights Watch, Kinama, 16 octobre 2003.

108 Entretien de Human Rights Watch, Kinama, 16 octobre 2003.

109 Entretien de Human Rights Watch, Kinama, 16 octobre 2003.

110 Entretien de Human Rights Watch, Kinama, 16 octobre 2003.

111 Entretien de Human Rights Watch, Kinama, 16 octobre 2003.

112 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 26 septembre 2003.

113 Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 18, 26 et 27 septembre 2003.

114 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 18 septembre 2003.

115 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 18 septembre 2003.

116 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 26 septembre 2003.

117 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 18 septembre 2003.

118 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 18 septembre 2003.

119 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 27 septembre 2003.

120 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 27septembre 2003.

121 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 27septembre 2003.

122 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 octobre 2003.

123 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 23 septembre 2003.

124 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 octobre 2003.

125 Entretiens de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 et 8 octobre 2003.

126 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 octobre 2003.

127 Entretien de Human Rights Watch avec le Général Germain Niyoyankana, Bujumbura, 3 octobre 2003.

128 Entretien de Human Rights Watch avec Jacques Bigirimana, chef de zone de Kanyosha, Bujumbura, 10 octobre 2003.

129 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 3 octobre 2003.

130 Entretien de Human Rights Watch avec Ignace Ntawembarira, gouverneur de Bujumbura rural, Bujumbura, 3 octobre 2003.

131 Radio Publique Africaine, nouvelles, 30 septembre 2003.

132 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 7 octobre 2003.

133 Entretien de Human Rights Watch, Bujumbura, 8 octobre 2003.


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decembre 2003